« 7. Lien avec la zone géographique
« 7.1. Spécificité de la zone géographique
« Située dans le sud-est de la France, dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, en bordure de la Méditerranée, la zone géographique de l'indication géographique protégée "Alpes-Maritimes” couvre l'ensemble du département des Alpes-Maritimes, département frontalier avec l'Italie. Elle est avant tout caractérisée par une extrême variabilité de paysages, de climats, de natures de sols, passant en quelques kilomètres d'un environnement littoral voire insulaire (îles de Lérins) à un environnement de haute montagne.
« De fait, la part agricole de ce département se trouve limitée et localisée en proximité de la bande littorale, en forte concurrence foncière, ainsi que dans les vallées remontant vers les montagnes et sur les coteaux les mieux exposés. Sur ces territoires de coteaux, la vigne côtoie traditionnellement l'olivier, les vallées étant plus orientées vers les productions florales ou maraîchères.
« La production de l'indication géographique protégée "Alpes-Maritimes” est issue d'un vignoble peu étendu (moins de 50 hectares revendiqués), fragmenté en îlots plus ou moins importants (communes de Nice, Saint-Jeannet, Saint-Paul-de-Vence) répartis au sein de petites exploitations.
« Il convient de noter que le vignoble est localisé sur le territoire de la commune de Nice, où se côtoient les productions de vins à indication géographique protégée "Alpes-Maritimes” et de l'appellation d'origine contrôlée "Bellet” ainsi que la production du vignoble insulaire conduit par les moines de l'abbaye de Lérins, sur l'île Saint-Honorat, au large de la commune de Cannes.
« Situé au cœur de la Provence alpine, en bordure est de la Provence calcaire, ce vignoble doit son sous-sol à la "révolution pliocène”, qui a donné naissance à cette grande mer par un basculement vers le sud de la Provence. Les dépôts sédimentaires qui en résultent sont couronnés d'importantes épaisseurs de conglomérats dits "conglomérats du delta pliocène du Var”. Les paysages se mettent en place au quaternaire avec un nouveau basculement de la Provence, cette fois vers l'ouest, basculement qui porte ces conglomérats jusqu'à 600 mètres d'altitude : les coteaux escarpés étaient mis en place.
« Les sols issus de ces formations sont constitués de poudingues silico-calcaires et de galets roulés issus de l'érosion des massifs alpins voisins. Exception notable, les sols dolomitiques, argilo-calcaires riches en magnésium des îles de Lérins.
« Le vignoble est implanté à une altitude pouvant aller jusqu'à 400 mètres, presque exclusivement sur des coteaux orientés nord-sud, rarement sur les plateaux au sommet des collines, respectant des expositions est ou ouest, sur des parcelles soigneusement sélectionnées pour la récolte des raisins. Les vignes s'enracinent dans d'étroites banquettes façonnées par l'homme, ou "restanques”, constituées de galets roulés mélangés à un sable grossier très clair (poudingue) avec quelques veines argileuses.
« La pluviométrie annuelle moyenne est de 830 mm, l'ensoleillement important avec 2 820 heures par an.
« La présence de la vallée du Var est fondamentale pour la caractérisation du climat régnant sur les vignes. En effet, elle permet la circulation des vents selon l'axe des coteaux et soumet ainsi le vignoble aux vents du nord, qui descendent des Alpes durant la nuit et une partie de la matinée, puis à la brise de la mer, qui vient de l'est en fin de journée.
« 7.2. Spécificité du produit
« Même si l'équilibre économique des exploitations repose en partie sur la nécessité de pouvoir implanter l'ensemble des cépages permettant d'élaborer des assemblages originaux et de satisfaire les marchés, une des particularités de cette indication géographique protégée tient à la volonté des vignerons de préserver des cépages locaux tels que le braquet N, la fuella nera N, le grassen N, le mourvaison N pour la vinification des vins rouges, les vins issus des cépages braquet N et fuella nera N ayant d'intéressantes aptitudes au vieillissement. A leur côté, on trouvera un encépagement commun au reste de la Provence à base de mourvèdre N, de cinsault N, de carignan N, voire de grenache N ou d'alicante N.
« A partir de cette palette de cépages "noirs”, les domaines élaborent des vins rouges, tanniques, racés et puissants.
« Les vins rosés sont élaborés majoritairement à partir de cépage braquet N, qui apporte ses notes d'épices et une structure en bouche puissante, de grenache N et de cinsault N, qui donne sa fraîcheur.
« Les vins blancs, issus essentiellement du cépage vermentino B, localement désigné sous le terme "rolle”, sont complexes et élégants, avec des arômes floraux et d'agrumes. Ils peuvent démontrer une belle aptitude à vieillir. D'autres cépages peuvent entrer dans leur composition, tels la roussanne B, la clairette B, le bourboulenc B et le chardonnay B.
« Les vins mousseux de qualité sont principalement élaborés à partir de grenache N et mourvèdre N pour les rosés et à partir de vermentino B et sémillon B pour les blancs. Ils sont fruités et floraux et rappellent les caractéristiques organoleptiques des vins tranquilles.
« 7.3. Lien causal entre la spécificité de la zone géographique
et la spécificité du produit
« Très fortement marqué par son milieu géographique, par ses paysages changeants et contrastés passant du littoral méditerranéen à la haute montagne, ce vignoble cumule les caractéristiques d'un vignoble provençal avec certaines influences septentrionales. Mer et montagne, soleil et vent froid, contrastes saisissants entre ubac et adret influencent autant les vignes, les oliviers que les hommes.
« Les coteaux bien exposés, les sols drainants favorables à l'implantation et au développement végétatif de la vigne tout en la préservant des dégâts liés aux orages estivaux, le climat ensoleillé et venté permettant une bonne maturation et une préservation des maladies cryptogamiques, tout contribue au développement du vignoble. Ces caractéristiques climatiques permettent un processus lent de maturation indispensable notamment à la fraîcheur et à l'élégance des vins blancs et rosés ainsi que des vins mousseux. Elles sont également à l'origine du caractère puissant et tannique des vins rouges.
« L'implantation de la vigne y a de plus été favorisée par la situation de ces coteaux, suffisamment éloignés du littoral pour décourager les invasions des barbares et néanmoins assez proches de la mer pour permettre le développement des échanges commerciaux.
« Ainsi, malgré la concurrence d'autres cultures, notamment malgré la culture de l'œillet de Nice, qui fut très lucrative après la Seconde Guerre mondiale, le vignoble se redéveloppa progressivement grâce à l'opiniâtreté de quelques familles de vignerons qui ont su conserver des cépages anciens et locaux très caractéristiques et adaptés à ce territoire.
« Une petite quinzaine d'exploitations familiales défendent encore la viticulture sur la Côte d'Azur. Ils produisent environ 600 à 700 hl par an de vins tranquilles dont 50 % de vins rouges, 35 % de vins blancs, 15 % de vins rosés, dont la qualité est reconnue depuis 1979 sous le statut de "vin de pays”. 3 000 à 4 000 bouteilles de vins mousseux sont produites chaque année.
« Les vins de l'indication géographique protégée ont su montrer leur identité propre et développer leur propre notoriété, la production des moines de Lérins en est la remarquable démonstration avec une gamme de vins reconnue et très bien valorisée. La réputation des vins des Alpes-Maritimes, qu'ils soient tranquilles ou mousseux, est attestée par la bonne santé économique de cette production commercialisée pour 70 % au niveau régional, en bouteilles auprès d'une clientèle essentiellement touristique à des prix très valorisants (de 8 à 10 € l'unité), pour 20 % sur le territoire national et pour 10 % à l'exportation. »
Le cahier des charges est publié, dans sa rédaction issue de cette modification, au Bulletin officiel du ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt et peut être consulté à l'adresse suivante : http://agriculture.gouv.fr.