La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 20 septembre 2017,
Après en avoir délibéré,
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une automobile produite en 1932 par la firme Alfa Romeo qui constitue probablement le seul exemplaire subsistant à ce jour d'un modèle 8C 2300 de course préservé dans son état d'origine et habillé par Joseph Figoni (1892-1978) ; que cette série de voiture, apparue à partir de 1931 et reconnue comme l'un des plus importants modèles dans l'histoire de l'automobile, inaugure la décennie au cours de laquelle Alfa Romeo, notamment grâce aux solutions mécaniques novatrices de Vittorio Jano (1891-1965), dominera la compétition automobile internationale ; que la série 8C finira durant cette période à la première place des courses les plus prestigieuses, tant sur route que sur circuit, précipitant la fin de la suprématie de la firme Bugatti ; que le modèle 8C, muni d'un moteur surpuissant de conception nouvelle, faisant appel aux alliages légers et équipé de compresseur Roots, d'un châssis ultraléger en tôle emboutie, d'une répartition des masses quasi idéale et d'un système de freinage élaboré, est l'ancêtre des véhicules de course modernes ; que cette 8C 2300 présente la particularité, très rare pour un véhicule conçu en vue de la compétition, de disposer encore de sa carrosserie et de l'ensemble de ses composants mécaniques d'origine, à l'exception de la calandre qui a toutefois été remplacée à l'identique ; qu'en outre, il s'agit du seul exemplaire connue parmi les 8C châssis court à avoir été carrossée par Joseph Figoni, créateur de la ligne dite « goutte d'eau », copiée ensuite dans le monde entier, qui réalisa certaines des carrosseries de luxe aérodynamiques les plus marquantes de l'entre-deux guerres et, dès le début des années 1930, des carrosseries de compétition ; que cette voiture est encore revêtue de sa plaque d'identification de la société française d'Alfa Romeo, fondée en 1931, et de la livrée bleu France sous laquelle elle a participé notamment à deux rallyes Paris-Nice en 1933 et 1934, avant d'être utilisée comme véhicule de tourisme puis d'être préservée en état de fonctionnement en France par le même propriétaire de 1937 jusqu'à récemment ; qu'il apparaît important de maintenir sur le territoire comme un précieux jalon de l'histoire de l'industrie automobile française cette voiture d'origine française, à la carrosserie unique, au parcours historique documenté et demeurée dans un exceptionnel état d'origine, rarissime pour une voiture de compétition ;
Qu'en conséquence, cette automobile présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national ;
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.