Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,
Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11 ;
Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 17 juillet 2014, relative à une sculpture de Michel Anguier, Mars quittant les armes, bronze, n° 283 gravé sur la base, probablement après 1652 ;
La commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 5 novembre 2014 ;
Après en avoir délibéré,
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une remarquable œuvre de Michel Anguier (1612-1686), qui s'est formé en partie à Rome dans l'atelier de l'Algarde et a contribué au renouveau de la sculpture française de son époque ; que cette sculpture appartient à la série des dieux et des déesses, créée par Anguier en 1652 et comportant six autres divinités, qui ont été par la suite beaucoup reproduites et dont chacune renvoie à une « humeur » ; qu'ainsi, ce Mars, prêt à étreindre Vénus, dont le caractère impétueux se manifeste jusque dans les formes dynamiques et puissantes de sa musculature, illustre le tempérament sanguin et représente une des figures les plus rares de la série ; que sa fonte, qui pourrait être très précoce, se distingue par une qualité d'exécution exceptionnelle ; qu'il s'agit, en outre, d'une œuvre de provenance prestigieuse, qui fait partie des trente et un bronzes offerts au Roi en 1693 par André Le Nôtre, dont quatre étaient issus de la série des dieux, et qui a intégré, par ce moyen, sous la référence « Couronne 283 » la collection des bronzes de la Couronne ; que, de cette dernière, composée d'un ensemble de petites sculptures en bronze principalement réunies par Louis XIV et formant l'une des plus belles collections d'Europe, restée quasiment inchangée jusqu'à la Révolution avant d'être confiée au Louvre dès sa création, une centaine de pièces ont été retirées pour être vendues sous le Directoire en 1796 ; que cet exemplaire de Mars, devenu à cette occasion la propriété de Gabriel-Aimé Jourdan et demeuré ensuite dans sa descendance, sans équivalent dans les collections publiques françaises, marque un jalon capital dans l'élaboration d'un « goût français » sous Louis XIV ;
Qu'en conséquence cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national,
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.