Annexe I
Plan d'action 2015-2017. – Emploi-formation intersecteurs papiers-cartons
Considérant :
– la loi du 5 mars 2014 ;
– la nécessité de dynamiser positivement les politiques de l'emploi ;
– les dispositions de l'accord professionnel intersecteurs papiers-cartons du 19 février 2015 ;
– les dispositions de l'accord contrat de génération du 4 juillet 2013 ;
– les dispositions de l'accord intersecteurs papiers-cartons relatif à l'égalité entre les femmes et les hommes du 26 juin 2012 ;
– les dispositions de l'accord intersecteurs papiers-cartons relatif à la santé, à la sécurité au travail ;
– les différents constats et préconisations ressortant des travaux de l'observatoire et du rapport Bardy ainsi que les récents rapports publics portant notamment sur le devenir et la compétitivité de l'industrie française,
les parties signataires de l'accord professionnel intersecteurs papiers-cartons du 19 février 2015 rappellent la nécessité d'assurer la concrétisation d'un environnement « emplois-compétences » permettant aux entreprises et aux salariés d'affronter sereinement les grands défis sociaux, économiques, technologiques, environnementaux et démographiques de demain et propices à la concrétisation d'une nouvelle ambition pour l'industrie française.
Elles relèvent que l'intersecteurs papiers-cartons dispose de réels atouts, notamment en termes de marchés, de développement de ceux-ci, de potentiels technologiques, industriels et de richesses humaines.
Face à un déclin industriel observé sur les dernières années, il leur importe aujourd'hui de mobiliser l'essentiel des moyens de la formation professionnelle initiale et continue en faveur de la préservation et du développement d'une culture scientifique, technique et industrielle de haut niveau ainsi qu'en faveur de la préservation d'un capital humain constitué d'hommes et de femmes, motivés, à fort potentiel et savoir-faire. Il leur importe également, dans un contexte de mutation industrielle, d'œuvrer concomitamment pour une sécurisation des parcours professionnels intégrant les exigences de santé et de sécurité au travail.
Constats
L'actuelle cartographie des métiers montre une évolution probable des organisations au sein des sites de production : d'une organisation en processus des années 1990-2000 basée sur un mode séquentiel, les entreprises vont tendre vers une organisation en réseau basée sur un mode systémique et orientée innovation. Les métiers en seront naturellement impactés, que ce soit en production ou en conception de produits. Les parties signataires souhaitent donc mettre en lumière les évolutions des métiers analysées dans ce cadre, afin que les entreprises favorisent la mise en place des formations adéquates (période ou contrat de professionnalisation notamment) et puissent anticiper, encadrer et accompagner les mobilités professionnelles déjà identifiées. L'étude prospective réalisée en 2013 propose à ce sujet plusieurs pistes à développer.
Les métiers de la production tendront vers deux métiers distincts :
1. Des pilotes de ligne responsables de la ligne de production et du produit fabriqué, véritables experts techniques de la ligne de production, polyvalents aux différents postes de conduite et capables d'assurer un rôle de coordinateur. Ce métier nécessitera à la fois une très haute technicité et une capacité d'animation d'équipe entraînant une élévation du niveau de diplôme (au niveau BTS ou licence professionnelle). Les pilotes de ligne de la filière papiers-cartons pourront ainsi évoluer en interne vers la maintenance ou le management, ou bien encore faire valoir leurs compétences dans d'autres secteurs industriels comme la chimie, la plasturgie, la cosmétique, le textile, l'agroalimentaire … ;
2. Des conducteurs de machine automatisée ou robotisée, travaillant en amont, en aval ou autour de la ligne de production. Ce métier évoluera vers une simplification des tâches avec l'automatisation et la robotisation des installations. Il requerra des compétences de surveillance, de conduite et de maintenance accessibles avec le niveau de diplôme d'entrée actuel (bac), transférables vers toutes les mobilités intra-et intersecteurs industriels. En revanche, l'évolution du métier vers celui du pilote de ligne sera peu accessible, nécessitant un fort besoin de formation théorique en plus de l'expérience.
Les métiers de la conception vont évoluer vers deux métiers distincts :
1. Métier de concepteur : évolution avec une dominante graphisme, volumisme ou autre ; celui-ci restera ancré dans le bureau d'études et continuera à être subdivisé en plusieurs spécialités fonctionnant avec les autres de manière plus séquentielle. Néanmoins, les connaissances techniques sur les méthodes et les matériaux devront être renforcées.
2. Métier de « développeur produits et solutions » (covendeur avec le commercial) : il passe de l'ingénierie séquentielle à l'ingénierie systémique, ce qui requiert un renforcement de l'offre de formation sur la gestion de projet, la démarche d'écoconception, la culture générale et technologique (matériaux et procédés, techniques commerciales). Le développeur pourra aisément évoluer en interne vers des métiers de commercial ou de chef de projet, ou bien en externe dans d'autres secteurs industriels, fabricant ou utilisateur de packaging (luxe, agroalimentaire, pharmacie, cosmétique …).
Les métiers d'encadrement seront impactés par les facteurs liés à l'innovation et au travail en réseau :
Ces évolutions seront sensibles dès la formation au niveau bac + 5, par des pratiques pédagogiques adaptées : mises en situation d'innovation soit par du codéveloppement, soit par du management de projet, utilisation du web et du cross media (c'est-à-dire favoriser la synergie de différents médias, tels que le papier et le numérique notamment) dans la pédagogie, dans une logique de complémentarité papier-numérique. Les ingénieurs et les master issus de la filière papiers-cartons seront à même d'évoluer dans de très nombreux secteurs, offrant ainsi une large palette de possibilités de mobilité intersecteurs tels que la chimie du végétal, les énergies vertes, les flux numériques, les nanotechnologies, l'électronique imprimée …
Par ailleurs, les travaux de l'observatoire prospectif des métiers et des qualifications ont permis de formuler quelques préconisations sur l'évolution des métiers et des compétences idoines :
– le développement d'une filière organisée de recyclage, basée sur la minimisation des coûts de transport et sur l'optimisation du mix entre papier recyclé et nouvelles fibres. Le taux de recyclage du papier usagé est déjà élevé mais peut encore s'élever à hauteur des meilleures performances européennes. L'optimisation de la filière du recyclage aura besoin de compétences logistiques ;
– l'intégration de la maintenance de premier niveau à l'activité des opérateurs recentrera les métiers de la maintenance vers la maintenance préventive, avec des savoirs de base différents : analyse vibratoire, thermographie infrarouge notamment ;
– une reconversion des petits tonnages vers des niches papetières vertes appelle des compétences R et D et marketing.
Axes d'action
Concrètement, les parties signataires de l'accord professionnel intersecteurs papiers-cartons du 30 novembre 2011 demandent aux acteurs de la formation professionnelle de se mobiliser activement en faveur de la mise en place de dispositifs et d'actions de formation visant à :
1. Renforcer l'attractivité des métiers de l'intersecteurs papiers-cartons :
L'Ifop a réalisé en 2014, pour le CFA papetier de Gérardmer et l'observatoire, une étude d'image et d'attractivité à l'égard des formations et des métiers de l'intersecteurs papiers-cartons. Il apparaît que les industries des papiers et des cartons souffrent d'une méconnaissance auprès des jeunes, des parents d'élèves, des prescripteurs d'orientation et des demandeurs d'emploi. Ce déficit d'image impacte fortement l'attractivité de ses métiers.
Conscients de ces enjeux, les partenaires sociaux ont missionné AFIFOR (dès 2012) afin de travailler sur la sensibilisation, l'information et la communication à l'égard des jeunes en assurant la promotion de la filière de formation et des métiers sous l'égide de l'observatoire des métiers et des qualifications. UNIDIS souhaite aller plus loin dans les années à venir et viser un public beaucoup plus large et ainsi favoriser l'intégration de salariés issus d'autres branches de l'industrie ou d'autres secteurs professionnels ainsi que les demandeurs d'emploi. Il conviendra donc de mettre en place une campagne de sensibilisation et de communication ciblée. Cette mission entrant dans le champ des attributions légales de l'observatoire des métiers et des qualifications, il en sera le chef de projet.
2. Professionnaliser les salariés pour répondre aux exigences de compétitivité de leur entreprise en développant et en professionnalisant dans les domaines d'activité suivants :
– les fonctions supports : contrôle de gestion, ressources humaines ;
– les fonctions techniques, cœurs de métier : maintenance, production ;
– les fonctions d'encadrement, notamment de management de proximité ;
– les fonctions tutorales ou maître d'apprentissage ;
– les fonctions de développement : force commerciale (administration des ventes, technico-commercial), marketing, achat et logistique ;
– les fonctions de recherche et développement.
3. Développer les compétences, anticiper leurs évolutions et assurer les conditions de réussite du maintien et de la création des emplois au sein de l'intersecteurs papiers-cartons en favorisant l'intégration des innovations dans les procédés industriels et en préparant aux métiers de demain reposant tout particulièrement :
– sur les nouveaux produits issus de la bioraffinerie ligno-cellulosique (biomatériaux, bioproduits, biocarburants, bioénergies) ;
– sur les nouveaux produits technologiques maillant les supports et papiers, cartons à des technologies connexes, notamment papiers intelligents, conducteurs, actifs … ;
– sur des processus pluritechnologiques associés à des flux numériques de plus en plus nombreux ;
– sur les process s'inscrivant dans les programmes de développement durable, la transition énergétique et l'économie circulaire.
Il conviendra, en coopération avec l'observatoire, de faire évoluer le référentiel métier (datant de 2008), de créer un référentiel de formation, d'adapter la cartographie des métiers et de produire, le cas échéant, des fiches métiers. Elles seront mises à disposition des entreprises, pour les aider dans la réalisation de leur propre GPEC.
4. Encourager et accompagner les mobilités professionnelles et assurer ainsi une sécurisation des parcours professionnels et une employabilité des salariés en :
– tenant compte des problématiques d'allongement de la vie professionnelle et de vieillissement de la population salariée et en incitant à la qualification ou à la requalification des salariés âgés de 45 ans et plus ;
– permettant d'accompagner les mobilités professionnelles choisies et/ ou imposées par l'évolution des technologies et par la disparition de certains métiers.
Pour cela, il convient de travailler sur une campagne d'information et de sensibilisation, dont l'observatoire des métiers sera le garant. En outre, il sera proposé aux entreprises des outils tels que la Bourse de l'emploi et des mobilités (appelée pro-connexion), expérimentée en 2014 dans la région Nord-Pas-de-Calais et qui a vocation à être déployée sur le territoire national. Cette expérimentation, en cas de succès, permettra aussi d'œuvrer en faveur de la gestion territoriale de l'emploi (forme de GPEC territoriale ou d'un bassin d'emplois identifié qui rassemble et mobilise tous les acteurs locaux).
5. Développer et favoriser les nouvelles modalités de formation professionnelle :
Le système de formation actuel semble adapté pour accompagner les changements précités et devra probablement évoluer pour accompagner la mutation des filières métiers. Les contenus de formation vont continuer d'intégrer dans leurs programmes les nouveaux matériaux et nouvelles technologies. En revanche, ce sont probablement les méthodes pédagogiques qui vont le plus évoluer : alternance, formation à distance, formation en e-learning et mises en situation simulées. Les parties signataires encouragent donc vivement leur développement.
De plus, il semble intéressant de commencer à travailler, dès à présent, sur la dématérialisation des diplômes et des centres de formation et sur les cycles courts de formation. Cette mission pourrait incomber à AFIFOR (service UNIDIS dédié à la formation initiale).
Actions et financements prioritaires
Sans préjudice de celles déjà visées dans l'accord professionnel intersecteurs papiers-cartons du 30 novembre 2011, les actions de formation organisées dans le cadre des axes d'action visés précédemment sont considérées comme prioritaires, au titre des financements des périodes de professionnalisation et, le cas échéant, au titre des contrats de professionnalisation.
En outre, est considérée comme prioritaire, la mobilisation du compte personnel de formation, à partir de 30 heures, pour la réalisation d'une action de formation visant :
– à l'acquisition du socle de connaissances et de compétences professionnelles visé à l'article 1er du présent accord ;
– à l'acquisition de compétences complémentaires nécessaires à la délivrance d'une certification de qualification professionnelle intersecteurs papiers-cartons ;
– à être accompagné dans une validation des acquis de l'expérience (VAE).
Au regard des éléments précédemment apportés, les parties signataires incitent au recours à la formation dans les domaines qui suivent : R et D, logistique et maintenance préventive, marketing, compétences numériques et management.
Offre de formation
Les parties signataires de l'accord professionnel intersecteurs papiers-cartons demandent aux membres de la CPNEF de référencer, dans le courant de l'année 2015, une offre de formation permettant d'accompagner les entreprises et les salariés dans l'atteinte des objectifs susvisés.
L'OPCA de l'IPC fera communication de cette offre, notamment sur son site internet.
Dispositifs mis en place et/ ou portés par l'OPCA de l'IPC
Les parties signataires de l'accord professionnel intersecteurs papiers-cartons s'engagent dans la définition de mandats visant à ce que la section professionnelle paritaire papiers-cartons de l'OPCA de l'IPC et/ ou le conseil d'administration de l'OPCA de l'IPC orientent en priorité les partenariats et les conventionnements extérieurs vers la recherche d'aides financières et/ ou d'accompagnements techniques en faveur des axes d'action susvisés.
Sont en outre considérés comme d'intérêt professionnel, justifiant la mobilisation de l'OPCA de l'IPC, les actions de formation et/ ou accompagnements techniques visant :
– à l'analyse contextuelle, stratégique et l'aide à la décision des chefs d'entreprise (PME/ TPE) ;
– à la création, transfert et/ ou la reprise d'entreprise (PME/ TPE) ;
– à professionnaliser les entreprises et leur collaborateurs au niveau des processus RH ;
– à l'insertion, maintien et développement professionnel des salariés handicapés ;
– à concourir à une juste diversité des postes de travail entre les hommes et les femmes ;
– à l'acquisition des savoirs fondamentaux généraux et/ ou industriels ;
– à l'accompagnement des mutations économiques, sociales et environnementales de l'IPC.
Les dispositifs d'accompagnement des entreprises et/ ou des salariés de l'intersecteurs papiers-cartons mis en place et/ ou portés par l'OPCA de l'IPC ainsi que les partenariats financiers en faveur du développement des actions de formation dans l'intersecteurs papiers-cartons font l'objet d'un avis préalable de la CPNEF.
Leur suivi s'effectue au sein de la CPNEF.
Suivi du plan d'action 2015-2017
Le suivi du présent plan d'action est confié à la CPNEF.
Elle en assurera son renouvellement dans le cadre des objectifs généraux fixés dans l'accord intersecteurs papiers-cartons du 19 février 2015.