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Article AUTONOME (Arrêté du 23 janvier 2024 portant création de l'option « ouvrier d'élevage de ruminants et de cultures fourragères » du brevet professionnel agricole et fixant ses conditions de délivrance)

Article AUTONOME (Arrêté du 23 janvier 2024 portant création de l'option « ouvrier d'élevage de ruminants et de cultures fourragères » du brevet professionnel agricole et fixant ses conditions de délivrance)


ANNEXE I
RÉFÉRENTIEL DE L'OPTION « OUVRIER D'ÉLEVAGE DE RUMINANTS ET DE CULTURES FOURRAGÈRES » DU BREVET PROFESSIONNEL AGRICOLE


Arrêté du 23 janvier 2024 portant création de l'option « ouvrier d'élevage de ruminants et de cultures fourragères » du brevet professionnel agricole et fixant ses conditions de délivrance.
Le brevet professionnel agricole option « ouvrier d'élevage de ruminants et de cultures fourragères » est une certification de niveau 3 de la nomenclature du cadre national des certifications professionnelles.
Le référentiel du brevet professionnel comporte 3 parties :
1. Le référentiel d'activités.
2. Le référentiel de compétences.
3. Le référentiel d'évaluation.


1. Référentiel d'activités


Le référentiel d'activités est composé de trois parties :


- la première partie fournit un ensemble d'informations relatives au contexte socio-économique et réglementaire du secteur professionnel et à l'emploi visé par la certification ;
- la deuxième partie est constituée de la fiche descriptive des activités (FDA) ;
- la troisième partie présente les situations professionnelles significatives (SPS) organisées en champs de compétences.


1.1. Eléments de contexte socio-économique du secteur professionnel
1.1.1. La filière


Les entreprises où l'ouvrier d'élevage de ruminants et de cultures fourragères exerce son métier sont des exploitations agricoles relevant des secteurs de production bovins lait, bovins viande, bovins lait et viande, ovins, caprins et polyculture-élevage (secteurs référencés par les OTEX).
Au niveau de ces secteurs de production, il est à noter :


- En élevage bovin :
- la France est le second producteur laitier européen après l'Allemagne. 54 400 élevages laitiers ont livré 23,6 milliards de litres en 2021, collectés en moyenne toutes les 48 h (54 % par les coopératives et 46 % par les entreprises privées). Le cheptel laitier français compte 3,5 millions de vaches laitières dont 60 % de race Prim'Holstein. En 2021, 52 % des effectifs de vaches laitières se concentrent sur les régions Bretagne, Pays de la Loire et Normandie (1). Une ferme laitière produit en moyenne 385 300 litres de lait par an avec 66 vaches laitières présentes et 92 ha de surface agricole utile (SAU) (dont 32 de prairies) (2). Les systèmes spécialisés représentent 2/3 des élevages laitiers et les systèmes de polyculture-élevage 1/3 des effectifs totaux ;
- premier producteur de viande bovine en Europe, la France compte 3,7 millions de vaches allaitantes. Plus de 50 % des troupeaux de race à viande se concentrent sur 3 régions : Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté. Les 76 700 élevages (3) (dont 81 % de plus de 20 vaches allaitantes (4) se répartissent sur deux grands types de systèmes de production : les systèmes diversifiés de polyculture-élevage lait et viande avec ou sans cultures de vente et les systèmes spécialisés. Dans ces derniers se répartissent des élevages : producteurs de veaux lourds ou veaux sous la mère, « engraisseurs spécialisés », « naisseurs spécialisés », « naisseurs-engraisseurs » et d'autres élevages allaitants. Comparativement plus petits que les élevages mixtes, les systèmes spécialisés comptent en moyenne 133 bovins dont 56 vaches allaitantes avec 105 hectares de surface agricole utile (SAU), 28 ha de céréales-oléo-protéagineux, 74 ha de surface fourragère.


- En élevage ovin :
- la France est le troisième producteur européen de viande ovine. Les élevages concentrant 80 % des brebis se positionnent sur les 4 régions du sud de la France (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte-D'azur) ; toutefois l'élevage ovin est présent partout sur le territoire, en atelier spécialisé dans la moitié des cas, en atelier complémentaire d'une autre production dans l'autre moitié. Les 4 millions de brebis allaitantes se répartissent dans les 28 826 exploitations (5) (dont 71 % avec un troupeau d'au moins 150 brebis) ;
- au niveau du lait collecté de brebis, la France est le 4e pays européen (+ 1,6 % en 2021) avec une production de 302 millions de litres. Celle-ci est, toutefois, très marquée par sa saisonnalité (de moins de 6 millions de litres collectés en septembre, à plus de 44 millions de litres en avril [6]). Avec 1,5 million de brebis laitières, la filière est très régionalisée (Aveyron, Pyrénées-Atlantiques et Corse) et 91 % du cheptel est situé en zone de montagne. En 2022, on comptait 4 974 exploitations ovines laitières dont 78 % avec un cheptel d'au moins 300 brebis.


- En élevage caprin :
Les élevages de chèvres constituent le 4e cheptel européen, 6 054 exploitations détiennent 1 040 600 animaux. Ces exploitations se répartissent en trois catégories : les livreurs de lait non transformé (48 %), les fromagers (47 %) et les mixtes (5 %) (7). La Nouvelle-Aquitaine est la région comptant le plus de chèvres laitières (34 %), les régions Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie regroupent, quant à elles, 42 % des effectifs. Les élevages caprins sont principalement orientés vers la production laitière. Le lait est presque intégralement transformé en fromage, à la ferme (20 % de la production fromagère) ou par des entreprises. La production de viande caprine est plus faible que celle des autres viandes et très saisonnière. Les exploitations se caractérisent par l'utilisation de leur surface fourragère, la destination du lait (collecte ou transformation fermière) et l'association à d'autres productions. Deux systèmes de production principaux connaissent de nombreuses déclinaisons :
- pour les systèmes laitiers spécialisés : associés à des cultures de ventes, des vaches allaitantes, avec ration sèche (déshydraté), ration foin, herbager avec pâturage … ;
- pour les systèmes fromagers spécialisés : vente à un affineur, vente à un grossiste, vente en circuit-court, affouragement en vert, ration foin, pastoral, herbager.


Les exploitations agricoles en polyculture-élevage conduisent à la fois des productions animales et des productions végétales. Ce sont des entreprises relevant des secteurs de production bovins lait, bovins viande, ovins et caprins (secteurs référencés par 5 OTEX). La complémentarité des systèmes de production animale et végétale présents au sein de ces exploitations génère un renouveau d'intérêt et positionne la polyculture élevage comme une réponse possible aux enjeux liés au réchauffement climatique et aux transitions agroécologiques.
Au-delà de la diversité des systèmes de production, d'autres facteurs transforment le travail dans ces exploitations :


- Les attentes sociétales
Actuellement, la société interpelle le monde agricole tant au niveau des impacts environnementaux et du bien-être animal de leur activité qu'au niveau de la qualité des produits mis sur le marché. Ces attentes, sont à l'origine d'une évolution de la prise en compte de la question environnementale, l'exploitation agricole étant considérée comme un agroécosystème sur son territoire. Cette évolution réinterroge la conduite des systèmes de production avec l'agroécologie comme levier dans la prise en compte de ces attentes.
- Les signes de l'identification de la qualité, de l'origine et autres labels
Les productions sous signes officiels de qualité et d'origine (SIQO) (8) se développent en réponse aux attentes des consommateurs. L'augmentation annuelle du cheptel des exploitations en conversion et certifiés en agriculture biologique est en constante augmentation (9) :
- pour les bovins : Il est à noter, une augmentation moyenne de 2 % entre 2021 et 2022, la filière laitière étant la plus dynamique. Au niveau de l'agriculture Française, et pour les espèces concernées, l'agriculture biologique représente en moyenne 7 % des cheptels ;
- pour les ovins : L'évolution des animaux engagés en BIO et en conversion est en moyenne de 6 % (11 % des cheptels français). Il est à noter une dynamique plus forte pour la filière ovin viande ;
- pour les caprins : L'augmentation des animaux élevés en BIO et reconversion est de 11 % entre 2021 et 2022 soit 13 % du cheptel français.


L'élevage BIO continue, donc, sa progression avec toutefois des territoires précurseurs (élevage bio de vaches laitières particulièrement présent dans le grand Ouest et dans le massif central par exemple).
En 2020, 43 viandes bovines et 25 viandes ovines étaient commercialisées sous d'autres signes de qualité et d'origine (10). De même, en 2021, 61 produits laitiers bénéficiaient d'une indication géographique (AOP et IGP) (11). Au-delà de ces labels, la part des exploitations certifiées HEV (Haute valeur environnementale) concerne 59 % des bovins viande, 20 % des bovins lait, 11 % des ovins et 2 % des caprins.


- Les dynamiques territoriales
Les collectifs ont toujours été très présents en agriculture que ce soit pour produire, stocker, mutualiser…Ces dernières décennies, le développement des formes sociétaires, engageant un partage de salariat, renforce ces dynamiques qui s'accompagnent de collectifs centrés sur la transformation ou la commercialisation en circuit court. En effet, au-delà de la vente indirecte traditionnelle (vente d'animaux vifs ou en carcasse, vers la restauration collective ou un prestataire de découpe) la vente directe permet aux exploitants de valoriser leur production (magasin de producteurs, vente à la ferme ou sur les marchés, vente en tournées, vente en ligne…).


Le mode de gestion de l'exploitation est aussi un facteur fondamental de transformation du travail (voir chapitre suivant).


(1) Agreste GRAPH'AGRI 2022.
(2) ICA/France Agri Mer/Etat des lieux de la filière 2020.
(3) Cheptel - Document INTERBEV 2022.
(4) Idle - Chiffres clé du GEB - Bovins 2021 productions lait et viande.
(5) Idle - Chiffres clé du GEB - ovins 2022 productions lait et viande.
(6) Idle - Tech-ovin/8 et 9 septembre 2021.
(7) Idle - Chiffres clé du GEB -caprins 2021 productions lait et viande.
(8) Agriculture Biologique (AB)/Appellation d'Origine Protégée (AOP)/Indication Géographique Protégée (IGP)/Label rouge (LR).
(9) Chiffres 2021 - https://www.agencebio.org - données 2022.
(10) INAO - chiffres clé 2021 - viandes, charcuteries et volailles sous signe de la qualité et de l'origine.
(11) Cnaol- Chiffres clé 2021 des produits laitiers AOP et IGP - Septembre 2022.