Articles

Article AUTONOME (Décret n° 2013-72 du 21 janvier 2013 portant publication de la mesure 10 (2012), zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 4 (île de la Déception) (ensemble une annexe), adoptée à Hobart le 20 juin 2012 - plan de gestion (1))

Article AUTONOME (Décret n° 2013-72 du 21 janvier 2013 portant publication de la mesure 10 (2012), zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 4 (île de la Déception) (ensemble une annexe), adoptée à Hobart le 20 juin 2012 - plan de gestion (1))



2. Buts et objectifs


Le principal objectif de cet ensemble de mesures de gestion consiste à conserver et protéger l'environnement unique et exceptionnel de l'île de la Déception, tout en encadrant les diverses exigences qui s'y imposent, notamment la science, le tourisme et la conservation de ses valeurs naturelles et historiques. Il vise également à veiller à la sécurité de ceux qui travaillent sur l'île ou qui la visitent.
Les objectifs de gestion sur l'île de la Déception sont les suivants :
― aider à la planification et à la coordination des activités dans la zone, encourager une coopération entre les parties au Traité sur l'Antarctique et les autres parties prenantes et traiter les conflits d'intérêts potentiels ou réels entre les différentes activités, notamment la science, la logistique et le tourisme ;
― éviter la dégradation inutile par des perturbations humaines des valeurs naturelles uniques de la zone ;
― protéger en particulier les valeurs scientifiques et de la nature à l'état sauvage pour les espaces de la zone qui jusqu'ici n'ont pas été considérablement modifiés par des activités humaines (notamment les surfaces volcaniques récemment créées) ;
― minimiser la possibilité d'introduction d'espèces non indigènes du fait des activités humaines ;
― empêcher une perturbation, une destruction ou un retrait inutile de bâtiments, structures et artefacts historiques ;
― protéger des risques volcaniques ceux qui travaillent dans la zone ou à proximité ou ceux qui la visitent ;
― encadrer les visites dans cette île unique et promouvoir, par l'éducation, une sensibilisation à son importance.


3. Activités de gestion


Pour atteindre les buts et objectifs de ce plan de gestion, les activités de gestion suivantes seront entreprises :
― Les parties ayant un intérêt actif dans la zone doivent établir un groupe de gestion de l'île de la Déception pour :
― coordonner les activités dans la zone ;
― faciliter la communication entre ceux qui travaillent dans la zone ou qui la visitent ;
― tenir à jour un dossier sur les activités dans la zone ;
― diffuser des informations et des éléments d'information sur l'importance de l'île de la Déception pour ceux qui la visitent ou qui y travaillent ;
― surveiller le site pour étudier les impacts cumulatifs issus des activités scientifiques, des installations permanentes, du tourisme/des visiteurs et de la gestion ;
― superviser la mise en œuvre de ce plan de gestion et le revoir selon que de besoin.
― Un Code de conduite général couvrant toute l'île pour les activités dans la zone est joint au présent plan de gestion de la ZGSA (voir Section 9). D'autres codes de conduite spécifiques au site sont joints à la stratégie de conservation pour le SMH n° 71 de la baie Whalers (Annexe 3), ainsi que le Code de conduite pour la zone des installations (Annexe 4), le Code de conduite pour les visiteurs (Annexe 5) et les Lignes directrices pour les visites de sites relatives à la baie Telefon, la baie Whalers, l'anse Pendulum et Baily Head. Ces codes de conduite et lignes directrices pour les visites de sites doivent être utilisés pour encadrer les activités dans la zone.
― Les programmes antarctiques nationaux qui travaillent dans la zone doivent s'assurer que leur personnel est informé et a connaissance des dispositions de ce plan de gestion et des documents joints.
― Les voyagistes qui visitent la zone doivent s'assurer que leurs personnels, équipages et passagers sont informés et ont connaissance des dispositions de ce plan de gestion et des documents joints.
― Des panneaux et balisages seront érigés selon les besoins et de façon appropriée pour indiquer les limites des ZSPA et d'autres zones, comme l'emplacement d'activités scientifiques. Les panneaux et balisages seront bien conçus pour être informatifs et évidents, sans toutefois constituer des obstacles. Ils seront également fixés et maintenus en bon état et retirés lorsqu'ils ne seront plus nécessaires.
― Le plan d'alerte volcanique (présenté dans l'Annexe 6) sera mis en œuvre. Ce plan ainsi que le plan d'évacuation d'urgence seront régulièrement revus.
― Les parties autorisant des activités dans la zone des îles Shetland du Sud doivent s'assurer que les responsables de l'activité sont conscients qu'il est préférable d'éviter d'utiliser l'île de la Déception comme port d'urgence en cas d'accidents/incidents maritimes du fait de la sensibilité écologique de l'île et de risques en matière de sécurité. Les parties doivent s'assurer que les responsables de l'activité se familiarisent avec les ports d'urgence alternatifs dans la zone et en encourager l'utilisation si la situation le rend possible et opportun.
― Des copies de ce plan de gestion et des documents joints, en anglais et en espagnol, seront rendues disponibles à la station Decepción (Argentine) et à la station Gabriel de Castilla (Espagne). Par ailleurs, le groupe chargé de la gestion de l'île de la Déception doit encourager les opérateurs antarctiques nationaux, les voyagistes et, dans la mesure du possible, les opérateurs de voiliers qui visitent la zone d'avoir des copies de ce plan de gestion à disposition lorsqu'ils visitent la zone.
― Des visites de la zone devront être conduites selon que de besoin (au moins une fois tous les 5 ans) par les membres du groupe de gestion de l'île de la Déception pour s'assurer que les exigences de ce plan de gestion sont respectées.


4. Durée de désignation


Désignée pour une durée indéterminée.


5. Description de la zone
i. Coordonnées géographiques,
bornage et éléments naturels


Description générale
L'île de la Déception (62° 57' de latitude sud, 60° 38' de longitude ouest) se trouve dans le détroit de Bransfield à l'extrémité méridionale des îles Shetland du Sud, au large de la côte nord-ouest de la péninsule Antarctique (cartes 1 et 2). La limite de la ZGSA est définie comme la ligne côtière externe de l'île au-dessus de la ligne de marée basse. Elle inclut les eaux et les fonds marins de Port Foster au nord d'une ligne qui traverse les soufflets de Neptune entre la pointe Entrance et les rochers Cathedral (carte 3). Aucun bornage n'est requis pour la ZGSA, car la côte est clairement définie et visuellement évidente.
Géologie, géomorphologie et activité volcanique
L'île de la Déception est un volcan basaltique actif. Elle a un diamètre de base submergé d'environ 30 km et s'élève à 1,5 km au-dessus du fond océanique. Le volcan a une grande caldeira inondée, conférant à l'île une forme distinctive en fer à cheval, rompue uniquement au niveau du versant sud-est par les soufflets de Neptune, un passage étroit peu profond d'environ 500 m de large.
L'éruption qui a formé la caldeira s'est déroulée il y a peut-être 10 000 ans. Une éruption explosive, violente et de grande envergure a évacué environ 30 km³ de roche fondue, si rapidement que la région au sommet du volcan s'est effondrée pour former la caldeira de Port Foster. Les retombées de cendre et les tsunamis qui en ont résulté ont eu un impact considérable sur l'environnement dans la région du nord de la péninsule antarctique. Le volcan était particulièrement actif à la fin des xviiie et xixe siècles, lorsque de nombreuses éruptions ont eu lieu. En revanche, les éruptions au xxe siècle se sont limitées à deux courtes périodes, aux alentours de 1906 à 1910 et de 1967 à 1970. En 1993, une activité sismique sur l'île de la Déception a été accompagnée d'une déformation du terrain et d'une augmentation des températures des nappes phréatiques autour de la station Decepción.
Depuis, le volcan a retrouvé son état normal, calme pour l'essentiel. Toutefois, le fond du Port Foster s'élève rapidement d'un point de vue géologique (environ 30 cm par an). Avec l'enregistrement d'éruptions historiques et la présence de longue date de zones d'activités géothermiques, cette caldeira est classée comme active avec un risque volcanique important.
Environ 57 % de l'île est recouvert de glaciers permanents, dont beaucoup sont recouverts de cendre volcanique. Des buttes et crêtes basses de débris transportés par la glace (moraines) sont présentes autour du pourtour des glaciers.
Un anneau presque complet de collines, s'élevant à 539 m au niveau du mont Pond, entoure l'intérieur effondré de Port Foster et il constitue la principale ligne de partage des eaux sur l'île. Des sources éphémères s'écoulent vers les côtes externes et intérieures. Plusieurs lacs se trouvent sur la ligne de partage intérieure du bassin.
Climat
Le climat de l'île de la Déception est maritime polaire. La température moyenne annuelle de l'air au niveau de la mer est de ― 2,9 °C. Les températures extrêmes vont de 11 °C à ― 28 °C. Les précipitations, dont plus de 50 % tombent en été, sont fortes pour la région, avec une moyenne annuelle équivalente à une pluviosité d'environ 500 mm. Les vents prédominants viennent du nord-est et de l'ouest.
Ecologie marine
L'écologie marine de Port Foster a été considérablement influencée par les activités volcaniques et les dépôts de sédiments. La ZSPA n° 145, comprenant deux sous-sites, se trouve dans la zone. Le plan de gestion pour la ZSPA n° 145, contenu dans l'Annexe 2, donne plus de détails sur l'écologie marine de Port Foster.
Flore
L'île de la Déception est un site botanique unique d'importance exceptionnelle. La flore comprend au moins 18 espèces de mousses, d'hépatiques et de lichens qui n'ont pas été signalées ailleurs dans l'Antarctique. De petites communautés, qui comprennent des espèces rares et des associations uniques de taxons, poussent dans un certain nombre de zones géothermiques, dont certaines comptent des fumerolles. De plus, la concentration la plus extensive connue de sagine antarctique (Colobanthus quitensis) se trouve entre Baily Head et la pointe sud-est.
Dans beaucoup de zones, les surfaces de terrain créées par les éruptions de 1967 à 1970 sont rapidement colonisées, probablement grâce à l'augmentation des températures estivales qui sont maintenant observées dans la péninsule antarctique sous l'effet du changement climatique régional.
La ZSPA n° 140, comprenant 11 sous-sites, se trouve dans la zone. Le plan de gestion pour la ZSPA n° 140 est contenu dans l'Annexe 1. Il donne plus de détails sur la flore de l'île de la Déception.
Invertébrés
Les invertébrés terrestres et d'eau douce observés sur l'île de la Déception comprennent 18 espèces d'acarina (acariens), 1 espèce de diptera (mouche), 3 espèces de tartigrada (tardigrades), 9 espèces de collembola (collemboles), 3 de crustacés d'eau douce, 14 de nématoda (nématodes), 1 de gastrochicha (gastrochiche) et 5 de rotifera (rotifères). Des colonies de tiques d'oiseaux marins (Ixodes uriae) sont fréquemment trouvées sous les roches à côté des roqueries de pingouins (par ex. : à la colonie du col de Vapour).
La zone intertidale des côtes de sédiments abrite un certain nombre d'espèces invertébrées, principalement dans la zone saturée : 3 espèces d'amphipodes, 3 espèces de prosobranches et un ensemble encore non identifié d'espèces oligochètes et polychètes. L'abondance et la biodiversité des invertébrés sont supérieures sur les plages de galets et de gros rochers que dans les sédiments sableux. Des macro-algues rouges et vertes sont fréquemment observées dans ces lieux, soit échouées, soit fixées à des pierres.
Oiseaux
Neuf espèces d'oiseaux se reproduisent dans la zone. Les plus nombreux sont les pingouins à jugulaire (Pygoscelis antarctica), avec une population estimée à environ 70 000 couples au total sur l'île. La plus grande colonie se trouve à Baily Head, avec les dernières estimations indiquant 50 000 couples (2). Au cours des 20 dernières années, la population de pingouins à jugulaire a décliné dans la zone, probablement du fait des effets du changement climatique sur l'abondance en krill. Les études les plus récentes indiquent un déclin de 50 % des couples à Baily Head depuis le recensement au cours de la saison 1986/87 (3).
Bien qu'il ait été possible d'observer occasionnellement des gorfous dorés (Eudyptes chrysolophus) nicher en petit nombre sur l'île, aucun oiseau en phase de reproduction n'a été observé ces deux dernières décennies. Les grands labbes (Catharacta antarctica lonnbergi), les labbes antarctiques (Catharacta maccormicki), les goélands dominicains (Larus dominicanus), les damiers du Cap (Daption capensis), les océanites de Wilson (Oceanites oceanicus), les sternes couronnées (Sterna vittata), les cormorants impériaux (Phalacrocorax bransfieldensis) et les chionis blancs (Chionis alba) se reproduisent également dans la zone.
Mammifères
L'île de la Déception n'abrite aucun mammifère en reproduction. Les otaries à fourrure de l'Antarctique (Arctocephalus gazella), les phoques de Weddell (Leptonychotes weddelli), les phoques crabiers (Lobodon carcinophagus), les éléphants de mer du sud (Mirounga leonina) et les léopards de mer (Hydrurga leptonyx) s'échouent sur les plages de la côte intérieure et extérieure. A de rares intervalles, il est possible d'observer des baleines ― principalement des baleines à bosses (Megaptera novaeangliae) ― au Port Foster. Les baleines à bosses sont aussi régulièrement visibles dans les eaux côtières de l'île à partir de fin décembre. Un grand nombre d'otaries à fourrure de l'Antarctique (environ 500) sont normalement visibles sur la plage située entre la pointe Entrance et la pointe Collins.


ii. Structures dans la zone


La station Decepción (Argentine) (62° 58' 20'' de latitude sud ; 60° 41' 40'' de longitude ouest) se trouve sur le littoral méridien de la baie des Fumerolles. La station Gabriel de Castilla (Espagne) (62° 58' 40'' de latitude sud, 60° 40' 30'' de longitude ouest) se trouve à environ 1 km au sud-est. Plus de détails sur les deux stations se trouvent dans le Code de conduite de la zone des installations (Annexe 4).
Les vestiges de la station de chasse à la baleine Hektor (Norvège) et d'autres vestiges antérieurs à la station de chasse à la baleine, le cimetière des baleiniers et l'ancienne « Base B » britannique (site et monument historique (SMH) n° 71) se trouvent dans la baie Whalers (consulter l'Annexe 3). Un certain nombre de chaudières à vapeur de la station de chasse à la baleine se sont échouées sur la côte sud-ouest de Port Foster. Les vestiges de la station chilienne Presidente Pedro Aguirre Cerda (SMH n° 76) se trouvent à l'anse Pendulum. Un refuge en bois abandonné se trouve à environ 1 km au sud-ouest du SMH n° 76.
Une balise lumineuse, entretenue par la marine chilienne, se trouve sur la pointe Collins. Une tour de phare effondrée, datant de la période de chasse à la baleine, se trouve en dessous. Les vestiges d'une autre tour de phare datant de la période de chasse à la baleine se trouvent à la pointe sud-est.
La poupe du Southern Hunter, un chasseur baleinier appartenant à la Christian Salvesen Company, qui a fait naufrage sur Ravn Rock aux soufflets de Neptune en 1956, reste sur la plage sans nom à l'ouest de la pointe Entrance.
Un certain nombre de balises et de cairns marquant des sites utilisés pour des relevés topographiques sont présents dans la zone.

(2) Les estimations s'appuient sur des études menées par les Etats-Unis au cours de la saison 2011/12. Les résultats de l'étude ont été soumis pour publication (consulter la note de bas de page 3 pour des détails sur la soumission). (3) Naveen, R., H. J. Lynch, S. Forrest, T. Mueller et M. Polito. 2012. La première étude directe sur les pingouins à travers l'ensemble du site de l'île de la Déception dans l'Antarctique suggère des déclins considérables chez les pingouins à jugulaire qui viennent se reproduire. Actuellement soumis à l'examen de Polar Biology. Barbosa, A., Benzal, J., De Leon, A., Moreno, J. Déclin de la population de pingouins à jugulaire (Pygoscelis antarctica) sur l'île de la Déception dans les îles Shetland du Sud dans l'Antarctique. Actuellement soumis à l'examen de Polar Biology (2e examen).