La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 18 mai 2016,
Après en avoir délibéré,
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est un remarquable instrument de musique d'Andrea Amati (c. 1505-1577), le plus ancien luthier connu de Crémone en Italie, à l'origine de la plus importante dynastie de luthiers au monde et de l'école crémonaise de fabrication d'instruments à cordes frottées ; que cet instrument, d'une facture magistrale caractéristique d'Andrea Amati, datant probablement de 1572 et appartenant à la famille des premiers violons, aujourd'hui pratiquement tous disparus, est revêtu d'un décor peint, portant des lettres dorées sur les éclisses ainsi que des armoiries et emblèmes sur le fond, le rattachant au roi Charles IX, notamment avec la présence de lettres K couronnées ; que ce rare instrument figure parmi les vingt et un connus de ce luthier et les neuf appartenant au corpus dit « Charles IX » de sa production, en raison de la présence d'éléments liés à ce souverain ; qu'il s'agit d'une basse de violon à l'origine, taille d'instrument de la famille des violons n'existant plus à présent, qui a été ensuite recoupée pour être adaptée au jeu d'un violoncelle ; que l'usage de cet instrument, le plus grave des ensembles musicaux de l'époque et joué debout en étant porté, est attesté pour accompagner les ballets de cour, notamment à celle des derniers Valois ; qu'aucun exemplaire de basse de violon, y compris les trois seules subsistantes d'Andrea Amati, n'a été conservé intact ; que la principale transformation exécutée avec soin pour en faire un violoncelle, qui a consisté à diminuer ses dimensions, explique sans doute sa préservation ; que son parcours documenté depuis 1885, ce qui est exceptionnel pour un instrument de musique, montre qu'il a appartenu successivement à trois familles d'important luthiers français ; que ce très rare instrument, bien que n'étant pas en état de jeu, témoigne des origines du violon crémonais, devenu plus tard le standard de l'excellence en la matière, et des pratiques instrumentales à la Cour du roi de France dans les années 1570, tout en constituant le seul instrument connu d'Andrea Amati du corpus Charles IX encore conservé en mains privées sur le territoire national ;
Qu'en conséquence, cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national ;
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.