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Article AUTONOME (Arrêté du 17 novembre 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables aux assurés sociaux)

Article AUTONOME (Arrêté du 17 novembre 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables aux assurés sociaux)

ANNEXE II
FICHE D'INFORMATION THÉRAPEUTIQUE
La FIT des médicaments princeps ou de référence est applicable à tous les biosimilaires et génériques dans leurs indications de l'AMM respectives

JYSELECA (filgotinib)
(Laboratoire GALAPAGOS SASU)
Médicament d'exception

Ce médicament est un médicament d'exception car il est particulièrement coûteux et d'indications précises (cf. Article R. 163-2 du code de la sécurité sociale).
Pour ouvrir droit à remboursement, la prescription doit être effectuée sur une ordonnance de médicament d'exception (www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/formulaires/S3326.pdf) sur laquelle le prescripteur s'engage à respecter les seules indications mentionnées dans la présente fiche d'information thérapeutique qui peuvent être plus restrictives que celles de l'autorisation de mise sur le marché (AMM).
JYSELECA 100 mg, comprimé pelliculé
1 flacon polyéthylène haute densité (PEHD) avec fermeture de sécurité enfant de 30 comprimés
(CIP : 34009 302 152 1 0)
3 flacons polyéthylène haute densité (PEHD) avec fermeture de sécurité enfant de 30 comprimés
(CIP : 34009 550 765 3 7)
JYSELECA 200 mg, comprimé pelliculé
1 flacon polyéthylène haute densité (PEHD) avec fermeture de sécurité enfant de 30 comprimés
(CIP : 34009 302 152 2 7)
3 flacons polyéthylène haute densité (PEHD) avec fermeture de sécurité enfant de 30 comprimés
(CIP : 34009 550 765 4 4)

1. Indications remboursables (*)

Traitement de la rectocolite hémorragique active modérée à sévère uniquement chez les femmes adultes qui ont présenté une réponse inadéquate, une perte de réponse ou une intolérance, aux traitements conventionnels, à au moins un anti-TNFα et au védolizumab.
Traitement des femmes atteintes de la polyarthrite rhumatoïde active modérée à sévère qui ont eu une réponse inadéquate, ou une intolérance, à un ou plusieurs traitements de fond antirhumatismaux (DMARD). JYSELECA (filgotinib) peut être utilisé en monothérapie ou en association avec le méthotrexate (MTX).

2. Conditions de prescription et de délivrance (**)

Liste I.
Médicament à prescription initiale hospitalière (PIH) annuelle.
Médicament de prescription réservée à certains médecins spécialistes (PRS) : RHUMATOLOGIE, HEPATO-GASTRO-ENTEROLOGIE, MEDECINE INTERNE.
Renouvellement de la prescription limité à certains professionnels de santé : RHUMATOLOGIE, HEPATO-GASTRO-ENTEROLOGIE, MEDECINE INTERNE.

3. Modalités d'utilisation(**)

Voir RCP (http://www.ema.europa.eu/).

4. Stratégie thérapeutique(*)

4.1. Dans la rectocolite hémorragique

Les objectifs du traitement médicamenteux sont, après avoir induit une rémission, le maintien de cette rémission sans corticoïde et l'amélioration de la qualité de vie. Le choix du traitement dépend notamment de la sévérité de la maladie et de l'étendue de l'atteinte du côlon. En 2e ligne du traitement d'une RCH active, modérée à sévère, chez les adultes ayant eu une réponse inadéquate au traitement conventionnel ou chez lesquels ce traitement est contre-indiqué ou mal toléré, les anti-TNFα (infliximab, adalimumab et golimumab) sont le traitement de référence. En 2e ligne du traitement chez les patients en échec ou intolérants au traitement conventionnel, ENTYVIO (védolizumab) représente désormais une nouvelle alternative aux anti-TNFα. Deux situations cliniques particulières doivent toutefois faire préférer un anti-TNFα au védolizumab : en cas de manifestations extra-intestinales (manifestations rhumatismales, cutanées et oculaires notamment) compte tenu du mécanisme d'action local du védolizumab ; en cas de colites aigues graves l'infliximab étant la biothérapie recommandée (avis d'expert). En 3e ligne de traitement, les alternatives sont une augmentation des doses ou de la fréquence d'administration de l'anti-TNFα, le changement de l'anti-TNFα, voire ajout d'immunosuppresseurs, le vedolizumab (ENTYVIO), un anti-JAK1, -JAK2 et -JAK3 le tofacitinib (XELJANZ) et un inhibiteur IL-12/23, l'ustékinumab (STELARA). Chez les patients âgés de plus de 65 ans, les patients fumeurs ou anciens fumeurs, les patients ayant d'autres facteurs de risque cardiovasculaire ou d'autres facteurs de risque de cancer, le tofacitinib ne doit être utilisé, que si aucune autre alternative thérapeutique appropriée n'est disponible (1).
Place de JYSELECA (filgotinib) dans la stratégie thérapeutique de la RCH :
Dans la RCH active modérée à sévère chez des adultes qui ont eu une réponse inadéquate, une perte de réponse ou une intolérance, aux traitements conventionnels, compte tenu de l'absence de donnée clinique permettant de situer l'intérêt thérapeutique du filgotinib (JYSELECA) par rapport :

- d'une part aux anti-TNFα (infliximab, adalimumab et golimumab) et au védolizumab (ENTYVIO),
- d'autre part par rapport à l'ustekinumab (STELARA) et au tofacitinib (XELJANZ),

et, tenant compte de la quantité d'effet modeste établie en comparaison au placebo, et du profil de tolérance du filgotinib,
la Commission de la transparence considère que le filgotinib (JYSELECA) est réservé aux femmes adultes qui ont eu une réponse inadéquate, une perte de réponse ou une intolérance, aux traitements conventionnels, à au moins un anti-TNFα et au védolizumab.
Chez les hommes, JYSELECA (filgotinib) n'a pas de place dans la stratégie de prise en charge de la RCH (comme de la polyarthrite rhumatoïde) active modérée à sévère en raison d'un risque potentiel et possiblement irréversible sur la spermatogenèse non identifié avec les autres anti-JAK. Cet avis est rendu dans l'attente MA des résultats définitifs des études cliniques en cours évaluant l'effet du filgotinib sur la spermatogénèse, soumis à l'EMA.
L'usage de ce médicament chez la femme enceinte ou allaitante doit respecter le RCP. Notamment le filgotinib est contre-indiqué pendant la grossesse (http://lecrat.fr/).

4.2. Dans la polyarthrite rhumatoïde

L'objectif du traitement de la polyarthrite rhumatoïde est d'induire et de maintenir une rémission clinique et de limiter la progression de la dégradation articulaire donc le handicap ultérieur. La prise en charge repose sur la prescription précoce (la précocité est déterminante dans le succès de la prise en charge) d'un traitement de fond afin d'induire une rémission clinique et biologique. Un suivi rapproché et des adaptations thérapeutiques fréquentes sont nécessaires tant que l'objectif n'est pas atteint. Le traitement de fond conventionnel de référence de 1ère ligne reste le méthotrexate. En cas de contre-indication ou d'intolérance au MTX, le léflunomide ou la sulfasalazine peuvent être utilisés.
En 2e ligne et plus, chez les patients insuffisamment répondeurs ou intolérants au méthotrexate, le traitement doit être optimisé de la manière suivante :

- en l'absence de facteurs de mauvais pronostic, une association de traitements de fond conventionnels synthétiques (MTX/sulfasalazine/hydroxycholoroquine) ou une rotation pour un autre traitement de fond de synthèse (léflunomide, sulfasalazine) peuvent être proposées ;
- en présence de facteur de mauvais pronostic ou en cas d'échec des traitements de fond conventionnels synthétiques, une thérapie ciblée doit être envisagée. Les thérapies ciblées envisageables dans cette situation sont :
- les thérapies ciblées biologiques (biomédicaments ou bDMARD) représentées par les anti-TNF (adalimumab, certolizumab pégol, étanercept, golimumab, infliximab), les antagonistes des récepteurs de l'interleukine 6 (le tocilizumab et sarilumab), le modulateur de la co-stimulation des lymphocytes T (abatacept), ou le rituximab uniquement dans certaines circonstances ;
- ainsi que les thérapies ciblées synthétiques (tsDMARD) représentées par les anti-JAK (baricitinib, tofacitinib, upadacitinib et filgotinib).

Place de JYSELECA (filgotinib) dans la stratégie thérapeutique :
Conformément à son libellé d'AMM, JYSELECA (filgotinib), thérapie ciblée synthétique inhibant les janus kinases, pourrait être utilisée après échec d'un ou plusieurs traitements de fond soit en 2e ligne (après échec d'un traitement de fond classique type MTX) ou en 3e ligne (échec d'une biothérapie) voire plus (échec de plusieurs traitements de fond classiques et/ou biothérapies). JYSELECA (filgotinib) peut être utilisé en monothérapie ou en association avec le méthotrexate (MTX).
Cependant, la Commission de la transparence :

- conseille que, chez la femme, tout comme OLUMIANT (baricitinib), XELJANZ (tofacitinib) et RINVOQ (upadacitinib), JYSELECA (filgotinib) soit utilisé de préférence en 3e ligne ou plus (à savoir après l'échec d'au moins une biothérapie) compte tenu des inquiétudes en termes de tolérance notamment à long terme liés au nouveau mécanisme d'action et du recul plus important en termes d'efficacité et de tolérance des biothérapies. Chez ces patientes, la Commission considère que l'association au MTX doit être privilégiée et que l'utilisation en monothérapie doit être réservée aux situations d'intolérance au MTX ou lorsque la poursuite du traitement avec le MTX est inadaptée ;
- considère que, chez les hommes, JYSELECA (filgotinib) n'a pas de place dans la stratégie de prise en charge de la PR active modérée à sévère en raison d'un risque potentiel et possiblement irréversible sur la spermatogenèse non identifié avec les autres anti-JAK. Cet avis est rendu dans l'attente des résultats des études cliniques en cours évaluant l'effet du filgotinib sur la spermatogénèse.

5. SMR/ASMR (*)

5.1. Dans la rectocolite hémorragique (extension d'indication)

La Commission a évalué ce médicament le 1er juin 2022 dans la rectocolite hémorragique (extension d'indication). Elle s'est prononcée de la façon suivante :
Service médical rendu
Le service médical rendu par JYSELECA (filgotinib) est modéré uniquement dans le traitement de la rectocolite hémorragique active modérée à sévère chez les femmes adultes qui ont présenté une réponse inadéquate, une perte de réponse ou une intolérance, aux traitements conventionnels, à au moins un anti-TNFα et au védolizumab.
La Commission donne un avis défavorable à l'inscription sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux et sur la liste des spécialités agréées à l'usage des collectivités :

- chez les femmes dans les autres situations couvertes par l'indication AMM, c'est-à-dire chez les femmes adultes qui ont présenté une réponse inadéquate, une perte de réponse ou une intolérance au traitement conventionnel mais naïf à au moins un anti-TNFα, et au védolizumab ;
- et, dans l'attente des conclusions de l'EMA sur la toxicité sur la spermatogenèse, chez les hommes.

Amélioration du service médical rendu
Compte tenu :

- de la qualité méthodologique de l'étude SELECTION (contrôlée, randomisée, double-aveugle, choix pertinents des critères de jugement, évaluation indépendante des patients selon qu'ils soient naïfs ou non de traitement biologique pour la phase d'induction), mais sachant que le choix du placebo est regrettable en particulier chez les patients naïfs de tout traitement biologique, et que l'évaluation de l'efficacité du maintien de la rémission a été faite dans une population hétérogène regroupant patients naïfs et non naïfs de traitement biologique ;
- de la démonstration de supériorité du filgotinib à la posologie de 200 mg/j par rapport au placebo, mais avec une quantité d'effet au mieux modeste, notamment en termes de rémission clinique, tant à la phase d'induction qu'à la phase d'entretien ;
- de l'absence de démonstration d'un effet robuste sur la qualité de vie, et sur le recours à la colectomie ;
- de l'absence de donnée comparative versus les anti-TNFα chez les patients ayant eu une réponse inadéquate à un traitement de fond conventionnel et naïfs d'anti-TNFα, et versus le védolizumab (ENTYVIO), alors que ces comparaisons étaient possibles ;
- du besoin médical déjà partiellement couvert ;
- du profil de tolérance du filgotinib,

la Commission de la transparence considère que JYSELECA (filgotinib) n'apporte pas d'amélioration du service médical rendu (ASMR V) dans la stratégie de prise en charge de la rectocolite hémorragique chez la femme adulte.

5.2. Dans la polyarthrite rhumatoïde

La Commission a évalué ce médicament le 10 mars 2021 dans la polyarthrite rhumatoïde. Elle s'est prononcée de la façon suivante :
Service médical rendu

- le SMR était IMPORTANT uniquement chez les femmes atteintes de polyarthrite rhumatoïde active modérée à sévère qui ont eu une réponse inadéquate, ou une intolérance, à un ou plusieurs traitements de fond antirhumatismaux (DMARDs) ;
- le SMR est INSUFFISANT pour justifier d'une prise en charge par la solidarité nationale chez les hommes, dans l'attente des résultats des études cliniques en cours évaluant l'effet du filgotinib sur la spermatogénèse.

Amélioration du service médical rendu
JYSELECA (filgotinib) n'apporte pas d'amélioration du service médical rendu (ASMR V) dans la stratégie de prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde active modérée à sévère, prenant en compte notamment l'absence de comparaison aux alternatives disponibles en 3e ligne (notamment les autres anti-TNFα, les anti-IL6, l'abatacept et le rituximab) et les incertitudes en termes de tolérance à long terme, portant en particulier sur le risque infectieux identifié et les risques potentiels cardiovasculaires, thromboemboliques et carcinogènes.

6. Prix et remboursement des présentations disponibles

Coût du traitement :


N° CIP Présentation PPTTC
34009 302 152 1 0 JYSELECA 100 mg (filgotinib), comprimés pelliculés en flacon (B/30) (laboratoires GALAPAGOS SASU) 624,71 €
34009 302 152 2 7 JYSELECA 200 mg (filgotinib), comprimés pelliculés en flacon (B/30) (laboratoires GALAPAGOS SASU) 624,71 €

Taux de remboursement : 65 %.
Ce taux ne tient pas compte des exonérations liées aux conditions particulières de prise en charge de l'assuré (ALD, invalidité…).

(1) Selon l'ASNM : "Dans l'essai clinique terminé (A3921133) chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) âgés de 50 ans ou plus et ayant au moins un facteur de risque cardiovasculaire supplémentaire, une augmentation de l'incidence des infarctus du myocarde a été observée en comparaison aux anti-TNFα-. L'essai a également montré une augmentation de l'incidence des tumeurs malignes, à l'exclusion du cancer cutané non-mélanome (CCNM), en particulier le cancer du poumon et le lymphome avec le tofacitinib en comparaison aux anti-TNFα-. Les prescripteurs doivent discuter avec leurs patients des risques associés à l'utilisation de XELJANZ, notamment l'infarctus du myocarde, le cancer du poumon et le lymphome. " (Cf. Lettre aux professionnels de santé, 07/07/2021). Le RCP, actualisé fin 2021, précise que dans la rectocolite hémorragique (RCH), "au cours de l'essai d'extension en cours portant sur la RCH, des cas d'EP et de TVP ont été observés chez des patients utilisant 10 mg de tofacitinib deux fois par jour et présentant un ou plusieurs facteurs de risque de MTEV sous-jacents. "
(*) Cf. avis de la CT du 1/06/2022, consultable sur le site de la HAS :
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_5267/actes-medicaments-dispositifs-medicaux?cid=c_5267.
(**) Cf. RCP :
http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/index.php ;
http://www.ema.europa.eu/ema/index.jsp?curl=pages/medicines/landing/epar_search.jsp&mid=WC0b01ac058001d124.
Base de données publique des médicaments : http://www.medicaments.gouv.fr.
Adresser toute remarque ou demande d'information complémentaire à : La Haute Autorité de santé, DEAI, 5, avenue du Stade-de-France, 93218 Saint-Denis La Plaine Cedex.