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Article AUTONOME (Décret n° 2011-105 du 26 janvier 2011 portant publication de la Mesure 4 (2009), zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 113, île Litchfield, port Arthur, île Anvers, archipel Palmer ― Plan de gestion révisé (ensemble une annexe), adoptée à Baltimore le 17 avril 2009 (1))

Article AUTONOME (Décret n° 2011-105 du 26 janvier 2011 portant publication de la Mesure 4 (2009), zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 113, île Litchfield, port Arthur, île Anvers, archipel Palmer ― Plan de gestion révisé (ensemble une annexe), adoptée à Baltimore le 17 avril 2009 (1))


M E S U R E 4 (2009)

ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N° 113, ÎLE LITCHFIELD, PORT ARTHUR, ÎLE ANVERS, ARCHIPEL PALMER (ENSEMBLE UNE ANNEXE) PLAN DE GESTION RÉVISÉ
Les représentants,
Rappelant les articles 3, 5 et 6 de l'annexe V du Protocole au Traité sur l'Antarctique qui prévoient la désignation de zones spécialement protégées de l'Antarctique ( ZSPA ) et l'approbation de plans de gestion pour ces zones ;
Rappelant :
― la recommandation VIII-1 (1975), qui désignait l'île Litchfield, port Arthur, archipel Palmer comme zone spécialement protégée ( ZSP ) n° 17 et comprenait en annexe une carte du site,
― la décision 1 (2002), qui rebaptisait et renumérotait la ZSP n° 17 comme zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 113,
― la mesure 2 (2004), qui adoptait un plan de gestion pour la ZSPA n° 113 ;
Notant que le Comité pour la protection de l'environnement a approuvé un plan de gestion révisé pour la ZSPA n° 113 ;
Notant la mesure 2 (2009), traitant de la ZGSA n° 7 (île Southwest Anvers et bassin Palmer), dans laquelle se trouve la ZSPA n° 113 ;
Désireux de remplacer le plan de gestion existant pour la ZSPA n° 113 par le plan de gestion révisé,
recommandent pour approbation à leurs gouvernements la mesure ci-après conformément au paragraphe 1 de l'article 6 de l'annexe V du Protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement, à savoir que :
1. Le plan de gestion révisé pour la zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 113 (île Litchfield, port Arthur, île Anvers, archipel Palmer), qui figure en annexe à la présente mesure, soit approuvé ;
2. Le plan de gestion pour la ZSPA n° 113 qui figure en annexe à la mesure 2 (2004) cesse d'être en vigueur ;
3. La recommandation VIII-1 (1975) : île Litchfield, port Arthur, archipel Palmer, cesse d'être en vigueur.

A N N E X E
PLAN DE GESTION POUR LA ZONE SPÉCIALEMENT
PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N 113
ÎLE LITCHFIELD, PORT ARTHUR,
ÎLE ANVERS, ARCHIPEL PALMER
Introduction

L'île Litchfield se trouve dans la région de port Arthur, île SW Anvers, au 6446' S, 6406' O. Sa superficie est d'environ 2,7 km². Si elle a été désignée comme une ZSPA, c'est parce que, avec son littoral, elle possède une collection inhabituellement grande de ressources marines et terrestres, qu'elle est de toutes les îles avoisinantes unique en son genre comme lieu de reproduction pour six espèces d'oiseaux indigènes et qu'elle constitue un exemple exceptionnel du système écologique naturel de la région de la péninsule Antarctique. En outre, l'île Litchfield possède d'abondantes aires de végétation tout en offrant la topographie la plus variée et la plus grande diversité d'habitats terrestres des îles dans port Arthur. Sa désignation a été proposée par les Etats-Unis d'Amérique. Elle a été adoptée par la recommandation VIII-1 (1975, ZSP n° 17), puis rebaptisée et renumérotée par la décision 1 (2002). Son plan de gestion initial a été adopté par la mesure 2 (2004).

1. Description des valeurs à protéger

L'île Litchfield (latitude sud 6446', longitude ouest 6406', 2,7 km²), port Arthur, île Anvers, péninsule antarctique, avait, sur proposition des Etats-Unis d'Amérique, initialement été désignée en tant que zone spécialement protégée de l'Antarctique en vertu de la recommandation VIII-1 (ZSP n° 17, 1975). Si ce site a bénéficié de cette désignation, c'est parce que l'île Litchfield, y compris son littoral, abritait une faune et une flore terrestres et marines très importantes, qu'elle représentait un site de reproduction unique parmi les îles voisines pour six espèces aviaires de l'endroit et qu'elle constituait un exemple remarquable de l'écosystème naturel de la péninsule antarctique .
Le plan de gestion actuel réaffirme les raisons initiales de la désignation liée à la présence de communautés aviaires. En effet, l'île abrite une mosaïque d'espèces aviaires très variées qui est représentative de la région centre-ouest de la péninsule antarctique. Le nombre d'espèces qui a été observé en phase de reproduction sur l'île Litchfield est actuellement de six après la récente extinction locale des manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) sur l'île. La baisse de population a été attribuée à l'impact négatif de la forte accumulation de neige et à la diminution de l'étendue de glace de mer sur la disponibilité d'aliments et la survie des jeunes (McClintock et al. 2008). Continuent de se reproduire sur l'île le pétrel géant (Macronectes giganteus), l'océanite de Wilson (Oceanites oceanicus), le goéland dominicain (Larus dominicanus), le labbe antarctique (Catharacta maccormicki), le labbe brun (Catharacta loennbergi) et la sterne antarctique (Sterna vittata). Le fait que ces colonies d'oiseaux aient été relativement peu perturbées par les activités humaines constitue une valeur importante de la zone.
En 1964, l'île Litchfield renfermait l'une des couches de mousse connues les plus importantes de la région de la péninsule antarctique, dominée par Warnstorfia laculosa qui était alors considérée à sa limite méridionale (Corner, 1964a). En effet, W. laculosa a été observée à certains autres endroits plus au sud, y compris sur l'île Green (ZSPA n° 108, îles Berthelot) et l'île Avian (ZSPA n° 118, baie Marguerite). En conséquence, le fait initial consistant à affirmer que cette espèce est située à sa limite la plus méridionale sur l'île Litchfield n'est plus exact. Toutefois, l'île Litchfield représentait à l'époque un des exemples les plus représentatifs de la végétation maritime antarctique au large de la côte occidentale de la terre Graham. En outre, plusieurs bancs de Chorisodontium aciphyllum et de Polytrichum strictum répartis sur une profondeur allant jusqu'à 1,2 mètre ont été décrits en 1982 et étaient alors considérés comme les exemples les plus représentatifs de leur type dans la région de la péninsule antarctique (Fenton et Smith, 1982). En février 2001, il a été observé que ces valeurs avaient lourdement souffert de l'impact des otaries à fourrure (Arctocephalus gazella) qui ont endommagé et détruit d'importantes zones de végétation sur les pentes inférieures les plus accessibles de l'île, et ce par piétinement et par enrichissement en matière organique.
Certains endroits, qui étaient auparavant recouverts d'épaisses couches de mousse, ont été complètement détruits alors que d'autres ont subi des dégâts moyens, voire graves. Alors que les pentes de Deschampsia antarctica sont plus résistantes et ont supporté la présence des otaries à fourrure, même en grand nombre, des signes de dégâts importants sont évidents. Cependant, aux endroits les plus escarpés et les plus élevés de l'île, ainsi que dans des zones qui sont inaccessibles aux otaries, la végétation est restée intacte. En outre, des observations semblent indiquer qu'une récente diminution du nombre des otaries à fourrure de l'Antarctique a conduit à une récupération de la végétation qui avait été endommagée sur l'île Litchfield (Fraser, communication personnelle, 2009). Bien que la végétation soit moins importante et que certaines des couches de mousse aient été affectées, la végétation restante conserve une valeur certaine et justifie pleinement la protection spéciale de l'île. L'île Litchfield se caractérise par sa topographie la plus variée ainsi que par la plus grande diversité d'habitats terrestres de toutes les îles de port Arthur.
La péninsule Antarctique connaît à l'heure actuelle un degré de réchauffement régional supérieur à tout autre réchauffement observé sur la planète. En réponse à ce réchauffement climatique, l'écosystème marin qui entoure l'île Litchfield est soumis à des changements considérables et rapides qui comprennent une baisse des populations de manchots Adélie et d'otaries à fourrure de l'Antarctique ainsi qu'à des changements dans les modes de végétation. Comme tel, le maintien de l'état relativement intact de l'île se prête bien éventuellement à des études à long terme de cet écosystème.
L'île Litchfield a bénéficié d'une protection spéciale quasiment depuis qu'ont commencé à l'ère moderne des activités scientifiques dans la région, les autorisations d'accès ayant été uniquement délivrées pour répondre à des buts scientifiques indispensables. Par conséquent, aucune visite, recherche ou activité d'échantillonnage à grande échelle n'y a jamais été organisée et sa valeur en tant que zone terrestre protégée a été relativement peu perturbée par des activités humaines. La zone conserve donc toute sa valeur comme site de référence pour plusieurs types d'études comparatives, certaines zones étant utilisées plus intensément, et les changements à long terme, concernant les populations de certaines espèces et le microclimat, peuvent y être observés. L'accès à l'île est facile en petite embarcation à partir de la station Palmer (Etats-Unis d'Amérique) toute proche, et port Arthur est visité fréquemment par des navires de tourisme. Une protection spéciale continue est dès lors indispensable pour garantir que la zone soit perturbée le moins possible par les activités humaines.
La zone désignée englobe la totalité de l'île Litchfield au-dessus du niveau de la mer à marée basse, à l'exception des îlots et des rochers en mer.

2. Buts et objectifs

La gestion de l'île Litchfield vise à :
― éviter toute détérioration ou tout risque de détérioration des valeurs de la zone en empêchant tout échantillonnage et toute perturbation inutile de ladite zone ;
― permettre des recherches scientifiques sur l'écosystème naturel et l'environnement physique de la zone, pour autant que ces recherches soient indispensables et ne puissent être menées ailleurs, et qu'elles ne portent pas atteinte aux valeurs pour lesquelles la zone est protégée ;
― minimiser les risques d'introduction de plantes, d'animaux ou de microbes exotiques dans la zone ;
― permettre à l'appui des buts et objectifs du plan de gestion des visites à des fins de gestion.

3. Activités de gestion

Les activités de gestion suivantes devront être entreprises pour protéger les valeurs de la zone :
― des copies de ce plan de gestion, y compris des cartes de la zone, seront mises à la disposition de la station Palmer sur l'île Anvers ;
― les dispositifs de bornage, les panneaux et autres structures mis en place dans la zone à des fins scientifiques ou de gestion devront être solidement fixés et soigneusement entretenus ;
― des visites seront organisées en fonction des besoins (au moins une fois tous les cinq ans) afin de déterminer si la zone répond toujours aux objectifs pour lesquels elle a été désignée et de s'assurer que les mesures de gestion et d'entretien sont adéquates.

4. Durée de la désignation

La zone est désignée pour une période indéterminée.

5. Cartes et photographies

Carte 1. ― Ile Litchfield ZSPA n° 113. Cette carte indique l'emplacement de l'île par rapport à l'île Anvers, ainsi que l'endroit où sont situées les stations avoisinantes (la station Palmer, Etats-Unis d'Amérique ; la station Yelcho, Chili, ainsi que le site et monument historique de Port Lockroy, Royaume-Uni), les limites de la zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 7, île Anvers et bassin Palmer, et l'emplacement des zones protégées environnantes.
Projection : conique conforme de Lambert ;
Méridien central : 6406' O ;
Parallèles standard : 6445' S, 6500'S ;
Datum et sphéroïde : WGS84 ;
Intervalle des contours : terre ― 250 mètres ; mer ― 200 mètres.
Source de données :
― base de données numériques antarctiques du SCAR V4 (2005) ; bathymétrie du bassin Palmer Domack et al. (2006), autre bathymétrie GEBCO (2003).
Encart : emplacement de l'île Anvers et de l'archipel Palmer par rapport à la péninsule antarctique.
Carte 2. ― Ile Litchfield ZSPA n° 113 : particularités physiques et quelques animaux. Spécifications de la carte : projection : conique conforme de Lambert, méridien central : 6406' O ;
Parallèles standard : 6446' S, 6448' S ;
Datum : USGS LIT1 (1999) ;
Sphéroïde : WGS84 ;
Intervalle des contours : terre ― 5 mètres ; mer ― 20 mètres ;
Littoral, topographie et colonie de manchots dérivés de l'orthophotographie USGS avec une précision verticale et horizontale d'environ 2 mètres (Sanchez et Fraser, 2001) ;
Bathymétrie dérivée d'Asper et Gallagher, étude PRIMO (2004) ; données sur les oiseaux, W. Fraser (2001-2009) Le littoral nord-est se trouve au-delà des limites de l'orthophotographie et il est numérisé à partir d'une image aérienne rectifiée couvrant une zone plus large (précision estimée à 10 mètres ― référence de l'image : TMA3210 025V, 23 décembre 1998).

6. Description de la zone
i) Coordonnées géographiques, bornage
et caractéristiques du milieu naturel
Description générale

L'île Litchfield (latitude sud 6446'15'', longitude ouest 64°05''40', 0,35 km²) est située à port Arthur, à environ 1 500 mètres à l'ouest de la station Palmer (Etats-Unis d'Amérique), pointe Gamage, île Anvers, dans la région occidentale de la péninsule antarctique connue sous le nom d'archipel Palmer (carte 1). L'île Litchfield est une des îles les plus grandes de port Arthur, s'étendant sur environ 1 000 mètres dans le sens nord-ouest sud-est et sur 700 mètres dans le sens nord-est sud-ouest. L'île Litchfield présente la topographie la plus variée et les habitats terrestres les plus divers des îles de port Arthur (Bonner et Lewis Smith, 1985). Plusieurs collines s'élèvent à une altitude située entre 30 et 40 mètres, le sommet de 48 mètres se trouvant dans la partie centre occidentale de l'île (carte 2). Des affleurements rocheux sont assez nombreux, à la fois sur ces pentes et sur la côte. L'île est dans sa majeure partie libre de glace en été, à l'exception des petites concentrations de neige que l'on retrouve principalement sur les versants méridionaux et les vallées. Des falaises d'une hauteur pouvant atteindre 10 mètres constituent les côtes du nord-est et du sud-est, et les baies au nord et au sud abritent des plages de galets.
La zone désignée englobe la totalité de l'île Litchfield au-dessus du niveau de la mer à marée basse, à l'exception des îlots et des rochers en mer. La côte est en soi une ligne de démarcation clairement définie et visible de sorte qu'aucun dispositif de bornage n'a été installé. Plusieurs panneaux appelant l'attention sur le statut protégé de l'île ont été installés et sont bien en vue encore que leur état se détériore (Fraser, communication personnelle, 2009).

Climat

Peu de données sont disponibles concernant la météorologie sur l'île Litchfield. Toutefois, des données relatives aux températures ont été recueillies à deux endroits, l'un qui fait face au nord et l'autre qui fait face au sud entre le mois de janvier et de mars 1983 (Komárková, 1983). Le site qui fait face au nord s'est avéré être le plus chaud des deux, les températures de janvier, février et mars 1983 oscillant respectivement entre 2 et 9 °C, ― 2 et 6 °C et ― 2 et 4 °C. Une température maximale de 13 °C et minimale de ― 3 °C a été enregistrée sur ce site au cours de cette période. Le site qui fait face au sud a en général connu une température inférieure de 2 °C, les températures de janvier, février et mars 1983 oscillant respectivement entre 2 et 6 °C, ― 2 et 4 °C et ― 3 et 2 °C. Une température maximale de 9 °C et minimale de ― 4,2 °C a été enregistrée sur ce site au cours de cette période.
Les données qui sont disponibles sur le long terme pour la station Palmer indiquent des températures régionales relativement douces en raison des conditions océanographiques locales et de la persistance d'une couche de nuages fréquents dans la région de port Arthur (Lowry, 1975). Les moyennes mensuelles des températures de l'air enregistrées pendant la période 1974-2004 à la station Palmer font état d'une nette tendance au réchauffement mais aussi d'une variabilité interannuelle marquée (Figure 1). La température maximale enregistrée durant la période a été de 10,8 °C en décembre 2000 et la température minimale de ― 26 °C en août 1995. Des études antérieures ont identifié le mois d'août comme étant le mois le plus froid et le mois de janvier comme étant le mois le plus chaud) (Baker, 1996). Les orages et les précipitations sont fréquents à la station Palmer, les vents de faibles à modérés étant persistants et soufflant de secteur nord-est.


Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 23 du 28/01/2011 texte numéro 8


Figure 1. Température moyenne annuelle de l'air à la surface à la station Palmer, 1974-2004. Source des données : Palmer LTER ( http://pal.lternet.edu/data/study_catalog.php#weather) .