PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL POUR LE TEST DE SENSIBILITÉ À MARSSONINA BRUNNEA
A.-Objectifs
Le champignon Marssonina brunnea peut compromettre la culture de clones sensibles lorsque les conditions climatiques lui sont favorables. Des attaques répétées du parasite peuvent avoir une incidence importante sur la production. Les symptômes, de petites taches brunes de moins d'un millimètre de large (acervules), s'observent sur les feuilles ; ils sont également visibles sur les jeunes rameaux où le parasite se conserve pendant l'hiver. Les deux formes d'infection sont déterminantes dans le développement du parasite et doivent être prises en compte pour évaluer la sensibilité des clones.
L'intensité des attaques est étroitement liée aux conditions climatiques. La pression naturelle du parasite est donc très aléatoire et peut être insuffisante pour des tests de sensibilité. Il est essentiel de développer artificiellement un niveau d'inoculum suffisamment élevé pour que le comportement des clones vis-à-vis du parasite s'exprime correctement.
Les tests sont conduits en pépinière, où il est possible de réaliser des notations fiables et de maîtriser plus facilement le développement du parasite. Le protocole, détaillé ci-après, est issu du protocole international défini en 1975 par la Commission internationale du peuplier (FAO-CIP, 1975). Les objectifs et les exigences sont identiques ; les modifications concernent principalement des détails du plan d'expérience.
B.-Protocole
Le dispositif expérimental comporte un minimum de 4 à 6 répétitions et des parcelles unitaires d'au moins 2 à 3 boutures en ligne. Pour augmenter le confinement entre les tiges et favoriser les contaminations, des densités de bouturage élevées sont privilégiées : de l'ordre de 1, 5 à 2 mètres entre les lignes et de 0, 4 à 0, 6 mètre sur les lignes (soit de 10 000 à 15 000 boutures par hectare).
Les témoins incluent obligatoirement les cinq clones suivants : I-214, I-45-51, Robusta, Dorskamp, Magister géant. Il est conseillé d'utiliser des témoins supplémentaires parmi la liste suivante : I-262, Fritzi Pauley, Tardif de Champagne, Alcinde, Flevo, Heidemij, Blanc du Poitou, Culasso, Boelare, Beaupré, Ghoy.
Clones intercalaires et d'isolement :
L'utilisation de clones très sensibles surreprésentés permet d'augmenter naturellement la pression du parasite. Ainsi, les parcelles unitaires des clones testés doivent être entourées par des parcelles unitaires d'un clone très sensible. Le clone utilisé en intercalaire est choisi dans la liste suivante :
-Magister géant ;
-Tardif de Champagne ;
-I-262 ;
-I-214.
Parmi les clones précédents, Magister géant présente les meilleures aptitudes : une sensibilité élevée à M. brunnea, une bonne reprise au bouturage et une croissance juvénile forte. Il est disponible à la pépinière expérimentale de Guémené-Penfao.
Le dispositif doit donc être organisé selon un schéma semblable au schéma ci-après :
Vous pouvez consulter le tableau dans le JO
n° 248 du 25 / 10 / 2003 page 18207 à 18216
Légende :
CI : Clone intercalaire ;
1, 2, 3, 4, 5, 6... : parcelles unitaires plantées de boutures d'un des clones en test (témoin ou candidat).
Deux lignes complètes d'isolement, composées du clone utilisé en intercalaire, entourent l'ensemble du dispositif.
Le suivi cultural est réalisé comme suit :
Les clones testés sont recépés chaque année.
Les tiges du clone en intercalaire ne sont de préférence pas recépées ; cela permet à la fois de conserver l'inoculum sur les rameaux pendant l'hiver et de créer une dominance vis-à-vis des rejets des clones testés, ces derniers devenant plus vulnérables à des contaminations par des eaux de pluie. Il est toutefois conseillé de les tailler pour éviter un développement trop important des parties aériennes.
Il est également possible d'inoculer des feuilles saines des rejets du clone en intercalaire par agrafage de feuilles infectées (face supérieure contre face supérieure). Il faut alors maintenir une humidité suffisante, par pulvérisation d'eau entre les deux feuilles et en évitant d'intervenir lors des périodes de la journée les plus chaudes (préférer le soir).
La sensibilité foliaire est notée selon la méthode suivante :
-un rejet est retenu par cépée ;
-une note est attribuée par feuille selon un des barèmes suivants ; lors d'une même notation, le même barème doit être utilisé pour tous les clones. La période de notation s'étale de juin à septembre, néanmoins, les notations précoces sont à privilégier.
Vous pouvez consulter le tableau dans le JO
n° 248 du 25 / 10 / 2003 page 18207 à 18216
La sensibilité sur rameaux est notée selon la méthode suivante :
-un rejet est retenu par cépée ;
-les acervules sont dénombrées sur le tiers central du rejet. La période de notation doit se situer en dehors de la saison de végétation.
La durée du test varie de deux à quatre ans. Elle est dépendante du niveau d'infection et des conditions climatiques. Il est indispensable d'obtenir au moins deux notations dans des conditions idéales, c'est-à-dire lorsque le développement du parasite a été précoce et suffisamment important pour révéler le comportement des clones utilisés en témoin.
Les méthodes d'analyse statistique conseillées sont :
-pour la sensibilité foliaire :
-un codage des proportions des différentes classes de notations (Joannes et Pinon, 1982) : pour chaque plant, est attribuée une note de sensibilité de type : z = a. p1 + b. p2 + c. p3 + d. p4 + e. p5. Les valeurs pi correspondent aux proportions de feuilles appartenant à la classe i du tableau ci-dessus. Les coefficients de pondération a à e sont déterminés par une analyse factorielle des correspondances (coordonnées des classes sur le premier axe de l'analyse) ;
-puis une ANOVA sur les notes individuelles et une comparaison des moyennes clonales ;
-pour la sensibilité sur rameaux : une ANOVA et une comparaison des moyennes clonales.
C.-Références bibliographiques
FAO-CIP, 1975. Protocole international pour l'étude de la sensibilité au Marssonina brunnea. Commission internationale du peuplier, groupe de travail des maladies, Belgrade, 8 p.
Joannes H., Pinon J., 1982. Comparaison de deux méthodes d'estimation de l'infection de jeunes peupliers par le Marssonina Brunea (Ell. et Ev.), P. Magn. euros.J. For. Path. 12, 87-96.