M E S U R E 4 (2010)
ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N° 105 (ÎLE BEAUFORT, MCMURDO SOUND, MER DE ROSS) (ENSEMBLE UNE ANNEXE), ADOPTÉE À PUNTA DEL ESTE LE 14 MAI 2010 PLAN DE GESTION RÉVISÉ
Les représentants,
Rappelant les articles 3, 5 et 6 de l'annexe V du protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement qui prévoient la désignation de zones spécialement protégées de l'Antarctique (« ZSPA ») et l'approbation de plans de gestion pour ces zones,
Rappelant :
La recommandation IV-5 (1966), qui désignait l'île Beaufort, mer de Ross comme zone spécialement protégée (« ZSP ») n° 5 ;
La mesure 1 (1997) en annexe de laquelle figurait un plan de gestion pour la zone ;
La décision 1 (2002), qui rebaptisait et renumérotait la ZSP n° 5 comme ZSPA n° 105 ;
La mesure 2 (2003), qui adoptait un plan de gestion révisé pour la ZSPA n° 105 ;
Rappelant que la mesure 1 (1997) n'est pas entrée en vigueur,
Notant que le Comité pour la protection de l'environnement a approuvé un plan de gestion révisé pour la ZSPA n° 105,
Désireux de remplacer le plan de gestion existant pour la ZSPA n° 105 par le plan de gestion révisé,
Recommandent pour approbation à leurs gouvernements la mesure ci-après conformément au paragraphe 1 de l'article 6 de l'annexe V du Protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement, à savoir :
1. Que le plan de gestion révisé pour la zone, spécialement protégée de l'Antarctique n° 105 (île Beaufort, McMurdo Sound, mer de Ross), qui figure en annexe à la présente mesure, soit approuvé ;
2. Que la recommandation IV-5 (1966) et le plan de gestion pour la ZSPA n° 105, qui figure en annexe à la mesure 2 (2003), cessent d'être en vigueur ; et
3. Que la mesure 1 (1997), qui n'a pas encore pris effet, soit retirée.
A N N E X E
PLAN DE GESTION POUR LA ZONE SPÉCIALEMENT
PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N° 105
ÎLE BEAUFORT, MCMURDO SOUND, MER DE ROSS
1. Description des valeurs à protéger
L'île Beaufort a été à l'origine désignée zone spécialement protégée n° 5 dans la recommandation IV-5 (1966) au motif qu'elle « contient une avifaune riche et variée, qu'elle représente un des lieux de reproduction les plus importants de la région et qu'elle doit être protégée pour préserver le système écologique naturel comme zone de référence ». Cette zone a été rebaptisée par la décision 1 (2002) zone spécialement protégée de l'Antarctique (ZSPA) n° 105 et un plan de gestion révisé a été adopté par le biais de la mesure 2 (2003). Elle est une île sur laquelle les activités humaines n'ont guère eu d'impact, choisie qu'elle a été principalement pour protéger les valeurs écologiques du site de l'interférence humaine.
L'île Beaufort est la caractéristique la plus au nord de l'archipel de Ross, située à 19 km au nord du cap Bird, île de Ross. Elle fait partie du rebord d'un cône volcanique dont les vestiges ont fait l'objet d'une érosion et sont aujourd'hui submergés à l'est de l'île. Celle-ci et les restants de la caldeira submergée bloquent la dérive essentiellement vers l'ouest de la banquise et des icebergs en vêlage de la plate-forme glaciaire de Ross à proximité. Des icebergs s'échouent sur ces pics, lesquels facilitent à leur tour la croissance de glace fixe permanente. L'île Beaufort se compose principalement de roches mais certaines de ses parties sont couvertes de glace et de neige. Du côté sud-ouest de l'île, il y a un vaste plateau libre de glace avec des plages surélevées derrière lesquelles se forment des étangs d'été, alimentés qu'ils sont par de petits cours d'eau de fonte s'écoulant vers la côte. Des champs de glace inclinés (de 12° à 15°) couvrent la majeure partie du côté nord et ouest de l'île mais la glace a reculé ces dernières années. Une vaste zone plate d'une hauteur inférieure à 50 m se trouve à l'extrémité nord de l'île où la calotte glaciaire de l'île s'écoule vers une plage de galets, limitrophe à cette partie du littoral. Des falaises quasiment verticales couvrent le côté est de l'île qui fait face au centre de la caldeira.
L'avifaune est la plus diverse dans le sud de la mer de Ross. Il y a sur le large plateau de la partie sud-ouest de l'île un grande colonie de manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) de même qu'une plus petite sous-colonie de formation récente sur la plage le long de la côte nord-ouest. Les restes de manchots Adélie remontent à 45 000 années. Il y a une colonie nicheuse de manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) en plusieurs endroits sur la glace de banquise au nord et à l'est de l'île où des icebergs échoués facilitent la création de ce type de glace. Il y a une grande colonie de labbes antarctiques (Catharacta maccormicki) sur les côtes nord et sud tandis que des pétrels des neiges (Pagodroma nivea) ont été aperçus nichant dans des cavités sur les falaises au sud de l'île. Les limites de la zone qui, antérieurement, excluaient la colonie de manchots empereurs ont été prolongées pour inclure la glace de banquise que pourraient éventuellement occuper des oiseaux nicheurs. Des phoques de Weddell (Leptonychotes weddellii) se vautrent et donnent le jour sur la glace de banquise adjacente aux divers icebergs échoués cependant que l'on peut apercevoir dans les environs des léopards des mers (Hydruga leptonix) et des orques de la mer de Ross du type C mais aussi du type B. Ces orques sont attirés par les poissons tandis que les léopards des mers et les orques du type B le sont par les manchots et les phoques. Des phoques crabiers (Lobodon carcinophagus), des rorquals (Balaenoptera acutorostrata) et des baleines à bec d'Arnoux (Berardius arnuxii) ont également été aperçus dans les eaux avoisinantes.
Ile isolée à laquelle il est difficile d'accéder, la majeure partie de la zone n'a été visitée qu'à des intervalles peu fréquents. Sauf pour les manchots qui s'y trouvent, l'île Beaufort n'a pas été étudiée en détail et elle n'est pas dans une large mesure perturbée par des activités humaines directes.
Toutefois, de récentes observations montrent que les champs de neige et de glace reculent. Les valeurs écologiques, scientifiques et esthétiques découlant de l'isolement et de niveaux relativement bas d'impact humain sont d'importantes raisons pour la protection spéciale qui est accordée à l'île Beaufort.
2. Buts et objectifs
Le but du plan de gestion est de protéger la zone et ses caractéristiques afin de préserver ses valeurs. Ses objectifs sont les suivants :
― éviter toute détérioration ou tout risque de détérioration des valeurs de la zone en empêchant toute perturbation humaine inutile de ladite zone ;
― préserver l'écosystème naturel comme zone de référence peu perturbée par des activités humaines directes ;
― permettre d'effectuer des recherches scientifiques sur les écosystèmes naturels, les communautés végétales, l'avifaune, les communautés d'invertébrés et les sols dans la zone, pour autant que ces recherches soient indispensables et ne puissent être menées ailleurs ;
― minimiser les perturbations humaines de ces communautés en évitant de prélever inutilement des échantillons ;
― minimiser les risques d'introduction de plantes, d'animaux et de microbes dans la zone ;
― permettre des visites à des fins de gestion conformément aux objectifs du plan de gestion.
3. Activités de gestion
Les activités de gestion suivantes seront réalisées pour protéger les valeurs de la zone :
― des copies du présent plan de gestion, y compris des cartes de la zone, seront mises à disposition aux stations de terrain/recherche opérationnelles adjacentes ;
― les bornes, les panneaux et autres structures mis en place dans la zone à dus fins scientifiques ou de gestion devront être solidement fixés, maintenus en bon état et enlevés lorsqu'ils ne sont plus nécessaires ;
― des visites seront organisées selon que de besoin afin de déterminer si la zone répond toujours aux objectifs pour lesquels elle a été désigner et de s'assurer que les mesures de gestion et d'entretien sont adéquates ;
― les programmes antarctiques nationaux présents dans la région devront se consulter en vue d'assurer le respect de ces mesures.
4. Durée de la désignation
La zone est désignée pour une durée indéterminée.
5. Cartes et photographies
Carte A ― Carte topographique de l'île Beaufort. Cette carte est tirée de l'orthophotographie utilisée dans les cartes B et C, utilisant leurs spécifications. Encart : McMurdo Sound, montrant l'île de Ross et l'emplacement de la station McMurdo (États-Unis d'Amérique) et de la base Scott (Nouvelle-Zélande).
Carte B ― Orthophotographie du nord de l'île Beaufort. Spécifications ― Projection : conique conforme ; parallèle standard, parallèle 1 : 76,6'S ; parallèle standard 2 :793'S ; Datum : WGS84. Comprend le matériel c) METI et NASA2006.
Carte C ― Orthophotographie du sud de l'île Beaufort. Les spécifications sont les mêmes que pour la carte B.
6. Description de la zone
i) Coordonnées géographiques, bornage
et caractéristiques du milieu naturel
La zone désignée comprend l'île Beaufort dans son intégralité (76° 56'S, 166° 56'E) au-dessus de la laisse moyenne de haute mer et comprend la glace de formation rapide adjacente occupée par des manchots empereurs en phase de reproduction (Carte A). Les coordonnées sont les suivantes :
― de la côte nord de l'île Beaufort à 76° 55' 44« S, 166° 52' 42 » E nord à 76° 55' 30« S, 166° 52' 49 » E ;
― de 76° 55' 30« S, 166° 52' 49 » E est à 76° 55' 30« S, 167° 00' E ;
― de 76° 55' 30« S, 167° 00' E sud le long du 167° de longitude parallèle à la zone où il croise le littoral de l'île Beaufort à 76° 55' 30 » S, 167° E (carte A).
L'île fait partie de cratères volcaniques de la fin du tertiaire qui se sont transformés en une série le long d'une ligne de faiblesse dans le fond de la mer de Ross. Elle est le vestige d'un cône bouclier de la fin de la dernière ère interglaciaire et constitue une partie de la caldeira. Plus des trois-quarts du cône consistent aujourd'hui en une série circulaire de pics submergés à l'est de l'île Beaufort. Avec l'île, ces pics bloquent la dérive essentiellement vers l'ouest de la banquise et forcent les icebergs à s'y échouer, ce qui permet à son tour à la banquise dérivante de s'établir dans cette zone. C'est sur cette banquise que les manchots se reproduisent. L'emplacement de la colonie en phase de reproduction varie selon la distribution de la banquise côtière, raison pour laquelle la ligne de démarcation de la zone protégée a été prolongée pour tenir compte de l'emplacement de la colonie à toute saison donnée.
La géologie de l'île est typique d'un complexe basaltique érodé d'origine sous-aérienne, avec la présence de coulées de lave, de brèches d'explosion ainsi que de tufs volcaniques. De nombreuses roches volcaniques ont été circonscrites par une série de filons basaltiques tardifs et il y a des traces de tufs issus de pluies de cendres en couches et de coulées de projections agglomérées en provenance de cônelets de lave et de scorie secondaires au niveau local. L'île, qui est longue d'environ 7 km et large de 3,2 km, monte jusqu'à son point le plus élevé de 771 m au pic Paton. Son côté ouest et nord-ouest est surtout un champ de glace avec des falaises de glace le long du bord nord-ouest d'environ 20 m sur la côte tandis que les côtés est et sud de l'île sont en grande partie libres de glace, avec des falaises inaccessibles quasiment verticales en provenance directe de la mer. Sur la rive sud-ouest se trouve la plage Cadwalader qui comprend une pointe rocheuse et une flèche cuspidée et, à l'arrière, des falaises basaltiques abruptes et plusieurs cônes d'éboulis. Une série de crêtes de plage, généralement occupées par des manchots Adélie en phase de reproduction, ont retenu des eaux de fonte formant des lagunes et marquent au fil du temps la croissance de l'estran entre le rivage et les falaises et un soulèvement isostatique. Une série de rivages surélevés est présente à l'extrémité nord de l'île, avec à certains endroits des traces (pennes et guano) d'une occupation ancienne et apparemment importante de manchots remontant à 45 000 années. Des plates-formes (abrasion) infratidales et d'énormes rochers ont été localisés sous les falaises du sud fortement érodées. Les falaises orientales descendent directement dans la mer. L'île Beaufort est relativement inaccessible par la mer, sauf sur les rives sud et nord, en raison de la nature abrupte des falaises de l'île ainsi que des pics submergés et des icebergs échoués. La navigation offre donc à l'île de vastes possibilités.
Compte tenu de l'isolement de l'île Beaufort et des niveaux actuellement bas des activités de navigation dans la région, des bornes et des panneaux n'ont pas été installés pour délimiter la zone. La nécessité de le faire devrait être réévaluée à chaque réexamen du plan de gestion.
Il y a une grande colonie de manchots Adélie et une sous-colonie de formation récente sur l'île Beaufort. La première qui compte 48 276 couples nicheurs (2006-07) occupe la zone plane de la plage Cadwalader (cartes A et C). Le nombre de manchots Adélie qui se reproduisent sur l'île Beaufort a culminé à 53 733 couples en 1986. Depuis, la population est passée de 23 512 couples nicheurs (en 1998) à 48 276 en 1995, un sous-colonie s'est installée à l'extrémité occidentale de la plage libre de glace de la côte nord (76° 55' S, 166° 52' E), qui comprend 2 couples avec 3 petits et environ 10 à 15 non-reproducteurs. Durant la saison de reproduction 2005-2006, il y avait 525 couples nicheurs et, durant la saison 2008-2009, 677 couples. Depuis 1996, des scientifiques des programmes des Etats-Unis d'Amérique et de la Nouvelle-Zélande ont bagué un échantillon de 400 petits manchots Adélie sur le point de prendre leur envol dans la zone de la plage Cadwalader. Une petite centaine de manchots adultes, qui ont survécu à leurs années juvéniles, résident aujourd'hui dans la colonie. Des manchots bagués au cap Royds, au cap Bird et au cap Crozier ont été aperçus en particulier dans cette sous-colonie sur la plage nord. Il n'y a pas très longtemps, l'île Beaufort fournissait de nombreux émigrants aux colonies de l'île de Ross mais, avec le recul des champs de glace et la disponibilité d'espace de nidation, tel n'est plus le cas. Au-dessus de la plage, une terrasse de moraine de glace surélevée (5 à 20 m d'altitude, d'une largeur allant de 2 à 3 mètres sur la majorité de la longueur mais s'élargissant sur une distance de 50 mètres à l'extrémité est) s'étend sur 550 m avant de suivre une inclinaison plus raide vers les falaises basaltiques instables subsistant autour de toute la partie est de l'île. Au moins trois dépôts subfossiles de colonies de manchots ont été identifiés dans la terrasse de moraine, chaque couche séparée verticalement par environ 50 à 100 cm de gravillons et de sable, indiquant que cette partie de l'île a été occupée par une importante colonie de manchots en phase de reproduction.
Des labbes antarctiques (environ 150 couples sans qu'on le sache avec précision) nichent sur le talus abrupt s'accumulant en dessous des falaises qui s'élèvent derrière la colonie de manchots Adélie à la plage Cadwalader. Une autre population d'environ 50 couples de labbes (recensement de 1995) se reproduit sur la terrasse et sur les pentes libres de glace des falaises. La proportion des reproducteurs par rapport aux non-reproducteurs au sein de cette population est inconnue, mais environ 25 et 50 petits ont été dénombrés respectivement en janvier 1995 et janvier 1997. Plusieurs pétrels des neiges ont également été aperçus dans les falaises au-dessus de la colonie de manchots Adélie à la plage Cadwalader.
Sur la banquise qui s'étend des côtes nord et est de l'île Beaufort, on peut voir chaque année entre les mois d'avril et de janvier environ une petite colonie de manchots empereurs (le nombre de petits vivants entre 1962 et 2005 allait de 131 à 2 038 ; une photo aérienne du nombre d'adultes a fait état de la présence de 1 312 en 2006). Le nombre des petits représente au minimum celui des couples nicheurs. La taille de la colonie est limitée par l'état et l'étendue de la banquise, qui influent sur la disponibilité des sites de reproduction dans les recoins des pentes septentrionales de l'île Beaufort. L'emplacement exact de la colonie varie d'une année à l'autre et la colonie se déplace pendant la saison de reproduction mais l'aire générale d'occupation se trouve sur la banquise au pied des falaises au large de l'extrémité nord-est de l'île (Cartes A et B). Un coefficient de variation plus élevé du nombre des petits trouvés dans cette petite colonie semble indiquer qu'ils occupent un habitat marginal et qu'ils peuvent être sensibles aux changements de l'environnement.
La terrasse de moraine libre de glace située au-dessus de la plage à l'extrémité nord de l'île (Cartes A et B) abrite la croissance de végétation. Rares sont les plantes qui peuvent pousser dans l'épais guano qui couvre la plage Cadwalader, toutes les autres zones de l'île étant soit des falaises soit des zones couvertes de glace. Une aire de végétation large de 50 m et située de 5 à 7 m au-dessus de la plage du côté nord de l'île, a été décrite sur la base de visites de sites effectuées en janvier 1995 et 1997 ; elle consiste en une vaste (environ 2,5 ha) superficie continue d'une seule espèce de mousse Bryum argenteum. On trouve par ailleurs une deuxième espèce, Hennediella heimii, parmi B.argenteum. La communauté de mousse est connue pour abriter d'importantes populations d'acariens (Acari) et de collemboles (Collembola). Bien qu'une étude détaillée d'invertébrés n'ait pas été faite, on sait que Gomphiocephalus hodgsoni (Collembola) et Stereotydeus mollis (Acari) se trouvent en abondance dans les échantillons de mousse prélevés sur l'île Beaufort. Une récente analyse génétique de ces populations a découvert des haplotypes génétiques d'ADN mitochondrien sur cette île qui ne se trouvent pas dans d'autres populations d'invertébrés dans la région de la mer de Ross.
Il y a également en cet endroit une communauté variée d'algues, également prolifique sur le plateau de la rive sud et, bien qu'aucune étude détaillée n'ait encore été entreprise, plusieurs espèces d'algues ont été découvertes dont les algues des neiges rouges Chlamydomonas sp., Chloromonas sp. et Chlamydomonas nivales, représentant un des endroits les plus au sud où de telles algues ont été aperçues, Prasiola crispa étant particulièrement en abondance sur la plage nord. Un certain nombre de chlorophytes et de xanthophytes unicellulaires (y compris les espèces Botrydiopsis et Pseudococcomyxa) et de cyanobactéries (notamment Scillatorian) ont été observés mélangés à P. crispa. Les algues des neiges vertes, reconnaissables à leur bande de couleur aux niveaux inférieurs des congères sur la plage et en dessous des falaises de glace, contenaient un mélange des espèces Chloromonas et de Klebsormidium.
ii) Aires restreintes à l'intérieur de la zone
Aucune
iii) Structures à l'intérieur et à proximité de la zone
La seule structure dont la présence est connue sur l'île est un panneau indicateur placé sur un rocher bien en vue dans la colonie de manchots Adélie installée sur la plage Cadwalader (Cartes A et C). Mis en place en 1959-1960, ce panneau porte les noms des villes natales des matelots et du capitaine du HMNZS Endeavour. Le panneau est fixé dans du ciment et il était en bon état en novembre 2008. Il a une valeur historique potentielle et doit rester in situ à moins que son enlèvement ne repose sur des motifs indiscutables qui devront être soumis à examen.
Une station de recherches astronomiques est indiquée répertoriée sur une carte de l'île élaborée en 1960 mais on ignore s'il existe une borne permanente qui y serait associée. La station se trouve, selon le relevé, à l'extrémité méridionale de la principale ligne de crête de l'île à une altitude de 549 m (Carte C).
iv) Emplacement d'autres zones protégées
à proximité directe de la zone
La zone protégée la plus proche de l'île Beaufort est la vallée New College, plage Caughley, cap Bird (ZSPA n° 116), située à 35 km au sud du cap Bird, île de Ross. Le cap Royds et la baie Backdoor (ZSPA n°s 121 et 157) se trouvent 35 km plus au sud sur l'île de Ross. Le cap Crozier (ZSPA n° 124) se trouve lui à environ 40 km à l'est (voir l'encart : Carte A).
7. Critères de délivrance d'un permis
L'accès à la zone est interdit sauf avec un permis délivré par les autorités nationales compétentes. Les critères de délivrance d'un permis pour entrer dans la zone sont les suivants :
― un permis est délivré uniquement à des fins de gestion indispensables ou pour des raisons scientifiques impérieuses qu'il n'est pas possible de justifier ;
― les actions autorisées ne mettront pas en péril les valeurs scientifiques ou écologiques de la zone ;
― toutes les activités de gestion sont à l'appui des buts du plan de gestion ;
― les actions autorisées sont conformes au plan de gestion ;
― le permis ou une copie certifiée conforme sera apportée dans la zone ;
― un rapport de visite devra être soumis à l'autorité nommée dans le permis ;
― les permis seront délivrés pour une durée donnée.
i) Accès à la zone et déplacements
à l'intérieur de la zone
L'utilisation de véhicules terrestres est interdite dans la zone et l'accès se fera en embarcation ou aéronef. Les aéronefs devront atterrir sur l'île, uniquement à l'endroit désigné (latitude est 166° 52' 31« et longitude sud 76° 55' 49 », Cartes A et B), sur le vaste front de glace plat à l'extrémité nord de l'île. Si, au moment de la visite, des conditions neigeuses sur le site d'atterrissage désigné devaient empêcher un atterrissage en toute sécurité de l'avion, un autre site d'atterrissage adéquat, du milieu à la fin de la saison, peut être utilisé au site de campement nord désigné, à l'extrémité ouest de la plage septentrionale de l'île Beaufort. Il est préférable que les aéronefs en provenance et à destination du site d'atterrissage de décollage désigné passent par le sud ou l'ouest (Carte A). Lorsqu'il est jugé nécessaire d'utiliser le site alternatif, au campement de la plage du nord, des considérations d'ordre pratique pourront dicter une approche par le nord. Dans ce cas là, l'avion devra éviter de survoler la zone à l'est du site indiqué sur les cartes A et B. L'utilisation de grenades fumigènes est interdite dans la zone à l'atterrissage, sauf en cas d'absolue nécessité pour des raisons de sécurité, et toutes les grenades devront être récupérées. Il n'y a pas de restrictions spéciales concernant l'accès à l'île au moyen d'une petite embarcation. Il est strictement interdit aux pilotes, à l'équipage des embarcations et des aéronefs ou à toute autre personne à bord, de se déplacer à pied au-delà des alentours immédiats du site de débarquement sauf avis contraire stipulé dans le permis.
Le survol des aires de reproduction des oiseaux à une altitude inférieure à 750 m est normalement interdit. Les aires auxquelles s'appliquent ces restrictions sont indiquées sur les cartes A et B, En cas de nécessité à des fins scientifiques ou de gestion essentielles (comme par exemple la photographie aérienne pour évaluer la taille d'une colonie, le survol occasionnel à une altitude minimum de 300 m pourra être envisagé au-dessus de ces aires pour autant qu'il soit spécifiquement autorisé par le permis.
Les visiteurs devront éviter de perturber inutilement les oiseaux et de piétiner la végétation visible. Les déplacements à pied devront être limités au minimum en conformité avec les objectifs de toute activité autorisée et tout devra être fait pour en réduire au minimum les effets.
ii) Activités qui sont ou peuvent être menées dans la zone,
y compris les restrictions à la durée et à l'endroit
― recherches scientifiques qui ne porteront pas atteinte à l'écosystème de la zone et qui ne peuvent pas être effectuées ailleurs ;
― activités de gestion essentielles, y compris la surveillance ;
iii) Installation, modification ou enlèvement de structures
Aucun matériel scientifique et aucune structure ne doivent être érigés dans la zone à moins que le permis ne l'autorise. Tous les équipements scientifiques, bornes ou structures installés dans la zone doivent être approuvés par un permis et identifier clairement le pays, le nom du principal chercheur et l'année de l'installation. Tous ces articles doivent être faits de matériaux qui posent un risque minimum de pollution de la zone. L'enlèvement d'un équipement spécifique pour lequel le permis est arrivé à expiration sera un des critères de délivrance du permis.
iv) Emplacement des camps
Le campement n'est autorisé qu'en deux sites (Cartes A et C). Le site nord est situé sur l'aire plate au nord du site de débarquement désigné, en un endroit plus abrité à l'extrémité nord-ouest de la plage, à 200 m de l'endroit où plusieurs couples de manchots Adélie et de labbes niches (lorsqu'ils sont présents). Le deuxième site se trouve à 100 m du bord nord de la grande colonie de manchots Adélie à la plage Cadwalader.
v) Restrictions sur les matériaux et organismes
pouvant être introduits dans la zone
L'introduction délibérée d'animaux vivants, de matériel végétal ou de micro-organismes est interdite et les précautions énumérées à l'alinéa ix) de la section 7 seront prises pour éviter les introductions accidentelles. Aucun herbicide ou pesticide ne doit être introduit dans la zone. Tout autre produit chimique y compris les radionucléides ou isotopes stables, susceptibles d'être introduits à des fins scientifiques ou de gestion en vertu du permis, seront retirés de la zone au plus tard dès que prendront fin les activités pour lesquelles le permis a été délivré. Aucun combustible ne sera entreposé dans la zone sauf si cela s'avère nécessaire à des fins essentielles liées aux activités pour lesquelles le permis a été délivré. Tous les matériaux seront introduits dans la zone pour une période déterminée et ils en seront enlevés au plus tard à la fin de cette période, puis ils seront manipulés et entreposés de manière à minimiser le risque de leur introduction dans l'environnement.
vi) Prélèvement de végétaux et capture d'animaux
ou perturbations nuisibles à la faune et la flore
Toute capture ou perturbation nuisible à la faune et la flore indigènes est interdite sauf avec un permis délivré en vertu de l'article 3 de l'annexe II par l'autorité nationale compétente. Dans le cas d'un prélèvement ou d'une perturbation nuisible, le SCAR Code of Conduct for the Use of Animals for Scientific Purposes in Artarctica (Code de conduite du SCAR pour l'utilisation d'animaux à des fins scientifiques dans l'Antarctique) devra être utilisé comme norme minimale.
vii) Ramassage ou enlèvement de toute chose qui n'a pas
été apportée dans la zone par le détenteur du permis
Le ramassage et l'enlèvement de tout élément présent dans la zone peuvent être autorisés par le permis, mais doivent se limiter au minimum requis pour les activités menées à des fins scientifiques ou de gestion. Tout matériau d'origine humaine qui est susceptible de porter atteinte aux valeurs de la zone et qui n'a pas été introduit par le détenteur du permis ou toute autre personne autorisée, peut être enlevé dans la mesure ou cet enlèvement n'a pas un impact plus marqué que si on le laissait in situ. Dans ce cas, l'autorité nationale appropriée devra en être informée.
viii) Elimination des déchets
Tous les déchets, y compris les déchets humains, seront enlevés de la zone.
ix) Mesures nécessaires pour faire en sorte que les buts
et objectifs du plan de gestion continuent à être atteints
1. Des permis peuvent être délivrés pour entrer dans la zone afin de mener des activités de suivi biologique et d'inspection du site pouvant impliquer le prélèvement de petits échantillons à des fins d'analyse ou de révision, ou à des fins de protection.
2. Tous les sites spécifiques dont le suivi sera de longue durée seront correctement balisés.
3. Les visiteurs devront prendre des précautions spéciales contre toute introduction afin d'aider a préserver les valeurs scientifiques et écologiques représentées par l'isolement du site et le niveau historiquement faible de la présence humaine sur l'île. Il conviendra en particulier de ne pas introduire de plantes et de microbes issus des sols d'autres sites antarctiques, y compris de stations, ou provenant d'autres régions extérieures à l'Antarctique. Pour minimiser les risques d'introduction, les visiteurs devront prendre les mesures suivantes :
a) Tous les matériels d'échantillonnage ou bornes introduits dans la zone seront stérilisés et, dans toute la mesure du possible, conservés stériles avant d'être utilisés dans la zone. Dans toute la mesure du possible, les chaussures et autres matériels utilisés ou introduits dans la zone (y compris les sacs à dos, les mallettes, les piquets de tente, les toiles et tout autre matériel de campement) seront nettoyés ou stérilisés à fond et maintenus dans cet état avant d'entrer dans la zone ;
b) La stérilisation devra se faire avec une méthode acceptable comme la lumière UV, l'autoclave ou le nettoyage des surfaces exposées dans une solution d'éthanol de 70 % dans l'eau.
x) Rapports de visite
Les Parties doivent s'assurer que le détenteur principal de chaque permis délivré soumet aux autorités compétentes un rapport décrivant les activités menées dans la zone. Ces rapports doivent inclure, s'il y a lieu les renseignements identifiés dans le formulaire du rapport de visite suggéré par le SCAR. Les Parties doivent conserver une archive de ces activités et, lors de l'échange annuel d'informations, fournir une description synoptique des activités menées par les personnes relevant de leur juridiction, avec suffisamment de détails pour permettre une évaluation de l'efficacité du plan de gestion. Les Parties doivent, dans la mesure du possible, déposer les originaux ou les copies de ces rapports dans une archive à laquelle le public pourra avoir accès et ce afin de conserver une archive d'usage qui sera utilisée, dans l'examen du plan de gestion et dans l'organisation de l'utilisation scientifique de la zone.
Bibliographie
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Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 199 du 28/08/2011 texte numéro 4
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