II-3. Plans d'eau d'origine anthropique obtenus
par creusement ou aménagement d'une digue
Hormis les types « plan d'eau vidangé à intervalle régulier » et « plan d'eau généralement non vidangé mais à gestion hydraulique contrôlée », le libellé des types énumérés ci-dessous contient les caractéristiques des masses d'eau associées aux types et se suffit donc à lui-même pour classer les masses d'eau en fonction de ces types.
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 27 du 02/02/2010 texte numéro 2
Cases grisées : informations non nécessaires pour la détermination du type.
A N N E X E 3
TYPOLOGIE DES MASSES D'EAU LITTORALES
I. ― Eléments constitutifs du classement
des masses d'eau par types
I-1. Masses d'eau de l'Atlantique, de la Manche
et de la mer du Nord
Pour ces masses d'eau, les critères de classement concernent :
― pour les eaux de transition, la salinité, le marnage, le mélange, le pourcentage de la masse d'eau couvert par la zone intertidale, le débit, la surface du bassin versant, la surface de l'estuaire et la turbidité ;
― pour les eaux côtières, le marnage, la profondeur, la vitesse du courant, l'exposition aux vagues, le temps de résidence, le mélange, les deux principaux substrats et le pourcentage de la masse d'eau couvert par la zone intertidale.
Neuf types de masses d'eau de transition et dix-sept types de masses d'eau côtière sont ainsi définis pour les masses d'eau de l'Atlantique, de la Manche et de la Mer du Nord.
I-2. Masses d'eau de la Méditerranée
Pour ces masses d'eau, un nombre plus faible de types sont définis : trois pour les eaux de transition et neuf pour les eaux côtières, du fait des particularités de cette mer :
En ce qui concerne le mélange, le « critère de stratification » tel que défini par Simpson et Hunter n'est pas applicable. Tout le milieu marin est stratifiable en Méditerranée. Seules les lagunes ont une stratification variable qui peut voir alterner, en fonction de caractéristiques locales dues à la saison, aux vents et aux apports fluviaux très locaux, de longues périodes de mélange homogène avec des épisodes stratifiés durant les périodes de vents faibles.
La limite de 25 psu (unité pratique de salinité) permet de définir les eaux de transition pour le milieu marin. En raison de l'échelle spatiale adoptée pour cette typologie, seules les eaux affectées par le panache du Rhône pourraient figurer en eaux de transition. Ce panache se déplace principalement sous les effets du vent et des préliminaires (ensemble des éléments permanents conditionnant le panache du Rhône : principalement, bathymétrie et rugosité du fond) et influence la zone comprise entre le cap Croisette (sud de Marseille) et la pointe de l'Espiguette.
En ce qui concerne les lagunes et les systèmes lagunaires (lagunes communiquant entre elles), la limite de 25 psu (unité pratique de salinité) n'a pas la même signification, même si le facteur salinité reste un facteur primordial, le milieu lagunaire se distinguant par de fortes variations de salinité.
La notion de courants résiduels de marée n'a pas de sens en Méditerranée. Les courants à des échelles de temps supérieures à la marée ou à la journée sont générés par le vent local ou la circulation à l'échelle du bassin occidental marquée par le courant Ligure.
Enfin, la profondeur moyenne est très discriminante, puisque la façade méditerranéenne est caractérisée par une absence de plateau continental au large de la Côte d'Azur, ainsi que pour la partie ouest de la Corse, et la présence d'un large plateau dans le golfe du Lion, ainsi que pour la partie est de la Corse.
II. ― Types et caractéristiques des masses d'eau
permettant le classement par types
Les types ainsi définis et les caractéristiques des masses d'eau associées à ces types sont indiqués dans les tableaux ci-après :
II-1. Masses d'eau de transition
TYPE |
CARACTÉRISTIQUES DES MASSES D'EAU ASSOCIÉES AU TYPE |
||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Code du type |
Libellé du type |
Salinité |
Marnage |
Mélange |
Zone intertidale |
Débit |
Surface bassin versant |
Surface estuaire |
Turbidité |
T1 |
Petit estuaire à grande zone intertidale, moyennement à fortement salé, faiblement à moyennement turbide |
Mésohalin à polyhalin |
Mésotidal à macrotidal |
Mélangé |
|
Faible |
Petite |
Petite |
Faible à moyenne |
T2 |
Grand port macrotidal |
Polyhalin |
Macrotidal |
Partiellement stratifié |
< 50 % |
Faible |
Moyenne |
Petite |
Faible |
T3 |
Petit estuaire à petite zone intertidale et à faible turbidité |
Mésohalin à polyhalin |
Mésotidal |
Mélangé |
< 50 % |
Faible |
Petite |
Petite |
Faible |
T4 |
Estuaire mésotidal, très peu salé et à débit moyen |
« Eau douce » |
Mésotidal |
Mélangé |
< 50 % |
Moyen |
Moyenne |
Petite à grande |
Faible à fort |
T5 |
Estuaire, petit ou moyen, macrotidal, fortement salé, à débit moyen |
Polyhalin |
Macrotidal |
Partiellement stratifié |
|
Moyen |
Petite à moyenne |
Petite à moyenne |
Faible à moyenne |
T6 |
Grand estuaire très peu salé et à fort débit |
« Eau douce » |
Mésotidal |
Mélangé |
< 50 % |
Fort |
Grande |
Grande |
Forte à très forte |
T7 |
Grand estuaire moyennement à fortement salé et à fort débit |
Mésohalin à polyhalin |
Mésotidal |
partiellement stratifié |
< 50 % |
Fort |
Grande |
Grande |
Forte à très forte |
T8 |
Petit estuaire à petite zone intertidale et à turbidité moyenne à forte |
Mésohalin à polyhalin |
Mésotidal |
Mélangé à partiellement stratifié |
< 50 % |
Faible |
Petite |
Petite |
Moyenne à forte |
T9 |
Petit estuaire à grande zone intertidale fortement salé et peu turbide |
Polyhalin |
Mésotidal à macrotidal |
Mélangé |
|
Faible |
Petite |
Petite |
Faible |
TYPE |
CARACTÉRISTIQUES DES MASSES D'EAU |
|||
---|---|---|---|---|
Code du type |
Libellé du type |
Renouvellement |
Profondeur |
Substrat |
T10 |
Lagunes méditerranéennes |
Faible |
< 30 m |
Vaseux |
T11 |
Delta du Rhône |
Moyen |
< 30 m |
Sableux |
T12 |
Bras du Rhône |
Fort |
< 30 m |
Patchwork gravier et sable |
II-2. Masses d'eau côtières
TYPE |
CARACTÉRISTIQUES DES MASSES D'EAU ASSOCIÉES AU TYPE |
|||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Code du type |
Libellé du type |
Marnage |
Profondeur |
Vitesse du courant |
Exposition aux vagues |
Temps de résidence |
Mélange |
Substrat |
Substrat complémentaire |
Zone intertidale |
C1 |
Côte rocheuse, méso à macrotidale, peu profonde |
Mésotidal à macrotidal |
Faible |
De 1 à 3 nœuds |
Modérément exposé à exposé |
Moyen à court |
Mélangé à partiellement stratifié |
Galets et rochers |
Sable et sédiment mixte |
Moins de 50 % |
C2 |
Masse d'eau au large, rocheuse et profonde |
Mésotidal |
Moyenne à grande |
< 3 nœuds |
Exposé |
Moyen à long |
Stratifié à partiellement stratifié |
Galets et rochers |
|
Moins de 50 % |
C3 |
Côte vaseuse modérément exposée |
Mésotidal à macrotidal |
Faible |
< 3 nœuds |
Modérément exposé |
Moyen à long |
Mélangé à partiellement stratifié |
Vaseux |
Sable et graviers |
Moins de 50 % |
C4 |
Côte vaseuse exposée |
Mésotidal |
Faible |
< 1 nœud |
Exposé |
Long |
Stratifié |
Vaseux |
|
Moins de 50 % |
C5 |
Lac marin |
Mésotidal |
Faible |
< 1 nœud |
Abrité |
Moyen |
Mélangé |
Vase sable et gravier |
|
Moins de 50 % |
C6 |
Côte principalement sableuse très exposée |
Mésotidal |
Faible |
< 3 nœuds |
Très exposé |
court à moyen |
Mélangé à partiellement stratifié |
Sable et graviers |
Galets et rochers |
Moins de 50 % |
C7 |
Côte à grande zone intertidale et à dominante vaseuse |
Mésotidal à macrotidal |
Faible |
< 3 nœuds |
Abrité |
Moyen à long |
Partiellement stratifié |
Mixte avec une dominante vase |
Présence de rochers |
Plus de 50 % |
C8 |
Côte sableuse mésotidale mélangée |
Mésotidal |
Faible |
De 1 à 3 nœuds |
Modérément exposé |
Moyen |
Mélangé |
Sable et graviers |
|
Moins de 50 % |
C9 |
Côte à dominante sableuse macrotidale mélangée |
Macrotidal |
Faible |
< 3 nœuds |
Abrité à modérément exposé |
Moyen à long |
Mélangé |
Sable et graviers |
|
Moins de 50 % |
C10 |
Côte sableuse partiellement stratifiée |
Mésotidal à macrotidal |
Faible |
< 3 nœuds |
Modérément exposé à exposé |
Court à long |
Partiellement stratifié |
Sable et graviers |
|
Moins de 50 % |
C11 |
Côte principalement sableuse macrotidale |
Macrotidal |
Faible |
< 3 nœuds |
Abrité à modérément exposé |
Court à moyen |
Mélangé à partiellement stratifié |
Sable et graviers |
Galets, rochers et sédiment mixte |
Moins de 50 % |
C12 |
Côte vaseuse abritée |
Mésotidal |
Faible |
De 1 à 3 nœuds |
Abrité |
Long |
Mélangé à partiellement stratifié |
Vaseux |
|
Moins de 50 % |
C13 |
Côte sableuse stratifiée |
Mésotidal à macrotidal |
Faible |
< 1 nœud |
Abrité à exposé |
Moyen à long |
Stratifié |
Sable et graviers |
|
Moins de 50 % |
C14 |
Côte rocheuse mésotidale peu profonde |
Mésotidal |
Faible |
< 3 nœuds |
Exposé |
Moyen à long |
Stratifié à partiellement stratifié |
Galets et rochers |
|
Moins de 50 % |
C15 |
Côte rocheuse macrotidale profonde |
Macrotidal |
Moyenne à grande |
|
Modérément exposé à exposé |
Court à moyen |
Mélangé |
Galets et rochers |
Sable et sédiment mixte |
Moins de 50 % |
C16 |
Rade de Cherbourg (macrotidale, profonde, à sédiments mixtes) |
Macrotidal |
Moyenne à grande |
De 1 à 3 nœuds |
Exposé |
Court |
Mélangé |
Sédiments mixtes |
|
Moins de 50 % |
C17 |
Côte à grande zone intertidale et à mosaïque de substrat |
Macrotidal |
Faible |
< 3 nœuds |
Abrité à modérément exposé |
Moyen à long |
Partiellement stratifié |
Mosaïque de substrat |
Sable et graviers |
Plus de 50 % |
TYPE |
CARACTÉRISTIQUES DES MASSES D'EAU ASSOCIÉES AU TYPE |
|||
---|---|---|---|---|
Code du type |
Libellé du type |
Renouvellement |
Profondeur |
Substrat |
C18 |
Côte rocheuse languedocienne et du sud de la Corse |
Moyen |
Moyenne |
Faciès sédimentaire et grossier |
C19 |
Côte sableuse languedocienne |
Moyen |
Faible |
Faciès sableux |
C20 |
Golfe de Fos et rade de Marseille |
Moyen |
Moyenne |
Faciès envasé |
C21 |
Côte Bleue |
Moyen |
Moyenne |
Faciès hétérogène sédimentaire et vaseux |
C22 |
Des calanques de Marseille à la baie de Cavalaire |
Fort |
Moyenne |
Faciès sédimentaire et sableux |
C23 |
Littoral nord-ouest de la Corse |
Fort |
Moyenne |
Faciès hétérogène sédimentaire et vaseux |
C24 |
Du golfe de Saint-Tropez à Cannes et littoral ouest de la Corse |
Fort |
Grande |
Faciès hétérogène sédimentaire et vaseux |
C25 |
Baie des Anges et environs |
Fort |
Grande |
Faciès envasé |
C26 |
Côte sableuse est de la Corse |
Fort |
Grande |
Faciès sédimentaire et sableux |
A N N E X E 4
TYPOLOGIE DES MASSES D'EAU SOUTERRAINE
I. ― Méthode de classement
des masses d'eau souterraine par types
Les masses d'eau souterraine sont classées en un nombre restreint de types suivant leur comportement hydraulique essentiellement lié à leur lithologie. Chaque type de masses d'eau souterraine présente des caractéristiques similaires en terme de règles de délimitation, de modalités de gestion et de réseaux de mesure.
I-1. Typologie des caractéristiques principales
CLASSES DE MASSES D'EAU SOUTERRAINE |
|
---|---|
Code de classe |
Libellé de classe |
DS |
Dominante sédimentaire non alluviale |
A |
Alluvial |
EV |
Edifice volcanique |
S |
Socle |
IP |
Système hydraulique composite propre aux zones intensément plissées de montagne |
IL |
Système imperméable localement aquifère |
I-2. La typologie se décline ensuite
selon la nature des écoulements
NATURE DES ÉCOULEMENTS |
|
---|---|
Code |
Libellé |
EL |
Entièrement libre |
EC |
Entièrement captif |
ML |
Une ou des partie(s) libre(s) et une ou des partie(s) captive(s), les écoulements sont majoritairement libres |
MC |
Une ou des partie(s) libre(s) et une ou des partie(s) captive(s), les écoulements sont majoritairement captifs |
II. ― Typologie par caractéristiques secondaires
La qualification des masses d'eau souterraine se décline enfin selon des caractéristiques secondaires s'appliquant à tout ou partie d'une masse d'eau. Elles n'impliquent pas de redélimitation systématique de la masse d'eau. Ces caractéristiques sont :
― la présence d'une karstification active ;
― la présence d'une frange littorale (en relation avec le risque d'intrusion saline) ;
― la nécessité de regrouper des aquifères disjoints.
II-1. La présence de karstification
Le caractère karstique est attribué aux masses d'eau souterraine qui comportent des karsts actifs, fonctionnels (fonctionnement hydraulique particulier avec une organisation spécifique du drainage). Les masses d'eau de ce type sont caractérisées par la présence de zones de surface d'une extrême vulnérabilité et des écoulements souterrains particulièrement rapides.
II-2. La présence d'une frange littorale
Les masses d'eau côtière et insulaire en relation avec l'eau de mer peuvent, en raison d'une surexploitation chronique ou temporaire (forte augmentation estivale des captages d'alimentation en eau potable), induire un risque d'intrusion saline des aquifères.
II-3. La nécessité de regrouper des aquifères disjoints
Le regroupement d'entités hydrogéologiques disjointes dans l'espace mais appartenant au même type de masses d'eau et soumises aux mêmes sollicitations en terme de pression peut être utilisé pour constituer une masse d'eau dite regroupée. Par exemple, des entités disjointes horizontalement à l'image des plaines alluviales des côtiers méditerranéens ou des entités disjointes verticalement peuvent, lorsqu'elles renferment des aquifères de faible extension sans enjeu ou captage d'alimentation en eau potable ne former qu'une seule masse d'eau que l'on distinguera par le caractère regroupé.
En revanche, le caractère « regroupé » ne sera pas utilisé pour les masses d'eau de type socle dans le cas de regroupement de bassins versants contigus et pour les masses d'eau de type imperméable localement aquifère (qui regroupent de fait des petits aquifères) pour lesquelles ce caractère est implicite.
III. ― Définitions applicables à la présente annexe
Monocouche/multicouche :
Une masse d'eau souterraine est dite monocouche lorsqu'elle comprend un seul système aquifère. Une masse d'eau souterraine est dite multicouche lorsqu'elle comprend plusieurs systèmes aquifères en liaisons hydrauliques étroites.
Système aquifère :
Un système aquifère est une entité hydrogéologique dont toutes les parties sont en liaison hydraulique et qui est circonscrit par des limites faisant obstacle à toute propagation d'influence appréciable vers l'extérieur.
Aquifère :
Formation géologique, continue ou discontinue, contenant de façon temporaire ou permanente de l'eau mobilisable, constituée de roches perméables (formation poreuses ou fissurées) et capable de la restituer naturellement ou par exploitation (drainage, pompage...).
Lithologie :
Nature des roches formant une couche géologique.
Karstification :
La karstification est le phénomène résultant de la dissolution de roches carbonatées (calcaires, dolomies) par l'eau rendue acide par le dioxyde de carbone.
Encaissant :
Ce sont les limites externes de la formation aquifère. Au-delà, on quitte l'aquifère pour d'autres formations géologique. Il est composé d'un mur (la base de l'aquifère également appelé substratum) qui est en règle générale imperméable et d'un toit (au dessus de l'aquifère) qui peut être absent, (l'aquifère affleure la surface des terrains naturels), perméable ou imperméable (cf. captif, libre).
Horizon ou couche aquifère :
Constitué par une couche sédimentaire de roches perméables : son extension horizontale est généralement grande par rapport à son extension verticale et l'écoulement de la nappe souterraine qu'il comporte peut être considéré comme bidimensionnel.
Substratum :
Les aquifères sont limités à leur partie supérieure par un toit et à leur partie inférieure par un mur que l'on nomme substratum. Le substratum est toujours une formation imperméable
Perméable en grand :
Une formation géologique peut être imperméable à l'échelle de l'échantillon mais être perméable à l'échelle régionale grâce aux fissures ou diaclases qui parcourent le massif ; c'est par exemple le cas des calcaires, des formations de socle...
Nappe libre :
Nappe à surface libre, comprise dans un aquifère qui comporte une zone non saturée de caractéristiques semblables à celles de la zone saturée et une zone de fluctuation.
Nappe captive :
Nappe ou partie de nappe, sans surface libre, donc soumise en tous points à une pression supérieure à la pression atmosphérique, et dont la surface piézométrique est supérieure au toit de l'aquifère, à couverture moins perméable, qui la contient.
Un système aquifère peut être soit entièrement libre, soit entièrement captif (alimenté uniquement par drainance), soit, et c'est le cas le plus général, avoir une ou des parties libres et une ou des parties captives. Dans ce dernier cas, le système peut être considéré comme constituant une seule masse d'eau avec « parties libres et captives associées » ou, et c'est le cas le plus fréquent, le système peut être découpé en deux ou plusieurs masses d'eau distinctes, les unes libres et l'autre ou les autres captives.
A N N E X E 5
MÉTHODE ET CRITÈRES POUR L'IDENTIFICATION PRÉVISIONNELLE DES MASSES D'EAU DE SURFACE ARTIFICIELLES ET FORTEMENT MODIFIÉES
La présente annexe vise à présenter les principes encadrant l'identification prévisionnelle des masses d'eau ayant une forte probabilité d'être désignées ultérieurement comme « masses d'eau de surface artificielles et fortement modifiées (MEFM-MEA) » dans le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). Une liste de masses d'eau doit ainsi être établie dans l'état des lieux visé à l'article R. 212-3 du code de l'environnement, sur la base de laquelle seront ultérieurement menées les études permettant de confirmer que les conditions fixées au II de l'article R. 212-11 du code de l'environnement sont réunies.
1. Principes généraux.
L'identification prévisionnelle des MEFM-MEA intègre :
― les modifications physiques des masses d'eau susceptibles d'empêcher l'atteinte du bon état écologique mentionné au 1° du IV de l'article L. 212-1 du code de l'environnement ;
― la réversibilité de ces modifications physiques ;
― les conséquences éventuelles qu'auraient, sur l'environnement ou les activités mentionnées au 1° du II de l'article R. 212-11 du code de l'environnement, les actions nécessaires à l'atteinte ou au maintien du bon état écologique.
Sont écartées de l'identification prévisionnelle les masses d'eau qui, bien qu'ayant subi des modifications physiques ou bien qu'ayant été créées par l'activité humaine, peuvent de manière évidente :
― atteindre le bon état écologique mentionné au 1° du IV de l'article L. 212-1 du code de l'environnement ;
― être restaurées sans remettre en cause l'une des activités mentionnées au 1° du II de l'article R. 212-11 du même code ;
― être restaurées sans incidence négative sur l'environnement au sens large.
De même, sont écartées les masses d'eau :
― ayant subi des modifications de l'hydrologie n'induisant pas d'impact notable sur la morphologie de ces masses d'eau ;
― qui, bien qu'ayant subi des modifications physiques ou bien qu'ayant été créées par l'activité humaine, sont en bon état ou très bon état écologiques ;
― où seule une partie de celles-ci a subi des modifications physiques ;
― sur lesquelles des actions sont en cours, devant conduire à l'atteinte du bon état écologique.
Ces critères d'identification prévisionnelle n'ont pas vocation à se substituer aux avis d'experts. Ils fournissent aux experts un cadre permettant de garantir une certaine harmonisation dans l'appréciation des situations rencontrées sur l'ensemble du territoire national.
Cela dit, dans tous les cas, si des données biologiques sont en contradiction, dans un sens comme dans l'autre, avec les évaluations faites sur la base des modifications physiques, les indications fournies par les données biologiques doivent primer. De plus, ne sont à retenir que les informations liées aux seules modifications physiques des masses d'eau. Par conséquent, si des données biologiques indiquent un mauvais état écologique dû à des altérations autres que morphologiques, les masses d'eau concernées ne doivent pas être identifiées prévisionnellement comme « masses d'eau de surface artificielles ou fortement modifiées ».
Si l'application des critères ou les avis d'experts ne permettent pas de trancher, les masses d'eau concernées sont à identifier prévisionnellement comme « masses d'eau de surface artificielles ou fortement modifiées ». L'étape ultérieure de désignation en MEFM-MEA dans le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) doit permettre de statuer sur la nature des masses d'eau concernées.
2. Reconquête des milieux d'eaux vives.
Au cours des dernières décennies, beaucoup d'aménagements qui ont été faits sur les cours d'eau ont conduit au ralentissement de la vitesse d'écoulement de l'eau (par exemple, les cours d'eau canalisés, les retenues de barrages, et les très nombreux biefs à l'amont de seuils ou de petits barrages). De la sorte, les milieux d'eaux vives se sont raréfiés. Or ces milieux ont un grand intérêt, notamment du fait que leurs capacités d'auto-épuration sont supérieures à celles de milieux plus stagnants. Aussi, afin de respecter au mieux l'esprit de la directive-cadre sur l'eau du 23 octobre 2000, une orientation générale de reconquête de ces milieux d'eaux vives doit être poursuivie.
Une question doit être préalablement résolue, à savoir la possibilité ou non (aspects techniques et économiques à considérer) de reconquérir des milieux d'eaux vives. L'objectif n'est pas, non plus, de reconquérir en « eaux vives » tous les milieux qui ont subi des modifications.
En conséquence, même si les milieux d'eaux plus stagnantes créés par les aménagements précédemment cités présentent un état satisfaisant, et si aucune activité mentionnée au 1° du II de l'article R. 212-11 du code de l'environnement ne justifie ce ralentissement de l'écoulement de l'eau, les masses d'eau n'ont pas à être identifiées prévisionnellement en « fortement modifiées ».
Il est à noter que la directive-cadre sur l'eau du 23 octobre 2000 fournit un argument supplémentaire pour justifier la reconquête de ces milieux : la nécessité de la continuité écologique.
Par ailleurs, en cas de difficultés pour la restauration des milieux, la possibilité de recourir à des reports d'échéance pour l'atteinte du bon état ou à des objectifs dérogatoires, mentionnés respectivement aux V et VI de l'article L. 212-1 du code de l'environnement, pourra être examinée.
3. Masses d'eau modifiées ou créées par des activités passées.
De nombreuses masses d'eau, physiquement modifiées ou créées par des activités qui ont aujourd'hui cessé, vont nécessiter une restauration pour atteindre le bon état écologique.
En effet, ces activités n'ayant plus cours, les conditions fixées au II de l'article R. 212-11 du code de l'environnement ne sont pas réunies. Les masses d'eau concernées ne peuvent donc pas être identifiées prévisionnellement comme « masses d'eau de surface artificielles ou fortement modifiées », à moins que la restauration elle-même n'induise de nouveaux impacts environnementaux.
Si la restauration s'avère impossible ou conduit à des coûts disproportionnés, des échéances plus lointaines peuvent être fixées conformément au V de l'article L. 212-1 du code de l'environnement ou des objectifs dérogatoires peuvent être déterminés conformément au VI du même article.
4. Cas des zones humides et des zones de marais.
Les zones humides ne sont pas des masses d'eau au sens du présent arrêté. De même, les réseaux de drains souvent rencontrés dans les systèmes de marais ne sont pas, non plus, à considérer comme des masses d'eau. Ces deux cas ne sont donc pas concernés par la présente annexe.
En fait, les systèmes de marais, tels que la Camargue ou le Marais poitevin, sont composés, d'une part de masses d'eau de catégories différentes (masses d'eau cours d'eau et masses d'eau plans d'eau) et, d'autre part, de zones humides. Seules les masses d'eau pourront éventuellement être identifiées, à titre prévisionnel, comme masses d'eau de surface artificielles ou fortement modifiées.
Toutefois, la situation des zones humides peut influer sur l'état des masses d'eau et réciproquement. S'il s'avère que les masses d'eau d'un système de marais ne sont pas en bon état écologique et que les mesures de restauration nécessaires à l'atteinte du bon état écologique peuvent avoir un impact négatif sur les zones humides, l'identification prévisionnelle en masse d'eau fortement modifiée est possible. En effet, dans ce cas, les modifications à apporter aux caractéristiques hydromorphologiques des masses d'eau pour obtenir un bon état écologique pourraient avoir des incidences négatives importantes sur l'environnement au sens large, en l'occurrence, les zones humides.
5. Cas de milieux anthropisés et à intérêt écologique reconnu.
Certaines masses d'eau, modifiées ou créées par l'homme, peuvent néanmoins présenter un intérêt écologique reconnu. Or l'objectif à atteindre est le bon état écologique, c'est-à-dire l'état des masses d'eau peu modifiées par l'homme. L'intérêt écologique de ces masses d'eau pourrait donc être remis en cause, à moins d'invoquer le fait que les modifications à apporter aux caractéristiques hydromorphologiques de ces masses d'eau pour obtenir un bon état écologique auraient des incidences négatives importantes sur l'environnement au sens large, en l'occurrence, sur les masses d'eau elles-mêmes. Ces cas devront donc faire l'objet d'un argumentaire particulier pour l'identification prévisionnelle en masses d'eau fortement modifiées ou artificielles.
Dans ces cas très particuliers, les études socio-économiques ne sont pas pertinentes pour justifier le fait que ces masses d'eau sont considérées comme fortement modifiées. Ces milieux doivent donc aussi être considérés à part lors de la désignation définitive. Un argumentaire adapté à ces cas est par conséquent nécessaire pour justifier la désignation comme masses d'eau fortement modifiées ou artificielles.
6. Cas des masses d'eau côtières et de transition.
Les activités et pressions prises en compte pour l'identification prévisionnelle en masses d'eau côtière et de transition fortement modifiées et artificielles sont listées ci-après :
― ports et chenaux d'accès ;
― aménagements gagnés sur la mer ;
― protection et/ou artificialisation du trait de côte ;
― immersion de déblais de dragages ;
― permis miniers d'extraction de granulats ;
― cultures marines à l'origine de dépôts (tables ou bouchots) ;
― pêche à la coquille Saint-Jacques ;
― interruption de la continuité hydraulique (il s'agit des interruptions consécutives à des endigages, barrages, barrages effaçables implantés dans les estuaires, fjords ou annexes hydrauliques alimentant des marais) ;
― estuaires chenalisés.