1.1.4. Politique publique, réglementation
L'accès à une alimentation saine, pour tous, produite par des systèmes durables est au cœur des politiques agricoles, alimentaires et territoriales.
La loi Agriculture et Alimentation (EGALIM) de 2018 vise une relocalisation et une durabilité des systèmes de production maraîchères et des systèmes alimentaires. Ce contexte place la filière légumière comme un acteur majeur dans la fourniture régulière aux territoires de produits sains, de qualité et locaux.
Les projets d'alimentation territoriaux (PAT) fédérant divers acteurs aux producteurs locaux ont pour objet de relocaliser l'agriculture et l'alimentation dans les territoires (approvisionnement de la restauration collective avec des produits sous signe de qualité). Ces projets portant des dimensions économiques mais aussi environnementales et sociales permettent de renforcer les liens entre les producteurs et les consommateurs en favorisant les pratiques agroécologiques.
1.1.5. Les facteurs d'évolutions
Dérèglement climatique
Initialement perçu comme une succession de phénomènes conjoncturels, le dérèglement climatique s'installe en une crise structurelle et durable. Sécheresse, températures extrêmes, inondations, modifications des cycles des végétaux engagent les maraîchers à réinterroger les systèmes de production. Ceux-ci se mobilisent dans une adaptation de leurs systèmes (filets d'ombrage, agroforesterie, adaptation des choix variétaux, modification des calendriers culturaux…) et une atténuation de leurs impacts (réduction des émissions de CO2/NO2…). Cette crise, durable, va aussi générer, au fil du temps, des logiques de reconception globale des systèmes.
Transition énergétique
La question de la transition énergétique et le nécessaire développement des énergies renouvelables amènent les entreprises à penser leur autonomie en la matière.
Agroécologie (11) et systèmes de production
Face aux changements climatiques, aux crises sanitaires et économiques, aux attentes des consommateurs et des politiques publiques, l'agroécologie se présente incontestablement comme un levier fort vers la durabilité des systèmes et des pratiques.
Au niveau de ses pratiques (12), « l'agroécologie peut globalement être définie comme un ensemble cohérent permettant de concevoir des systèmes de production agricole qui s'appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes, de réduire les pressions sur l'environnement et de préserver les ressources naturelles ».
Dans ce contexte, les salariés sont amenés à travailler dans des exploitations cherchant un équilibre dynamique de l'agrosystème au travers :
- de la réduction de l'érosion et du travail des sols ;
- de la réduction des pertes en eau et plus globalement des économies d'eau ;
- du développement de l'agro-biodiversité (variétés adaptées aux évolutions climatiques, introduction de nouvelles espèces végétales…) ;
- de l'accroissement de la biodiversité fonctionnelle ;
- de l'optimisation des flux de nutriments (couverts végétaux…) ;
- de la lutte biologique (protection biologique intégrée, implantation d'infrastructures agroécologiques) ;
- de la réduction des intrants (engrais, produits phytosanitaires).
Diverses pratiques innovantes ont été développées par les maraîchers : maraîchage sur sol vivant, maraîchage en aquaponie, maraîchage permaculturel, verger-maraîcher, mise en place de petits ateliers d'élevage associés à la production végétale (poules pondeuses, poulets)…
Au-delà de l'entreprise, l'agroécologie s'appréhende aussi au niveau du territoire par la mise en place de complémentarité entre le maraîchage et l'élevage réduisant ainsi l'utilisation d'engrais azotés de synthèse (échange de parcelles entre exploitants). L'enjeu, pour les maraîchers, est de concevoir un système permettant de mettre en œuvre les principes de l'agroécologie dans une entreprise économiquement viable et soucieuse de la qualité des produits.
Numérique et agri-robotique
Ces technologies visent à faciliter la collecte des informations, en réduisant la pénibilité, en optimisant les tâches ou le pilotage des exploitations tout en en améliorant l'impact environnemental (13) dans une optique d'efficience.
Pour la filière maraîchage (14), les principaux axes de mobilisation du numérique sont de deux ordres :
- technique : avec la traçabilité (réglementation, cahiers des charges, gestion de la main d'œuvre), le pilotage des conditions sous serre, l'irrigation et la prévention des maladies ;
- commercial et social : avec les problématiques de vente et de communication du métier mais aussi le partage de pratiques, de savoirs (agriculture collaborative et circulaire).
Les outils utilisés le plus couramment sont les logiciels de gestion d'exploitation (pour la gestion économique et de la main d'œuvre, la cartographie).
Les appareils de mesure fixes sous serre et aux champs (15) et les applications smartphones (pour le lien aux consommateurs, les informations en ligne, les données issus des capteurs) sont des outils déjà présents sur les exploitations. Les systèmes de géolocalisation, les appareils de mesure piétons ou embarqués, les robots, les systèmes de plantation automatique et la télédétection (drone) sont beaucoup moins courants.
Si certains facteurs sont favorables au développement du numérique (gain de temps, économie de charges, meilleurs pratiques environnementales, meilleure connaissance des parcelles) de nombreux freins persistent encore (coût et dépendance aux outils, outils non adaptés au maraîchage, complexité à l'usage, impact environnemental…).
(11) Elle est définie dans le livre préliminaire du code rural et de la pêche maritime (article L. 1 - II.).
(12) Analyse n° 59 du centre d'études et de prospectives du ministère en charge de l'agriculture* (juillet 2013).
(13) https://agriculture.gouv.fr.
(14) Observatoire des usages de l'agriculture numérique/Numérique et conseil en maraîchage - Février 2020.
(15) Station météo, sondes au sol, les systèmes de mesure de l'environnement en serre et systèmes de pilotage à distance de l'irrigation, la fertilisation ou de la ventilation pour les plus équipées.