IV. - Evaluation de l'intérêt thérapeutique
L'efficacité antianémique de l'époétine thêta a été essentiellement établie en comparaison au placebo chez les patients cancéreux.
Chez les patients ayant une insuffisance rénale chronique, on dispose des résultats de deux études ayant comparé l'époétine thêta à un autre agent stimulant l'érythropoïétine, l'une chez 270 patients non encore dialysés (par voie IV), l'autre chez 288 patients hémodialysés (voie SC). Le comparateur actif était l'époétine bêta. Ces deux études (phase de traitement d'entretien) montrent que l'époétine thêta n'a pas été inférieure à l'époétine bêta en termes de contrôle du taux d'hémoglobine après 26 à 30 semaines de traitement chez des patients ayant une IRC et nécessitant ou non une dialyse.
Les données de tolérance chez 972 patients suggèrent que le profil de tolérance de l'époétine thêta n'est pas différent de celui attendu pour les autres époétines dans les indications validées par l'AMM. Les effets indésirables les plus fréquents ont été une augmentation de la pression artérielle, des symptômes de type grippal et des céphalées.
D'après les données de deux études randomisées contre placebo faites chez 586 patients cancéreux traités pour une anémie, il n'a pas été observé d'effet négatif de l'époétine thêta sur la survie ; la mortalité a été plus basse dans le groupe époétine thêta en comparaison au groupe placebo. Néanmoins, plusieurs études cliniques indiquent un effet négatif de certaines époétines sur la survie et la progression tumorale chez les patients cancéreux. On ne peut exclure qu'il s'agisse d'un effet classe.
V. - Place dans la stratégie thérapeutique
1. Stratégie thérapeutique de référence
Traitement de l'anémie
secondaire à l'insuffisance rénale chronique
Le but du traitement est d'améliorer la survie, la qualité de vie des patients et de ralentir les complications, notamment cardiaques.
Chez tout patient ayant une maladie rénale chronique et une hémoglobinémie inférieure à 11 g/dl, il est recommandé de :
― rechercher une cause extra-rénale de l'anémie, la première des causes étant la carence en fer ;
― traiter la carence en fer, si elle existe ;
― proposer un traitement par un agent stimulant l'érythropoïèse (époétine alpha, bêta ou delta, ou darbépoétine alpha), après s'être assuré de l'absence d'une cause curable de l'anémie autre que l'insuffisance rénale.
Les bénéfices cliniques des agents stimulant l'érythropoïèse ne sont démontrés que chez les patients atteignant une cible d'hémoglobinémie supérieure à 11 g/dl.
Les bénéfices attendus de la prescription d'un agent stimulant l'érythropoïèse sont :
― une amélioration de la prévalence de l'hypertrophie ventriculaire gauche obtenue dès qu'une cible supérieure à 10 g/dl est atteinte ;
― une amélioration de la qualité de vie ;
― une diminution des transfusions et de l'hyperimmunisation HLA, sans bénéfice net en termes de transplantation rénale.
Les agents stimulant l'érythropoïèse peuvent être administrés par voie intraveineuse ou sous-cutanée.
Pour les patients hémodialysés, la voie intraveineuse peut être préférée pour le confort du patient.
Chez les patients non hémodialysés, l'agent stimulant l'érythropoïèse est administré préférentiellement par voie sous-cutanée.
La dose administrée doit être adaptée individuellement de manière à maintenir le taux d'hémoglobine dans les limites visées de 10 à 12 g/dl.
Les traitements complémentaires sont : la supplémentation en fer, en vitamines (C, B12, acide folique) et L-carnitine.
Les transfusions doivent être évitées autant que possible chez les malades insuffisants rénaux chroniques et chez les patients en attente de transplantation (risque d'allo-immunisation).
Traitement de l'anémie et réduction des besoins transfusionnels
lors d'une chimiothérapie
L'administration d'érythropoïétine s'adresse à des patients ayant une anémie modérée (Hb ¸ 11 g/dl). Il faut prendre en compte une anémie préexistante à la chimiothérapie, une chute marquée (¹ 1,5 g/dl) de l'hémoglobine durant la cure, l'état général et l'état cardio-vasculaire du patient. Le taux d'hémoglobine cible chez ces patients est d'environ 12 g/dl. Un taux d'hémoglobine ¹ 13 g/dl doit faire interrompre le traitement jusqu'à ce qu'une valeur 12 g/dl soit atteinte.
L'intérêt de la prescription doit être réévalué à chaque nouvelle cure.
2. Place de la spécialité dans la stratégie thérapeutique
EPORATIO est un agent supplémentaire stimulant l'érythropoïèse. Dans ses deux indications, il est un traitement de première intention.
VI. - Utilisation pratique
1. Conditions de prescription
et de mise sous traitement
Conditions de prescription
Le traitement par EPORATIO (époétine thêta) doit être commencé sous la surveillance de médecins ayant l'expérience de la prise en charge des patients dans les indications d'EPORATIO.
Critères de mise sous traitement
Traitement de l'anémie secondaire à l'insuffisance rénale chronique :
Il s'agit des patients ayant une anémie consécutive à une insuffisance rénale chronique.
Les patients sont :
― soit des adultes déjà dialysés (hémodialyse ou dialyse péritonéale) ;
― soit des adultes non encore dialysés ayant une anémie sévère accompagnée de symptômes cliniques.
Traitement de l'anémie et réduction des besoins transfusionnels lors d'une chimiothérapie :
Il s'agit de patients adultes traités par chimiothérapie pour des tumeurs malignes non myéloïdes et à risque de transfusion en raison de leur état général (par exemple, état cardio-vasculaire, anémie préexistante au début de la chimiothérapie).
L'EMEA a récemment recommandé (3) de restreindre l'utilisation des érythropoïétines chez certains patients cancéreux ayant une anémie induite par leur chimiothérapie. En effet, chez les patients cancéreux présentant « une espérance de vie raisonnablement longue », le rapport bénéfice-risque des EPO est désormais considéré comme négatif. L'anémie de ces patients devrait donc être corrigée par des transfusions sanguines.