La commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 18 février 2015,
Après en avoir délibéré,
Considérant que les biens pour lesquels le certificat d'exportation est demandé constituent une remarquable paire de cabinets, qui, selon une tradition non assurée, auraient pu être offerts par Louis XIV à son petit-fils, le roi d'Espagne Philippe V ; qu'en tout état de cause, ces meubles appartiennent à un petit groupe de cinq cabinets célébrant les victoires de Philippe V sur l'Autriche et l'Angleterre et ont été très vraisemblablement réalisés par Hendrick Van Soest (1659-après 1716), ébéniste et marchand anversois, actif de 1694 à 1718, qui est notamment connu pour ses liens avec quelques-uns des commanditaires les plus prestigieux de son temps, en particulier l'Electeur Max-Emmanuel de Bavière, gouverneur général des Pays-Bas Espagnols à partir de 1691 et mécène ; que l'attribution de cette paire à cet ébéniste, outre la présence de caractéristiques distinctives de ses meubles, aussi connus par des représentations, comme la disposition en deux corps, avec un piétement de bois sculpté et doré présentant des figures en cariatides, surmonté d'un corps de cabinet à trois travées et à fronton, repose aussi sur la mention portée dans l'inventaire du fonds de Van Soest, datant de 1713, de deux « bureaux de marqueterie représentant la Victoire de PV » ; que leurs ornements de bois et bronze dorés ainsi que leur décor de marqueterie d'écaille sur fond teinté rouge de laiton et d'étain, avec une iconographie d'inspiration militaire incluant sur la porte centrale la figure de Philippe V, s'avèrent d'une extrême qualité d'exécution ; que ces deux meubles, importants par l'intérêt des figurations liées à l'histoire royale française et espagnole et leur facture raffinée, représentent de précieux témoins de la création de luxe de Van Soest, destinée à une clientèle royale et princière, ainsi que de la phase ultime de production des grands cabinets d'apparat de tradition flamande au début du XVIIIe siècle, en étant issus de l'atelier du plus grand de ses représentants ;
Qu'en conséquence, ces œuvres présentent un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doivent être considérées comme des trésors nationaux ;
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.