Traitement de l'arthrite juvénile idiopathique polyarticulaire ― AJI (4 à 17 ans) :
L'efficacité d'HUMIRA dans le traitement de l'AJI a été évaluée dans une étude clinique versus placebo. Les patients ont été répartis en deux strates : « avec MTX » et « sans MTX ». Sur les 171 enfants initialement recrutés et traités en ouvert pendant 16 semaines, 133 répondeurs ont été inclus dans la phase en double-aveugle, pour recevoir soit HUMIRA 24 mg/m² toutes les 2 semaines soit un placebo dans chacune des strates.
La proportion de patients ayant une poussée inflammatoire à la semaine 32 dans la strate sans MTX (critère principal de l'étude) a été significativement moins importante dans le groupe HUMIRA sans MTX (13/30, 43,3 %) que dans le groupe placebo (20/28, 71,4 %), p = 0,031. La proportion de patients ayant une poussée inflammatoire à la semaine 32 dans la strate avec MTX (critère secondaire) a été significativement moins importante dans le groupe HUMIRA + MTX (14/38, 36,8 %) que dans le groupe placebo + MTX (24/37, 64,9 %), p = 0,015. La démonstration de l'efficacité d'HUMIRA dans l'AJI repose sur les résultats de cette seule étude qui, du fait de sa méthodologie complexe (sélection des patients répondeurs, technique d'imputabilité discutable), a pu induire une surestimation de son efficacité.
La mise à disposition d'une nouvelle présentation réservée à l'usage pédiatrique permettant l'administration d'une dose en fonction de la surface corporelle a permis d'étendre l'utilisation d'HUMIRA dans l'AJI aux enfants âgés de 4 à 12 ans. L'AMM des autres présentations HUMIRA 40 mg stylo et seringue préremplis (bien que ne permettant pas une administration de la dose en fonction de la surface corporelle) a été élargie aux enfants âgés entre 4 et 12 ans en raison de leur commodité d'emploi chez les enfants de cette tranche d'âge qui nécessitent, en raison de leur surface corporelle, une dose fixe de 0,8 ml soit 40 mg.
2. Sécurité et tolérance
Les traitements anti-TNF, y compris HUMIRA, sont susceptibles d'altérer les défenses immunitaires du malade vis-à-vis des infections (y compris tuberculose) et peut-être des tumeurs malignes (lymphomes en particulier).
Cf. RCP.
IV. ― Place dans la stratégie thérapeutique
Polyarthrite rhumatoïde :
La prise en charge habituelle de la polyarthrite rhumatoïde comporte la prescription systématique d'un anti-inflammatoire d'action immédiate (AINS, corticoïde à faible dose) et d'un médicament de fond (méthotrexate, antipaludéens de synthèse, salazopyrine, sels d'or...) afin d'entraîner une rémission clinique et de limiter la progression de la dégradation articulaire et le handicap ultérieur. Compte tenu des phénomènes d'échappement thérapeutique ou d'intolérance aux divers traitements de fond, il peut être procédé à un changement de traitement de fond. Le traitement de fond considéré comme le plus efficace est le méthotrexate.
Les anti-TNF tels que l'étanercept (ENBREL) et l'adalimumab (HUMIRA) sont employés seuls ou en association au méthotrexate en cas de réponse inadéquate ou intolérance aux traitements de fond, y compris le méthotrexate (sauf contre-indication). L'infliximab (REMICADE) doit être employé en association avec un médicament de fond, en particulier le méthotrexate. Les anti-TNF alpha peuvent être employés en première intention dans certaines formes actives et sévères de polyarthrite rhumatoïde.
Selon les recommandations de la HAS (« Polyarthrite rhumatoïde : prise en charge en phase d'état », 2007) corroborées par celles de la SFR (« Utilisation des anti-TNF alpha dans la polyarthrite rhumatoïde », 2007) :
« Il n'y a pas de données disponibles dans la littérature permettant de différencier les trois médicaments disponibles (par ordre alphabétique : adalimumab, étanercept, infliximab) en fonction de l'efficacité clinique ou structurale (grade A). Le choix se fera dans le cadre d'une décision partagée entre le médecin spécialisé en rhumatologie et le patient sur :
― les données actualisées de tolérance : le risque d'infection sévère apparaît similaire à la dose recommandée pour les trois anti-TNF alpha disponibles, en revanche, le risque de tuberculose (grade C) semble plus important avec l'infliximab et l'adalimumab qu'avec l'étanercept ;
― le terrain, l'observance du patient, l'impossibilité d'utiliser un traitement de fond en association (accord professionnel). »
Rhumatisme psoriasique :
La prise en charge du rhumatisme psoriasique est celle de tous les rhumatismes inflammatoires chroniques : elle associe un traitement symptomatique d'action immédiate (AINS avec ou sans antalgique) à un traitement de fond (le plus utilisé est le méthotrexate).
Dans cette indication, HUMIRA n'est donc pas un traitement de première intention : HUMIRA est indiqué en cas d'échec, d'insuffisance, d'intolérance ou de contre-indication aux traitements symptomatiques ou aux médicaments de fond.
Spondylarthrite ankylosante :
Le traitement médicamenteux de la spondylarthrite ankylosante repose essentiellement sur l'utilisation en première intention des AINS à titre de traitement symptomatique lors des poussées. En cas d'échec ou d'insuffisance d'effet d'un AINS utilisé à la dose maximale tolérée, il peut être procédé à un changement d'AINS. Les antalgiques peuvent être associés aux AINS lors des poussées.
La sulfasalazine et le méthotrexate ne semblent efficaces que dans le traitement des atteintes périphériques. Leur efficacité dans le traitement des atteintes axiales n'a pas été démontrée.
Les anti-TNF dont HUMIRA peuvent être employés après échec, insuffisance, intolérance ou contre-indication aux traitements conventionnels (AINS éventuellement associés à des traitements d'action lente).
Maladie de Crohn :
Selon les recommandations de la conférence de consensus (12) (European Crohn and Colitis Organization ― ECCO), le traitement de la maladie de Crohn active fait appel aux corticoïdes. En cas de cortico-dépendance, des immunosuppresseurs (azathioprine ou méthotrexate [hors AMM]) peuvent être prescrits. L'emploi des anti-TNF (infliximab et adalimumab) est réservé aux échecs ou aux intolérances aux immunosuppresseurs. Aucune étude n'a comparé l'adalimumab à l'infliximab dans le traitement de la maladie de Crohn.