M E S U R E 1 ( 2 0 0 7 )
ZONES SPÉCIALEMENT PROTÉGÉES DE L'ANTARCTIQUE
PLANS DE GESTION RÉVISÉS
Les représentants,
Rappelant les articles 3, 5 et 6 de l'annexe V au Protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement, qui prévoient la désignation de zones spécialement protégées de l'Antarctique et l'approbation de plans de gestion pour ces zones, rappelant :
― la recommandation IV-13 (1966), qui désignait l'île Moe, Orcades du Sud, comme zone spécialement protégée (« ZSP ») n° 13 et annexait une carte du site ;
― la recommandation XIII-8 (1985), qui désignait la pointe Rothera, île Adélaïde, comme site présentant un intérêt scientifique particulier (« SISP ») n° 9 et annexait un plan de gestion pour ce site ;
― la recommandation XVI-6 (1991), qui annexait une description révisée de la ZSP n° 13 et un plan de gestion pour cette zone ;
― la Mesure 1 (1995), qui annexait une description révisée et un plan de gestion révisé pour la ZSP n° 13 ;
― la Résolution 7 (1995), qui prorogeait la date d'expiration du SISP n° 9, et la Mesure 1 (1996), qui annexait une description révisée et un plan de gestion révisé pour le SISP n° 9 ;
― la Décision 1 (2002), qui rebaptisait et renumérotait la ZSP n° 13 comme zone spécialement protégée de l'Antarctique (« ZSPA ») n° 109 et le SISP n° 9 comme ZSPA n° 129 ;
Notant que le Comité pour la protection de l'environnement a avalisé les plans de gestion révisés pour ces zones qui figurent en annexe à la présente mesure ;
Désireux de remplacer les plans de gestion pour les zones spécialement protégées de l'Antarctique n°s 109 et 129, par des plans de gestion révisés et mis à jour, le dernier incluant une révision des lignes de démarcation de la ZSPA n° 129,
Recommandent pour approbation à leurs gouvernements la mesure ci-après, conformément au paragraphe 1 de l'article 6 de l'annexe V du Protocole au Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement, que :
1. Les plans de gestion révisés pour les zones suivantes, qui figurent en annexe à la présente mesure, soient approuvés :
a) Zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 109 : île Moe, Orcades du Sud ;
b) Zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 129 : pointe Rothera, île Adélaïde ;
2. Tous les plans de gestion antérieurs pour les zones spécialement protégées de l'Antarctique n°s 109 : et 129 cessent d'avoir effet ou, s'ils n'ont pas encore pris effet, soient par la présente retirés.
Plan de gestion pour la zone spécialement protégée
de l'Antarctique n° 109 : île Moe, Orcades du Sud
1. Description des valeurs à protéger :
La zone a été désignée pour la première fois comme « zone spécialement protégée » dans la recommandation IV-13 (1966, n° 13) à la suite d'une proposition du Royaume-Uni motivée par plusieurs raisons. En effet, le Royaume-Uni considérait que l'île Moe était un élément particulièrement représentatif de l'écosystème maritime en Antarctique, que les intenses recherches scientifiques menées sur l'île Signy voisine risquaient de modifier son écosystème et que ladite île devait bénéficier d'une protection spéciale afin de servir ultérieurement de zone de référence à des fins de comparaison.
Ces raisons conservent aujourd'hui toute leur validité. Rien ne permet certes d'affirmer que les recherches menées sur l'île Signy ont eu un impact considérable sur les écosystèmes de l'île Moe, mais un changement important a été constaté à basse altitude sur la terre ferme du fait de l'expansion rapide des colonies d'otaries à fourrure (Arctocephalus gazella) de l'Antarctique. La flore de l'île Signy toute proche a été physiquement perturbée par le piétinement de ces otaries tandis que l'excès d'azote issu de leurs excréments a entraîné la disparition des bryophytes et des lichens aujourd'hui remplacés par l'algue géante Prasiola crispa. Les lacs situés à basse altitude ont été affectés par le ruissellement fortement azoté des terres adjacentes. A ce jour, l'île Moe n'a été envahie par des d'otaries à fourrure que dans une mesure limitée, sa topographie rend peu probable leur pénétration dans les aires les plus vulnérables.
Les valeurs à protéger sont liées à la composition biologique et à la diversité d'une île quasiment intacte, particulièrement représentative des écosystèmes terrestre, côtier et marin de l'Antarctique. L'île Moe contient notamment les plus vastes étendues de tourbe mousseuse (Chorisodontium-Polytrichum) existant dans l'Antarctique. L'île Moe a été visitée à plusieurs reprises, mais elle n'a jamais été occupée plus de quelques heures.
2. Buts et objectifs :
La gestion de l'île Moe a pour objectifs les suivants :
― éviter toute modification importante de la structure et de la composition de la végétation terrestre, en particulier les bancs de tourbe mousseuse ;
― prévenir toute intervention injustifiée de l'homme dans la zone ;
― réduire au minimum l'introduction de sols, de plantes, d'animaux et de micro-organismes dans la zone ;
― autoriser les recherches scientifiques indispensables ne pouvant être menées ailleurs, notamment celles qui visent à déterminer les différences écologiques entre une île vierge et une île voisine occupée et envahie par des otaries à fourrure.
3. Activités de gestion :
Les activités de gestion doivent permettre, d'une part, de surveiller de manière adéquate le milieu biologique de l'île Moe, en utilisant de préférence des méthodes non invasives et, d'autre part, de veiller à l'entretien des panneaux d'affichage.
4. Durée de la désignation :
La zone est désignée pour une durée indéterminée.
5. Cartes :
Carte 1. Emplacement de l'île Moe par rapport aux Orcades du Sud.
Spécifications de la carte. Sphéroïde WGS84 stéréographique polaire antarctique. Parallèle standard : 71° S. Méridien central 45° O.
Carte 2. Ile Moe plus détaillée.
Spécifications de la carte. Sphéroïde WGS84 stéréographique polaire antarctique. Parallèle standard : 71° S. Méridien central 45° O.
6. Description de la zone :
i) Coordonnées géographiques, bornage et caractéristiques du milieu naturel :
L'île Moe, dans l'archipel des Orcades du Sud, est une petite île au contour irrégulier, située à 300 mètres au sud-ouest de l'île Signy dont elle est séparée par le canal Fyr. Elle s'étend sur environ 1,8 kilomètre de nord-est en sud-ouest et sur 1 kilomètre de nord-ouest en sud-est. Il sied de signaler que sa position sur la carte de l'amirauté n° 1775 (latitude 60° 44'S, longitude 45° 45'O) ne correspond pas exactement aux coordonnées plus précises qui figurent sur la carte 2 (latitude 60° 44'S, longitude 45° 4l'O).
L'île s'élève soudainement sur les flancs nord-est et sud-est du pic Snipe (226 mètres d'altitude). Elle comporte une colline intermédiaire (102 mètres d'altitude) au-dessus de la pointe South ainsi que des collines plus petites sur chacun des trois promontoires du versant ouest, à savoir la pointe Corral (92 mètres), la pointe Convoy (89 mètres) et la pointe Spaull (56 mètres). De petites zones de glace éternelle recouvrent les versants est et sud, et des neiges tardives recouvrent le flanc ouest escarpé. L'île n'abrite ni lagunes, ni rivières.
La roche est constituée de micaschistes à quartz métamorphique avec, à certains endroits, des biotes et des lits riches en quartz. La côte nord-est est caractérisée par un mince lit d'amphiboles diverses. La majeure partie de l'île est recouverte d'éboulis et d'amas glaciaires. Les sols renferment de jeunes dépôts d'argiles et de sables plus ou moins grossiers mélangés à des cailloux, des pierres et des gros galets. L'action du gel et du dégel aux endroits situés en altitude ou particulièrement exposés leur confère souvent une forme particulière pouvant être circulaire, polygonale, longitudinale ou lobulaire. Il existe d'importantes accumulations de tourbe (jusqu'à 2 mètres d'épaisseur sur les versants ouest) dont de nombreuses parties sont nues ou érodées.
Les colonies végétales les plus importantes sont représentées par l'espèce Andreae-Usnea et par les tapis bancs de mousse Chorisodontium-Polytrichum (qui représentent la communauté de ce type la plus abondante en Antarctique). Ces bancs de mousse constituent une valeur biologique considérable qui justifie la désignation de l'île dans la catégorie des zones spécialement protégées. La flore cryptogamique est des plus variées. La majeure partie de ces bancs de mousse n'ont guère été endommagés par les otaries à fourrure et donnent que de rares signes de dégradation. Toutefois, les bancs situés le plus au nord autour de la pointe Spaull sont l'exception à la règle. Ici en effet, bien qu'ils soient encore très étendus, les tapis de mousse auraient été endommagés, selon les estimations, à hauteur de 50 % par les activités des otaries à fourrure de l'Antarctique (Arctocephallus gazella), comme en atteste une enquête menée en janvier 2006. Une otarie à fourrure mâle subadulte était présente sur cette aire de moss turf pendant la plus récente étude de gestion effectuée ce mois-là. Il est quasiment certain que les otaries à fourrure ont accès à cette communauté végétale via la douce pente qui mène vers l'intérieur de l'île à partir de la petite plage de galets située dans le coin nord-est de la baie Landing.
On trouve en grandes quantités des acariens Gamasellus racovitzai et Stereotydeus villosus et l'espèce Cryptopygus antarcticus sous les pierres.
Il existe cinq colonies de manchots (Pygoscelis antarctica) qui totalisaient 11 000 couples en 1978-1979. Lors d'une visite en février 1994, la partie nord de la crique Landing abritait à peine une centaine de couples alors que la partie sud en comptait un millier. Au cours de la plus récente visite effectuée en janvier 2006, on a constaté la présence de cent couples reproducteurs à la pointe Spaull. De nombreux autres oiseaux se reproduisent sur l'île, quelque 2 000 couples de damiers du Cap (Daption capensis), répartis dans 14 colonies (1966), et un grand nombre de prions de l'Antarctique (Pachyptila desolata).
Les phoques de Weddell (Leptonychotes weddellii), les phoques crabiers (Lobodon carcinophaga) et les phoques léopards (Ydrurga leptonyx) vivent dans les baies du côté ouest de l'île. Un nombre croissant d'otaries à fourrure (Arctocephalus gazella), la plupart des jeunes mâles, rallient les côtes du côté nord de la crique Landing et ont endommagé la végétation à cet endroit. Cependant, la nature du terrain empêchera peut-être la progression des otaries vers le petit promontoire où les dommages pourraient s'intensifier.
ii) Aires à accès limité à l'intérieur de la zone :
Aucune.
iii) Emplacement des structures à l'intérieur de la zone :
Un panneau indicateur est vissé à un rocher plat situé derrière une petite plage de galets dans le coin nord-est de la crique Landing, juste derrière l'endroit où viennent s'écraser les vagues. Il a été érigé le 2 février 1994. Lorsque les chutes de neige sont abondantes, le panneau indicateur risque d'être enseveli et difficile à voir.
Il existe un cairn, ainsi que les restes d'un mât érigé à la pointe Spaull en 1965-1966 et utilisé à des fins scientifiques. Ce mât revêt un intérêt certain pour l'étude des lichens et ne doit donc pas être retiré. L'île Moe ne comporte aucune autre structure.
iv) Emplacement d'autres zones protégées à proximité directe de la zone :
La ZSPA n° 110, île Lynch, est située à 10 kilomètres au nord - nord-est de l'île Moe. Lnorda ZSPA n° 114, île Coronation du Nord, est située à 19 kilomètres du côté nord de l'île Coronation. La ZSPA n° 111, île Powell du Sud, est située à 41 kilomètres à l'est.
7. Critères de délivrance des permis :
L'accès à la zone est interdit à moins qu'un permis n'ait été délivré par les autorités nationales compétentes.
Les critères régissant l'octroi de permis sont les suivants :
― les permis sont octroyés uniquement pour mener des recherches indispensables qui ne peuvent pas être effectuées ailleurs ;
― les actions autorisées ne peuvent en aucun cas porter atteinte au système écologique de la zone ;
― les activités de gestion doivent contribuer aux objectifs arrêtés dans le plan de gestion ;
― les actions autorisées doivent être conformes au plan de gestion ;
― le détenteur du permis doit avoir en sa possession le permis ou la copie certifiée conforme lorsqu'il visite la zone spécialement protégée ;
― un ou plusieurs rapports doivent être soumis à l'autorité ou aux autorités ayant délivré le permis.
i) Accès à la zone et déplacements à l'intérieur de celle-ci :
Aucune restriction ne s'applique au débarquement par mer qui reste la méthode la plus indiquée. Aucun point d'accès n'a été retenu, mais il est en général plus sûr d'arriver par le coin nord-est de la crique Landing.
Il convient, dans la mesure du possible, de ne pas atterrir en hélicoptère. Si un atterrissage s'avère cependant nécessaire, les hélicoptères peuvent atterrir sur le col situé entre la colline de 89 mètres et le versant ouest du pic Snipe. Afin d'éviter le survol des colonies d'oiseaux, le pilote doit de préférence arriver par le sud, même si une approche par le nord n'est pas interdite.
Il est interdit de survoler la zone à une altitude inférieure à 250 mètres au-dessus du point culminant de l'île sauf pour atterrir à l'endroit susmentionné.
Les marcheurs ne sont astreints à aucun parcours spécifique, mais ils doivent veiller à ne jamais perturber les oiseaux et à ne pas endommager la végétation et les éléments périglaciaires. L'utilisation de véhicules est strictement interdite sur l'île Moe.
ii) Activités qui sont ou peuvent être menées dans la zone, y compris les restrictions à la durée et à l'endroit :
― études scientifiques indispensables qui ne peuvent être menées ailleurs et ne portent pas atteinte à l'écosystème de la zone ;
― activités de gestion indispensables, y compris les activités de surveillance.
iii) Installation, modification ou enlèvement des structures :
Aucune structure ne peut être construite dans la zone et aucun matériel scientifique ne peut y être installé sauf s'ils doivent servir aux activités de gestion ou aux recherches scientifiques indispensables conformément aux clauses du permis.
iv) Emplacement des camps :
Aucun campement ne peut en principe être installé dans la zone. S'il en était autrement pour des raisons de sécurité, les tentes devraient être montées de telle sorte qu'elles endommagent la végétation et perturbent la faune le moins possible.
v) Restrictions sur les matériaux et organismes pouvant être introduits dans la zone :
Aucun animal vivant, aucun matériau végétal et aucun micro-organisme ne doivent être délibérément introduits dans la zone. Tous les dispositifs d'échantillonnage apportés dans la zone doivent, avoir été soigneusement nettoyés. Les chaussures, les vêtements extérieurs, les sacs à dos et autres équipements utilisés ou apportés dans la zone doivent, dans toute la mesure du possible, avoir été soigneusement nettoyé avant d'entrer dans la zone.
Aucun produit issu de volaille, y compris des produits alimentaires contenant de la poudre d'œuf, ne pourra être introduit dans la zone.
Aucun herbicide ou pesticide ne pourra être introduit dans la zone. Tout autre produit chimique qui serait introduit à des fins scientifiques, conformément aux termes spécifiés sur le permis, devra être retiré de la zone au plus tard à l'issue des activités autorisées en vertu de ce même permis.
Le dépôt de carburants, de produits alimentaires ou de tout autre matériel est interdit sauf impératif lié à des activités pour lesquelles des permis sont délivrés. Tous les matériels introduits seront retirés dès qu'ils ne seront plus utiles. Les stockages permanents sont interdits.
vi) Prélèvement de végétaux et capture d'animaux ou perturbations nuisibles à la faune et la flore indigènes :
Le prélèvement de végétaux et la capture d'animaux ainsi que les perturbations nuisibles à la flore et à la faune indigènes sont interdites sauf si le permis l'autorise. Lorsque des animaux doivent être capturés ou perturbés, il convient d'appliquer au moins les normes du code de conduite du SCAR pour l'utilisation d'animaux à des fins scientifiques dans l'Antarctique.
vii) Ramassage ou enlèvement de toute chose qui n'a pas été apportée dans la zone par le détenteur du permis :
Toute chose ne peut être ramassée ou enlevée de la zone qu'en vertu des clauses du permis, à l'exception des débris d'origine humaine qui peuvent être retirés des plages de la zone et des spécimens morts ou malades de la faune et la flore qui peuvent être emportés à des fins d'analyse en laboratoire.
viii) Elimination des déchets :
Tous les déchets seront retirés de la zone, à l'exception des déchets humains qui peuvent être jetés à la mer.
ix) Mesures nécessaires pour faire en sorte que les buts et objectifs du plan de gestion continuent à être atteints :
Des permis peuvent être délivrés pour entrer dans la zone afin d'installer ou d'entretenir les panneaux ou autres dispositifs de protection, ou de réaliser des activités d'inspection de la zone et de surveillance biologique susceptibles de requérir le prélèvement d'un nombre limité de plantes ainsi que la capture de quelques animaux à des fins d'évaluation et de recensement, d'ériger ou d'entretenir des panneaux d'information ou encore de prendre des mesures de protection.
x) Rapports de visite :
Le principal détenteur du permis, pour chaque permis délivré, sera tenu d'établir un rapport des activités conduites dans la zone en utilisant le formulaire prévu à cet effet. Le rapport sera soumis à l'autorité compétente dans les plus brefs délais et, au plus tard, dans les six mois suivant la visite dans la zone. Ces rapports doivent être archivés indéfiniment par l'autorité compétente et présentés à la demande des parties intéressées, du Comité scientifique pour la recherche en Antarctique (SCAR), de la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) et du Conseil des directeurs des programmes antarctiques nationaux pour fournir des informations sur les activités réalisées par l'homme dans la zone afin d'assurer une gestion exemplaire.
Carte 1. Emplacement de l'île Moe par rapport aux Orcades du Sud
Spécifications de la carte. Sphéroïde WGS84 stéréographique polaire antarctique.
Parallèle standard : 71° S. Méridien central : 45° O.
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 200 du 30/08/2009 texte numéro 11
Carte 2. Ile Moe plus détaillée
Spécifications de la carte. Sphéroïde WGS84 stéréographique polaire antarctique.
Parallèle standard : 71° S. Méridien central : 45° O.
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 200 du 30/08/2009 texte numéro 11
Plan de gestion pour la zone spécialement protégée
de l'Antarctique (ZSPA) n° 129, pointe Rothera, île Adélaïde
1. Description des valeurs à protéger :
Pointe Rothera a été pour la première fois désignée site d'intérêt scientifique particulier dans la Recommandation XIII-8 (1985, SISP n° 9), et ce, sur une proposition du Royaume-Uni qui estimait en effet que la zone pouvait servir de lieu de recherche scientifique et de zone de référence en fonction de laquelle les effets de l'impact humain associé à la station de recherche adjacente de Rothera (Royaume-Uni) pouvaient être surveillés dans un écosystème d'altitude antarctique. La zone elle-même n'a, sur le plan de la protection de la nature, guère de valeur intrinsèque.
2. Buts et objectifs :
i) Buts :
La gestion de pointe Rothera a pour buts les suivants :
― éviter que fassent l'objet d'importants changements la structure et la composition des écosystèmes terrestres, en particulier l'écosystème d'altitude les oiseaux de reproduction en :
― empêchant un aménagement du territoire à l'intérieur de la zone ; et
― limitant l'accès de l'homme à la zone en vue de préserver sa valeur de zone de référence pour les études de surveillance continue de l'environnement ;
― permettre la recherche scientifique et les études de surveillance continue des oiseaux reproducteurs, du biote terrestre et du biote d'eau douce ainsi que des sols tout en veillant, autant que faire se peut, à ce que la zone soit à l'abri d'un échantillonnage abusif ;
― permettre qu'aient lieu à intervalles réguliers des visites pour répondre aux objectifs du plan de gestion.
ii) Objectifs :
La zone est dans son genre sans précédent en Antarctique car elle est la seule zone protégée actuellement désignée (1995) uniquement pour la valeur qu'elle offre dans la surveillance continue de l'impact humain. L'objectif est de l'utiliser comme zone de référence non affectée dans l'évaluation de l'impact des activités menées à la station de recherche de Rothera sur l'environnement en Antarctique.
L'hypothèse à vérifier ici est que les activités conduites à la station de recherche de Rothera n'ont pas eu d'impact sur l'environnement à l'intérieur de la zone.
Les études de surveillance continue entreprises par le Royaume-Uni (par le truchement des Services antarctiques britanniques) ont commencé à pointe Rothera en 1976, avant la mise en place de la station, plus tard, cette année-là, et elles se sont considérablement développées depuis 1989. L'agrandissement à long terme de la station a commencé en 2005. Les Services antarctiques britanniques envisagent de poursuivre ces études dans l'avenir.
Les objectifs du programme de surveillance continue sont les suivants :
― étudier, tous les dix ans, la distribution de la flore terrestre et des invertébrés ;
― déterminer, tous les cinq ans, les concentrations de métaux lourds dans les lichens ;
― déterminer, tous les cinq ans, les concentrations d'hydrocarbures de pétrole et de métaux lourds dans le gravier et dans le sol ; et
― faire, tous les ans, une étude de la population des oiseaux reproducteurs.
3. Activités de gestion :
Les activités de gestion ci-après seront menées à bien pour protéger les valeurs de la zone :
― des panneaux indiquant l'emplacement et les limites de la zone et annonçant clairement que la zone fait en matière d'accès l'objet de restrictions seront érigés aux principaux points d'accès et entretenus à intervalles réguliers ;
― une carte montrant l'emplacement et les limites de la zone et annonçant clairement que la zone fait en matière d'accès des restrictions sera placée en un endroit bien en vue à la station de pointe Rothera ;
― des visites seront effectuées selon que de besoin (au moins une fois tous les deux ans) pour déterminer si la zone continue de répondre aux objectifs pour laquelle elle est désignée et pour veiller à ce que les activités de gestion soient appropriées.
4. Durée de la désignation :
La zone est désignée durée indéterminée.
5. Cartes :
Carte 1. ZSPA n° 129, pointe Rothera, carte montrant son emplacement.
Spécifications de la carte. Sphéroide WGS84 stéréographique polaire antarctique. Parallèle standard : 71° S. Méridien central 67° 45' W.
Carte 2. ZSPA n° 129, pointe Rothera, carte topographique
Spécifications de la carte. Sphéroïde WGS84 stéréographique polaire antarctique. Parallèle standard : 71° S. Méridien central : 67° 45' W.
6. Description de la zone :
i) Coordonnées géographiques, bornage et caractéristiques du milieu naturel :
Pointe Rothera (67° 34' de latitude sud, 68° 08' de longitude ouest) est située dans la baie Ryder qui se trouve à l'extrémité sud-est de la péninsule Wright, du côté est de l'île Adélaïde, sud-ouest de la péninsule antarctique (carte 1).
La zone occupe le tiers nord-est de pointe Rothera (carte 2) et elle est représentative de la zone dans son ensemble. Sa superficie est d'environ 280 mètres d'ouest en est et de 230 mètres de nord en sud. Sa hauteur maximale est de 36 mètres. A la côte, la limite de la zone est le périmètre de 5 mètres. C'est la raison pour laquelle il n'y a pas, à l'intérieur de la zone spécialement protégée de l'Antarctique une rive, un littoral ou un sublittoral supérieur. La limite sud de la zone qui traverse pointe Rothera d'un bout à l'autre est en partie jalonnée d'une série de gabions remplis de roches dans lesquels sont placés les panneaux de démarcation de la ZSPA. L'autre ligne de démarcation n'est pas balisée. Il y a deux panneaux juste à l'extérieur du périmètre de la zone, qui sont situés aux points de départ de la voie d'accès piétonnière autour de pointe Rothera (carte 2).
La ligne de démarcation de la zone s'étend jusqu'au contour de 5 mètres à la côte. En dessous de la hauteur de ce contour autour de pointe Rothera, l'accès des piétons n'est pas soumis à restriction. La voie d'accès piétonnière recommandée suit la ligne d'eau moyenne supérieure et elle apparaît sur la carte 2. Durant les périodes pendant lesquelles le sol est recouvert de neige et de la glace de mer s'est formée, les piétons doivent veiller à ce qu'ils se trouvent à une distance raisonnable du littoral et qu'ils ne soient pas en danger de s'égarer sur de la glace de mer peu fiable ou dans des fissures de marée.
On trouve de temps à autre de petites étendues de glace permanente au nord comme au sud du sommet de la zone spécialement protégée de l'Antarctique. Il n'y a pas de cours d'eau ou de mares permanents.
Les roches sont essentiellement des intrusions hétérogènes de diorite, de granodiorite et d'adamélitte de la suite intrusive andine de l'ère tertiaire inférieure mi-crétacée. Des veines de minerai de cuivre se dégagent clairement sur la roche sous la forme de taches d'un vert brillant. Le sol se limite à de petites poches de till glaciaire et de sable sur des promontoires rocheux. Des gisements locaux plus profonds produisent de petits cercles et polygones dispersés de diverses matières gelées. Il n'y a pas de vastes étendues de sol à motifs. Autour d'affleurements rocheux bien en vue qu'utilisent les goélands dominicains (Larus dominicanus) comme perchoirs, il y a des accumulations de coquilles de moule (Nacella concinna) récentes et pourrissantes qui forment des plaques de sols calcareux. Il n'y a aucune accumulation de matière organique.
Il n'y a pas dans la zone de traits géologiques ou géomorphologiques particuliers ou rares.
L'intérêt biologique terrestre restreint à l'intérieur de la zone est limité aux promontoires rocheux où l'on trouve une abondance de plantes locales que dominent les lichens. La végétation est représentative de l'écosystème d'altitude antarctique « maritime » austral et elle est dominée par les lichens fruticose Usnea antarctica, U. sphacelala et Pseudephebe minuscula ainsi que par les lichens foliose Umbilicaria decussata. De nombreux lichens crustose y sont associés, mais les bryophytes (principalement Andreaea spp.) sont parsemées.
On trouve une très petite population de sagines antarctiques (Colobanthus quitensis) en dessous de la falaise nord de la zone, cependant qu'un petit nombre de graminées (Deschampsia antarctica) se sont installées en deux endroits depuis 1989.
La faune invertébrée est pauvre et comprend uniquement quelques espèces d'arcariens et de springtails dont les espèces Halozetes belgicae et Cryptopygus antarcticus sont les plus courantes.
Il n'y a pas dans la zone de flore ou faune particulière ou rare.
Les labbes bruns et antarctiques (Catharacta lonnbergii et C. maccormicki) sont les oiseaux reproducteurs que l'on trouve le plus en abondance dans la zone, cinq couples de labbes y ayant installé leurs nids durant la saison 2006-2007. Un couple de goélands dominicains (Larus dominicanus) a également fait son nid sur place. Enfin, on sait que les pétrels de Wilson (Oceanites oceanicus) s'y reproduisent mais on n'en a trouvé qu'un seul nid.
La station de recherche de Rothera (Royaume-Uni) est située à 250 mètres environ à l'ouest de la limite occidentale de la zone (voir l'encart de la carte 2).
ii) Aires à accès limité à l'intérieur de la zone :
Aucune.
iii) Emplacement des structures à l'intérieur de la zone :
Un cairn rocheux marque le sommet de la zone (36 mètres) et, à 35 mètres à l'est sud-est de ce cairn, on trouve un autre cairn (35,4 mètres) qui indique la présence d'une station de recherche.
iv) Emplacement d'autres zones protégées à forte proximité :
La ZSPA n° 107, îles Dion, baie Marguerite, se trouve à environ 15 kilomètres au sud de l'île Adelaïde. La ZSPA n° 115, île Lagotellerie, baie Marguerite, se trouve à environ 11 kilomètres au sud de l'île Pourquoi Pas. La ZSPA n° 117, île des Oiseaux, baie Marguerite, se trouve à environ 0,25 kilomètre au sud de l'extrémité sud-ouest de l'île Adelaïde. On trouvera sur la carte 1 l'emplacement de ces zones 1.
7. Conditions de délivrance du permis :
L'accès à la zone est interdit sans un permis. Les permis seront uniquement délivrés par les autorités nationales appropriées et ils peuvent être assortis de conditions à la fois générales et spécifiques.
Au nombre des conditions générales à remplir pour délivrer un permis d'accès à la zone peuvent figurer les suivantes :
― activités limitées à la recherche scientifique ou à des travaux de surveillance continue ;
― les actions autorisées ne mettront pas en danger les écosystèmes ou les valeurs scientifiques et travaux de surveillance continue de la zone ;
― toutes les activités de gestion sont conduites à l'appui des objectifs du plan de gestion ;
― les actions autorisées sont exécutées conformément à ce plan de gestion ;
― le détenteur du permis doit être muni à l'intérieur de la zone dudit permis ou d'une copie autorisée.
Les autorités nationales peuvent assortir la délivrance d'un permis de conditions générales ou spécifiques additionnelles.
i) Accès à la zone et déplacements à l'intérieur de celle-ci :
L'accès à la zone se fera à pied.
L'atterrissage d'hélicoptères à l'intérieur de la zone est interdit. Dans toute la mesure du possible, les survols de la zone par des hélicoptères seront évités.
L'accès à la zone par des véhicules est interdit.
ii) Activités qui sont ou peuvent être menées dans la zone, y compris les restrictions à la durée et à l'endroit :
Les activités conduites ou pouvant être conduites à l'intérieur de la zone sont les suivantes :
― travaux de recherche scientifique ou de surveillance continue qui ne mettront pas en danger les écosystèmes de la zone ;
― les activités de gestion essentielles.
iii) Installation, modification ou enlèvement de structures :
Aucune structure ni équipement scientifique ne peuvent être mis en place dans la zone sauf pour des motifs scientifiques essentiels ou pour des activités de gestion (panneaux, matériel de surveillance, par exemple) qu'autorise spécifiquement le permis.
Tout le matériel de nature scientifique et de surveillance, y compris les indicateurs de démarcation, doit être approuvé par le permis et clairement identifié, indiquant le nom du principal chercheur, le projet en cours d'exécution et l'année d'installation dudit matériel. Le détenteur du permis doit retirer le matériel susmentionné qui aura été installé dès qu'il n'est plus nécessaire ou à la date d'expiration du permis, des deux l'option qui survient le plus tôt.
iv) Emplacement des camps :
Il est interdit d'installer des campements dans la zone. Il est possible de trouver un lieu d'hébergement à la station de recherche de Rothera.
v) Restrictions sur les matériaux et organismes pouvant être introduits dans la zone :
Aucun animal, aucune plante, aucun micro-organisme et aucun type de sol non indigènes ne pourront être délibérément introduits dans la zone. Tous les dispositifs d'échantillonnage apportés dans la zone doivent avoir été soigneusement nettoyés. Les chaussures, les vêtements extérieurs, les sacs à dos et autres équipements utilisés ou apportés dans la zone doivent dans toute la mesure du possible avoir été soigneusement nettoyés avant d'entrer dans la zone.
Toutes les substances dangereuses et tous les produits chimiques, y compris les radio-isotopes, qui sont introduits pour les activités de nature scientifique, de surveillance ou de gestion indiquées dans le permis, doivent être rapportés de la zone à la fin ou avant la fin de l'activité pour laquelle un permis a été délivré.
Les carburants, les produits alimentaires et tous autres matériaux ne doivent pas être stockés dans la zone sauf impératif lié à une activité pour laquelle un permis a été délivré. Tous les matériels introduits sont retirés de la zone à la fin ou avant la fin de l'activité pour laquelle un permis a été délivré. Les stockages permanents sont interdits.
Il est interdit d'introduire des produits issus de la volaille, y compris des produits alimentaires contenant des œufs en poudre non cuits.
vi) Prélèvement de végétaux et capture d'animaux ou perturbations nuisibles à la faune et la flore :
Tout prélèvement ou intervention nuisible sur la faune et la flore indigènes est interdit, sauf pour les titulaires d'un permis. Dans les cas où il y a prélèvement ou intervention nuisible sur des animaux, il faut que l'opération se déroule au minimum conformément au code de conduite du Comité scientifique pour la recherche en Antarctique (SCAR) pour l'utilisation d'animaux à des fins scientifiques dans l'Antarctique.
vii) Ramassage ou enlèvement de toute chose qui n'a pas été apportée dans la zone par le détenteur du permis
Les matériels ne peuvent être collectés et/ou retirés de la zone que conformément aux dispositions d'un permis et ils doivent être limités au minimum nécessaire pour répondre à des besoins scientifiques ou à des besoins de gestion. Les matières d'origine humaine qui n'ont pas été introduites dans la zone par le titulaire du permis ou avec une autorisation et qui pourraient porter atteinte aux valeurs de la zone, doivent être enlevées de la zone à moins que l'impact de l'enlèvement soit supérieur à l'impact qu'aurait le fait de laisser les matériels sur place. Dans ce dernier cas, l'autorité compétente doit être notifiée.
viii) Elimination des déchets :
Tous les déchets, y compris les déchets produits par l'homme, doivent être enlevés de la zone.
ix) Mesures nécessaires pour faire en sorte que les buts et objectifs du plan de gestion continuent à être atteints :
Des permis peuvent être délivrés pour entrer dans la zone afin d'y faire des travaux de recherche scientifique, de surveillance et d'inspection de la zone, qui font intervenir le prélèvement d'un petit nombre d'échantillons à des fins d'analyse, pour ériger ou entretenir des panneaux ou pour appliquer des mesures de protection.
x) Rapports de visite :
Les Parties devraient s'assurer que le principal titulaire de chaque permis délivré soumette à l'autorité compétente un rapport des activités menées dans la zone. Ce rapport doit inclure s'il y a lieu les renseignements identifiés dans le formulaire de rapport de visite suggéré par le Comité scientifique pour la recherche en Antarctique (SCAR). Les Parties devraient, conserver une archive de ces activités et, dans l'échange annuel d'informations, fournir une description synoptique des activités menées par des personnes relevant de leur juridiction, avec suffisamment de détails pour permettre une évaluation de l'efficacité du plan de gestion. Les Parties devraient, dans la mesure du possible, déposer les originaux ou les copies de ces rapports dans une archive à laquelle le public pourra avoir accès en vue de préserver une archive d'usage qui sera utilisée et dans l'examen du plan de gestion et dans l'organisation de l'emploi scientifique de la zone.
Carte 1. ZSPA n° 129, pointe Rothera, carte montrant son emplacement
Spécifications de la carte. Sphéroïde WGS84 stéréographique polaire antarctique.
Parallèle standard : 71° S. Méridien central : 45° O.
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 200 du 30/08/2009 texte numéro 11
Carte 2. ZSPA n° 129, pointe Rothera, carte topographique
Spécifications de la carte. Sphéroïde WGS84 stéréographique polaire antarctique.
Parallèle standard : 71° S. Méridien central : 67° 45' W.
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JOn° 200 du 30/08/2009 texte numéro 11