1.1.5. Les facteurs d'évolutions
Les évolutions impactant le secteur des espaces verts sont principalement liées à trois facteurs : le réchauffement climatique, les attentes sociétales et les innovations technologiques.
• Au niveau du réchauffement climatique :
Les sécheresses printanières et hivernales, canicules, inondations et tempêtes peuvent avoir des impacts lourds sur les territoires plus ou moins fortement urbanisés (îlots de chaleur urbains, inondations et pollutions, dépérissement des végétaux…), incitant les pouvoirs publics à se montrer toujours plus attentifs à la protection des espaces verts dans le cadre de leurs politiques d'aménagement. En effet, ces espaces, au regard de leur capacité à stocker le carbone et à amoindrir les températures, présentent de nombreux effets bénéfiques pour les habitants et usagers.
Dans ce contexte, les acteurs du secteur des espaces verts, publics comme privés, sont amenés à accentuer les visées écologiques de préservation et d'amélioration du fonctionnement des écosystèmes dans leurs travaux et à renforcer leurs pratiques de gestion différenciées des espaces. Pour ces professionnels, l'approche systémique est privilégiée et différentes pratiques sont à valoriser comme par exemple :
- le choix d'espèces économes en eau (plantes vivaces et poacées) ;
- la valorisation de la flore spontanée ;
- des dispositifs d'irrigation économe en eau, de récupération d'eau de pluie ;
- la suppression ou à défaut la réduction des intrants chimiques ;
- le suivi et la lutte contre les bio-agresseurs, les espèces exotiques envahissantes ;
- la préservation des ressources naturelles (énergies, eau, air, sol, biodiversité…) et des écosystèmes ;
- la valorisation des déchets verts : paillage, compostage ;
- …
Les collectivités territoriales articulent ainsi des actions de protection (zones classées au PLU par exemple), des actions de gestion (plans de gestion différenciée ; trames vertes, bleues, brunes et noires [12]) et des actions de restauration (restauration d'écosystèmes en ville) (13). La gestion différenciée des espaces verts en ville renouvelle la façon d'entretenir : il ne s'agit pas seulement de désintensifier l'entretien de ces espaces, mais de réintégrer dans le patrimoine végétal urbain et les trames différents types de milieux, de végétations et de faunes, y compris ceux habituellement exclus et dévalorisés, dans une vision plus systémique de l'aménagement urbain.
Dans ce cadre, les collectivités valorisent le désherbage manuel et les fauches tardives, la valorisation de la flore spontanée, parfois l'écopâturage, etc. Il est à noter que 65 % des villes ont entamé des projets de génie écologique.
• Au niveau de la demande sociale :
La dernière crise sanitaire, les crises économiques et climatiques ont engendré une modification des attentes sociétales. La société française se montre plus sensible aux problématiques environnementales et paysagères liées à son cadre de vie, la qualité de ce dernier impactant la santé humaine, et plus largement la santé globale. Les citoyens sont actuellement plus sensibilisés aux questions de protection des sols, d'économie d'eau, de préservation de la biodiversité, de maintien de la qualité de l'air et de protection des écosystèmes.
Face à ces attentes, la végétalisation des espaces, en particulier urbains, est un domaine d'activité des paysagistes particulièrement ancré dans les réflexions de notre temps, notamment par les avantages qu'ils procurent au niveau de la qualité de vie et de la santé.
La société souhaite être associée à l'aménagement de son cadre de vie. Dans cet esprit, certaines communes proposent des actions collaboratives de micro-fleurissement, de jardins partagés, de compostage de quartier… Ces espaces verts deviennent des lieux de liens sociaux et de sensibilisation à la transition écologique.
• Au niveau des innovations technologiques :
Les applications et outils connectés visent notamment à réduire la pénibilité et à faciliter l'activité des professionnels du paysage.
Les applications smartphones (notamment de reconnaissance des végétaux pour les ouvriers), intégrées aux habitudes des professionnels évoluent.
Les outils de domotique pour le jardin ne cessent de se développer et permettent d'automatiser certaines tâches ou certains services : la tonte, l'arrosage, les éclairages extérieurs et la sonorisation, la sécurité des jardins… La diffusion de ces évolutions technologiques amène les ouvriers à maîtriser à minima la façon dont ces outils connectés et installations se pilotent.
Pour les travaux physiques et répétitifs comme la taille de haies, l'utilisation d'exosquelettes pourrait prévenir les troubles musculosquelettiques mais ils restent encore peu répandus dans les entreprises.
Les logiciels de gestion des espaces verts tendent à se développer dans certaines communes (cartographie des espaces publics, gestion de l'eau et parfois mobilisation d'applications de suivi de la biodiversité).
Ces différents facteurs d'évolutions impactent le métier de l'ouvrier spécialisé en paysage au travers :
- de la diversité des espaces d'intervention : jardins horticoles, jardins participatifs, murs et toitures végétalisés, forêts urbaines, … demandant une adaptation des pratiques d'entretien et des modes de travail associés selon les fonctions et les usages de ces espaces, même si cette adaptation n'induit pas forcément un changement des techniques utilisées (tonte, fauche, broyage restant par exemple toujours d'actualité) ;
- d'une évolution du rapport aux usagers (communication de son action, sensibilisation) : les ouvriers paysagistes des collectivités territoriales ont souvent à expliquer les choix d'entretien des espaces aux usagers qui les interpellent (14) ;
- d'une évolution de pratiques : compostage, paillage, utilisation d'outils de domotique par exemple ;
- de la nécessité de bien connaitre la végétation spontanée de son territoire.
(12) La loi n° 2010- 788 du 12/07/2010 dite Loi Grenelle 2, introduit la TVB (trame verte et bleue) dans le code de l'environnement article 371-1 et suivants.
(13) CEREMA/Climat et territoire de demain/La conception et la gestion écologique des espaces de nature 21 janvier 2021.
(14) CNFPT ÉTUDE SECTORIELLE Environnement et biodiversité/DÉCEMBRE 2019.