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Article AUTONOME (Décret n° 2011-79 du 20 janvier 2011 portant publication de la Mesure 9 (2009), zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 150 (île Ardley, baie Maxwell, île du Roi-George) ― Plan de gestion révisé ― (ensemble une annexe), adoptée à Baltimore le 17 avril 2009 (1))

Article AUTONOME (Décret n° 2011-79 du 20 janvier 2011 portant publication de la Mesure 9 (2009), zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 150 (île Ardley, baie Maxwell, île du Roi-George) ― Plan de gestion révisé ― (ensemble une annexe), adoptée à Baltimore le 17 avril 2009 (1))



M E S U R E 9 ( 2 0 0 9 )


ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N° 150 (ÎLE ARDLEY, BAIE MAXWELL, ÎLE DU ROI-GEORGE) (ENSEMBLE UNE ANNEXE) ― PLAN DE GESTION RÉVISÉ
Les représentants,
Rappelant les articles 3, 5 et 6 de l'annexe V du Protocole au Traité sur l'Antarctique qui prévoient la désignation de zones spécialement protégées de l'Antarctique (« ZSPA ») et l'approbation de plans de gestion pour ces zones,
Rappelant :
― la recommandation XVI-2 (1991), qui désignait l'île Ardley, baie Maxwell, île du Roi-George comme site présentant un intérêt scientifique particulier (« SISP ») n° 33 et comprenait en annexe un plan de gestion pour ce site,
― la mesure 3 (2001), qui prorogeait la date d'expiration du SISP n° 33 du 31 décembre 2001 au 31 décembre 2005,
― la décision 1 (2002), qui rebaptisait et renumérotait le SISP n° 33 comme zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 150,
― la mesure 4 (2005), qui prorogeait la date d'expiration de la ZSPA n° 150 jusqu'au 31 décembre 2010,
Notant que le Comité pour la protection de l'environnement a approuvé un plan de gestion révisé pour la ZSPA n° 150,
Désireux de remplacer le plan de gestion existant pour la ZSPA n° 150 par le plan de gestion révisé,
recommandent pour approbation à leurs gouvernements la mesure ci-après conformément au paragraphe 1 de l'article 6 de l'annexe V du Protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement, à savoir que :
1. le plan de gestion révisé pour la zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 150 (île Ardley, baie Maxwell, île du Roi-George), qui figure en annexe à la présente mesure, soit approuvé ;
2. le plan de gestion pour la ZSPA n° 150 qui figure en annexe à la recommandation XVI-2 (1991, qui n'est pas encore entré en vigueur), soit retiré.


A N N E X E
PLAN DE GESTION RÉVISÉ POUR LA ZONE SPÉCIALEMENT
PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N° 150
ÎLE ARDLEY, BAIE MAXWELL, ÎLE DU ROI-GEORGE
(ISLA 25 DE MAYO)
Introduction


L'île Ardley (6213' de latitude Sud ; 5854' de longitude Ouest) est située sur la côte sud-ouest de l'île du Roi-George (Isla 25 de Mayo), à quasiment 500 m à l'est de la péninsule Fildes, baie Maxwell (baie Fildes). Elle est longue d'environ 2 km et atteint 1,5 km de largeur dans sa section la plus grande ; elle est haute de quelque 50 m. Du point de vue géomorphologique, la zone comprend surtout des laves et des roches andésitiques-basaltiques tertiaires ainsi que quelques terrasses côtières élevées.
En été, il n'y a ni neige ni glace. Entre les mois de novembre et de février, on voit se former dans la partie sud-ouest de l'île un petit étang d'eau douce, produit de la fonte des glaces, large de près de 100 m.
Sur proposition du Chili, l'île Ardley a été désignée en vertu de la recommandation XVI-2 (1991) un site présentant un intérêt scientifique particulier (SISP n° 33) afin de protéger l'éventail des espèces d'oiseaux qui nichent sur l'île. Initialement, la zone a bénéficié d'une protection jusqu'en 2001. Cette année là, la protection a été prorogée jusqu'en 2005 en application de la mesure 3 (2001). Elle a ensuite été prorogée jusqu'en décembre 2010 en application de la mesure 4 (2005).
En 1991, le Chili a proposé au système du Traité sur l'Antarctique la protection de l'île Ardley, estimant en effet que ce site présente un intérêt biologique compte tenu de la diversité des oiseaux de mer qu'il est possible de trouver sur place, que ce soit en phase de reproduction (11 espèces) ou en mue. L'île possède de surcroît une des flores les plus vastes et les plus développées des îles Shetland du Sud, principalement ses pics, que dominent des macrolichens. Cette végétation étant sensible à l'intervention humaine, elle peut être facilement endommagée.
Les études faites dans l'île Ardley depuis les années 70 sur les trois colonies de manchots de l'Antarctique qui s'y reproduisent révèlent d'importantes variations saisonnières ainsi que la diminution des colonies de pétrels géants qui nichent dans l'île. De surcroît, ces dernières années, une plante vasculaire a commencé à coloniser l'île, ce qui a fait monter le nombre des espèces présentes dans la zone.
Dans le présent plan de gestion, on a modifié les lignes de démarcation de la zone désignée dans la recommandation XVI-2 (1991), enlevant une partie de la zone qui, à l'origine, avait été appelée « aire touristique », celle qui comprend la plage entre la pointe Faro (6212'34'' S ; 5855'34'' O) et le début de la pointe Braillard (6212'40'' S ; 5855'4'' O). Ce secteur a souvent été visité par des touristes et du personnel non scientifique de stations avoisinant l'île Ardley. Les visites touristiques sont exclusivement restreintes à cette zone, pour des groupes de vingt personnes maximum à la fois.
Il est nécessaire de maintenir la protection de la zone afin de pouvoir déterminer les effets que les pressions écologiques (anthropiques et naturelles) peuvent avoir sur la flore et la faune du site, étant donné qu'une partie des études faites révèle que les activités humaines contribuent vraisemblablement à la diminution des populations d'oiseaux dans l'île Ardley, d'une part, et de connaître les impacts que pourraient avoir sur l'écosystème et sur l'écologie des populations aux niveaux local et régional, la hausse des températures de l'air et de l'eau enregistrée dans la région de la péninsule Antarctique.


1. Description des valeurs à protéger


L'île a été désignée comme zone protégée en raison de la vaste gamme d'espèces aviennes qui s'y reproduisent, ce qui permet d'en étudier l'écologie ainsi que les facteurs qui influent sur ses populations.
L'île Ardley contient également une flore développée et exceptionnelle comme en atteste la présence de diverses espèces de lichens, de mousses et de plantes vasculaires. Les principales espèces de lichens qui habitent la zone appartiennent aux genres Himantormia et Usnea, qui dominent les hauteurs de l'île Ardley, et Placopsis, Xanthoria, Haematomma, Rinodina, Caloplaca et Buellia, dans les aires côtières. On estime que, aussi bien la flore que la flore, sont extrêmement sensibles aux perturbations humaines. La plante vasculaire Deschampsia antarctica a progressivement colonisé l'île à partir des années 90, principalement dans le secteur nord de l'île.
Ses plages reçoivent également la visite de phoques et d'otaries à fourrure qui viennent s'y reposer et y muer, les plus communs étant les phoques de Weddell (Leptonychotes weddellii). Ces dernières campagnes, les chercheurs chiliens ont signalé la présence de léopards des mers (Hydrurga leptonyx) qui attaqueraient les manchots dans la zone.


2. Buts et objectifs


Les buts du plan de gestion de la ZSPA n° 150 sont les suivants :
― protéger la communauté des oiseaux et de l'écosystème terrestre ;
― éviter la détérioration ou les risques de détérioration des valeurs de la zone en empêchant des perturbations humaines inutiles dans la zone ;
― permettre l'exécution de travaux de recherche scientifique sur les oiseaux de mer antarctiques, sur l'écosystème et l'environnement physique associés aux valeurs pour lesquelles la zone est protégée, avec le moins d'interférence possible ;
― permettre l'exécution d'autres travaux de recherche scientifique dans la zone à condition qu'ils ne portent pas atteinte aux valeurs qui rendent nécessaire sa protection ;
― réduire au minimum les possibilités d'introduction de plantes, d'animaux et de microbes exotiques dans la zone ;
― permettre les visites à des fins de gestion de même qu'à l'appui des buts et objectifs du plan de gestion.


3. Activités de gestion


Les activités de gestion ci-après seront entreprises pour protéger les valeurs de la zone :
Des copies de ce plan de gestion, y compris les cartes de la zone, seront disponibles aux endroits suivants :
1. Station Julio Escudero, péninsule Fildes, île du roi George (île 25 de Mayo) ;
2. Station Eduardo Frei, péninsule Fildes, île du roi George (île 25 de Mayo) ;
3. Station Bellingshausen, péninsule Fildes, île du roi George (île 25 de Mayo) ;
4. Station de la Grande Muraille, péninsule Fildes, île du roi George (île 25 de Mayo) ;
5. Station King Seyong, île du roi George (île 25 de Mayo) ;
6. Station Artigas, île du roi George (île 25 de Mayo) ;
7. Station Jubany, île du roi George (île 25 de Mayo).
Les membres du personnel qui seront affectés à l'île Ardley recevront une formation particulière à toutes les questions qui touchent à ce plan de gestion et aux mesures arrêtées dans le Protocole de Madrid.
Les pilotes des aéronefs qui volent à l'île du roi George (île 25 de Mayo) doivent avant de se rendre en Antarctique avoir sur eux une copie du plan de gestion pour être ainsi au courant des restrictions visant à protéger les valeurs de la zone.
Lorsque cela s'avère possible, les vêtements, les chaussures et le matériel doivent être propres et désinfectés pour éviter l'introduction de micro-organismes.
On permettra l'aménagement des dispositifs de signalisation (bornes, panneaux ou toutes autres structures d'information) dans des sites qui ne perturbent pas les valeurs protégées ou le bon déroulement des recherches, que ce soit à des fins scientifiques, de gestion ou de divulgation. Ces dispositifs devront être maintenus en bon état.
On permettra l'exécution de travaux de recherche scientifique afin d'étudier et de surveiller les impacts anthropiques et naturels qui risquent de porter atteinte aux valeurs protégées de la zone.
Des visites de la zone seront effectuées selon que de besoin pour déterminer si la zone continue de répondre aux fins pour lesquelles elle a été désigné et s'assurer que sa gestion et les mesures d'entretien sont adéquates.
L'entrée des véhicules quels qu'ils soient sera strictement interdite.
De nouvelles normes seront rédigées pour la gestion du tourisme sous la forme de lignes directrices pour les sites qui sont visités dans la zone du Traité sur l'Antarctique, pour la bordure nord de l'île qui n'est pas incluse dans les limites de la ZSPA et ce, afin de s'assurer que les visites effectuées s'y déroulent strictement en conformité avec la plan de gestion et de la préservation de ses valeurs, compte tenu du fait qu'elle est contiguë à la ZSPA n° 150.


4. Durée de la désignation


La zone est désignée pour une durée indéterminée.


5. Cartes et figures


Trois cartes sont jointes au présent plan de gestion sous la forme d'annexes :
Carte 1. ― Emplacement de l'île Ardley par rapport à l'île du roi George (île 25 de Mayo) et la péninsule Fildes.
Carte 2. ― Emplacement de l'île Ardley par rapport à la péninsule Fildes, île du roi George (île 25 de Mayo). On y trouve les stations présentes dans la région.
Carte 3. ― Île Ardley et la zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 150. On peut y voir les structures permanentes comme étant la voie démarquée (accès terrestre), sauf pour ceux munis d'un permis, ainsi que les points de débarquement. La zone protégée est indiquée par une ligne en pointillé.
Figure 1. ― Croquis avec la distribution des principaux oiseaux nicheurs sur l'île Ardley (Peter et al., 2008)
Figure 2. ― Croquis de la distribution et couverture des espèces végétales présentes sur l'île Ardley (Peter et al., 2008).


6. Description de la zone
i) Coordonnées géographiques, bornage
et caractéristiques du milieu naturel
Description générale


L'île Ardley (6213' de latitude Sud ; 5854' de longitude Ouest) se trouve à environ 2 km au sud-ouest de la station Bellinghausen (Fédération de Russie) et des stations Escudero et Frei (Chili) ainsi qu'à environ 2 km à l'est de la station de la Grande Muraille (Chine).
La zone comprend la majeure partie de l'île et est jointe à l'île du roi George (25 de Mayo) par un isthme, que couvre la mer à marée haute. La partie est de l'isthme, qui reste sèche à marée haute, est incluse dans la zone car elle fait partie de l'île Ardley. Par contre, la partie ouest se trouve à l'extérieur de la zone, la plage étant située en deçà de la laisse de 1 m dans la partie nord-est de l'île de la pointe Faro (6212'34'' S ; 5855'34'' O) jusqu'au début de la pointe Braillard (6212'40'' S ; 5855'4'' O)(Carte 3). Sous cette laisse, il y a une bande de terre large d'environ 5 m en moyenne où peuvent circuler librement les visiteurs qui ne sont pas assujettis aux critères d'autorisation d'entrée dans la ZSPA n° 150. La géographie de la zone limite la circulation piétonnière vers la zone protégée et permet également une protection appropriée des valeurs si le plan de gestion est appliqué.
Dans la partie ouest de l'île, de l'isthme qui la relie à l'île du roi George (25 de Mayo), on trouve un sentier large de 2 m qu'utilisent souvent les chercheurs qui travaillent dans la zone. Ce sentier ne fait pas l'objet d'un bornage spécial, indiqué qu'il est clairement à terre par son utilisation constante.
Sur le plan géologique, l'île se compose principalement de laves et de tufs andésitiques et basaltiques du tertiaire ainsi que de terrasses de plage surélevées. La topographie est simple, l'altitude la plus élevée atteignant 65 m.


Oiseaux reproducteurs


La communauté des oiseaux de mer se caractérise par sa variété et son intérêt biologique exceptionnel, notamment les colonies reproductrices de manchots papous. L'île Ardley représente également une des rares endroits où les trois espèces de manchots papous se reproduisent ensemble de manière sympatrique. En dehors des espèces de manchots, il y a également dans la zone des oiseaux comme les pétrels géants de l'Antarctique (Macronectes giganteus), les océanites de Wilson (Oceanites oceanicus), les sterne antarctiques (Sterna vittata) et les labbes brun (Catharacta antarctica lonnbergi) (Tableau 1). La figure 1 donne la distribution générale des principaux groupes d'oiseaux qui nichent sur l'île Ardley.
Le nombre de couples de manchots papous (Pygoscelis papua) qui se reproduisent s'est élevé à près de 5 000 ces dernières saisons, formant une des colonies les plus grandes recensées de cette espèce dans les îles Shetland du Sud et, vraisemblablement, dans l'Antarctique. À l'heure actuelle cependant, il n'y a qu'environ 300 couples reproducteurs de manchots Adélie (P. adeliae) et très peu de manchots à jugulaire (P. antarctica) (Tableau 2).


TABLEAU 1. ― Liste des espèces d'oiseaux nicheurs
à l'île Ardley



Nom commun
en français

Nom commun
en anglais

Espèce

Manchot Adélie

Adelie Penguin

Pygoscelis adeliae

Manchot à jugulaire

Chinstrap Penguin

Pygoscelis antarctica

Manchot papou

Gentoo Penguin

Pygoscelis papua

Labbe brun

Brown Skua

Catharacta antarctica lonnbergi

Labbe antarctique

South Polar Skua

Catharacta maccormicki

Pétrel géant

Southern Giant Petrel

Macronectes giganteus

Océanite de Wilson

Wilson's Storm Petrel

Oceanites oceanicus

Océanite à ventre noir

Blackbellied Storm Petrel

Fregetta tropica

Damier du Cap

Cape Petrel

Daption capense

Goéland dominicain

Kelp Gull

Larus dominicanus

Sterne antarctique

Antarctic Tern

Sterna vittata



TABLEAU 2. ― Populations reproductrices de manchots
sur l'île Ardley (1973-1974 à 2005-2006)




Couples nicheurs



Saison

à jugulaire

Adélie

Papou

1973/74¹

18

230

1850

1980/81²

244

1056

3809

1981/82³

141

1314

2580

1983/844

91

1074

1656

1984/855

110

1331

3105

1985/866

39

929

3522

1986/877

 

1160

3410

1994/95

45

1095

3772

1995/96

49

1226

2985

1996/97

72

923

2974

1997/98

33

1173

3146

1998/99

43

1192

3349

1999/00

34

974

3911

2000/01

26

880

4472

2001/02

22

780

4444

2002/03

35

771

5131

2003/04

29

559

4957

2004/05

13

409

4798

2005/06

9

334

4635

Données obtenues par le projet INACH « Ecologia de tres especies de pingüinos », dirigé par J. Valencia, sauf : 1 et 4 : Yanez et al. (1984). 2 : Trivelpiece et al. (1987). 2, 5 et 7 : Woehler (1993) (uniquement P. papua). 3 : Bannasch et al. (1983) ; 5 : Peter et al. (1998 et 2008) (uniquement P. antarctica), et 6 : Rauschert et al. (1987).