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Article AUTONOME (Décret n° 2014-537 du 26 mai 2014 portant publication de la mesure 10 (2013), zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 147 (vallée Ablation, mont Ganymède, île Alexandre) (ensemble une annexe), adoptée à Bruxelles le 29 mai 2013 - plan de gestion révisé (1))

Article AUTONOME (Décret n° 2014-537 du 26 mai 2014 portant publication de la mesure 10 (2013), zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 147 (vallée Ablation, mont Ganymède, île Alexandre) (ensemble une annexe), adoptée à Bruxelles le 29 mai 2013 - plan de gestion révisé (1))



A N N E X E


PLAN DE GESTION DE LA ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE (ZSPA) N° 147 DE L'ANTARCTIQUE VALLÉE ABLATION, MONT GANYMEDE, ÎLE ALEXANDRE


Introduction


La désignation de la vallée Ablation, mont Ganymède, île Alexandre (70° 48' S, 68° 30' O, environ 180 km²) comme zone spécialement protégée de l'Antarctique (ZSPA) est motivée principalement par la protection des valeurs scientifiques, notamment géologiques, géomorphologiques, glaciologiques, limnologiques et écologiques de cette vaste zone d'ablation.
Pointe Ablation-mont Ganymède (latitude sud 70° 48' , longitude ouest 68° 30', environ 180 km², île Alexandre) a été au départ désigné site d'intérêt scientifique particulier (SISP) n° 29 en vertu de la recommandation XV-6, proposée par le Royaume-Uni. Ce site portait sur une région libre de glace dans sa majeure partie et située, d'une part, entre la latitude sud 70° 45' et la latitude sud 70° 55' et, d'autre part, entre la longitude ouest 68° 40' et la côte du goulet George VI. La zone comprend plusieurs systèmes de vallées séparés par des crêtes et un plateau d'une altitude comprise entre 650 et 760 m.
Le plan de gestion initial (recommandation XV-6) décrivait la zone comme une des zones de plus forte ablation en Antarctique occidentale avec une géologie complexe, les principaux types de roches étant des conglomérats, des schistes et des grès arkosiques, comprenant notamment des schistes boueux et graveleux ainsi que des brèches sédimentaires. La base de la succession est formée d'un mélange spectaculaire qui comprend de grands amas de lave et d'agglomérats. Celle-ci affleure sur les lits de la vallée ainsi qu'au pied de plusieurs falaises. La zone possède de nombreuses particularités géomorphologiques, notamment des plages surélevées, des systèmes de moraines et des sols réticulés. Elle renferme également plusieurs lacs d'eau douce gelés en permanence et plusieurs lagunes qui, elles, sont libres de glace et abritent une flore (y compris des bryophytes aquatiques) et une faune très variées. La végétation est en général peu abondante, le seul type de communauté dominée par la mousse et l'hépatique étant limité aux « oasis » où on décèle la présence d'eau dans un cadre montagneux en général sec et désolé. Les écosystèmes dulçaquicole et terrestre sont vulnérables à l'action de l'homme et, par conséquent, méritent d'être protégés de toute présence humaine excessive. En résumé, les principales valeurs de la zone sont ses particularités écologiques, limnologiques, glaciologiques, géomorphologiques et géologiques ainsi que son remarquable intérêt scientifique connexe puisqu'il s'agit de la plus grande zone d'ablation sans glace de l'Antarctique occidentale.
La désignation de la ZSPA vallée Ablation, mont Ganymède, île Alexandre s'intègre dans le contexte plus large du système de protection de l'Antarctique en protégeant une des zones de plus forte ablation en Antarctique occidental. Des valeurs environnementales et scientifiques équivalentes ne sont pas protégées dans d'autres ZSPA de la zone péninsulaire antarctique. La résolution 3 (2008) recommandait que l'analyse des domaines environnementaux du continent antarctique soit utilisée comme un modèle dynamique pour l'identification des zones spécialement protégées de l'Antarctique dans le cadre environnemental-géographique visé dans l'article 2 (2) de l'annexe V du Protocole (voir également Morgan et al. 2007). Si l'on s'en tient à ce modèle, de petites parties de la ZSPA 147 se trouvent dans le domaine environnemental E de la péninsule antarctique ainsi que dans les principaux champs glaciaires de l'île Alexandre. Pourtant, bien que cela ne soit pas mentionné de manière spécifique dans Morgan et al. Il se peut que la zone englobe le domaine C (Sud géologique de la péninsule antarctique). D'autres zones protégées englobant le domaine E comprennent les ZSPA 113, 114, 117, 126, 128, 129, 133, 134, 139, 149, 152, 170, ainsi que les ZSGA 1 et 4. D'autres zones protégées contenant le domaine C comprennent ZSPA 170 (même si Morgan et al. 2007 ne l'a pas relevé de manière spécifique). La ZSPA fait partie de la Région de conservation biogéographique de l'Antarctique (ACBR) n° 4, Sud central de la péninsule antarctique, et constitue l'une des deux ZSPA de l'ACBR 4, l'autre étant la ZSPA 170 (Terauds et al. 2012).


1. Description des valeurs à protéger


Les valeurs faisant partie du plan de gestion initial sont réaffirmées dans le présent plan de gestion. D'autres valeurs qui ressortent avec évidence de descriptions scientifiques de la vallée Ablation, mont Ganymède sont autant de raisons importantes justifiant une protection spéciale de la zone. Ces valeurs sont :
La présence d'affleurements sur la formation Fossil Bluff, structure géologique d'importance capitale, car c'est la seule région connue présentant un affleurement ininterrompu englobant le Jurassique et le Crétacé dans l'Antarctique et, dès lors, un lieu essentiel pour comprendre les changements qu'ont connus la flore et la faune entre ces deux ères géologiques.
La présence d'un phénomène géomorphologique contigu, au caractère unique et exceptionnel, révélant des fluctuations de glaciers et de la plate-forme glaciaires sur plusieurs milliers d'années, ainsi que d'autres traits géomorphologiques issus de processus glaciaires, périglaciaires, lacustres, éoliens, alluviaux et érosifs.
Deux lacs d'eau douce gelés en permanence (lacs Ablation et Moutonnée) qui ont la particularité d'être en contact avec les eaux salées du goulet George VI.
La présence d'un biote marin, y compris de poissons Trematomus bernacchii, dans le lac Ablation où plusieurs phoques ont été observés malgré la distance de près de 100 km qui les sépare de la mer libre.
La zone recèle une diversité de bryophytes (au moins 21 espèces) qui n'existe sur aucun autre site sous cette latitude en Antarctique. Un biote de cyanobactéries, d'algues et de lichens (plus de 35 taxons) d'une grande variété a été observé. La plupart des bryophytes et des lichens se trouvent surtout à la limite méridionale de leur aire de distribution. Certaines de ces espèces sont extrêmement rares en Antarctique.
Plusieurs mousses observées dans les lacs et les lagunes à des profondeurs de 9 m. Bien que ces espèces soient terrestres, elles peuvent vivre submergées pendant plusieurs mois chaque année lorsque leur habitat est inondé. Une espèce, Campyliadelphus polygamus, s'est adaptée à la vie aquatique et certaines colonies, en immersion permanente, ont atteint des dimensions considérables pouvant dépasser 30 cm. Elles représentent le plus bel exemple de végétation aquatique dans la région de la péninsule Antarctique.
Plusieurs espèces de bryophytes sont fertiles dans la zone (produisant des sporophytes) et certaines sont d'ailleurs inconnues ou très rares ailleurs en Antarctique dans ce contexte spécifique (hépatique Cephaloziella varians et mousses Bryoerythrophyllum recurvirostrum, Distichium cappilaceum et Schistidium).
La zone abrite les plus importantes concentrations de végétation de l'île Alexandre, qui se retrouvent notamment dans les zones irriguées où les communautés de bryophytes et de lichens couvrent jusqu'à 100 m², voire plus. Dans les aires peu exposées, des groupes d'espèces terricoles développent des communautés inconnues ailleurs en Antarctique, tandis que les crêtes de roches exposées et les champs de galets stables abritent une communauté localement abondante de lichens, en général dominée par l'espèce Usnea sphacelata.
En termes comparatifs, la zone est riche en nombre et en abondance des espèces microarthropodes si l'on considère leur répartition aussi loin au sud. Le collembole Friesia topo y est représenté et tout porte à croire qu'il est endémique à l'île Alexandre. La vallée Ablation est le seul site de l'île Alexandre où l'acarien prédateur Rhagidia gerlachei a été observé, rendant le réseau trophique plus complexe qu'à d'autres endroits sous cette latitude.


2. Buts et objectifs


Le présent plan de gestion vise à :
― éviter la dégradation et les menaces sérieuses susceptibles d'affecter les valeurs de la zone en empêchant toute perturbation humaine inutile dans la zone ;
― empêcher ou réduire au minimum l'introduction dans la zone de plantes, d'animaux et de microbes non indigènes ;
― autoriser la recherche scientifique dans la zone à condition qu'elle soit motivée par des raisons impérieuses et ne puisse être menée ailleurs et qu'elle ne porte pas atteinte à l'écosystème naturel de la zone ;
― préserver l'écosystème naturel de la zone en tant que site de référence pour des études futures.


3. Activités de gestion


Les activités de gestion suivantes seront menées pour protéger les valeurs de la zone :
― les bornes, signes et autres structures (ex. : cairns) érigés dans la zone à des fins scientifiques ou de gestion doivent être solidement fixés et maintenus en bon état puis enlevés lorsqu'ils ne seront plus nécessaires ;
― des copies du présent plan de gestion doivent être mises à la disposition des aéronefs qui prévoient de visiter le voisinage de la zone ;
― le plan de gestion doit être révisé au moins tous les cinq ans et mis à jour selon que de besoin ;
― une copie du plan de gestion doit être mise à la disposition à la station de recherche Rothera (Royaume-Uni : 67° 34' S, 68° 07' O) et à la station général San Martin (Argentine : 68° 08', 67° 06' O) ;
Toutes les activités scientifiques et de gestion menées dans la zone doivent faire l'objet d'une évaluation de l'impact sur l'environnement (EIE), conformément aux conditions prévues à l'annexe I du Protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement ;
Les programmes antarctiques nationaux activant dans la zone se consulteront pour assurer la mise en œuvre des activités de gestion susmentionnées.


4. Durée de désignation


Désignation pour une durée indéterminée.


5. Cartes et photographies


Carte 1. Coordonnées de la vallée Ablation, mont Ganymède, dans la péninsule Antarctique. Spécifications sur la carte : stéréographique polaire antarctique WGS84. Méridien central : ― 55°, Parallèle standard : ― 71°.
Carte 2. Carte de la ZSPA n° 147 : vallée Ablation, mont Ganymède. Spécifications sur la carte : stéréographique polaire antarctique WGS 1984. Méridien central : ― 71°, Parallèle standard : ― 71°.
Carte 3. Carte topographique de la ZSPA n° 147 : vallée Ablation, mont Ganymède. Spécifications sur la carte : stéréographique polaire antarctique WGS 1984. Méridien central : ― 68,4°, Parallèle standard : ― 71,0°.


6. Description de la zone
6 (i) Coordonnées géographiques,
bornes et caractéristiques naturelles
Description générale


La vallée Ablation, mont Ganymède (zone délimitée par les latitudes sud 70° 45' et 70° 55' et les longitudes ouest 68° 21' et 68° 40', environ 180 km²) est située sur la façade est de l'île Alexandre, la plus grande des îles de la côte occidentale de la terre Palmer sur la péninsule Antarctique (cartes 1 et 2). La distance ouest-est au centre de la zone est d'environ 10 km tandis que la distance nord-sud est de 18 km environ. La zone est entourée, à l'ouest, par la partie supérieure du glacier Jupiter, à l'est par la plate-forme glaciaire du goulet George VI, au nord par le glacier Grotto et, au sud, par les avancées inférieures du glacier Jupiter. La vallée Ablation, mont Ganymède abrite la plus importante zone libre de glace contiguë du secteur de la péninsule Antarctique. Elle compte aussi des champs de glace permanents plus petits et des glaciers encaissés qui occupent à peine 17 % de la superficie de la zone. Caractérisée par une topographie montagneuse, la zone comprend des vallées escarpées séparées par des crêtes légèrement ondulantes aux allures de plateaux qui se situent à une altitude moyenne de 650 à 750 m, pouvant atteindre parfois 1 070 m (Clapperton et Sugden, 1983). La région a fait l'objet d'une glaciation importante même si la structure relativement plate des roches sédimentaires et les rigoureuses conditions climatiques ont contribué à une topographie plutôt arrondie à l'exception de quelques « marches » de falaises constituées de conglomérats et de grès en couches importantes (Taylor et al. 1979).
La zone comprend quatre vallées principales libres de glace (Ablation, Moutonnée, Flatiron et Striation) dont les trois premières contiennent de grands lacs d'eau douce couverts de glace (Heywood, 1977, Convey et Smith, 1997). Le plus grand d'entre eux est le lac proglaciaire Ablation (environ 7 km²) qui a été retenu par les glaces « remontant » la vallée sous la pression du déplacement vers l'ouest de l'épaisse plate-forme glaciaire (100 à 500 m) George VI dont la surface se situe à 30 m au-dessus du niveau de la mer (Heywood, 1977, Clapperton et Sugden, 1982). D'un point de vue biologique, l'écosystème terrestre est à un point intermédiaire entre l'Antarctique maritime plutôt doux du nord et l'Antarctique continental plus sec et plus froid de la partie méridionale. En dépit de sa « sécheresse », la vallée abrite un biote extrêmement riche et constitue un outil de référence très utile pour les comparaisons avec les zones d'ablation plus extrêmes et biologiquement plus pauvres du continent antarctique (Smith, 1988).


Limites


La zone désignée comprend la totalité du massif abritant la vallée Ablation, mont Ganymède qui est délimité à l'ouest par la crête principale séparant le glacier Jupiter des principales vallées Ablation-Montonnée-Flatiron (carte 3). La limite orientale se situe à la bordure ouest de la plate-forme glaciaire George VI. La limite septentrionale de la zone est définie par la crête principale séparant le glacier Grotto de la vallée Erratique et d'autres vallées tributaires de la vallée Ablation directement au sud. Au nord-ouest de la zone, la limite longe le col ― recouvert des glaces les plus épaisses ― qui sépare la partie supérieure du glacier Jupiter de la vallée Ablation. La limite méridionale de la zone, allant de l'est de la crête principale sur le flanc occidental de la vallée Flatiron jusqu'au point de jonction entre le glacier Jupiter et la plate-forme glaciaire George VI, correspond au bord latéral septentrional du glacier Jupiter.
Comme, à certains endroits, la ligne de démarcation entre le lac Ablation et la plate-forme glaciaire George VI est floue, la limite orientale de la zone au niveau de la vallée Ablation se définit comme une ligne droite orientée plein sud entre l'extrémité est de pointe Ablation et le point de contact entre la plate-forme glaciaire et la terre, point à partir duquel la limite orientale suit la lisière terre-glacier. La physiographie est semblable plus au sud, au lac Moutonnée, et la limite orientale à cet endroit se définit comme une ligne droite s'étendant de l'extrémité est de la pointe sur le flanc nord du lac Moutonnée à un endroit abritant un grand bassin d'eau de fonte et où la plate-forme glaciaire rejoint la terre à partir d'où la frontière suit la lisière terre-glacier du manteau continental vers le sud où se joignent le glacier Jupiter et la plate-forme glaciaire George VI. Ainsi, le site comprend la totalité des lacs Ablation et Moutonnée ainsi que les parties de la plate-forme glaciaire qui les retiennent. Les coordonnées des limites figurent à l'annexe 1.


Climat


Aucune donnée météorologique approfondie n'est disponible sur la zone de la vallée Ablation, mont Ganymède, mais son climat a été décrit comme étant dominé par la double influence de dépressions cycloniques partant de l'océan Austral en direction de l'est, contre le courant d'air anticyclonique frais, plus continental et allant du nord au nord-ouest, qui part de la plate-forme glaciaire de l'ouest de l'Antarctique (Clapperton et Sugden, 1983). Les dépressions cycloniques génèrent un temps relativement doux, des vents violents du nord et un épais couvert nuageux sur la région, tandis que les mouvements anticycloniques produisent des conditions visibles, fraîches et stables, avec des températures au-dessous de 0 °C ainsi que des vents relativement faibles en provenance du sud. Les données enregistrées dans les environs (à 25 km), au début des années 1970, révèlent une température estivale moyenne légèrement au-dessous de zéro, et une moyenne annuelle d'environ ― 9 °C (Heywood, 1977). Quant aux précipitations, elles s'évaluaient à < 200 mm d'eau équivalent par an, avec un peu de neige en été. On rencontre souvent une légère couche de neige post-hivernale, mais la région demeure généralement sans neige vers la fin de l'été, hormis quelques flocons isolés qui peuvent persister par endroits.


Géologie


La zone de la vallée Ablation, mont Ganymède offre une géologie complexe mais reste dominée par des roches sédimentaires bien stratifiées. La caractéristique la plus visible du massif reste un grand anticlinal asymétrique, avec une orientation nord-ouest - sud-est et s'étendant du glacier Grotto jusqu'au glacier Jupiter (Bell, 1975 ; Crame et Howlett, 1988). Des failles chevauchantes sur la partie centrale du massif suggèrent des déplacements verticaux de strates jusqu'à 800 m (Crame et Howlett, 1988). Les principales lithologies se composent de conglomérats, de grès arkosiques et d'argiles schisteuses fossilifères, avec des boues rocheuses subordonnées et des brèches (gravillons) sédimentaires (Elliot, 1974 ; Taylor et al. 1979 ; Thomson, 1979). Un ensemble de fossiles ont été identifiés sur les strates, appartenant au jurassique supérieur/crétacée inférieur, dont des bivalves, des brachiopodes, des bélemnites, des ammonites, des dents de requin et des plantes (Taylor et al. 1979 ; Thomson, 1979 ; Crame et Howlett, 1988 ; Howlett, 1989). Plusieurs types de lave interstratifiée ont été observés aux plus bas affleurements de la pointe Ablation (Bell, 1975). La base de cette succession est constituée d'un mélange impressionnant de blocs de lave et d'agglomérés qui affleurent aussi bien sur les sols des vallées qu'à la base de nombreuses falaises (voir Bell, 1975 ; Taylor et al. 1979). La présence des affleurements de la formation Fossil Bluff revêt une grande importance géologique parce qu'il s'agit de l'unique zone connue d'affleurements ininterrompus de rochers de l'ère crétacée/jurassique en Antarctique, faisant de la zone un lieu essentiel pour comprendre l'évolution de la flore et de la faune entre ces deux ères géologiques.


Géomorphologie et sols


Toute la zone était jadis couverte de glaciers venant de l'intérieur de l'île Alexandre. Ainsi, les formes terrestres issues tant de l'érosion glaciaire que de dépôts sont présentes partout dans la zone, prouvant l'avènement d'un mouvement général de glace vers l'est dans le détroit George VI (Clapperton et Sugden, 1983). Les glaciers inadaptés, le lit rocheux strié et les blocs erratiques indiquent une considérable déglaciation qui remonte au maximum glaciaire pléistocène (Taylor et al. 1979 ; Roberts et al. 2009). De nombreuses moraines terminales présentes sur le front des derniers glaciers actuels, plusieurs sites étonnamment libres d'astragales et les roches moutonnées polies et striées indiquent que le retrait glaciaire a pu être rapide (Taylor et al. 1979). Il est permis de conclure que la plate-forme George VI n'existait pas encore entre 9 600 et 7 730 ans environ (année civile, BP), ce qui laisse croire que le massif de la vallée Ablation, mont Ganymède n'aurait probablement pas, et en grande partie, de glace à cette époque, même si un certain nombre de mouvements glaciaires ultérieurs ont été enregistrés dans la région (Clapperton et Sugden, 1982 ; Bentley et al. 2005 ; Smith et al. 2007a, b ; Roberts et al. 2008 ; Bentley et al. 2009). L'absence de plate-forme glaciaire laisse penser que les variabilités océaniques-atmosphériques du début de l'holocène dans la péninsule Antarctique étaient bien supérieures à ce qu'on a relevé ces dernières décennies (Bentley et al. 2005). Roberts et al. (2009) ont étudié les deltas adjacents aux lacs Ablation et Moutonnée qui, au départ, étaient plus élevés que le niveau actuel des lacs, et ils en ont conclu que le niveau de la mer avait baissé de quelque 14,4 m depuis la mi-holocène dans cette partie de l'île Alexandre.
Le relief de la région a été modifié par des processus périglaciaires, gravitationnels et fluviaux. Le lit rocheux des surfaces supérieures du plateau (où il a été largement maintenu intact au point d'être surchargé) a été brisé en fragments plats et en blocs sous l'action du gel (Clapperton et Sugden, 1983). Sur les pentes de la vallée, les lobes de gélifluction, blocs et cercles rocheux sont nombreux, alors que les sols de la vallée sont jonchés de cercles rocheux et de formes polygonales sur des sédiments glaciaires et fluvioglaciaires soumis à l'action du gel. Les parois de la vallée sont également dominées par un relief issu de l'action du gel, de l'activité des roches et de glace, ainsi que de mouvements saisonniers d'eau de fonte, qui ont laissé des pentes d'astragale et des failles rocheuses visibles sous des ravins incisés. Les énormes débris de roches sédimentaires fissiles ont aussi entraîné le développement, à environ 50°, de pentes rectilignes, horizontales et légèrement couvertes de débris sur le substrat rocheux. Quelques reliefs éoliens ont été relevés, avec des dunes de 1 mètre de haut et de 8 m de long, comme, par exemple, dans la vallée erratique (Clapperton et Sugden, 1983). De fines couches de tourbe de 10 à 15 m de profondeur sont rencontrées parfois dans les zones végétales, traduisant les évolutions les plus notables du sol de la zone.


Ecologie d'eau douce


La vallée Ablation, mont Ganymède est un site limnologique exceptionnel abritant un certain nombre de lacs, d'étangs et de cours d'eau ainsi qu'une flore benthique généralement riche. De fin décembre à février, l'eau ruisselante naît de trois sources, à savoir les précipitations, les glaciers et la fonte de la plate-forme glaciaire George VI, et toute cette eau s'écoule généralement vers la côte (Clapperton et Sugden, 1983). La plupart des cours d'eau, d'une longueur de plusieurs kilomètres, recueillent les eaux des glaciers et des champs de neige permanents. Les principaux cours d'eau s'écoulent dans les lacs Ablation et Moutonnée, qui sont tous deux endigués par la plate-forme glaciaire. Selon des études menées à la fin des années 1970, ces lacs congelés avaient une profondeur de 2 à 4,5 m toute l'année, avec des profondeurs maximales d'eau de 117 m et 50 m respectivement (Heywood, 1977). Dans les deux lacs, une couche supérieure et stable d'eau fraîche, d'environ 60 m et 30 m respectivement, renferme des eaux de plus en plus salines influencées par l'interconnexion avec l'océan se trouvant sous la plate-forme glaciaire, tout en soumettant les lacs à l'influence des marées (Heywood, 1977). Les étangs d'eau de fonte de surface qui, en hiver, forment en particulier des cuvettes entre les chaînes de pression de la glace des lacs, sont en crue quotidiennement et envahissent même les zones alluviales des vallées plus basses (Clapperton et Sugden, 1983).
Des observations récentes indiquent une diminution de la couverture glaciaire permanente des lacs, par exemple de l'ordre de 25 % pour le lac Moutonnée ― qui n'avait pas de couvert glaciaire durant les étés de 1994-1995 et 1997-1998 (Convey et Smith, 1997 ; Convey comm. perso., 1999). Toutefois, les trois lacs de la zone étaient presque entièrement couverts de glace au début de février 2001 (Harris, 2001). De nombreux étangs et bassins éphémères et généralement allongés, se forment sur les côtés latéraux de l'écart entre la terre ferme et la plate-forme glaciaire, et leur longueur varie entre 10 et 1 500 m, avec une largeur allant jusqu'à 200 m et des profondeurs oscillant entre 1 et 6 m (Heywood, 1977 ; Clapperton et Sugden, 1983). Ces étangs/bassins entrent souvent en crue en période de fonte, mais parfois ils peuvent s'écouler subitement à travers des fissures sous-glaciaires vers la plate-forme glaciaire et créant les anciens côtes des lacs que l'on peut voir sur les moraines environnantes. Les mêmes étangs/bassins peuvent varier énormément en termes de turbidité en fonction de la présence de sédiments glaciaires suspendus. Les bassins sont en général libres de glace en été, tandis que les grands étangs retiennent souvent une partie du couvert glaciaire ; il se peut que seule l'eau des étangs profonds se congèle et devienne solide en hiver (Heywood, 1977). De nombreux étangs d'un hectare et de 15 m de profondeur sont présents dans les vallées, certains possédant de larges couvertures de mousses jusqu'à 9 m de profondeur (Light et Heywood, 1977). Les espèces dominantes qui y ont été décrites étaient Campylium polygamum et Dicranella, dont les tiges atteignaient 30 cm de longueur. Des espèces telles que le Bryum pseudotriguetrum (et probablement une seconde espèce de Bryum), Distichium capillaceum, ainsi qu'une espèce non identifiée de Dicranella ont toutes évolué sur le substrat benthique à 1 m de profondeur ou plus (Smith, 1988). La couverture en mousses atteignait 40 à 80 % dans la zone de 0,5 à 5 m de profondeur (Light et Heywood, 1975). Le gros de la zone restante était couvert de feutres cyanobactériens (11 taxons) ayant jusqu'à 10 cm d'épaisseur, avec une dominance de Calothrix, Nostoc et Phormidium, ainsi que de microalgues dérivées ― 36 taxons (Smith, 1988). Les augmentations considérables de mousses indiquent que ces étangs sont peut-être relativement permanents, même si leurs niveaux peuvent fluctuer d'une année à l'autre. La température de l'eau atteint quelque 7 °C dans les étangs plus profonds et 15 °C dans les bassins peu profonds en été, offrant aux bryophytes un environnement relativement favorable et stable. Les bassins peu profonds ― habitats de plusieurs types de mousses ― peuvent normalement abriter une végétation terrestre et être en crue pendant de courtes périodes en été (Smith, 1988). Les algues abondent dans les cours d'eau à faible débit ainsi que dans les eaux de fonte éphémères, même si elles ne colonisent pas les lits instables des cours d'eau à haut débit. Par exemple, les vastes zones humides du niveau du sol, dans la vallée Moutonnée, disposent d'une flore particulièrement riche ― plus de 90 % de couverture à certains endroits ―, avec cinq espèces de desmidiales (rares en Antarctique) et de nombreux Zygnema filamenteux verts, ainsi que Nostoc spp. et Phormidium spp. dans les zones plus sèches, moins stables et ensablées (Heywood, 1977).
Les protozoaires, les rotifères, les tardigrades et les nématodes forment la faune benthique des bassins, étangs et cours d'eau (Heywood, 1977). Les densités sont généralement les plus fortes dans les cours d'eau à faible débit. Le copépode Boeckella poppei se trouvait en abondance dans les lacs, étangs et bassins, mais pas dans les cours d'eau. Le poisson marin Trematomus bernacchii était capturé dans des pièges placés dans le lac Ablation à une profondeur de 70 m, sur la couche d'eau saline (Heywood et Light, 1975 ; Heywood, 1977). Une espèce de phoque non identifiée, mais probablement crabier (Lobodon carcinophagus) ou de Weddell (Leptonychotes weddellii) a été signalée à l'extrémité du lac Ablation à la mi-décembre 1996 (Rossaak, 1997), et plusieurs personnes ont déclaré avoir vu des phoques solitaires les saisons précédentes (Clapperton et Sugden, 1982).


Végétation


La zone de la vallée Ablation ― mont Ganymède est essentiellement aride. Peu abondante, la végétation est répartie de manière discontinue. Cependant, des communautés végétales complexes existent dans les zones d'infiltration et au large des cours d'eau, et présentent un intérêt tout particulier car :
― elles évoluent dans un environnement quasi stérile ;
― les communautés mixtes de bryophytes et de lichens sont les plus développées et les plus diversifiées au sud de la latitude 70° S (Smith, 1988 ; Convey et Smith, 1997) ;
― certaines unités taxonomiques de bryophytes sont abondamment fertiles et productives, dans leur limite sud, ce qui est un phénomène inhabituel chez toutes les bryophytes de l'Antarctique, notamment à l'extrême-Sud (Smith et Convey, 2002) ;
― la région est la localité méridionale la plus connue de par sa richesse taxonomique ; et
― même si certaines de ces communautés sont présentes également à d'autres endroits au sud-est de l'île Alexandre, la zone présente les meilleurs et plus importants exemples connus sous cette latitude.
La diversité de mousses est particulièrement élevée à cette latitude, avec au moins 21 espèces enregistrées dans la zone, soit 73 % des espèces connues dans l'île Alexandre (Smith, 1997). Les lichens sont également présents en grande variété, avec plus de 35 taxons connus. S'agissant des microlichens, 12 des 15 espèces connues dans l'île Alexandre sont représentées dans la zone (Smith, 1997). Les vallées Ablation, Moutonnée et Striation, ainsi que le littoral SE, regorgent de vastes bassins de végétation tant terrestre que marine (Smith, 1997 ; Harris, 2001). Smith (1988, 1997) a rapporté que la végétation de bryophytes se trouve généralement dans des zones de 10 à 50 m², voire 625 m² pour certaines, et à des altitudes comprises entre environ 5 m et 40 m, sur des pentes situées au nord ou orientées vers l'est, au niveau des vallées principales. Harris (2001) a, pour sa part, enregistré de grands bassins de bryophytes presque contigus pouvant atteindre 8 000 m², sur les pentes regardant le sud-est, au niveau du littoral austro-oriental de la zone, à une altitude de quelque 10 m, près du lieu de jonction entre le Glacier Jupiter et la plate-forme George VI. Un bassin continu d'environ 1 600 m² a été enregistré sur les pentes humides de la partie inférieure de la vallée Striation. Plusieurs larges bandes continues de mousses (atteignant 1 000 m²) ont été observées sur les pentes de la vallée Striation regardant le sud-ouest et le nord-ouest, à une hauteur de 300 à 400 m. D'autres petites bandes discontinues de mousses ont été enregistrées à proximité, à une altitude de 540 m. Des mousses ont été également observées sur les sommets de la vallée Ablation, à des altitudes de 700 m environ.
La bryophyte dominante des zones les plus humides est l'hépatique Cephaloziella varians, qui forme un tapis saumâtre de pousses densément entrelacées. Bien que les données recueillies à la partie la plus méridionale pour l'espèce C. varians aient été enregistrées à 77° S à partir de la baie Botany, à Cape Geology (ZSPA n° 154) à Terre Victoria, les vastes tapis qu'elle forme dans le massif de la vallée Ablation ― mont Ganymède représentent les étendues les plus importantes de cette espèce aussi bien dans l'extrême-sud que dans l'Antarctique maritime. Les cyanobactéries, notamment Nostoc et Phormidium spp., apparaissent fréquemment soit sur une surface occupée par les hépatiques, soit sur le sol ou en compagnie de pousses de mousse. Au-delà des zones les plus humides, des tapis ondulés de mousses pleurocarpes dominées par Campylium polygamum constituent les étendues les plus verdoyantes de la végétation, avec des Hypnum revolutum. Ces tapis occupent jusqu'à 10 ― voire 15 cm ― de tourbes constituées en grande partie de pousses moribondes et non décomposées de mousses. Mélangés à ces mousses mais souvent prédominants sur des espaces plus secs, les Bryum pseudotriquetrum poussent comme des « coussins » isolés qui peuvent fusionner pour former une tourbe alambiquée. Sur ces zones périphériques plus sèches, plusieurs autres bryophytes formant des tourbes se mélangent souvent aux Bryum. Hormis les espèces plus « hydriques » susmentionnées, celles-ci comprennent le taxon calcicole : Bryoetythrophyllum recurvirostrum, Didymodon brachyphyllus, Distichium capillaceum, Encalypta rhaptocarpa, E. procera. Pohlia cruda, Schistidium antarctici, Tortella fi agilis. Syntrichia rnagellanica, Tortella alpicola, ainsi que plusieurs espèces non identifiées de Bryum et de Schistidium.
Le massif de la vallée Ablation ― mont Ganymède se distingue par une occurrence inhabituelle d'un certain nombre de bryophytes fertiles constitue une caractéristique majeure. Les bryophytes antarctiques ne produisent guère de sporophytes, mais Bryum pseudotriquetrum, Distichium capillaceum, Encalypta rhaptocarpa, E. procera et Schistidium spp. ont tous été enregistrés comme étant des espèces fréquemment fertiles de la zone. Très rarement, de petites quantités de mousses Bryoerythrophyllum recurvirostre et d'hépatiques Cephaloziella varians ont été observées comme étant productives dans la vallée Ablation et c'était la première fois qu'on le constatait quelque part en Antarctique (Smith comm. perso., cité dans Convey, 1995 ; Smith, 1997 ; Smith et Convey, 2002). En outre, D. capillaceum a été n'a jamais été enregistré avec des sporophytes à travers l'Antarctique maritime (Smith, 1988). E. procera n'a été rapporté comme étant fertile que dans une seule zone de l'Antarctique (sur l'île Signy, îles Orcades du Sud ; Smith, 1988). Au-delà des zones d'infiltration permanentes, la végétation de bryophytes est extrêmement clairsemée et réservée aux habitats disposant d'eau au moins quelques semaines durant l'été. Ces sites apparaissent de manière sporadique sur les sols de la vallée, avec des rayures de roches sur les pentes, ainsi que dans les fissures qui se forment sur les façades rocheuses faisant face au nord. La plupart des espèces parmi les populations de bryophytes. y compris les lichens, ont été également observées dans ces habitats, et plus fréquemment à l'ombre de grosses pierres ou même sous les fissures que celles-ci portent ― en particulier au bord des éléments modelés du sol. A une altitude supérieure à 100 m, l'aridité augmente, et à des altitudes plus élevées, seuls des Schistidium antarctici (à 500 m dans la vallée Moutonnée) et des Tortella fragilis (près du sommet du pic le plus élevé du sud-ouest, dans la vallée Ablation ― 775 m) ont été signalés. Dans ces habitats plus secs, les lichens sont plus fréquents, notamment là où le substrat est stable. Les lichens se répandent et sont localement abondants sur les éboulis, corniches et plateaux les plus stables de la vallée, l'espèce prédominante étant Ustzea sphacelata, qui donnent une teinte noire aux surfaces rocheuses. Cette espèce se mélange souvent à Pseudephebe minuscula, à plusieurs espèces de lichens croûteux et, rarement, à Umbilicaria decussata, atteignant le sommet du massif ; à l'exception de cette dernière espèce, toutes poussent aussi régulièrement dans la vallée Moutonnée. Les lichens épiphytes et terricoles, dont les espèces Leproloma cacuminum blanches incrustées prédominent, sont assez répandus là où la surface marginale des bryophytes est plus sèche. D'autres taxons comme Cladonia galindezii, C. pocillum et plusieurs lichens croûteux sont parfois aussi présents. Une variété de lichens colonise le sol sec et les roches de ces localités, s'étendant parfois sur des cousins de mousses. Il s'agit de Candelariella vitellina, Physcia caesia, Physconia muscigena, et parfois Rhizoplaca melanoplzthalma, Usnea antarctica, Xanlhoria elegans, ainsi que de plusieurs espèces non identifiées de taxons croûteux (notamment les espèces Buellia et Lecidea). Une abondance de Physcia et de Xanthoria dans des endroits isolés semble indiquer l'enrichissement en azote émanant de labbes de McCormick (Catharacta maccormicki) qui nichent dans la zone (Bentley, 2004). Quelques lichens ornithocoprophiles se développent sur les rochers occasionnels qui servent de perchoirs aux oiseaux. Nombre de bryophytes et lichens se trouvent à la limite australe de leurs répartitions, tandis que plusieurs espèces sont très rares dans l'Antarctique. Les espèces rares de la zone comprennent Bryoerythrophyllum recurvirostrum, Campylium polygamum, Encalypta rhaptocarpa, Tortella alpicola et Tortella fragilis. Plusieurs espèces de Bryum, Encalypta rhaptocarpa, Schistidium occultum et Schistidium chtysoneurum poussent à la limite australe observée pour ces mêmes espèces. Concernant la flore de lichens, la vallée Ablation reste le seul site de l'hémisphère sud où l'on observe la présence de Eiglera flavida et où les Mycobilimbia lobulata et Stereocaulon antarcticum sont également rares. Les espèces de lichens dont les données ont été recueillies à l'extrémité sud sont Cladonia galindezii, Cladonia pocillum, Ochrolechia Phaeorrhiza nimbosa, Physconia muscigena et Stereocaulon antarcticum.


Invertébrés, champignons et bactéries


La faune de micro-invertébrés jusqu'ici décrite se trouve sur des échantillons de la vallée Ablation et comprend sept taxons confirmés (Convey & Smith, 1997) : deux collemboles (Ctyptopygus badasa, Friesea topo) ; un acarien cryptostigrnatide (Magellozetes antarcticus) ; et quatre acariens prostigmatides (Eupodes parvus, Nanorchestes nivalis [= N. gressitti), Rhagidia gerlachei et Stereotydeus villosus). Un certain nombre de spécimens collectés ont été présentés comme Friesea grisea, une espèce très répandue en Antarctique maritime. Néanmoins, les spécimens de Friesia collectés ultérieurement (à partir de 1994) dans l'île Alexandre ont été décrits comme étant une espèce différente, F. topo (Greenslade, 1995), elle-même jugée endémique dans l'île Alexandre. Les premières espèces recueillies dans la vallée Ablation ont été examinées, toutes celles qui sont restées identifiables ayant été classées F. topo. Si le même nombre d'espèces a été décrit sur un autre site de l'île Alexandre, les échantillons en provenance de la vallée Ablation ont affiché une densité totale moyenne de la population de microarthropodes qui était sept fois plus importante que celle d'autres sites de la région. La biodiversité dans la vallée Ablation était également supérieure à celle de plusieurs autres sites documentés de l'île Alexandre. Tant la diversité que l'abondance sont considérées comme étant inférieures à celles des sites de la baie Marguerite et de la partie septentrionale (Stary et Block, 1998 ; Convey et al. 1996 ; Convey et Smith, 1997 ; Smith, 1996). L'espèce la plus nombreuse enregistrée dans la vallée Ablation était Cryptopygus badasa (96,6 % de tous les arthropodes extraits), particulièrement commune dans les habitats de mousses. Friesea topo se rencontrait sur des roches en de faibles densités de populations et était pratiquement absente dans l'habitat des mousses, indiquant que ces espèces devaient avoir des préférences distinctes en matière d'habitat. La vallée Ablation est le seul site de l'île Alexandre où l'on a trouvé l'acarien prédateur R. gerlachei. Très peu de recherches ont été menées sur les champignons de la zone ; toutefois, une étude a signalé un champignon chasseur de nématodes qui reste à identifier et qui se développe dans un étang de la vallée Ablation (Maslen, 1982). Si un autre échantillonnage est nécessaire pour décrire in extenso la microfaune terrestre, il n'en demeure pas moins que les données disponibles soutiennent l'importance biologique de la zone.


Oiseaux reproducteurs


La faune avicole du massif de la vallée Ablation ― mont Ganymède n'a pas encore fait l'objet d'une étude détaillée. Quelques couples de labbes de McCormick (Catharacta maccormicki) ont été signalés près de certains sites végétaux humides (Smith, 1988). Des pétrels des neiges « se reproduiraient » dans les environs de la pointe Ablation (Croxall et al. 1995, citant Fuchs et Adie, 1949). Bentley (2004) a rapporté l'existence d'une prédation aérienne directe commise par des labbes de McCormick sur les pétrels des neiges dans la zone. Aucune autre espèce avicole n'a été enregistrée dans le massif de la vallée Ablation - Mont Ganymède.


Activités et impacts de la présence humaine


L'activité humaine dans le massif de la vallée Ablation - Mont Ganymède est menée à des fins exclusivement scientifiques. La première visite de la vallée Ablation a été réalisée en 1936 par des membres de la British Graham land Expedition, qui ont prélevé environ 100 spécimens de fossiles non loin de la pointe Ablation (Howlett, 1988). D'autres expéditions ont été effectuées une dizaine d'années plus tard, lorsque des descriptions géologiques de base ainsi que d'autres collectes de fossiles ont été faites. Des recherches paléontologiques plus intensives seront menées par des géologues britanniques entre les années 1960 et 1980, donnant lieu à des études géomorphologiques détaillées (Clapperton et Sugden, 1983). Les études limnologiques ont commencé dans les années 70 et plusieurs expéditions se sont intéressées à la biologie terrestre dans les années 80 et 90. Les activités scientifiques entreprises depuis le début de ce siècle se sont concentrées sur la recherche paléo-climatologique. Toutes les expéditions connues dans la zone ont été effectuées par des scientifiques britanniques. Les impacts de ces activités n'ont pas été décrits de manière détaillée, mais ils semblent mineurs et se limitent à des empreintes de pas, aux traces d'aéronefs sur la piste d'atterrissage de la vallée Moutonnée (voir Section b(ii)), à l'extraction de petites quantités d'échantillons géologiques et biologiques, aux marques, aux objets abandonnés tels que le matériel d'approvisionnement et scientifique, ainsi qu'aux restes de déchets humains.
Un dépôt abandonné, comprenant deux cuves de pétrole ― l'une pleine et l'autre vide trois bidons de 5 l d'huile Skidoo, une caisse de nourriture et dix sondes de glacier, se trouvait sur le banc moraine adjacent à la plate-forme George VI, à quelque 500 m au nord du lac Moutonnée (70° 51' 19'' S ; 68° 19' 05'' 0). Ce dépôt a été partiellement enlevé en novembre 2012, hormis la cuve pleine de pétrole. Plusieurs expéditions effectuées dans les années 1970 et 80 déposaient des cuves de pétrole vides comme des jalons d'itinéraire, à travers la glace de pression, du Détroit George VI jusqu'à la vallée Ablation, ainsi qu'une énorme roche de rivage peinte en jaune laissée au sud-est du lac Ablation (McAra, 1984 ; Hodgson, 2001). Dans les environs, se trouve une grosse croix faite de roches et de cairns peints en rouge, avec un tableau de marquage en bois placé en son centre. Les éléments indiquant les sites de campement sur la rive du lac Ablation étaient encore visibles en 2012. Un site se trouve sur la rive sud-est, près d'une zone végétale riche, et un autre se trouve à quelque quatre kilomètres à l'est de la rive sud-est. Sur les deux sites, des cercles de pierres marquent les emplacements de vieilles tentes, alors que des structures circulaires ont été construites avec des murs de pierre bas (0,8 m). Sur l'ancien site, nombre de pièces en bois (comme de vieilles marques), une vieille caisse de nourriture, du fil et des déchets humains ont été observés (Harris, 2001 ; Hodgson, 2001). On a trouvé plusieurs roches peintes en rouge autour des rives sud et ouest du lac Ablation en 2001, ainsi que de fragments de peinture dans des sédiments. En 2000-2001, certains des objets abandonnés dans la vallée Ablation ont été enlevés. Il s'agit de trois cuves pleines de pétrole trouvées sur la glace du lac, d'une vieille caisse de nourriture, du bois et des ficelles trouvés sur la rive sud-ouest, ainsi que de nombreux fragments issus de cloches acryliques en plexiglas brisées récupérés sur la rive sud-ouest (neuf ont été enlevés en janvier 1993 ― Wynn-Williams, 1993 ; Rossaak, 1997 ― tous ont été détruits par le vent) (Harris, 2001 ; Hodgson, 2001). En novembre 2012, du métal et des déchets ont été enlevés près d'un vieux campement ayant un mur de pierres bas (situé à 70° 49' 58'' S ; 68° 22' 16'' 0). Les roches peintes demeurent. Entre 1983 et 1984, des motoneiges ont été utilisées sur le lac et le glacier, et des motoneiges adaptées ― avec des roues avant ― ont été utilisées sur le terrain en gravier à une proximité réduite de la rive sud-ouest du lac Ablation (McAra, 1984). Quelques traces des passages érodés sur des pentes raides en éboulis, probablement du fait du travail de terrain, ont été enregistrées dans la vallée Moutonnée (Howlett, 1988). Des cairns ont été construits sur plusieurs sommets montagneux afin de marquer des sites de prélèvements à travers la zone.


6 (ii) Accès à la zone


La zone est accessible à pied. en véhicule ou par avion.
Il n'y a pas de restrictions en ce qui concerne les points d'accès à la zone, que ce soit par voie terrestre ou par voie aérienne. L'accès par voie terrestre à partir de la plate-forme George VI peut s'avérer difficile en raison de la glace de pression, mais il est considéré comme l'accès le plus fiable et le plus sûr pour les visiteurs qui arrivent dans les environs de la zone par aéronef à ailes fixes, notamment parce que certaines voies reliant les glaciers à la zone sont accidentées, crevassées et ardues.
L'atterrissage d'aéronefs à ailes fixes dans la zone est déconseillé. Si des impératifs de recherche scientifique ou de gestion l'imposent, il doit se limiter aux lacs recouverts de glace ou à un seul site terrestre situé à l'ouest du lac Moutonnée, et à condition que l'atterrissage soit faisable. La déformation par pression de la surface glaciaire des lacs, de l'eau de fonte et du couvert glaciaire de mince épaisseur peut rendre impraticable tout atterrissage sur le lac à la fin de l'été. Des atterrissages sur le lac Ablation et sur le site terrestre situé à l'ouest du lac Moutonnée ont été effectués en novembre 2000. Le site d'atterrissage terrestre (carte 3) est orienté d'est en ouest avec près de 350 m de piste revêtue de graviers et à pente douce relevée à environ 2 m au-dessus de la vallée environnante. Quelques pierres peintes en rouge marquent l'extrémité (supérieure) en forme de flèche. Des empreintes de pneus sont visibles sur les graviers. En raison du mauvais état de la piste et du risque de dommages pour l'aéronef, il n'est pas recommandé d'utiliser le site terrestre situé à l'ouest du lac Moutonnée.
Si l'accès par hélicoptère s'avère faisable, aucun site spécifique d'atterrissage n'a été désigné et l'atterrissage à 200 m des rives du lac, ou à 100 m de tout sol humide ou à couvert végétal, ou même sur des lits de cours d'eau, est interdit.
L'accès est également possible par voie aérienne sur le glacier Jupiter (550 m), immédiatement à l'ouest de la vallée Ablation et hors de la zone, lieux à partir desquels l'accès à la zone peut se faire par véhicule ou à pied.
Il est interdit aux pilotes, membres d'équipage et à toute autre personne arrivant par air de se déplacer à pied au-delà des alentours immédiats de tout site d'atterrissage de la zone, sauf si un permis les y autorise spécifiquement.


6 (iii) Structures à l'intérieur et à proximité de la zone


La zone n'abrite aucune structure connue. Quelques cairns ont été posés pour servir de bornes lors des levés topographiques dans toute la zone (Perkins, 1995, Harris, 2001), et les sites de campement disposent de quelques murs de faible hauteur. Neuf balises en plastique de couleur rouge vif (de 30 cm de haut et retenues au sol à l'aide de pierres) ont été installées pour délimiter la piste d'atterrissage dans la vallée Moutonnée, avant d'être retirées en novembre 2012. La structure la plus proche de la zone semble être un refuge abandonné dans le Spartan Cwm à environ 20 km au sud de la zone. Un seul campement d'été réservé à la recherche scientifique existe à Fossil Bluff (Royaume-Uni), à près de 60 km au sud de la côte est de l'île Alexandre. Les stations de recherche scientifique permanentes les plus proches se trouvent à la baie Marguerite. Il s'agit des stations General San Martin (Argentine) et Raillera (Royaume-Uni) situées à environ 350 km plus au nord (carte 2).


6 (iv) Emplacement d'autres zones protégées mitoyennes


Il n'existe pas d'autres zones protégées dans les environs immédiats de la zone. La zone protégée la plus proche de la vallée Ablation, mont Ganymède est la ZSPA170 : Marion Nunataks, île Charcot, péninsule Antarctique. à environ 270 km à l'est de l'île Alexandre (carte 2).


6 (v) Aires spéciales à l'intérieur de la zone


Il n'existe pas d'aires spéciales à l'intérieur de la zone.


7. Critères de délivrance d'un permis
7 (i) Conditions générales


L'accès à la zone est interdit sans un permis dûment délivré par les autorités nationales compétentes. Les critères d'octroi d'un permis d'accès à la zone sont :
Justifier de motifs scientifiques impérieux qui ne peuvent être réalisés ailleurs, ou pour des impératifs liés à la gestion de la zone ;
― les actions autorisées doivent être conformes au plan de gestion ;
― toute activité de gestion doit viser la réalisation des objectifs du présent plan de gestion ;
― les actions autorisées ne doivent pas mettre en péril l'écosystème naturel de la zone ;
― les activités autorisées doivent, par le biais d'une EIE, veiller à la protection continue des valeurs environnementales et scientifiques de la zone ;
― le permis est délivré pour une durée donnée ;
― l'original, ou une copie certifiée conforme, du permis doit être en possession de son titulaire lors de sa présence dans la zone.


7 (ii) Accès et déplacement à l'intérieur
ou au-delà de la zone


Les mouvements de véhicules à l'intérieur de la zone doivent se limiter aux surfaces de neige ou de glace.
Les mouvements terrestres à l'intérieur de la zone doivent se faire à pied.
Tout mouvement doit se faire avec la plus grande précaution afin de réduire au minimum toute perturbation du sol, des couverts végétaux et des éléments géomorphologiques sensibles tels que les dunes ; marche sur la neige ou sur des terrains rocailleux, si possible. Autant que faire se peut, les visiteurs doivent éviter de marcher sur les cours d'eau ou sur les lits de lac secs, ou même sur le sol humide, afin de ne pas perturber l'hydrologie et/ou endommager les communautés végétales vulnérables. Il convient de faire attention même lorsqu'il n'y a pas vraiment d'humidité, puisque les plantes discrètes peuvent toujours coloniser le sol.
La circulation à pied doit être limitée au strict minimum nécessaire pour mener les activités autorisées, et tout effort raisonnable doit être consenti pour minimiser les effets de piétinement.
L'utilisation d'aéronef sur les aires doit se faire tout au moins en conformité avec les « Lignes directrices pour les pour les opérations aériennes près de concentrations d'oiseaux », contenues dans la résolution 2 (2004).


7 (iii) Activités pouvant dire menées dans la zone


Les activités pouvant être menées dans la zone comprennent :
― activités indispensables de gestion, dont la surveillance ;
― les activités scientifiques indispensables, qui ne peuvent être menées ailleurs, et qui posent aucun risque à l'écosystème de la zone ; et
― l'échantillonnage, qui doit se limiter au minimum requis pour que les besoins des programmes de recherche approuvés.
En temps normal, la plongée dans les lacs de la zone est interdite, sauf si elle est justifiée par des considérations scientifiques impérieuses. En cas de plongée, une attention particulière doit être de mise afin de ne pas perturber la colonne d'eau, les sédiments et les communautés biologiques sensibles. Il conviendra de tenir compte, lors de la délivrance des permis de plongée, de la sensibilité de la colonne d'eau, des sédiments et des communautés biologiques aux perturbations imputables à telles activités.


7 (iv) Installation, modification
ou démantèlement des structures


Les structures et installations permanentes sont interdites dans la zone.
Aucune structure ne doit être érigée à l'intérieur de la zone et aucun matériel scientifique ne doit y être installé, sauf pour des raisons scientifiques ou de gestion impérieuses et pour une période prédéterminée, tel que spécifié dans le permis.
Tous les traceurs, matériels ou structures scientifiques installés dans la zone doivent être clairement identifiés par pays, nom du principal chercheur ou de la principale agence, année d'installation et date à de leur enlèvement.
Ces éléments ne doivent porter aucun organisme, propagule (semences, œufs, spores, etc.) ou sol non-stérile (voir section 7 (vi)). Les éléments doivent être composés de matériaux pouvant résister aux conditions environnementales et. de ce fait. réduire au minimum le risque de contamination de la zone.
L'enlèvement de structures et matériels particuliers, une fois le permis les autorisant aura expiré, devra relever de la responsabilité de l'autorité qui a délivré le permis initial ; le permis doit être assorti de cette condition.


7 (v) Emplacement des camps


Lorsque certaines opérations prévues dans le permis l'exigent, des camps temporaires peuvent être installés dans la zone. Un site aménagé à cet effet est situé à l'extrémité nord-ouest (supérieure) de la piste d'atterrissage dans la vallée Moutonnée (latitude sud 70° 51'48", longitude ouest 68° 21'39"). Bien que ce site ne soit pas balisé, les tentes doivent être installées le plus près possible de la balise située à l'extrémité nord-ouest de la piste d'atterrissage. Il est toujours préférable d'utiliser ce site lorsque des activités doivent être menées dans les alentours. A ce jour, aucun autre emplacement n'a été désigné pour l'installation de camps, mais tout campement est de toute manière interdit aux endroits abritant de la végétation. En outre, tout campement doit être situé le plus loin possible (au moins 200 m de préférence) des berges des lacs ainsi que des lits asséchés de lacs et de cours d'eau (qui peuvent abriter un biote invisible à l'œil nu). Tout camp doit être de préférence installé, lorsque la situation le permet, sur des surfaces enneigées ou couvertes de glace. Tout emplacement préalablement utilisé à cette fin doit être réutilisé dans la mesure du possible sauf si, compte tenu des critères sus mentionnés, ces emplacements s'avèrent inappropriés.


7 (vi) Restrictions sur les matériaux et organismes
pouvant être ramenés dans la zone


Il est interdit d'introduire délibérément des animaux, végétaux et micro-organismes vivants dans la zone. Pour assurer la conservation des valeurs écologiques de la zone, des précautions particulières doivent être prises contre l'introduction accidentelle de microbes, invertébrés ou plantes provenant d'autres sites de l'Antarctique (comme les stations) ou des régions hors de l'Antarctique. Tous les matériels ou traceurs d'échantillonnage introduits la zone doivent être nettoyés ou stérilisés. Autant que faire se peut, les chaussures et autres effets (sacs, etc.) utilisés ou introduits dans la zone doivent être entièrement nettoyés auparavant. Les documents CEP Non-native species manual [Manuel du CEP sur les espèces non indigènes] (CEP, 2011) et Environmental code of conduct for terrestrial scientific.field research in Antarctica [Code de conduite en matière environnementale pour la recherche scientifique terrestre sur le terrain en Antarctique] contiennent d'autres directives à cet égard (SCAR, 2009). Compte tenu de la présence probable de colonies d'oiseaux reproducteurs dans la zone, les produits de volaille ― y compris les déchets provenant de ces produits et les produits contenant des œufs secs crus ― ne peuvent être lâchés dans la zone.
L'introduction d'herbicides ou de pesticides dans la zone est interdite. Tous les autres produits chimiques (radio-nucléides, isotopes stables, etc.), qui peuvent être introduits par nécessité scientifique ou de gestion, et prévus dans le permis, devront être enlevés de la zone avant ou à la fin de l'activité pour laquelle le permis a été délivré. La libération de radio-nucléides ou d'isotopes stables dans l'environnement d'une manière qui les rende irrécupérables est à éviter, comme il convient d'éviter de stocker le carburant ou tout autre produit chimique dans la zone, sauf spécification contraire dans le permis. Le stockage et la manipulation de ces produits devront se faire de sorte à minimiser le risque d'une introduction accidentelle dans l'environnement. Les matériaux introduits dans la zone ne devront l'être que pour une période bien déterminée et devront être enlevés à la fin de cette période. Si l'enlèvement des produits ou matériaux ainsi introduits est susceptible d'affecter les valeurs de la zone, il convient de ne le faire que si l'impact de tel enlèvement est jugé moindre que si l'abandon sur place de ces matériaux ou produits. II convient de notifier l'autorité compétente de l'enlèvement ou non d'un objet ou produit qui ne figurait pas dans le permis.


7 (vii) Prise ou interférence nuisible avec la flore
et la faune indigènes


La prise ou l'interférence nuisible avec la flore et la faune indigènes est interdite, sauf avec un permis délivré conformément à l'annexe II du Protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement. Lorsque la prise et l'interférence avec les animaux fait partie de l'activité, cela devrait tout au moins se faire conformément au Code de conduite du SCAR relatif à l'utilisation d'animaux à des fins scientifiques dans l'Antarctique (2011). Tout échantillonnage de sol ou de végétation doit respecter le minimum absolu requis pour des raisons scientifiques ou de gestion, ou être effectué à l'aide de techniques qui minimisent les perturbations du sol, des structures de glace et du biote environnants.


7 (viii) Ramassage ou enlèvement de matériaux qui n'ont
pas été introduits dans la zone par le titulaire du permis


Le ramassage ou l'élimination de matériaux présents dans la zone doit se faire conformément aux conditions du permis et doivent se limiter au minimum nécessaire pour les activités scientifiques ou de gestion. Tout matériau d'origine humaine susceptible d'avoir un impact sur les valeurs de la zone, et n'a pas été introduit par le titulaire du permis ou toute autre personne autorisée, peut être enlevé sauf si l'enlèvement peut avoir un impact environnemental plus préjudiciable que son maintien sur place. Dans ce cas, il faut notifier l'autorité nationale compétente et obtenir son accord.


7 (ix) Elimination des déchets


Tous les déchets, à l'exception des déchets liquides domestiques et humains, seront retirés de la zone. Les déchets liquides et humains peuvent être éliminés de la zone en les évacuant dans les failles de glace longeant le bord de la plate-forme glaciaire George VI ou du glacier Jupiter, ou en les enterrant dans la moraine située le long de la marge glaciaire à ces mêmes endroits, le plus près possible de la glace. Toute élimination des déchets liquides domestiques et humains selon cette méthode devra s'effectuer à une distance minimum de 200 m et impérativement hors des zones de captation des principaux lacs des vallées Ablation, Moutonnée et Flatiron. Si ces conditions ne peuvent être satisfaites, le déchet doit être retiré de la zone. Les déchets humains solides doivent être enlevés de la zone.


7 (x) Mesures nécessaires pour continuer de satisfaire
les objectifs du plan de gestion


Des permis peuvent être délivrés pour entrer dans la zone afin d'y mener des activités de suivi et d'inspection du site pouvant impliquer le prélèvement de petits échantillons à des fins d'analyse ou pour prendre des mesures de protection.
Tous les sites spécifiques dont le suivi sera de longue durée doivent être correctement balisés.
Les activités scientifiques devront être menées conformément au document Environmental code of conduct for terrestrial scientific field research in Antarctica [code de conduite en matière environnementale pour la recherche scientifique terrestre sur le terrain dans l'Antarctique] (SCAR. 2009).


7 (xi) Rapports de visite


Le titulaire principal du permis pour chaque visite dans la zone doit soumettre un rapport à l'autorité nationale compétente, le plus tôt possible, et au plus tard six mois après l'achèvement de la visite. Les rapports doivent comprendre, selon qu'il convient, les informations prévues dans l'Antarctic Specially Protected Area visit report.form [formulaire du rapport de visite de l'aire spécialement protégée de l'Antarctique], qui fait partie du Guide to the Preparation of Management plans for Antarctic Specially Protected Areas [Guide pour la préparation de plans de gestion des aires spécialement protégées de l'Antarctique] (appendice 2). Dans la mesure du possible, l'autorité nationale doit également envoyer copie du rapport de visite à la partie qui a proposé le plan de gestion, afin d'aider dans la gestion de la zone ainsi que dans l'examen du plan de gestion. Les Parties doivent, dans la mesure du possible, déposer les originaux ou les copies de ces rapports dans une archive ouverte au public et ce, afin de conserver une archive d'usage qui sera utilisée et dans l'examen du plan de gestion et dans l'organisation de l'utilisation scientifique de la zone.


8. Bibliographie


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Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 123 du 28/05/2014 texte numéro 6



Carte 1. ― Coordonnées de la zone de la vallée Ablation, mont Ganymède dans la péninsule Antarctique. Spécifications sur la carte : Stéréographique polaire antarctique WGS84. Méridien central ― 55°, Parallèle standard : ― 71°.



Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 123 du 28/05/2014 texte numéro 6



Carte 2. ― Carte de la ZSPA n° 147 : vallée Ablation, mont Ganymède. Spécifications sur 1a carte : stéréographique polaire antarctique WGS 1984. Méridien central : ― 71°, Parallèle standard : ― 71°.



Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 123 du 28/05/2014 texte numéro 6



Carte 3. ― Carte topographique de la ZSPA n° 147 : vallée Ablation, mont Ganymède. Spécifications sur la carte : Stéréographique polaire antarctique WGS 1984. Méridien central : ― 68,4°. Parallèle standard : ― 71,0°.


A N N E X E 1


Coordonnées relatives aux frontières de la ZSPA147 : vallée Ablation, mont Ganymède, île Alexandre. Les frontières suivent en grande partie les éléments de la nature, et la Section 6 (i) en fait une description détaillée. Dans le tableau ci-après, les coordonnées relatives aux frontières sont numérotées, le numéro 1 étant affecté à la coordonnée la plus septentrionale, suivi des autres coordonnées qui sont numérotées de manière séquentielle selon le sens de l'aiguille d'une montre autour du périmètre de la zone.

NUMÉRO

LATITUDE

LONGITUDE

1

70° 46' 26'' S

68° 24' 01' 10

2

70° 46' 28'' S

68° 25' 48'' O

3

70° 46' 55'' S

68° 28' 27'' O

4

70° 47' 13'' S

68° 28' 15'' O

5

70° 47' 12' S

68° 29' 33'' O

6

70° 48'' 02'' S

68° 29' 58'' O

7

70° 48' 23'' S

68° 32' 55'' O

8

70° 49' 44'' S

68° 34' 38'' O

9

70° 50' 06'' S

68° 31' 13'' O

10

70° 49' 56'' S

68° 28' 52'' O

11

70° 50'' 19'' S

68° 26151'' O

12

70° 51' 17'' S

68° 28' 19'' O

13

70° 52'' 09' S

68° 31' 59'' O

14

70° 53'' 02' S

68° 31'' 06'' O

15

70° 53'' 03' S

68° 29' 59'' O

16

70° 55'' 03' S

68° 27' 58'' O

17

70° 54' 53'' S

68° 27' 40'' O

18

70° 55' 36'' S

68° 23' 26'' O

19

70° 55' 41'' S

68° 21' 30'' O

20

70° 54' 43'' S

68° 19' 11'' O

21

70° 52' 44'' S

68° 19'' O3'' O

22

70° 52'' 04' S

68° 18' 25'' O

23

70° 51' 17'' S

68° 18' 41'' O

24

70° 50' 18'' S

68° 20' 27'' O

25

70° 48'' 08' S

68° 20' 44'' O

26

70° 47' 38'' S

68° 21' 23'' O

27

70° 46' 55'' S

68° 22' 16'' O