TYPOLOGIE DES MASSES D'EAU PLANS D'EAU
I. - Eléments de la classification des masses d'eau plans d'eau par types
La typologie nationale des masses d'eau plans d'eau est fondée sur l'origine, anthropique ou naturelle, des plans d'eau, sur la notion d'hydroécorégion et sur les critères physiques correspondants, sur la morphologie de leur cuvette et, pour certains types, sur le fonctionnement hydraulique de ces plans d'eau. La superficie n'a pas été retenue parmi les critères morphologiques. Cette typologie est applicable à l'ensemble des masses d'eau plans d'eau.
I-1. Origine des plans d'eau
L'origine anthropique ou naturelle d'un plan d'eau est un élément important qui influe sur son fonctionnement écologique. La typologie distingue également les plans d'eau d'origine anthropique selon la nature de l'ouvrage ou de l'aménagement présidant à sa création. Cette notion d'origine des plans d'eau est indépendante de celle de masse d'eau artificielle ou fortement modifiée mentionnée à l'article R. 212-11 du code de l'environnement.
Ainsi, pour les besoins de la présente typologie (cf. partie II de la présente annexe), on appelle :
Plan d'eau d'origine naturelle : un plan d'eau non induit ou faiblement modifié par un ouvrage et non induit par la dynamique fluviale. Il s'agit d'une cuvette naturelle ou faiblement modifiée, d'origine glaciaire, volcanique, tectonique ou de glissement, avec retour possible à une situation naturelle.
Plan d'eau d'origine anthropique généré ou fortement rehaussé par un ouvrage : une retenue dont la hauteur du barrage est importante par rapport à la largeur du cours d'eau et dont le temps de renouvellement de l'eau est important ou conduisant à une modification du régime hydrologique en aval.
Plan d'eau d'origine anthropique obtenu par creusement ou aménagement d'une digue : un plan d'eau obtenu par creusement ou aménagement d'une digue transversale ou d'un petit barrage sur thalweg ou sur cours d'eau de rang faible.
I-2. Hydroécorégions
L'appartenance à une hydroécorégion de niveau 1 est un critère primordial pour les plans d'eau d'origine naturelle et pour certains plans d'eau d'origine anthropique. Le caractère cristallin ou calcaire du substratum conditionne notamment les caractéristiques biologiques et physico-chimiques des eaux. Les hydroécorégions mentionnées pour les plans d'eau sont identiques à celles utilisées pour les cours d'eau (cf. annexe 1).
I-3. Forme de la cuvette, stratification thermique et zone littorale
La forme de la cuvette est un critère important qui permet d'intégrer les notions de profondeur et de stratification thermique du plan d'eau. L'existence d'une zone littorale significative peut, en outre, influencer considérablement la colonisation des habitats par certains éléments de qualité biologiques, en particulier la végétation aquatique macrophytique et l'ichtyofaune.
Vous pouvez consulter l'image dans le
JOn° 27 du 02/02/2010 texte numéro 2
Formes théoriques de cuvettes lacustres
(La ligne pointillée indique la limite théorique de profondeur maximale de la thermocline en été)
Cuvette de type L : lac peu profond, zone littorale largement prépondérante, stratification thermique peu étendue et/ou instable (lacs polymictiques).
Cuvette de type P : lac profond, stratification thermique stable (lacs monomictiques ou dimictiques), zone littorale réduite.
Cuvette de type LP : lac ayant à la fois une zone profonde stratifiée stable (lacs monomictiques ou dimictiques) et une zone littorale étendue, la cuvette pouvant être symétrique ou asymétrique.
Un lac est qualifié de mono, di ou polymictique selon le nombre de brassages annuels des eaux. Les lacs monomictiques sont ceux qui ne basculent qu'une fois par an. Les lacs dimictiques basculent deux fois par an. On observe, pour ces lacs, une stratification thermique directe en saison chaude et une stratification inverse lorsque les lacs gèlent. Les lacs polymictiques connaissent une stratification thermique instable et facilement détruite par le vent.
I-4. Fonctionnement hydraulique
Le fonctionnement hydraulique est un critère utilisé uniquement pour certains types de plans d'eau d'origine anthropique. On se réfère ici aux possibilités de vidange de la cuvette, à la fréquence et à l'intensité des vidanges ainsi qu'aux relations éventuelles avec la nappe. Associé à l'origine des plans d'eau, la description du fonctionnement hydraulique permet de s'affranchir de la notion d'usage qui reste cependant sous-jacente.
II. - Types et caractéristiques des masses d'eau permettant le classement par types
Les types et les caractéristiques des masses d'eau associées à ces types sont indiqués dans les tableaux ci-après.
II-1. Plans d'eau d'origine naturelle
Type |
Caractéristiques des masses d'eau associées au type |
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Code du type |
Libellé du type |
Hydroécorégions (HER) concernées, altitude |
Origine |
Forme de la cuvette, stratification thermique et zone littorale |
N1 |
Lac de haute montagne avec zone littorale |
Plan d'eau de haute montagne, situé dans une HER de haute montagne : |
Lac très généralement d'origine glaciaire, en général lac de moraine |
Cuvette de type L ou LP. |
N2 |
Lac de haute montagne A berges dénudées |
Lac très généralement d'origine glaciaire |
Cuvette de type P. |
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N3 |
Lac de moyenne montagne, calcaire, peu profond |
Plan d'eau de moyenne montagne, situé dans une HER à dominante calcaire : |
Lac glaciaire, de glissement, tectonique ou volcanique |
Cuvette de type L. |
N4 |
Lac de moyenne montagne, calcaire, profond, à zone littorale |
Cuvette de type LP. |
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N5 |
Lac de moyenne montagne, non calcaire, peu profond |
Plan d'eau de moyenne montagne, situé dans une HER à dominante non calcaire : |
Cuvette de type L. |
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N6 |
Lac de moyenne montagne, non calcaire, profond, à zone littorale |
Cuvette de type LP. |
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N7 |
Lac de moyenne montagne, non calcaire, profond et sans zone littorale importante |
Lac d'origine volcanique (Massif Central) ou glaciaire (Vosges) |
Cuvette de type P. |
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N8 |
Lac des coteaux aquitains |
Plan d'eau de basse altitude, situé dans une autre HER que celles des plans d'eau de haute et moyenne montagne (cf. les HER des types N1 à N7 ci-dessus) : Coteaux aquitains |
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N9 |
Lac profond du bord de l'Atlantique |
Plan d'eau de basse altitude, situé dans une autre HER que celles des plans d'eau de haute et moyenne montagne (cf. les HER des types N1 à N7 ci-dessus) : |
Cuvette de type LP, monomictique. |
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N10 |
Lac peu profond du bord de l'Atlantique |
Cuvette de type L, polymictique. |
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N11 |
Lac de basse altitude en façade méditerranéenne |
Plan d'eau de basse altitude, situé dans une autre HER que celles des plans d'eau de haute et moyenne montagne (cf. les HER des types N1 à N7 ci-dessus) : |
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N12 |
Autre lac de basse altitude |
Plan d'eau de basse altitude, situé dans une autre HER que celles des plans d'eau de haute et moyenne montagne (cf. les HER des types N1 à N7 ci-dessus) : |
Cases grisées : informations non nécessaires pour la détermination du type.
II-2. Plans d'eau d'origine anthropique générés ou fortement rehaussés par un ouvrage
Type |
Caractéristiques des masses d'eau associées au type |
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Code du type |
Libellé du type |
Hydroécorégions (HER) concernées, altitude |
Marnage et sédimentation |
Forme de la cuvette stratification thermique |
Zone littorale et autres caractéristiques |
A8 |
Plan d'eau à marnage très important |
Plan d'eau de plaine ou de moyenne montagne : HER 5, 6, 16 |
Marnage très important |
Plan d'eau généralement petit, alimenté par des sources, des cours d'eau temporaires ou de rangs 1 à 2, en thalweg (1) |
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A1 |
Retenue de haute montagne |
HER de haute montagne : Alpes internes, Pyrénées : HER 1, 2, Altitude > 1200 mètres |
Marnage annuel |
Cuvette de type P, généralement en V , profondeur importante. |
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A2 |
Retenue de moyenne montagne, calcaire, peu profonde |
Retenue de moyenne montagne à géologie dominante calcaire : |
Marnage important |
Cuvette de type L, plan d'eau peu profond, pas de thermocline stable en été. |
Périmètre découpé mais peu de macrophytes du fait d'un marnage important. |
A3 |
Retenue de moyenne montagne, calcaire, profonde |
Cuvette de type P ou LP, plan d'eau profond avec thermocline. |
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A4 |
Retenue de moyenne montagne, non calcaire, peu profonde |
Retenue de moyenne montagne à géologie dominante non calcaire : Massif Central et Vosges (HER 3, 4, 21) |
Marnage important |
Cuvette de type L, plan d'eau peu profond, pas de thermocline stable en été. |
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A5 |
Retenue de moyenne montagne, non calcaire, profonde |
Cuvette de type P ou LP, plan d'eau profond, avec thermocline. |
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A9 |
Retenue de moyenne montagne méditerranéenne sur socle cristallin, peu profonde |
Retenue de région méditerranéenne de moyenne montagne, généralement sur socle cristallin : Corse , Cévennes (HER 8, 16) |
Marnage important |
Cuvette de type L, plan d'eau peu profond, pas de thermocline stable en été. |
Périmètre découpé mais peu de macrophytes du fait d'un marnage important. |
A10 |
Retenue de moyenne montagne méditerranéenne sur socle cristallin, profonde |
Cuvette de type P ou LP, plan d'eau profond avec thermocline. |
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A6a |
Retenue de basse altitude, peu profonde, non calcaire |
Retenue de basse altitude (plaine et colline) à géologie non calcaire : |
Marnage modéré à fort |
Cuvette évasée de type L, peu profonde. |
Présence souvent importante de macrophytes en zone littorale, phénomène de sédimentation important (sédiments fins). |
A6b |
Retenue de basse altitude, profonde, non calcaire |
Cuvette évasée de type LP, profonde. |
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A7a |
Retenue de basse altitude, peu profonde, calcaire |
Retenue de basse altitude (plaine et colline) à géologie à dominante calcaire, de plaine ou de plateau : HER 10 |
Cuvette évasée de type L, peu profonde. |
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A7b |
Retenue de basse altitude, profonde, calcaire |
Cuvette évasée de type LP, profonde. |
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A11 |
Retenue méditerranéenne de basse altitude sur socle cristallin, peu profonde |
Retenue de régions méditerranéennes de basse altitude (plaine et colline), généralement sur socle cristallin : |
Marnage important |
Cuvette de type L, peu profonde, pas de thermocline stable en été. |
Périmètre découpé mais peu de macrophytes du fait d'un marnage important. |
A12 |
Retenue méditerranéenne de basse altitude sur socle cristallin, profonde |
Cuvette de type P ou LP, profonde, avec thermocline. |
Cases grisées : informations non nécessaires pour la détermination du type.
(1) Plans d'eau de retenues collinaires, par exemple.
II-3. Plans d'eau d'origine anthropique obtenus par creusement ou aménagement d'une digue
Hormis les types plan d'eau vidangé à intervalle régulier et plan d'eau généralement non vidangé mais à gestion hydraulique contrôlée , le libellé des types énumérés ci-dessous contient les caractéristiques des masses d'eau associées aux types et se suffit donc à lui-même pour classer les masses d'eau en fonction de ces types.
Type |
Caractéristiques des masses d'eau associées au type |
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Code du type |
Libellé du type |
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A13a |
Plan d'eau vidangé à intervalle régulier |
Plan d'eau de plaine ou de moyenne montagne, à gestion hydraulique, sur substrat imperméable, alimenté par des sources, des cours d'eau temporaires ou de rangs 1 à 2. |
A13b |
Plan d'eau généralement non vidangé mais à gestion hydraulique contrôlée |
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A14 |
Plan d'eau créé par creusement, en roche dure, cuvette non vidangeable |
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A15 |
Plan d'eau profond, obtenu par creusement, en lit majeur d'un cours d'eau, en relation avec la nappe, forme de type P, thermocline, berges abruptes |
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A16 |
Plan d'eau peu profond, obtenu par creusement, en lit majeur d'un cours d'eau, en relation avec la nappe, forme de type L, sans thermocline |
Cases grisées : informations non nécessaires pour la détermination du type.