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Article 1 PARTIELLEMENT_MODIF (Décret n° 2013-1101 du 2 décembre 2013 modifiant le décret n° 2011-1781 du 5 décembre 2011 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Condrieu »)

Article 1 PARTIELLEMENT_MODIF (Décret n° 2013-1101 du 2 décembre 2013 modifiant le décret n° 2011-1781 du 5 décembre 2011 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Condrieu »)


I.-Le 3° du X du chapitre Ier du cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Condrieu », homologué par le décret du 5 décembre 2011 susvisé, est remplacé par les dispositions suivantes :
« 3° Interactions causales.
Située sur la rive droite du Rhône, l'aire géographique bénéficie d'un mésoclimat favorable (dit " lyonnais ”), lié à la topographie particulière des coteaux très abrupts surplombant le fleuve, et d'un complexe géo-pédologique qui nécessite l'intervention permanente de l'homme pour l'aménagement harmonieux et le maintien des terrasses et des murets. Cette situation offre au cépage viognier B, " roi ” de l'appellation d'origine contrôlée " Condrieu ” et planté en limite septentrionale de sa culture, des conditions optimales de développement et de maturité.
Le sous-sol fissuré permet à ce cépage, particulièrement adapté aux sols acides, de puiser l'eau et les éléments minéraux nécessaires à l'obtention de vendanges remarquables par leur équilibre et leur richesse en sucre malgré leur situation en zone septentrionale.
Ce sous-sol particulier confère aux vins secs une vivacité caractéristique qui soutient l'ensemble de la large palette aromatique. Cette vivacité due au sous-sol se retrouve aussi dans les vins issus de raisins surmûris, où les puissants arômes de fruits mûrs s'expriment sans être lourds.
Délimitée dans le respect des usages et des exigences du cépage viognier B afin de pérenniser son potentiel malgré les difficultés d'exploitation, l'aire parcellaire classe soigneusement les versants : n'y sont conservés que les mieux exposés et ceux qui répondent aux exigences de chaleur et de protection contre les vents froids du nord.
Cette délimitation permet une gestion optimale de la plante et une maîtrise de son potentiel de production qui se traduisent par des pratiques de faibles rendements, issus d'un mode de conduite en échalas, et par une gestion des densités de plantation adaptée aux terrasses.
Ces facteurs naturels, associés aux savoir-faire historiques, permettent ainsi la production d'un vin blanc fin, sec ou présentant des sucres fermentescibles. La transmission des usages de culture de la vigne et de sauvegarde de sols fragiles depuis l'Antiquité, par l'aménagement de terrasses et de hauts murets, a permis au vignoble de Condrieu de conserver une physionomie particulière et un paysage remarquable qui participe de sa renommée.
En conservant la tradition de récolte manuelle des raisins, les vignerons de Condrieu contribuent à préserver l'originalité et les caractéristiques de ce vignoble de coteaux.
L'ancienneté de ce vignoble préromain n'a d'égale que la renommée de son vin, attestée sous le nom de " Condrieu ” au moins depuis le xviie siècle, consommé à Lyon et à Paris et vanté par des auteurs célèbres.
Ce prestige des vins de Condrieu est continu depuis les origines du vignoble. Un échantillonnage de quelques écrits sur les cinq derniers siècles donne la mesure de cette aura. Dès le xviie siècle, aux entrées de Paris, les vins dits " de Condrieu ” sont parmi ceux imposés au taux le plus élevé, appliqué aux vins les plus réputés (Ordonnance de 1680 ― Archives nationales). D'après R. Gadille, au xviiie siècle, le chapitre de Lyon et le consulat ont pour habitude d'offrir les vins de Condrieu en présents d'honneur à leurs hôtes de marque. A la même époque, une édition de 1781 de l'Histoire naturelle de la province de Dauphiné (Faujas de Saint-Fonds, tome I, p. 182) indique que : "... l'on donne encore la préférence au vin blanc de Condrieu et à celui de Château-Grillet ”. En 1801, le Traité théorique et pratique sur la culture de la vigne (Chaptal, Rozier, Parmentier et Dussieux, tome I, p. 240) atteste d'une renommée établie pour " Condrieu ” et deux autres vins voisins : " les vins célèbres de l'Hermitage, de Côte Rôtie et de Condrieu sont produits sur les coteaux qui bordent le Rhône ”. Plus tard, l'encyclopédie Roret (1921) l'évoque en termes élogieux : " Les bons vins blancs lyonnais se préparent sur le territoire de Condrieu. Ils sont corsés, spiritueux et ont de la sève, un goût agréable et un bouquet des plus suaves... ”.
D'autres références émaillent l'histoire de la littérature. En 1710, une des dernières lettres de Boileau mentionne : " je m'en vais demain envoyer quérir votre vin de Condrieu, peut-être me réjouira-t-il le cœur ”. Plus tard dans le siècle, Piron le cite poétiquement dans son Air : De l'ouverture de Bellérophon. Enfin, les correspondances de Lamartine, publiées par son épouse, évoquent " le vin de Condrieu [qui] aura réchauffé nos cervelles ”.
Le marché aux vins de Condrieu, pendant de celui organisé à Ampuis pour l'appellation d'origine contrôlée voisine " Côte Rôtie ”, a longtemps participé à la diffusion de la renommée de ces vins blancs. Ce marché a disparu dans les années cinquante et les vins de " Condrieu ” ont progressivement rejoint ceux de " Côte Rôtie ” sur le marché aux vins d'Ampuis. Le marché aux vins de Chavanay, qui existe depuis les années 1920, fait aussi une place importante aux vins de " Condrieu ”.
" Condrieu ” n'aura de cesse de développer une notoriété construite sur sa finesse, sa qualité, portée par un vignoble spectaculaire, et reconnue par une appellation d'origine contrôlée dès 1940. »
II.-Le cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Condrieu » est publié, dans sa rédaction issue de cette modification, au Bulletin officiel du ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, et peut être consulté à l'adresse suivante : http :// agriculture. gouv. fr/ bulletin-officiel.