MESURE 3 (2014)
ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE NO 124 (CAP CROZIER, ÎLE DE ROSS) (ENSEMBLE UNE ANNEXE), ADOPTÉE À BRASILIA LE 7 MAI 2014 - PLAN DE GESTION RÉVISÉ
Les représentants,
Rappelant les articles 3, 5 et 6 de l'Annexe V du Protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement qui prévoient la désignation de zones spécialement protégées de l'Antarctique (« ZSPA ») et l'approbation de plans de gestion de ces zones ;
Rappelant
- la Recommandation IV-6 (1966), qui a désigné le cap Crozier, île de Ross comme zone spécialement protégée (« ZSP ») n° 6 et qui comportait en annexe la carte de la zone ;
- la Recommandation VIII-2 (1975) qui a mis un terme à la Recommandation IV-6 (1966) ;
- la Recommandation VIII-4 (1975), qui a désigné le cap Crozier, île de Ross comme site présentant un intérêt scientifique particulier (« SISP ») n° 4 et a mis en annexe le plan de gestion du site ;
- la Recommandation X-6 (1979), la Recommandation XII-5 (1983), la Recommandation XIII-7 (1985), la Recommandation XVI-7 (1991) et la Mesure 3 (2001) qui ont prorogé la date d'expiration du SISP n° 4 ;
- la Décision 1 (2002) qui a renommé et renuméroté le SISP n° 4 en ZSPA n° 124 ;
- la Mesure 1 (2002) et la Mesure 7 (2008) par lesquelles ont été adoptés les plans de gestion révisés de la ZSPA n° 124 ;
Rappelant que la Recommandation VIII-2 (1975), la Recommandation X-6 (1979), la Recommandation XII-5 (1983), la Recommandation XIII-7 (1985) et la Recommandation XVI-7 (1991) ont été désignées comme caduques par la Décision 1 (2011) ;
Rappelant que la Mesure 3 (2001) n'est pas entrée en vigueur et a été retirée par la Mesure 4 (2011) ;
Notant que le Comité pour la protection de l'environnement a approuvé un plan de gestion révisé de la ZSPA n° 124 ;
Souhaitant remplacer le plan de gestion actuel de la ZSPA n° 124 par le plan de gestion révisé ;
Recommandent à leurs Gouvernements d'approuver la Mesure suivante conformément au paragraphe 1 de 1'article 6 de l'Annexe V du Protocole au Traité sur 1'Antarctique relatif à la protection de 1'environnement :
Que :
1. Le plan de gestion révisé de la zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 124 (cap Crozier, île de Ross), qui figure en annexe à la présente Mesure, soit approuvé ; et
2. Le plan de gestion révisé de la zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 124 qui figure en annexe à la Mesure 7 (2008) abrogé.
ANNEXE
PLAN DE GESTION POUR LA ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE (ZSPA) NO 124
CAP CROZIER, ÎLE DE ROSS
Introduction
La Zone spécialement protégée de l'Antarctique (ZSPA) cap Crozier se situe à l'extrémité orientale de l'île de Ross, en mer de Ross. En voici la superficie approximative et les coordonnées : environ 70 km2 (centrés sur 169° 19' 53” E, 77° 28' 54” S), dont environ 43 km2 (61 %) de mer (plateau de glace compris) et environ 27 km2 de terre (39 %). La zone est principalement désignée pour sa diversité de faune aviaire et mammalienne, sa riche végétation locale et ses valeurs historiques. La colonie de manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) du cap Crozier est la plus au sud connue et celle sur laquelle on dispose de la plus longue série de données. La colonie de manchots Adélie est l'une des plus grandes qui soient connues. La zone est également l'une des zones abritant les algues de neige les plus au sud connues. La zone est représentative d'habitats terrestres et aquatiques relativement peu perturbés sur l'île de Ross, parmi lesquels on retrouve mousses, lichens, algues, invertébrés et communautés microbiennes.
A l'origine, la zone avait été désignée Zone spécialement protégée (ZSP) n° 6 par la Recommandation IV-6 (1966) sur proposition des Etats-Unis d'Amérique, qui estimaient que la région comporte une riche faune aviaire et mammalienne ainsi qu'une microfaune et une microflore et que l'écosystème est composé d'un mélange substantiel d'éléments terrestres et marins revêtant un intérêt scientifique exceptionnel. Avec l'adoption en 1972 de la catégorie de protection des sites présentant un intérêt scientifique particulier (SISP), la désignation du cap Crozier comme Zone spécialement protégée a pris fin par la Recommandation VIII-2 (1975) et le site a été redésigné SISP n° 4 par la Recommandation VIII-4 (1975). Le SISP n° 4 a été désigné pour protéger les études à long terme de la dynamique de population et du comportement social des colonies de manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) et Adélie (Pygoscelis adeliae) dans la région. Les informations collectées depuis la désignation du SISP n° 4 étaient favorables à l'inclusion des populations de labbes et des assemblages de végétation qui sont d'importantes valeurs à protéger au cap Crozier. Cette désignation a été prorogée par les Recommandations X-6 (1979), Xll-5 (1983), XIII-7 (1985) et XVI-7 (1991) ainsi que par la Mesure 3 (2001). Le site a été rebaptisé et renuméroté par la Décision l (2002) Zone spécialement protégée de l'Antarctique (ZSPA) n° 124. Dans la Mesure 1 (2002), les limites ont été étendues au sud pour englober Igloo Spur et pour protéger l'éventail d'assemblages de végétation représentatifs de la région du cap Crozier. Dans la Mesure 7 (2008), la limite occidentale de la zone a été modifiée pour suivre une ligne de longitude simple, parce que les visiteurs estimaient que la limite précédente était difficile à suivre. Cette limite a été à nouveau simplifiée par le présent plan de gestion et suit maintenant une ligne qui joint directement les sommets du pic Bomb et de la colline de la Poste, et qui a été ajustée pour exclure la cabane du cap Crozier de la zone.
La zone inclut les environnements situés à l'intérieur de deux domaines définis dans les Analyses des domaines environnementaux pour l'Antarctique : « L'environnement P - plateau de glace Ross et Ronne-Filchner » et « L'environnement S - McMurdo - Géologique de Terre Victoria du Sud ». La zone est classée par les Régions de conservation biogéographiques de l'Antarctique dans « ACBR 9 - Géologique de Terre Victoria du Sud ».
1. Description des valeurs à protéger
La colonie de manchots empereurs du cap Crozier a été observée pour la première fois par des membres de l'expédition nationale antarctique britannique en 1902. Il s'agit de la colonie la plus au sud connue et sur laquelle on dispose des plus longues données de recensement de la population de manchots empereurs. La colonie niche sur une banquise côtière située entre de grandes crevasses qui se créent là où le plateau de glace de Ross jouxte le cap Crozier. La position de ces crevasses suit les mouvements du plateau de glace et on sait que la colonie se déplace d'un endroit à l'autre des crevasses durant la saison de reproduction. Les limites de la zone ont été tracées de manière à inclure des aires de banquise côtière qui sont régulièrement occupées par des oiseaux en période de reproduction.
Le cap Crozier abrite une vaste population de manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) qui s'élève en moyenne à quelque 150 000 couples reproducteurs, un peu plus de 270 000 couples en 2012, ce qui en fait sans doute l'une des plus grandes colonies de l'Antarctique. La colonie est divisée en deux grands groupes éloignés l'un de l'autre d'un kilomètre, qui sont connus sous le nom de colonie de l'est et colonie de l'ouest (cartes 1 et 2). En outre, d'anciens restes bien conservés de manchots Adélie découverts dans la zone présentent une valeur scientifique particulière pour les études génétiques. Une grande colonie de labbes antarctiques (Catharacta maccormicki), dont la population est estimée à 1 000 couples reproducteurs, est liée à la présence des colonies de manchots.
Des phoques de Weddell (Leptonychotes weddellii) se reproduisent dans la zone et des léopards de mer (Leptonyx hydrurga) y viennent régulièrement tandis que des phoques crabiers (Lobodon carcinophagus) sont couramment observés en mer et sur les glaces flottantes. Des épaulards (Orcinus arca) sont aussi fréquemment aperçus près des côtes à l'intérieur de la zone. S'il est vrai que les espèces de mammifères répertoriées au cap Crozier ne sont pas spécifiques à la zone et que leur présence dans cet environnement n'a rien de particulier, il n'en reste pas moins qu'elles sont représentatives de l'écosystème local, dont elles font partie intégrante.
Il y a dans la zone des assemblages de mousses, d'algues et de lichens. Des étendues d'algues de neige au cap Crozier couvrent une superficie de plus de 4 ha adjacente aux colonies de labbes et de manchots. Des croissances aussi vastes que celles observées au cap Crozier n'ont été remarquées qu'une seule fois dans la zone antarctique continentale, sur la côte de terre de Wilkes, et les algues de neige du cap Crozier sont les plus au sud connues. Les lichens sont également présents en abondance. On trouve de vastes aires de lichens crustacés orange vif sur des roches et des pierres sur les pentes situées au-dessus de la colonie de manchots Adélie ainsi que de riches croissances de lichens foliacés et fruticuleux dans les environs de l'igloo de pierre de Wilson. Deux espèces de lichens (Caloplaca orecta et C. soropelta) observées dans la zone n'avaient jamais été recensées précédemment en Antarctique. Les habitats terrestres et aquatiques relativement étendus et intacts de l'île de Ross, qui abritent un éventail de mousses, de lichens, d'algues, de communautés microbiennes et de faune invertébrée associée, donnent de la valeur à la zone.
Un panneau de messages datant de l'expédition antarctique nationale de Scott (1901-1904) est situé dans la colonie de l'ouest (169° 16' 37,5” E, 77° 27' 16,7” S) et a été désigné Site et Monument historiques (SMH) n° 69 par la Mesure 4 (1995). L'igloo de pierre de Wilson (17° 18' E, 31° 51‘ S), désigné comme SMH n° 21 par la Recommandation VII-9 (1972), est situé dans le sud de la zone. L'abri de pierre a été construit en juillet 1911 par des membres de l'expédition antarctique britannique de 1910-1913 lors de leur voyage d'hiver jusqu'au cap Crozier pour y ramasser des œufs de manchots empereurs.
Les grandes valeurs scientifiques, écologiques et historiques de la zone ainsi que sa vulnérabilité aux perturbations telles que le piétinement, l'échantillonnage, la pollution ou l'introduction d'espèces non indigènes sont telles que cette zone doit faire l'objet d'une protection spéciale de longue durée.
2. Buts et objectifs
La gestion du cap Crozier vise à :
- éviter toute détérioration ou tout risque de détérioration des valeurs de la zone en empêchant toute perturbation humaine inutile dans la zone ;
- autoriser des travaux de recherche scientifique sur l'écosystème de la zone et, en particulier, sur l'avifaune, la faune marine et l'écologie terrestre, tout en les protégeant du suréchantillonnage ou d'autres impacts scientifiques potentiels ;
- autoriser la réalisation d'autres recherches scientifiques, d'activités de soutien scientifique et de visites pédagogiques ou de sensibilisation (telles que des reportages-documentaires [visuels, audio ou écrits] ou la production de ressources ou de services pédagogiques) sous réserve que ces activités se justifient par des raisons impérieuses impossibles à satisfaire ailleurs et qu'elles ne portent pas atteinte aux valeurs de la zone ;
- éviter ou limiter l'introduction de plantes, d'animaux et de microbes non indigènes dans la zone ;
- éviter ou limiter le risque d'introduction d'agents pathogènes qui pourraient provoquer des maladies au sein des populations fauniques de la zone ;
- autoriser la visite des sites historiques uniquement sur délivrance d'un permis ;
- autoriser des visites à des fins de gestion à l'appui des buts et objectifs du plan de gestion.
3. Activités de gestion
Les activités de gestion suivantes devront être entreprises pour protéger les valeurs de la zone :
- des indicateurs de direction du vent durables doivent être établis à proximité du site d'atterrissage d'hélicoptères principal désigné dès qu'un certain nombre d'atterrissages dans la zone durant une saison donnée est prévu. Ils doivent être remplacés en cas de besoin et enlevés lorsqu'ils ne sont plus nécessaires ;
- des repères de couleur lumineuse clairement visibles des airs et ne présentant aucune menace significative pour l'environnement doivent être placés pour délimiter les sites d'atterrissages principal et secondaire désignés adjacents à la cabane de terrain ;
- des panneaux indiquant l'emplacement de la zone (et les restrictions particulières qui s'appliquent) seront installés bien en vue et une copie du présent plan de gestion sera disponible dans la cabane de recherche du cap Crozier ;
- les programmes nationaux prendront les mesures nécessaires pour que les limites de la zone et les restrictions d'accès qui s'y appliquent soient indiquées sur les cartes terrestres, marines et aéronautiques concernées ;
- les bornes, panneaux et structures érigés à l'intérieur de la zone à des fins scientifiques ou de gestion seront correctement fixés, maintenus en bon état et enlevés lorsqu'ils ne seront plus nécessaires ;
- les programmes nationaux antarctiques opérant dans la zone devront tenir un registre des nouveaux panneaux, bornes et structures érigés dans la zone ;
- le personnel (membres des programmes nationaux, des expéditions de terrain et les pilotes) menant des activités dans les environs de la zone, la survolant ou s'en approchant, devront être spécifiquement informés des dispositions et du contenu du plan de gestion par leur programme national ou par l'autorité compétente ;
- des visites seront effectuées selon les besoins (au moins une fois tous les cinq ans) pour s'assurer que la zone répond toujours aux buts pour lesquels elle a été désignée et pour s'assurer que les mesures de gestion et d'entretien sont appropriées ;
- les directeurs des programmes antarctiques nationaux en cours d'exécution dans la région se livreront entre eux à des consultations pour veiller à ce que les dispositions ci-dessus soient mises en œuvre.
4. Durée de la désignation
La zone est désignée pour une durée indéterminée.
5. Cartes et photographies
Carte 1 : ZSPA n° 124, cap Crozier - Topographie et limite.
Projection : conique conforme de Lambert ; parallèles types : 1er : 77° 27' S ; 2e : 77° 32' S ; méridien central : 169° 15' E ; latitude d'origine : 77° S ; Datum horizontal et sphéroïde : WGS84.
Sources de données :
Données relatives à la côte, aux contours et aux oiseaux fournies par Gateway Antarctica ; limite de la ZSPA : ERA (février 2014) ; installations : étude GPS RPSC (25 décembre 2007) ; terre libre de glace, colonie de manchots empereurs : imagerie Quickbird (9 octobre 2011) ; falaise de glace en 1993, estimation à partir d'imagerie aérienne orthorectifiée (DoSLI/ USGS SN7848) et en 2002, 2007 et 2011, estimée à partir d'imagerie Quickbird (Imagery © 2011 Digital Globe ; NGA Commercial Imagery Program).
Encart 1 : région de la mer de Ross, indiquant l'emplacement de l'encart 2.
Encart 2 : région de l'île de Ross, indiquant l'emplacement de la carte 1, de la station McMurdo (US) et de la base Scott (N.-Z.).
Carte 2 : ZSPA n° 124, cap Crozier - Accès, installations et faune sauvage.
Les spécifications de la carte sont les mêmes que celles de la carte 1.
6. Description de la zone
6(i) Coordonnées géographiques, bornage et caractéristiques du milieu naturel
Description générale
Le cap Crozier (169° 21' 30” E, 77° 30'30” S) se situe à 1'extrémité orientale de l'île de Ross, où se trouve une zone libre de glace qui comprend les pentes orientales inférieures du mont Terror (carte 1). La zone désignée se trouve à proximité de la colline de la Poste (407 m), du pic Bomb (740 m) et du Knoll (360 m) et s'étend pour englober les cônes Gamble, Topping et Kyle. Elle inclut également Igloo Spur et l'environnement marin adjacent ainsi qu'une aire du plateau de glace de Ross s'écrasant contre une partie de la terre et formant ainsi des crevasses. Ces crevasses sont généralement recouvertes de banquise, sur laquelle viennent nicher chaque année les manchots empereurs.
Limites et coordonnées
La limite marine nord de la zone s'étend sur 6,5 km le long de la ligne de latitude 77° 26' 00” S à partir du 169° 12' 00” E jusqu'au 169° 28' 00” E. La limite occidentale s'étend au sud sur l,68 km de la limite nord vers la côte, puis poursuit vers le sud sur 800 m jusqu'à la limite de la terre libre de glace avant de monter au sommet d'une petite colline (environ 300 m) située au-dessus et à l'est de la cabane de terrain (carte 1). La limite part ensuite directement vers le sommet de la colline de la Poste (407 m) au 169° 12' 40” E, 77° 27' 55” S. Elle part ensuite au sud en ligne droite directement vers un point proche du sommet du pic Bomb (740 m) au 169° 11' 30” E, 77° 31' 02” S. La limite descend ensuite la crête sud-est du pic Bomb vers Igloo Spur au 169° 20' 00” E, 77° 32' 00” S, d'où elle s'étend vers l'est le long de la latitude 77° 32' 00” S vers la limite orientale au 169° 28' 00” E.
Climat
La station météorologique automatique (SMA) la plus proche du cap Crozier est Laurie II, située sur le plateau de glace de Ross 35 km à l'est du cap Crozier. La température de l'air enregistrée à Laurie II entre 2009 et 2013 a montré que le mois de décembre était le mois le plus chaud durant cette période, avec une température moyenne de - 5,8 °C, et le mois d'août le mois le plus frais avec une température moyenne de - 33, l °C (http://uwamrc.ssec.wisc.edu/, le 6 mars 2014). La température minimale de l'air enregistrée à Laurie II au cours de cette période a été de - 56,5 °C en juillet 2010, tandis que la température maximale atteignait 5,9 °C en décembre 2011. La vitesse moyenne du vent durant cette période était d'environ 6,3 m/s, avec principalement des vents d'orientation sud - sud-ouest. Les conditions climatiques au cap Crozier sont susceptibles de varier en raison de la géographie locale. Par exemple, le mont Terror tout proche influence probablement l'écoulement de l'air et les vents catabatiques qui, à leur tour, influencent le climat local, et Broady (1989) a constaté que les vents dominants dans la région libre de glace proche du cap Crozier viennent souvent du sud-est.
Géologie, géomorphologie et sols
Le sol libre de glace au cap Crozier est d'origine volcanique, de nombreux cônes et cratères parsemant les pentes douces de scories et de lave basaltique à grains fins. Des cônes de phonolite datant d'il y a 14,4 millions d'années sont présents sur la colline de la Poste et sur le Knoll, tandis que d'autres roches volcaniques présentes dans la zone ont moins d'un million d'années (Cole et al., 1971 ; Wright et Kyle, 1999). Plusieurs de ces collines, y compris la colline de la Poste, protègent les colonies de manchots des vents qui soufflent du sud-ouest. A la surface, on trouve de nombreuses bombes volcaniques et d'autres preuves de petites explosions volcaniques. Au sud de la zone, des falaises côtières adjacentes au plateau de glace atteignent par endroits les 150 m de haut. Les faces des falaises font état de lave litée et de tufs palagonitiques de couleur brune avec plusieurs coulées lenticulaires de basalte columnaire près du pied des falaises. Du côté nord du cap Crozier, on peut trouver de grands rochers erratiques d'origine continentale amenés là par le plateau de glace de Ross.
Oiseaux nicheurs
La colonie de manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) du cap Crozier a été découverte en 1902 par R. S. Skelton, un membre de l'expédition Discovery de Scott. La présence de cette colonie dépend de la banquise côtière coincée entre des crevasses du plateau de glace de Ross jouxtant le cap Crozier. La taille de la colonie est limitée par la superficie et l'état de la banquise côtière, qui influence également la disponibilité de sites de reproduction abrités des vents catabatiques descendant du mont Terror. L'emplacement de la colonie varie d'une année à l'autre (carte 2) et la colonie se déplace au cours d'une même saison de reproduction, s'installant en début de saison près de la côte pour s'en éloigner au fur et à mesure que l'envol approche. La population reproductrice a grandement varié depuis le début du siècle précédent, avec, par exemple, 400 adultes recensés en 1902, l00 en 1911 et 1 300 en 1969. Le nombre d'envols d'oisillons et le nombre d'envols réussis de la colonie ont également varié (tableau 1). Le nombre d'oisillons ayant pris leur envol au cap Crozier s'élève en moyenne à 514 pour les années durant lesquelles des données ont été recensées (tableau 1).
Tableau 1. - Recensements des oisillons de manchots empereurs vivants de 1983 à 2006 et d'adultes de 2007 à 2012
ANNÉE |
OISILLONS |
ANNÉE |
OISILLONS |
ANNÉE |
OISILLONS |
ANNÉE |
ADULTES |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1983 |
78 |
1995 |
623 |
2002 |
247 |
2007 |
537 |
1986 |
? |
1996 |
859 |
2003 |
333 (a) |
2008 |
623 |
1989 |
? |
1997 |
821 |
2004 |
475 |
2009 |
303 (c) |
1990 |
324 |
1998 |
1 108 |
2005 |
0 |
2010 |
856 |
1992 |
374 |
1999 |
798 |
2006 |
339 (b) |
2011 |
870 |
1993 |
? |
2000 |
1 201 |
2012 |
1 189 |
||
1994 |
645 |
2001 |
0 |