La commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 1er juin 2015,
Après en avoir délibéré,
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est un tableau remarquable réalisé par Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun (1755-1842), reconnue comme une grande portraitiste de son temps, et représentant l'une de ses protectrices, la duchesse d'Orléans ; que le tableau a, en effet, pour sujet Louise Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre (1753-1821), fille du duc de Penthièvre, née à l'Hôtel de Toulouse, qui est devenue duchesse d'Orléans en 1785 à la suite de son mariage en 1769 avec Louis-Philippe d'Orléans, le futur Philippe Egalité ; que ce portrait, correspondant au moment où l'artiste est au sommet de son art, a été présenté au Salon de 1789, où la critique le salua de manière unanime ; qu'outre les qualités artistiques de l'œuvre, l'identité du modèle contribua beaucoup au succès du portrait dans la mesure où la duchesse d'Orléans bénéficiait alors de la popularité de son père, connu pour sa philanthropie, et de celle, d'ordre politique, de son époux ; que, par sa pose mélancolique et l'expression de sentiments personnels, la duchesse, épouse et mère délaissée, est représentée dans une composition éloignée des codes de l'effigie princière d'apparat ; que cette représentation de grande aristocrate, élevée au rang de prototype par la réussite de cette œuvre, a permis à l'artiste de livrer une interprétation du genre où les impératifs de représentation sociale et l'affirmation de l'individualité du modèle s'allient avec une subtilité nouvelle ; que Vigée-Lebrun, qui consignait toute sa production, n'a mentionné qu'une seule occurrence pour ce portrait, laissant supposer que les deux autres versions connues sur toile et conservées par Versailles, ne seraient que des répliques ; que, par la renommée acquise au Salon de 1789, son interprétation politique à l'époque et son appartenance quasiment continue à la famille d'Orléans, dont la duchesse a été une des plus illustres représentantes, cette œuvre, de facture raffinée et restée en excellent état, revêt un intérêt historique important en tant que jalon dans la peinture française ;
Qu'en conséquence, cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national ;
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.