La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 4 septembre 2019 ;
Après en avoir délibéré,
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une remarquable étude, inédite, réalisée par Michel-Ange (1475-1564), d'un chef d'œuvre de la fresque de Masaccio, le Baptême des Néophytes, peint dans la chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine à Florence ; que ce dessin à la facture caractéristique et d'une grande qualité d'exécution, appartient à un petit groupe d'œuvres de jeunesse dessinées à Florence vers 1488-1490 par l'artiste, qui s'attachait dans cette période à reprendre des œuvres complexes des plus célèbres de ses prédécesseurs florentins, Giotto et Masaccio, en sélectionnant dans leurs œuvres des figures significatives ; que cette reprise d'une figure de jeune homme nu transi, particulièrement louée par les commentateurs anciens, tels que l'Anonimo Magliabechiano entre 1537 et 1547 et Giorgio Vasari en 1550 et 1568, d'une fresque de Masaccio peinte vers 1425, est peut-être l'une des toutes premières étude d'homme nu de Michel-Ange, en tous les cas, la plus ancienne connue à ce jour ; qu'il s'agit d'un témoignage de première main sur ce décor célèbre et sur la pratique assidue, rapportée par Vasari, de relevés exécutés par Michel-Ange à partir d'œuvres de Masaccio, dont seuls quatre dessins, sur trois feuilles conservées à Munich, à Vienne et à Paris, sont connus ; que les modifications du modèle d'origine, marquées par l'emploi d'une encre plus sombre, ont été apportées dans un second temps, par-dessus un dessin initial tracé avec une encre plus claire, par Michel-Ange, qui a aussi entouré de personnages de son propre cru le motif emprunté aux fresques du Carmine ; que cette actualisation, sans doute effectuée autour de 1526, traduit l'importance que Michel-Ange accordait à cette étude, alors qu'il a détruit une grande partie de ses dessins pour ne conserver que les meilleurs ; que l'identification de ce dessin, anciennement attribué à Pietro Faccini, peintre bolonais de la génération des Carrache, dans la collection Genevosio, du nom d'un grand amateur turinois de la seconde moitié du XVIIIe siècle, dont il porte la marque, a longtemps été perdue ; qu'il est de première importance de maintenir sur le territoire national ce rare dessin, récemment redécouvert, en bon état de conservation, du tout début de la carrière de Michel-Ange, qui traduit le souci de cet artiste majeur et incomparable de la Renaissance italienne d'intégrer à son style l'art de ses grands aînés tout en innovant de manière magistrale ;
Qu'en conséquence, cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national ;
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.