Considérant que le projet de l'équipe de Sylvie Garcia consiste à élaborer un modèle animal (souris) reconstitué avec un système hématopoïétique humain, par exemple un système immunitaire fonctionnel ; qu'il s'agit de reconstituer des souris immuno-déficientes (alymphoïdes) à partir de greffes de précurseurs hématopoïétiques issus de cellules souches embryonnaires humaines (source homogène et illimitée de précurseurs, de faible immunogénicité), d'analyser la réponse à des agents infectieux et, ultérieurement, de tester différentes approches vaccinales ; que plusieurs modèles de souris dites « humanisées » ont été développés et permettent aujourd'hui de détecter 30 à 50 % des cellules d'origine humaine circulantes pendant plus de six mois ;
Considérant que l'originalité du projet réside dans l'utilisation de souris immuno-déficientes complexes, dont le déficit immunitaire a été élaboré par invalidation de trois gènes essentiels au développement de lymphocytes T (Rag-/-c-/-C5-/-), et qui expriment un groupe du complexe majeur d'histocompatibilité humain (CMH) remplaçant les molécules équivalentes murines (souris transgénique HLADR1 et HLADR2) ; que cela s'avère important car il est admis que le développement de lymphocytes T fonctionnels dans le thymus ne se fait que s'ils sont « reconnus et éduqués » par les cellules du thymus ;
Considérant que la démarche de l'équipe consiste à déterminer les conditions d'obtention d'une hématopoïèse (production des différents types cellulaires contenus dans le sang) humaine dans un modèle de souris immuno-déficiente à partir de cellules souches embryonnaires humaines (CSEH) en engageant dans un premier temps ces cellules vers une spécification en progéniteurs hématopoïétiques et en particulier vers les lignées lymphoïdes ; que ce modèle animal pourra par la suite être utilisé pour analyser la réponse à des agents infectieux ; que la demande initiale, s'intéressant au virus de l'immuno-déficience humaine (VIH), s'est aujourd'hui élargie à l'infection par le virus de l'hépatite B (VHB) et que l'équipe envisage ultérieurement une application concernant l'infection par plasmodium falciparum (agent du paludisme) ;
Qu'il s'agit en conséquence d'un protocole de recherche s'inscrivant dans une finalité médicale ;
Considérant qu'en l'état des connaissances scientifiques elle ne peut être menée sans recourir à des cellules souches embryonnaires humaines ; que le résultat escompté ne peut être obtenu par d'autres moyens, notamment par le recours exclusif à d'autres cellules souches ; que l'objectif de la demande est d'obtenir des modèles in vivo, nécessitant tous les éléments pour créer un système physiologique intégré, notamment une histocompatibilité HLA entre les souris hôtes et les greffons d'une part et entre les greffons lors de multigreffes d'autre part ; que cette identité génétique ne peut être réalisée qu'avec l'utilisation d'une lignée homogène de cellules pluripotentes ; que l'utilisation d'autres types cellulaires, un temps envisagé, présente des limites tenant à la variabilité des précurseurs hématopoïétiques à partir du sang de cordon ou de foie fœtal, dont le manque de reproductivité et l'hétérogénéité induit chez les hôtes murins, entre autres, des réponses lymphocytaires T et B faibles lorsqu'on envisage de tester des antigènes viraux ou vaccinaux ; que la trop grande variabilité et le manque de caractérisation des lignées iPS existantes les rend impropres à l'utilisation dans ce projet ;
Considérant qu'une première autorisation a été accordée à cette équipe en 2006 pour une durée de quatre ans et a fait l'objet d'un renouvellement en 2010 pour quatre années supplémentaires ; que le protocole initial a rencontré plusieurs difficultés scientifique (nécessité d'introduire l'expression d'un gène humain - SIRP - dans les hôtes originaux afin de les rendre permissifs à une greffe et reconstitution par des précurseurs humains) et stratégique (changement du modèle initial d'infection chronique en raison du départ en retraite anticipée d'un des collaborateurs) qui ont pu être surmontées ;
Considérant que la demande s'inscrit dans la continuité du protocole précédent et se poursuivra selon les étapes mentionnées dans le dossier de demande d'autorisation ;
- poursuivre la mise au point des conditions de développement, à partir de CSEH, d'une hématopoïèse efficace et représentative de l'hématopoïèse adulte (et non embryonnaire ou fœtale) ; que rares sont les équipes qui ont réussi à obtenir à partir de cellules souches embryonnaires humaines des cellules souches hématopoïétiques de type adulte, sans que la raison de ces échecs n'apparaisse véritablement ; que l'équipe propose plusieurs stratégies intéressantes pour tenter de résoudre cette question (coculture sur cellules stromales mimant la séquence de développement chez l'embryon, ajout de cytokines) et a entrepris une collaboration avec un groupe reconnu dans le domaine de l'hématopoïèse embryonnaire ;
- obtenir in vivo chez les souris la reconstitution efficace et durable d'un système immunitaire humain après greffe des progéniteurs hématopoïétiques issus de CSEH, incluant notamment la production de cellules immunes fonctionnelles (lymphocytes T et B, essentiels à la réponse aux agents infectieux) et éventuellement de cellules de l'immunité innée (macrophages, cellules dendritiques) ; que l'équipe a à ce titre récemment identifié un des points de blocage de la reconstitution de l'hématopoïèse humaine et l'a résolu ;
- élaborer une réponse immune efficace, c'est-à-dire d'une identité HLA entre les progéniteurs hématopoïétiques greffés et les cellules thymiques de la souris transgénique exprimant HLA-2, en sélectionnant les CSEH compatibles sur le plan HLA ; que cette restriction indispensable à la réponse immune justifie le recours aux cellules souches embryonnaires humaines, dont on connaît le phénotype HLA, plutôt que des progéniteurs de sang de cordon par exemple, dont seule une petite fraction pourrait être compatible ;
- mettre au point une stratégie très originale permettant d'infecter de façon productive le foie des souris par le VHB (virus qui n'infecte en principe que des hépatocytes humains), et étude de la réponse immunitaire ;
Considérant en conséquence que le demandeur apporte les éléments suffisants concernant la pertinence scientifique du projet de recherche d'une part, et ses conditions de mise en œuvre au regard des principes éthiques d'autre part ; qu'il justifie en particulier que le projet sera mené dans le respect des principes éthiques relatifs à la recherche sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires humaines et que ces cellules ont été obtenues dans le respect des principes fondamentaux prévus aux articles 16 à 16-8 du code civil, et avec le consentement préalable du couple géniteur, et sans qu'aucun paiement, quelle qu'en soit la forme, ne leur ait été alloué ; que les titres, diplômes, expérience et travaux scientifiques fournis à l'appui de la demande permettent de s'assurer des compétences du responsable de la recherche et des membres de l'équipe en la matière ;
Considérant que les locaux, matériels, équipements, procédés et techniques sont adaptés à l'activité de recherche envisagée,
Décide :