La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 19 avril 2023,
Après en avoir délibéré,
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé constitue un remarquable bassin en cuivre émaillé, revêtu de la signature de Léonard Limosin (vers 1505-1576/1577), émailleur du roi, le plus grand de son temps, grand spécialiste du portrait, qui a réalisé des objets exceptionnels, notamment pour Henri II ; que cet objet daté de 1555, très vraisemblablement mentionné dans l'inventaire de l'hôtel parisien du connétable Anne de Montmorency (1493-1567) établi en 1556, est orné au revers d'une composition en grisaille et dans son fond d'un épisode de l'histoire de Psyché, où elle est accueillie au banquet des dieux pour boire l'ambroisie ; que cette scène, dont l'originalité provient notamment de la représentation de certains personnages mythologiques en membres de la Cour, est reprise du récit d'une œuvre de l'écrivain Apulée de Madaure et représentée par les gravures d'un artiste anonyme désigné sous le nom de « Maître au dé » ; que le banquet est ainsi présidé par un Jupiter, qui a l'apparence, comparable à d'autres de ses portraits, du roi Henri II, à la gauche duquel se trouve Junon sous les traits reconnaissables de Catherine de Médicis, qui pointe du doigt un Hercule assis sur sa peau de lion et ressemblant au connétable de Montmorency ; que l'identification des autres figures n'est pas encore réalisée, même si la Vénus nue à la gauche pourrait peut-être correspondre à la gouvernante de Marie Stuart à la cour de France, Lady Fleming ; que les armoiries d'Anne de Montmorency, surmontées de la couronne ducale, bordées par le collier de l'ordre de Saint-Michel d'où surgissent deux dextrochères avec inscription sur le phylactère à gauche du cri de guerre des Montmorency et à droite de la devise familiale, ont un caractère exceptionnel par la place qu'elles occupent au-dessus de la scène principale ; que ces armoiries, décrites comme grattées en 1852 et ré-émaillées à une date inconnue, apparaissent avoir été refaites plusieurs fois pour une raison inconnue, sans modification toutefois de leur détenteur ; que cette pièce majeure, en bon état général de conservation, acquise en 1884 par la branche française des Rothschild et restée dans ses collections jusqu'à nos jours, dont les traits stylistiques, la précision des portraits et la virtuosité technique sont caractéristiques de l'art du maître du portrait émaillé, Léonard Limosin, fait la synthèse entre l'antique et le xvie siècle à la manière de l'Ecole de Fontainebleau ;
Qu'en conséquence, cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considéré comme un trésor national ;
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.