- Paul BILHAUD, Combat de nègres dans la nuit, huile sur toile, 1882 ;
- Alphonse ALLAIS, Des souteneurs encore dans la force de l'âge et le ventre dans l'herbe boivent de l'absinthe, rideau de fiacre vert, avant 1897 ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), Coup d'œil rétrospectif, Comme quoy Messer Satanas sortant du Sabbat cerchoyt de l'œil une âme qu'il croyait oubliée, huile sur panneaux de carton formant une boîte, 1884 ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), La tortue et les deux canards d'après Lafontaine (Molière), huile sur carton, 1884 ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), La messe de minuit à Vazil-Souart (Morbihan) - peinture hygiénique à l'instar de Paris, huile sur carton, 1884 ;
- Boquillon BRIDET, Mon bilan, dessin à la plume et encre noire, lavis d'encre et aquarelle, contrecollé sur carton, 1884 ;
- Boquillon BRIDET, L'encouragement porté à la dernière extrémité, dessin au lavis d'encre brune, crayon et gouache blanche, contrecollé sur carton, 1884 ;
- Eugène GRIVAZ, Les voyages déforment les jeunesses, huile sur toile, 1886 ;
- Jules FOLOP (pseudonyme de Jules FOLOPPE), M. Duruisseau, dentiste (peinture à l'eau sur marrons qu'on fit), bois marronnier sculpté polychrome, 1884 ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), Melle Perpétue, laquelle gagna le prix de vertu en l'an 1811, huile sur carton à l'imitation d'un tambourin, 1893 ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), Melle Odette de Vaufumé pourtraicturée au vif le lendemain de ses nopces, huile sur carton à l'imitation d'un tambourin, 1893 ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), Le sire de Béchamel, ampessade des officiers de bouche, en son harnois de bataille (1673), huile sur carton à l'imitation d'un tambourin, 1893 ;
- Paul-Eugène MESPLES, Une affaire d'honneur, pointe sèche ;
- Charles Auguste GALLOT, dit SELRACH, Ma première culotte, plat en terre cuite polychrome en fort relief d'un enfant grimpant à un arbre, 1884 ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), En vedette/ Collection de costumes ( ?) / Matines/ CASQUE-A-MECHE REX, bois sculpté polychrome, 1889 ( ? ) ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), En vedette/ Collection de costumes ( ?) / Matines/ CASQUE-A-MECHE REX, bois sculpté polychrome, 1889 ( ? ) ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), En vedette/ Collection de costumes ( ?) / Matines/ CASQUE-A-MECHE REX, bois sculpté polychrome, 1883 ( ? ) ;
- GIEFFE (pseudonyme de Jules FOLOPPE), En vedette/ Collection de costumes ( ?) / Matines/ CASQUE-A-MECHE REX, bois sculpté polychrome, vers 1889 ( ? ) ;
- Auteur non identifié, Un la peint, dessin au lavis d'encre sur carton ;
La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 17 mars 2021 et le 14 avril 2021 ;
Après en avoir délibéré ;
Considérant que l'ensemble de biens pour lequel le certificat d'exportation est demandé comporte dix-neuf œuvres qui seraient issues du mouvement artistique d'avant-garde des Arts incohérents, fondé par le journaliste et rédacteur en chef du Chat noir, Jules Lévy (1857-1935) ; que ce mouvement a organisé plusieurs expositions entre 1882 et 1893, en forme de salons burlesques et parodiques, et prend place dans une série de clubs éphémères, tels les Hydropathes, les Hirsutes et les Fumistes, mêlant écrivains, musiciens, artistes, humoristes, qui prêchaient un esprit de dérision et de contestation face à l'ordre social et à l'art officiel, notamment les salons, de l'époque ; que cette réunion de pièces, comprenant des productions représentatives de ce mouvement subversif, que l'on a cru longtemps perdues et qui sont récemment réapparues, intègre notamment deux œuvres particulièrement remarquables par leur importance, leur rôle précurseur et leur postérité ; que la première d'entre elles est le Combat de nègres dans la nuit de Paul Bilhaud (1854-1933), auteur de théâtre à succès, qui a présenté ce tableau à la première exposition des Incohérents en 1882 sous le numéro 15 du catalogue, mentionné sur l'étiquette se trouvant au revers ; que cette œuvre peinte, qui superpose des motifs noirs conduisant à une absence de représentation, apparaît, selon les spécialistes, comme le premier véritable monochrome de l'histoire de l'art, trente-trois ans avant le Carré noir de Malevitch en 1915 ; qu'il est vraisemblablement le premier conçu comme une œuvre unique, cherchant à représenter le paradoxe entre la matérialité d'une oeuvre et son titre, sans pour autant recouvrir le sens donné au monochrome au XXe siècle, où la couleur est présentée pour elle-même ; que la seconde de ces deux œuvres, due à Alphonse Allais (1854-1905), personnalité bien connue du monde des lettres de la fin du XIXe siècle, intitulée Des souteneurs encore dans la force de l'âge et le ventre dans l'herbe boivent de l'absinthe, est composée d'un rideau de fiacre vert détourné ; que son titre, gravé sur un cartouche en cuivre fixé sur le cylindre enrouleur de bois, s'appuie sur la même idée d'une accumulation de motifs verts aboutissant à une couleur uniforme en faisant allusion à la figure des souteneurs, appelés « dos verts » en argot de l'époque, du fait de la teinte verte irisée des écailles du maquereau ; que, bien que non mentionnée dans les catalogues des expositions des Incohérents mais figurant dans l'Album Primo-Avrilesque d'Allais en 1897, elle traduit l'esprit du mouvement et acte la transformation d'un objet manufacturé banal en œuvre d'art par l'accolement d'un titre ; qu'elle préfigure ainsi, avec une vingtaine d'années d'avance, les réalisations de Marcel Duchamp faites sous cette appellation, notamment le Porte-bouteilles de 1914 ; que l'ensemble regroupe, par ailleurs, onze œuvres de Jules Foloppe, sous les pseudonymes de Gieffe et de Jules Folop, deux de Boquillon Bridet, une huile sur toile d'Eugène Grivaz, un plat en terre cuite polychrome de Charles Auguste Gallot, dit Selrach, une pointe sèche de Paul-Eugène Mesples et une œuvre graphique anonyme, illustrant la diversité des expressions et des techniques du mouvement ainsi que leur exécution soignée ; que cette réunion d'œuvres relevant d'un mouvement singulier, fondé sur une approche décalée face au sérieux dans l'art, constitue un jalon dans l'histoire de la modernité et un prélude des avant-gardes contestataires du XXe siècle, Dada et surréalistes, ainsi que le reconnaissait notamment André Breton, qu'il est important de maintenir sur le territoire national pour permettre de poursuivre leur étude et la documentation de leur parcours ;
Qu'en conséquence, cet ensemble d'œuvres présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considéré comme un trésor national,
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.