1.1.4. Politique publique, réglementation
Certification Haute Valeur Environnementale : particulièrement portée par les politiques publiques récentes, dont la loi EgAlim2 visant à protéger la rémunération des agriculteurs, la certification haute valeur environnementale (HVE) vise, au sein de systèmes de production conventionnels, une évolution des pratiques autour de problématiques environnementales. Elle est encadrée par un cahier des charges contrôlé par des organismes certificateurs agréés par l'Etat. En 2023, près du tiers des exploitations certifiés HVE sont viticoles, soit près de 22 600 exploitations.
France relance : l'aide à la restructuration et à la reconversion du vignoble, encadrée par le droit européen vise à permettre aux viticulteurs de développer la compétitivité de leurs exploitations viticoles et d'adapter leur production aux évolutions du marché en finançant une partie des coûts d'arrachage, de plantation, de palissage ou d'irrigation, sous réserve du respect des critères d'éligibilité. Parmi les stratégies d'accélérations pour l'innovation également présentes dans le plan France Relance, le plan d'aide à l'investissement et à la recherche vise à développer l'usage des nouvelles technologies dans le vignoble.
Plan national Ecophyto II+ : depuis 2008, les plans Ecophyto visent à réduire l'utilisation des produits phytosanitaires, en zones agricoles et non agricoles. Face aux défis environnementaux, aux enjeux économiques et aux attentes sociétales particulièrement fortes sur le sujet, l'objectif affiché est d'assurer une transition vers l'agroécologie qui concilie les performances écologiques, économiques, sanitaires et sociales des exploitations agricoles et des secteurs concernés en s'appuyant sur les aménités des services écosystémiques plus que sur les intrants phytosanitaires. Le plan Ecophyto II+ aspire notamment à réduire les usages de produits phytosanitaires de 50 % d'ici 2025.
1.1.5. Les facteurs d'évolution
Déconsommation nationale : la tendance à consommer moins mais vivre mieux se confirme et est notamment illustrée par une baisse de 30 % de la consommation nationale de vin rouge en 10 ans. Au-delà, c'est tout le marché des vins qui voit cette érosion se poursuivre tant à travers de la perte d'acheteurs que par la diminution de la fréquence des achats (14).
Numérique : le recours au numérique poursuit sa progression et ce sont aujourd'hui 52 % des acteurs de la filière qui utilisent des outils connectés sur leur vignoble. Parmi les technologies mobilisées, on peut citer la géolocalisation, la télédétection, les stations météo et la robotique agricole. Si les applications sont diverses (traçabilité, tours de plaine, aide à l'échantillonnage, détection des manquants/planification des vendanges/vendanges sélectives, lutte contre les maladies, pilotage de l'irrigation et de la fertilisation, bilans techniques, suivi de l'humectation, évaluation des risques maladies et gel…), les outils les plus utilisés demeurent la station météo connectée et les outils d'aides à la prévision de maladies. Bien qu'encore peu diffusée, la robotique agricole voit dans la viticulture son plus gros marché ; ainsi, 47 % des robots agricoles dédiés à la production végétale sont utilisés dans des vignes, pour le désherbage et le travail du sol essentiellement (15).
Dérèglement climatique : initialement perçu comme une succession de phénomènes conjoncturels, le dérèglement climatique s'installe comme une crise structurelle et durable. Pression pathogène modifiée et erratique, difficulté de gestion des équilibres hydriques, aléas plus fréquents, variabilité accrue des températures et des précipitations et modifications des cycles végétaux engagent fortement les viticulteurs à réinterroger leurs systèmes de production. Ceux-ci se mobilisent pour une adaptation de leurs systèmes (filets d'ombrage, adaptation des choix variétaux, modification des calendriers culturaux…) et pour une atténuation de leurs impacts (réduction des émissions de CO2/NO2…). Cette crise va ainsi générer, au fil du temps, des logiques de reconception globale des systèmes, voire des délocalisations.
Agroécologie (16) et systèmes de production : face au changement climatique, aux crises sanitaires et économiques et en réponse aux attentes des consommateurs, l'approche agroécologique apparaît comme un levier fort de développement de la durabilité et de la résilience des systèmes et des pratiques. Au niveau des pratiques (17), « l'agroécologie peut globalement être définie comme un ensemble cohérent permettant de concevoir des systèmes de production agricole qui s'appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes, de réduire les pressions sur l'environnement et de préserver les ressources naturelles ».
Dans ce contexte, les salariés sont amenés à travailler dans des exploitations cherchant un équilibre dynamique de l'agrosystème au travers de :
- la réduction de l'érosion et du travail des sols ;
- la réduction des pertes en eau et plus globalement des économies d'eau ;
- le développement de l'agrobiodiversité (variétés adaptées aux évolutions climatiques, introduction de nouvelles espèces végétales…) ;
- l'accroissement de la diversité fonctionnelle ;
- le développement des infrastructures agroécologiques (IAE) ;
- l'optimisation des flux de nutriments (couverts végétaux…) ;
- la lutte biologique (protection biologique intégrée, implantation d'infrastructures agroécologiques) ;
- la réduction des intrants (engrais, produits phytosanitaires).
Au-delà de l'entreprise, l'agroécologie s'appréhende aussi au niveau du territoire par la mise en place de complémentarité entre la viticulture et l'élevage réduisant ainsi l'utilisation d'engrais azotés de synthèse. L'enjeu, pour les viticulteurs, est de concevoir un système permettant de mettre en œuvre les principes de l'agroécologie dans une entreprise économiquement viable et soucieuse de la qualité des produits.
De par sa nature éminemment complexe et la technicité qu'elle suppose l'agroécologie demande une reconception en profondeur du système de production.
(14) Source : CNIV.
(15) Sources : agrotic.org, vinetsociété.fr.
(16) Source : Livre préliminaire du code rural et de la pêche maritime (article L. 1 - II).
(17) Source : Analyse n° 59 du centre d'études et de prospectives du ministère en charge de l'agriculture* (juillet 2013).