La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 8 juillet 2015,
Après en avoir délibéré,
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une remarquable aiguière chinoise en porcelaine à rare décor de pivoines, appartenant à la production « bleu et blanc » du règne de Yongle (1403-1424) sous la dynastie Ming ; qu'elle constitue un témoin précieux de la maîtrise de la technique de la cuisson du bleu de cobalt, pigment arrivé d'Iran à partir du début du XIVème siècle et autorisant la création des premiers « bleu et blanc » de la porcelaine chinoise, qui vient alors d'atteindre son apogée ; que le décor de bleu de cobalt soutenu, distribué sur un fond blanc en plusieurs registres superposés et traité au lavis, qui lui donne un rendu nuancé, s'avère caractéristique de l'époque Yongle, par l'association d'un minerai de grande qualité, d'une cuisson à haute température parfaite et du talent de l'artiste peignant, sans repentir possible, directement sur le biscuit ; que la forme de cette aiguière est directement inspirée des modèles métalliques proche-orientaux et reprise par les céramistes des fours impériaux de Jingdezhen, qui produisaient de très rares pièces de ce type, destinées exclusivement aux élites du Proche-Orient islamique ; que cette aiguière, malgré la perte de son couvercle, est restée dans un meilleur état que les trois autres exemplaires actuellement répertoriés et s'inscrit dans la lignée d'un petit nombre de pièces emblématiques dont la date d'arrivée dans les cours européennes est connue ; qu'en effet, cette céramique a été acquise à Constantinople puis rapportée en France en 1547 par l'envoyé du roi Henri II auprès de Soliman le Magnifique, François Ier de Fumel, décédé en 1561, et a été conservée ensuite dans sa descendance jusqu'à nos jours ; que la provenance prestigieuse et bien datée de cette aiguière, en plus de son intérêt technique et de ses qualités esthétiques, en fait un jalon important, représentant sans doute une des plus anciennes porcelaines chinoises présentes sur le territoire national ;
Qu'en conséquence, cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national ;
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.