ANNEXES
ANNEXE I
RÉFÉRENTIEL DE L'OPTION « OUVRIER VITICOLE » DU BREVET PROFESSIONNEL AGRICOLE
Arrêté du 23 janvier 2024 portant création de l'option « ouvrier viticole » du brevet professionnel agricole et fixant ses conditions de délivrance.
Le brevet professionnel agricole option « Ouvrier viticole » est une certification de niveau 3 de la nomenclature du cadre national des certifications professionnelles.
Le référentiel du brevet professionnel comporte 3 parties :
1. Le référentiel d'activités ;
2. Le référentiel de compétences ;
3. Le référentiel d'évaluation.
1. Référentiel d'activités
Le référentiel d'activités est composé de trois parties :
- la première partie fournit un ensemble d'informations relatives au contexte socio-économique et réglementaire du secteur professionnel et à l'emploi visé par la certification ;
- la deuxième partie est constituée de la fiche descriptive des activités (FDA) ;
- la troisième partie présente les situations professionnelles significatives (SPS) organisées en champs de compétences.
1.1. Eléments de contexte socio-économique du secteur professionnel
1.1.1. La filière
La viticulture vise la culture d'une liane, de la variété vitis vinifera que l'on cultive et dont on récolte les fruits (les baies) sur des ceps, soit le bois de la vigne qui se tord et s'épaissit au fil des ans. Les vignes sont travaillées toute l'année puis vendangées lorsqu'elles arrivent à maturité. Si les raisins vendangés sont en majeure partie destinés, via une transformation, à la production de vins et spiritueux, une part du vignoble est dédiée à la production de raisin de table.
La superficie du vignoble français représente plus de 798 000 hectares, soit 11 % de la surface viticole mondiale. C'est le 2e vignoble en termes de superficie, derrière l'Espagne, talonné par la Chine.
On peut distinguer les principaux vignobles français par les climats auxquels ils sont soumis :
- l'Alsace, la Champagne, la Bourgogne, au climat continental ;
- le Bordelais, le Sud-Ouest et la Vallée de la Loire, au climat atlantique ;
- la Vallée du Rhône, le Midi, la Provence et la Corse, au climat méditerranéen.
La production moyenne française de vin dépasse les 40 millions d'hectolitres (45,8 millions d'hectolitres en 2022), plaçant la France en 2e place des pays producteurs, derrière l'Italie. Les ¾ des vins produits sont des vins tranquilles dont 55 % en rouge, 26 % en blanc et 19 % en rosé (1).
La France occupe également la 2e place des pays consommateurs de vin, derrière les Etats-Unis. Concernant le tiers des vins produits en France en 2022, les exportations se sont établies à 11,6 milliards d'euros, en hausse de 10,2 % sur un an. Mais elles ont reflué de 6,6 % en volume, sous l'effet de la faible disponibilité des vins tranquilles liée au gel de 2021 et des tensions géopolitiques et logistiques, faisant de la France le 1er pays exportateur de vin en valeur et le 3e en volume. Les vins et spiritueux sont le 2e poste excédentaire de la balance commerciale française, derrière l'aéronautique (2).
38 110 tonnes de raisin de table ont été produites en France en 2021 (3). Avec plus de 70 % de la production française, le Sud-Est est le premier producteur de raisin de table. La production est loin de couvrir la demande nationale. Ainsi, en 2021, les importations totales de raisin de table ont explosé, passant de 140 000 t en 2020 à 235 000 t, soit une augmentation de + 67 %. Les exportations de raisin de table augmentent quant à elles de 68 % avec 19 800 t. Ces fruits se dirigent à plus de 70 % vers l'Europe des Vingt-Huit (4).
Si le secteur viticole demeure un fleuron du rayonnement économique français et le porte étendard du savoir-faire hexagonal à l'étranger, sa position de leader mondial a été mise à mal par l'accroissement des échanges internationaux et l'émergence de nouveaux acteurs. Ainsi, outre les concurrents européens ancestraux comme l'Italie ou l'Espagne et après l'affirmation progressive d'acteurs mondiaux tels que les États Unis, l'Argentine ou le Chili au cours des dernières décennies, il faut désormais compter avec des pays tels que la Chine ou la Turquie pour appréhender pleinement la complexité d'un marché international déjà bouleversé par les crises financières, sanitaires et les élans protectionnistes de partenaires commerciaux historiques. Dans un contexte également contraint par le changement climatique, par une tendance à la déconsommation mondiale de vin et face à l'évolution des attentes des consommateurs, plus exigeants en termes de qualité, traçabilité et de respect de l'environnement, il semble, plus que jamais, que l'avenir de la filière passe par l'innovation, la valorisation de sa dimension patrimoniale, étroitement associée à son image d'excellence et ses savoir-faire d'exigence.
Signes d'origine, de qualité et autres labels
Pour faire face à l'évolution des attentes sociétales et des tendances de consommation, les producteurs de la filière sont engagés dans des démarches prospectives et adaptatives visant la qualité et la traçabilité des produits, ainsi que le respect de l'environnement.
Partenaire incontournable de la filière vitivinicole, L'INAO (5) est chargé de la mise en œuvre de la politique française relative aux signes officiels d'identification de la qualité et de l'origine des produits agricoles et agroalimentaires : Appellation d'origine contrôlée (AOC), Appellation d'origine protégée (AOP), Indication géographique protégée (IGP), Spécialité traditionnelle garantie (STG), Label rouge (LR) et agriculture biologique (AB). En 2020, l'INAO encadrait 363 vins AOP/AOC, 17 boissons spiritueuses AOC, 74 vins IGP et seulement 2 raisins de table AOP/AOC, le Chasselas de Moissac et le Muscat du Ventoux. Ainsi, 46 % de la récolte totale de vins et vins doux naturels se fait en AOC et 28 % en IGP.
En 2021, 20 % du vignoble français était certifié ou en conversion vers l'agriculture biologique. Cette proportion, qui a nettement cru au cours des 10 dernières années, représente un peu moins de 160 000 ha du vignoble national et plus de 11 000 exploitations.
Parallèlement au label agriculture biologique, de nombreux labels environnementaux publics et privés coexistent dans la filière. Parmi les labels de portée nationale, on retrouve :
- les labels de viticulture « raisonnée » : Terra vitis et certification HVE (6) ;
- les labels biologiques privés : nature et progrès et BioCohérence ;
- les labels de viticulture « biodynamique » : Demeter et Biodyvin ;
- les labels vin naturel : Vins S.A.I.N.S, Certification AVN ;
- les labels Végétaliens : Label V, Vegan trademark, Eve Vegan.
Circuits de distribution
Les productions viticoles peuvent être commercialisées de multiples manières. La récolte peut être transformée soit directement par le producteur soit par d'autres acteurs de la filière, parmi lesquels figurent les caves coopératives. Ces dernières sont près de 600 en France et couvrent la moitié de la production viticole nationale. La récolte peut enfin être vendue en l'état ou sous forme de jus non fermentés à des acteurs du négoce.
(1) Source : CNIV.
(2) Source : Fédération des exportateurs de vins et spiritueux/France Agrimer.
(3) Source : Agreste.
(4) Source : raisin-de-table.fr/CTIFL.
(5) Institut national de l'origine et de la qualité.
(6) Voir 1.1.4 Politique publique, réglementation.