MESURE 2 (2004)
Les Représentants,
Rappelant les articles 3, 5 et 6 de l'annexe V du Protocole du Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement, qui contiennent des dispositions relatives à la désignation des zones gérées spéciales de l'Antarctique et à l'approbation de plans de gestion pour ces zones ;
Rappelant la recommandation VIII-1 (1975) qui a désigné l'île Litchfield en tant que zone spécialement protégée n° 17, la recommandation VIII-4 (1975) qui a annexé un plan de gestion pour le site présentant un intérêt scientifique particulier (SISP) n° 2 : hauteurs Arrival, péninsule de pointe Hut, île Ross, la recommandation XIII-8 (1985) qui a annexé un plan de gestion pour le SISP n° 20 : pointe Biscoe, île Anvers, archipel Palmer, et la mesure 1 (1999) qui a joint un nouveau plan de gestion pour le SISP n° 23 : Svarthamaren, ainsi que la décision 1 (2002) qui a rebaptisé et renuméroté ces zones et sites en tant que zones spécialement protégées de l'Antarctique ;
Notant que le Comité pour la protection de l'environnement a recommandé que la zone identifiée ci-dessous soit désignée en tant qu'une nouvelle zone spécialement protégée de l'Antarctique et qu'il a approuvé les plans de gestion annexés à la présente mesure ;
Reconnaissant que la zone identifiée ci-dessous revêt une valeur considérable dans le domaine de la science, de la faune et la flore, de l'écologie, du patrimoine et de l'esthétique, et qu'elle bénéficierait d'une protection spéciale ;
Désireux d'adopter des plans de gestion pour cette zone et pour la zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 113, et de remplacer les plans de gestion pour les zones spécialement protégées de l'Antarctique n°s 122, 139 et 142 par des plans de gestion révisés et actualisés ;
Recommandent pour approbation à leur Gouvernement la mesure ci-après conformément au paragraphe 1 de l'article 6 de l'annexe V du Protocole du Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement :
Que :
1. La zone ci-après soit désignée en tant que zone spécialement protégée de l'Antarctique :
Zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 162 : cabanes Mawson, baie du Commonwealth, terre George V, Antarctique oriental.
2. Les plans de gestion annexés à la présente mesure et portant sur les sites suivants soient adoptés :
― zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 113 ― Île Litchfield, port Arthur, île Anvers, archipel Palmer, péninsule Antarctique ;
― zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 122 ― Hauteurs Arrival, péninsule Hut Point, île Ross ;
― zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 139 ― Pointe Biscoe, île Anvers, archipel Palmer, péninsule Antarctique ;
― zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 142 ― Svarthamaren, Muhlig-Hoffmannfjella, terre Dronning Maud ;
― zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 162, cabanes Mawson, baie du Commonwealth, terre George V, Antarctique oriental.
3. Que tous les plans de gestion antérieurs pour les zones spécialement protégées de l'Antarctique n°s 122, 139 et 142 cessent d'être en vigueur.
PLAN DE GESTION
ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N° 113 ÎLE LITCHFIELD,
PORT ARTHUR, ÎLE ANVERS, ARCHIPEL PALMER
1. Description des valeurs à protéger
L'île Litchfield (latitude sud 64° 46', longitude ouest 64° 06', 2,7 km²), port Arthur, île Anvers, péninsule antarctique, avait, sur proposition des Etats-Unis d'Amérique, initialement été désignée en tant que zone spécialement protégée de l'Antarctique en vertu de la recommandation VIII-1 (ZSP n° 17, 1975). Si ce site a bénéficié de cette désignation, c'est parce que l'île Litchfield, y compris son littoral, abritait une faune et une flore terrestres et marines très importantes, qu'elle représentait un site de reproduction unique parmi les îles voisines pour six espèces aviaires de l'endroit, et qu'elle constituait un exemple remarquable de l'écosystème naturel de la péninsule antarctique .
Le plan de gestion actuel réaffirme les raisons initiales de la désignation liée à la présence de communautés aviaires. En effet, l'île abrite une mosaïque d'espèces aviaires très variées qui est représentative de la région centre-ouest de la péninsule antarctique. Le nombre d'espèces qui a été observé en phase de reproduction sur l'île Litchfield est de sept et non de six comme il avait été établi dans un premier temps. Parmi ces espèces, citons le manchot Adélie (Pygoscelis adeliae), le pétrel géant (Macronectes giganteus), l'océanite de Wilson (Oceanites oceanicus), le goéland dominicain (Larus dominicanus), le labbe antarctique (Catharacta maccormicki), le labbe brun (Catharacta loennbergi) et la sterne antarctique (Sterna vittata). Le fait que ces colonies d'oiseaux aient été relativement peu perturbées constitue une valeur importante de la zone.
En 1964, l'île Litchfield renfermait l'une des couches de mousse connues les plus importantes de la région de la péninsule antarctique, dominée par Warnstorfia laculosa qui était alors considérée à sa limite méridionale (Corner, 1964 a). En effet, W. laculosa a été observée à certains autres endroits plus au sud, y compris sur l'île Green (ZSPA n° 108, îles Berthelot) et l'île Avian (ZSPA n° 118, baie Marguerite). En conséquence, le fait initial consistant à affirmer que cette espèce est située à sa limite la plus méridionale sur l'île Litchfield n'est plus exact. Toutefois, l'île Litchfield représentait à l'époque un des exemples les plus représentatifs de la végétation maritime antarctique au large de la côte occidentale de la terre Graham. En outre, plusieurs bancs de Chorisodontium aciphyllum et de Polytrichum strictum répartis sur une profondeur allant jusqu'à 1,2 mètre ont été décrits en 1982 et étaient alors considérés comme les exemples les plus représentatifs de leur type dans la région de la péninsule antarctique (Fenton et Smith, 1982). En février 2001, il a été observé que ces valeurs avaient lourdement souffert de l'impact des otaries à fourrure (Arctocephalus gazella) qui ont endommagé et détruit d'importantes zones de végétation sur les pentes inférieures les plus accessibles de l'île, et ce par piétinement et par enrichissement en matière organique. Certains endroits, qui étaient auparavant recouverts d'épaisses couches de mousse, ont été complètement détruits alors que d'autres ont subi des dégâts moyens, voire graves. Alors que les pentes de Deschampsia antarctica sont plus résistantes et ont supporté la présence des otaries à fourrure, même en grand nombre, des signes de dégâts importants sont évidents. Cependant, aux endroits les plus escarpés et les plus élevés de l'île, ainsi que dans des zones qui sont inaccessibles aux otaries, la végétation est restée intacte. Bien que la végétation soit moins importante et que certaines des couches de mousse aient été affectées, la végétation restante conserve une valeur certaine et justifie pleinement la protection spéciale de l'île. L'île Litchfield se caractérise par sa topographie la plus variée ainsi que par la plus grande diversité d'habitats terrestres de toutes les îles de port Arthur.
L'île Litchfield a bénéficié d'une protection spéciale quasiment depuis qu'ont commencé à l'ère moderne des activités scientifiques dans la région, les autorisations d'accès ayant été uniquement délivrées pour répondre à des buts scientifiques indispensables. Par conséquent, aucune visite, recherche ou activité d'échantillonnage à grande échelle n'y a jamais été organisée et sa valeur en tant que zone terrestre protégée a été relativement peu perturbée par des activités humaines. La zone conserve donc toute sa valeur comme site de référence pour plusieurs types d'études comparatives, certaines zones étant utilisées plus intensément, et les changements à long terme concernant les populations de certaines espèces et le microclimat peuvent y être observés. L'accès à l'île est facile en petite embarcation à partir de la station Palmer (Etats-Unis d'Amérique) toute proche, et port Arthur est visité fréquemment par des navires de tourisme. Une protection spéciale continue est dès lors indispensable pour garantir que la zone soit perturbée le moins possible par les activités humaines.
La zone désignée englobe la totalité de l'île Litchfield au-dessus du niveau de la mer à marée basse, à l'exception des îlots et des rochers en mer.
La gestion de l'île Litchfield vise à :
― éviter toute détérioration ou tout risque de détérioration des valeurs de la zone en empêchant tout échantillonnage et toute perturbation inutile de ladite zone ;
― permettre des recherches scientifiques sur l'écosystème naturel et l'environnement physique de la zone, pour autant que ces recherches soient indispensables et ne puissent être menées ailleurs, et qu'elles ne portent pas atteinte aux valeurs pour lesquelles la zone est protégée ;
― minimiser les risques d'introduction de plantes, d'animaux ou de microbes exotiques dans la zone ;
― permettre à l'appui des buts et objectifs du plan de gestion des visites à des fins de gestion.
Les activités de gestion suivantes devront être entreprises pour protéger les valeurs de la zone :
― des copies de ce plan de gestion, y compris des cartes de la zone, seront mises à la disposition de la station Palmer sur l'île Anvers ;
― les dispositifs de bornage, les panneaux et autres structures mis en place dans la zone à des fins scientifiques ou de gestion devront être solidement fixés et soigneusement entretenus ;
― des visites seront organisées en fonction des besoins (au moins une fois tous les 5 ans) afin de déterminer si la zone répond toujours aux objectifs pour lesquels elle a été désignée et de s'assurer que les mesures de gestion et d'entretien sont adéquates.
La zone est désignée pour une période indéterminée.
Carte 1. ― Ile Litchfield, ZSPA n° 113.
Cette carte indique l'emplacement de l'île par rapport à port Arthur et l'île Anvers, ainsi que l'endroit où sont situées les stations avoisinantes (la station Palmer, Etats-Unis d'Amérique ; la station Yelcho, Chili, ainsi que le site et monument historique de Port Lockroy, Royaume-Uni) et les zones protégées environnantes.
Projection : UTM fuseau 20S.
Sphéroïde : WGS84.
Source de données : SCAR Antarctic Digital Database V4.0 (2002).
Encart : emplacement de l'île Anvers et de l'archipel Palmer par rapport à la péninsule Antarctique.
Carte 2. ― Ile Litchfield, ZSPA n° 113.
Cette carte indique les particularités physiques ainsi que la faune et la flore sélectionnées.
Projection : UTM zone 20S.
Sphéroïde : WGS84.
Datum : niveau moyen de la mer.
Equidistance des courbes de niveau : 5 m.
Cette carte est basée sur une orthophotographie numérique dont la précision verticale et horizontale est d'environ 2 m (Sanchez et Fraser, 2001). Le littoral nord-est et l'îlot adjacent situé en mer se trouvent au-delà des limites de l'orthophotographie et sont numérisés à partir d'une image aérienne rectifiée couvrant une zone plus large (précision estimée à ±
10 m, référence de l'image : TMA 3210 025V, 23/12/98). Les données relatives à l'altitude du petit îlot situé au large de la côte nord-est ne sont pas disponibles. Les données concernant la répartition des oiseaux émanent de Fraser (commentaire personnel, 2001). Les dépressions associées aux éléphants de mer proviennent de l'orthophotographie.
L'île Litchfield (latitude sud 64° 46' 15'', longitude ouest 64° 05' 40'', 0,35 km²) est située à port Arthur, à environ 1 500 m à l'ouest de la station Palmer (Etats-Unis d'Amérique), pointe Gamage, île Anvers, dans la région occidentale de la péninsule antarctique connue sous le nom d'archipel Palmer (carte 1). L'île Litchfield est une des îles les plus grandes de port Arthur, s'étendant sur environ 1 000 m dans le sens nord-ouest/sud-est et sur 700 m dans le sens nord-est/sud-ouest. L'île Litchfield présente la topographie la plus variée et les habitats terrestres les plus divers des îles de port Arthur (Borner et Smith, 1985). Plusieurs collines s'élèvent à une altitude située entre 30 et 40 m, le sommet de 48 m se trouvant dans la partie centre occidentale de l'île (carte 2). Des affleurements rocheux sont assez nombreux, à la fois sur ces pentes et sur la côte. L'île est dans sa majeure partie libre de glace en été, à l'exception des petites concentrations de neige que l'on retrouve principalement sur les versants méridionaux et les vallées. Des falaises d'une hauteur pouvant atteindre 10 m constituent les côtes du nord-est et du sud-est, et les baies au nord et au sud abritent des plages de galets.
La zone désignée englobe la totalité de l'île Litchfield au-dessus du niveau de la mer à marée basse, à l'exception des îlots et des rochers en mer. La côte est en soi une ligne de démarcation clairement définie et visible de sorte qu'aucun dispositif de bornage n'a été installé.
Peu de données sont disponibles concernant la météorologie sur l'île Litchfield. Toutefois, des données relatives aux températures ont été recueillies à deux endroits, l'un qui fait face au nord et l'autre qui fait face au sud entre le mois de janvier et de mars 1983 (Komárková, 1983). Le site qui fait face au nord s'est avéré être le plus chaud des deux, les températures de janvier, février et mars 1983 oscillant respectivement entre 2 et 9 °C, ― 2 et 6 °C et ― 2 et 4 °C. Une température maximale de 13 °C et minimale de ― 3 °C a été enregistrée sur ce site au cours de cette période. Le site qui fait face au sud a en général connu une température inférieure de 2 °C, les températures de janvier, février et mars 1983 oscillant respectivement entre 2 et 6 °C, ― 2 et 4 °C et ― 3 et 2 °C. Une température maximale de 9 °C et minimale de ― 4,2 °C a été enregistrée sur ce site au cours de cette période.
Les données qui sont disponibles sur le long terme pour la station Palmer indiquent des températures régionales relativement douces en raison des conditions océanographiques locales et de la persistance d'une couche de nuages fréquents dans la région de port Arthur (Lowry, 1975). Les moyennes mensuelles des températures de l'air enregistrées pendant 22 ans à la station Palmer varient de ― 7,8 °C en août (le mois le plus froid) à 2,5 °C en janvier (le mois le plus chaud) (Baker, 1996). La température minimale enregistrée est de ― 31 °C et la maximale de 9 °C tandis que la moyenne annuelle est de ― 2,3 °C. Les orages et les précipitations sont fréquents à la station Palmer, les vents de faibles à modérés étant persistants et soufflant de secteur nord-est.
L'île Litchfield est une des nombreuses petites îles et péninsules rocheuses situées le long de la côte sud-ouest de l'île Anvers, qui se composent d'un assemblage inhabituel de type rocheux de la fin du Crétacé/début du Tertiaire appelé Altered Assemblage (Hooper, 1962). Les principaux types de roches du Altered Assemblage sont la tonalite, une forme de diorite à quartz, et la trondhjemite, une roche plutonique légèrement colorée. Les roches granitiques et volcaniques riches en minéraux (plagioclase, biotite, quartz et hornblende) sont également très présentes dans la zone. L'île Litchfield se caractérise par une bande centrale de diorites à grain fin de couleur gris semi-foncé, qui sépare entre l'est et l'ouest les trondhjemites et les tonalites constituées principalement de grain moyen et présentant une couleur gris clair (Willan, 1985). La partie orientale se caractérise par des filons plus pâles sur une longueur pouvant aller jusqu'à 40 m selon une orientation nord-sud et est-ouest. Des petites veines de quartz, d'épidote, de chlorite, de pyrite et de chalcopyrite d'une épaisseur pouvant aller jusqu'à 8 cm se dessinent selon une orientation sud/sud-est traversant la tonalite. Des filons plagioclasiques phyrique gris foncé à grain fin portant des traces de magnétite suivent une orientation est/nord-est sud/sud-est. De nombreux filons de feldspath phyrique gris foncé sont présents à l'ouest ; ils peuvent avoir une épaisseur de 3 m et affichent une orientation nord-sud et est/sud-est. Certains d'entre eux recoupent ou sont recoupés par de rares veines de quartz, d'épidote, de chlorite, de pyrite, de chalcopyrite et de bornite dont l'épaisseur peut atteindre 20 cm.
Les sols de l'île Litchfield n'ont fait l'objet d'aucune description bien que des sols tourbeux d'une profondeur pouvant atteindre 1 m aient été découverts à des endroits où la croissance du tapis mousseux est, ou était, importante.
L'île Litchfield abrite quelques petites lagunes. Une d'entre elles située sur une colline dans la partie centre/nord-est de l'île contient les algues Heterohormogonium sp. et Oscillatoria brevis. Une autre lagune, située 50 m plus au sud, renferme Gonium sp., Prasiola crispa, P. tesselata et Navicula sp. (Parker et al., 1972).
Les communautés de plantes sur l'île Litchfield ont fait l'objet d'une étude détaillée en 1964 (Corner, 1964 a). A cette époque-là, la végétation de l'île était très développée et comprenait plusieurs communautés distinctes avec une flore variée (Smith et Corner, 1973). Les deux espèces de plante vasculaire de l'Antarctique, la canche antarctique (Deschampsia antarctica) et la sagine antarctique (Colobanthus quitensis) ont été répertoriées sur l'île (Corner, 1964 a ; Greene et Holtom, 1971 ; Smith et Corner, 1973). Corner (1964 a) a constaté que D. antarctica se retrouvait souvent le long des côtes nord et nord-ouest de l'île et que des concentrations localisées plus importantes à l'intérieur de l'île peuplaient les bancs rocheux contenant des dépôts de minéraux (Greene et Holtom, 1971). C. quitensis était présent à deux endroits : une concentration sur la côte nord-est mesurant environ 9 × 2 m et une série de six nappes dispersées sur des pentes raides et lisses de la côte nord-ouest. Ces deux plantes vasculaires sont en général accompagnées d'un assemblage de couches de mousse, notamment Bryum pseudotriquetrum (Bryum imperfectum), Sanionia uncinata (
Drepanocladus uncinatus), Syntrichia princeps (Tortula grossiretis) et Warnstorfia laculosa (
Calliergidium austro-stramineum) (Corner, 1964 a).
Sur les versants rocheux assez secs, plusieurs bancs de Chorisodontium aciphyllum (Dicranum aciphyllum) et de Polytrichum strictum (Polytrichum alpestre) ont été observés en 1982 à pas moins de 1,2 m de profondeur à certains endroits et ils sont considérés comme les exemples les plus représentatifs de leur espèce dans la région de la péninsule antarctique (Fenton et Smith, 1982). Les concentrations de tourbe mousseuse les plus exposées aux éléments naturels sont couvertes de lichens crustacés, une espèce de Cladonia spp., Sphaerophorus globosus et Coelocaulon aculeatum (Cornicularia aculeata). Dans les ravines profondes et protégées, le couvert de lichens est souvent dense et abrite Usnea antarctica, U. aurantiaco-atra et Umbilicaria antarctica. La tourbe P. strictum, d'une épaisseur de 50 cm, a été observée à des endroits surélevés au creux d'une étroite vallée d'orientation est-ouest. Les hépatiques Barbilophozia hatcheri et Cephaloziella varians ont été associés aux communautés de tourbes, en particulier dans les canaux pilonnés par le gel, et se présentent souvent sous forme de spécimens figés sur de l'humus découvert.
Un certain nombre de zones humides en permanence ont été observées sur l'île, et une des particularités les plus remarquables de ces zones sont les couches de mousses les plus importantes connues à ce jour dans la région antarctique, dominées par W. laculosa (Fenton et Smith, 1982). A d'autres endroits, S. uncinata et Brachythecium austro-salebrosum forment des concentrations plus petites. Pohlia nutans peuple les zones plus sèches où les communautés de mousses ont fusionné avec celles de tourbes mousseuses.
Les surfaces rocheuses abritent une variété de communautés dominées par des lichens auxquelles viennent s'ajouter les nombreuses espèces épiphytiques observées sur les bancs de mousse. Une communauté ouverte de lichens et de bryophytes couvrait des roches et des falaises le long de la côte et au centre de l'île. La côte méridionale de l'île abrite principalement des espèces crustacées de lichens, notamment Usnea antarctica ainsi que les mousses Andreaea depressinervis et A. regularis. L'algue verte Prasiola crispa forme de petites concentrations associées aux colonies de manchots et autres habitats d'oiseaux de mer.
Parmi les autres espèces observées dans la zone, citons : l'hépatique Lophozia excisa ; les lichens Buellia spp., Caloplaca spp., Cetraria aculeata, Coelopogon epiphorellus, Lecanora spp., Lecidia spp., Lecidella spp., Lepraria sp., Mastodia tessellata, Ochrolechia frigida, Parmelia saxatilis, Physcia caesia ; Rhizocarpon geographicum, Rhizocarpon sp., Stereocaulon glabrum, Umbilicaria decussata, Xanthoria candelaria et X. elegans ; et les mousses Andreaea gainii var. gainii, Bartramia patens, Dicranoweisia grimmiacea, Pohlia cruda, Polytrichastrum alpinum, Sarconeurum glaciale et Schistidium antarctici (base de données sur la végétation de la British Antarctic Survey, 1999).
Au cours des dernières années, des populations de plus en plus importantes d'otaries à fourrure (Arctocephalus gazella) ont sérieusement endommagé les couches et les bancs de mousse à faible altitude (Lewis-Smith, 1996, et Harris, 2001). Les labbes antarctiques (Catharacta maccormicki) établissent leur nid dans les bancs de mousse et provoquent des dégâts limités.
La faune d'invertébrés de l'île Litchfield n'a pas fait l'objet d'une étude détaillée. Les tardigrades Macrobiotus furciger, Hypsibius alpinus et H. pinguis ont été observés dans des concentrations de mousses, principalement sur les versants nord de l'île (Jennings, 1976).
Sept espèces d'oiseaux se reproduisent sur l'île Litchfield qui, à ce titre, concentre les habitats les plus variés de la région de port Arthur pour ce qui est de l'avifaune en phase de reproduction. Une petite colonie de manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) se trouve sur la partie orientale de l'île et est recensée régulièrement depuis 1971 (cf. tableau 1). Le nombre de couples en phase de reproduction a diminué de manière substantielle au cours des 30 dernières années, une tendance que Fraser et Patterson (1997) attribuent principalement aux changements à long terme dans les cycles d'accumulation de la neige. La colonie est située sur un relief sensible aux augmentations de l'accumulation des neiges qui, en cas de persistance, peuvent compromettre la capacité des manchots à établir leurs nids.
Tableau 1
Nombre de manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) en phase de reproduction sur l'île Litchfield entre 1971 et 2002
ANNÉE |
COUPLES EN phase de reproduction |
DÉCOMPTE ¹ |
SOURCE |
ANNÉE |
COUPLES EN phase de reproduction |
DÉCOMPTE ¹ |
SOURCE |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1971-72 |
890 |
N3 |
2 |
1988-89 |
|
|
|
1972-73 |
|
|
|
1989-90 |
606 |
N1 |
3 |
1973-74 |
|
|
|
1990-91 |
448 |
N1 |
3 |
1974-75 |
1 000 |
N4 |
2 |
1991-92 |
497 |
N1 |
3 |
1975-76 |
884 |
N1 |
3 |
1992-93 |
496 |
N1 |
3 |
1977-78 |
650 |
N1 |
2 |
1993-94 |
485 |
N1 |
3 |
1978-79 |
519 |
N1 |
2 |
1994-95 |
425 |
N1 |
3 |
1979-80 |
564 |
N1 |
2 |
1995-96 |
410 |
N1 |
3 |
1980-81 |
650 |
N1 |
2 |
1996-97 |
346 |
N1 |
3 |
1981-82 |
|
|
|
1997-98 |
365 |
N1 |
3 |
1982-83 |
|
|
|
1998-99 |
338 |
N1 |
3 |
1983-84 |
635 |
N1 |
2 |
1999-2000 |
322 |
N1 |
3 |
1984-85 |
549 |
N1 |
2 |
2000-01 |
274 |
N1 |
3 |
1985-86 |
586 |
N1 |
2 |
2001-02 |
166 |
N1 |
3 |
1986-87 |
577 |
N1 |
3 |
2002-03 |
143 |
N1 |
3 |
1987-88 |
430 |
N1 |
3 |
|
|
|
|
Les pétrels géants (Macronectes giganteus) se reproduisent en petit nombre sur l'île Litchfield. Quelque 20 couples ont été répertoriés en 1978-1979, y compris un adulte incubant qui avait été bagué en Australie (Bonner et Smith, 1985). Des données plus récentes sur le nombre de couples en phase de reproduction figurent au tableau 2.
Tableau 2
Nombre de pétrels géants (Macronectes giganteus) en phase de reproduction sur l'île Litchfield entre 1993 et 2003 (précision du décompte : «/b>± 5 %)
ANNÉE |
COUPLES EN phase de reproduction |
ANNÉE |
COUPLES EN phase de reproduction |
---|---|---|---|
1993-94 |
26 |
1998-1999 |
44 |
1994-95 |
32 |
1999-2000 |
41 |
1995-96 |
37 |
2000-2001 |
39 |
1996-97 |
36 |
2001-2002 |
46 |
1997-98 |
20 |
2002-2003 |
42 |
Les otaries à fourrure (Arctocephalus gazella) ont fait leur apparition à port Arthur au milieu des années 70 et sont désormais présentes sur l'île Litchfield à partir du mois de janvier de chaque année. Des recensements réguliers effectués en février et en mars entre 1988 et 2003 ont permis de comptabiliser une moyenne de 160 et 340 animaux sur l'île au cours de ces mois respectifs (Fraser, commentaire personnel, 2003).
Les éléphants de mer (Mirounga leonina) rallient les plages accessibles d'octobre à juin, et leur nombre a été évalué en moyenne à 43 au cours de ces mois depuis 1988 (Fraser, commentaire personnel, 2003). Les groupes plus importants, d'une douzaine d'animaux voire plus, se trouvent dans les vallées de faible élévation sur le flanc nord-est de l'île (cf. carte 2). Quelques phoques de Weddell (Leptonychotes weddellii) sont parfois observés sur les plages. Les phoques mangeurs de crabe (Lobodon carcinophagus) et les léopards de mer (Hydrurga leptonyx) sont souvent présents sur les glaces flottantes à proximité de l'île Litchfield.
De forts courants de marée existent entre les îles à port Arthur mais la côte abrite de nombreuses anses protégées (Richardson et Hedgpeth, 1977). Des falaises rocheuses infratidales s'enfoncent en angle dans un substrat mou à une profondeur moyenne de 15 m et de nombreux affleurements rocheux existent dans ce substrat à des profondeurs supérieures. La structure des sédiments à port Arthur est en général assez floue et se compose principalement de particules de boue à faible teneur organique (0,43 à 0,88 % poids).
Le substrat constitué principalement de boues molles, qui est situé à environ 200 m au large de la côte nord-est de l'île Litchfield, s'est révélé riche en communautés macrobenthiques caractérisées par leur grande variété et une biomasse de crustacés, de mollusques, d'arthropodes et de polychètes autonomes se nourrissant de dépôts (Lowry, 1975). Les espèces de poisson Notothenia neglecta, N. nudifrons et Trematomus newnesi ont été observées à une profondeur de 3 à 15 m (De Witt et Hureau, 1979). La patelle antarctique (Nacella concinna) est présente dans les eaux marines autour de l'île Litchfield (Kennicutt et al., 1992 b).
En janvier 1989, le navire Bahia Paraiso s'est échoué à 750 m au sud de l'île Litchfield, déversant plus de 600 000 litres d'hydrocarbures dans l'environnement immédiat (Kennicutt, 1990, et Penhale et al., 1997). Les communautés peuplant les zones intertidales ont été les plus affectées, et des éléments polluants à base d'hydrocarbures ont été décelés dans les sédiments et les patelles (Nacella concinna) intertidales et infratidales, avec un taux de mortalité estimé supérieur à 50 % (Kennicutt et al., 1992 a et b, Kennicutt et Sweet, 1992, Penhale et al., 1997). Toutefois, cette population a recommencé à croître peu de temps après le déversement (Kennicutt, 1992 a et b). Le niveau des polluants du type hydrocarbure détectés sur les sites intertidaux choisis au hasard sur l'île Litchfield était parmi les plus élevés jamais enregistrés (Kennicutt et al., 1992 b, Kennicutt et Sweet, 1992). On a estimé que 80 % des manchots Adélie en nidation à proximité du déversement ont été exposés à la pollution par hydrocarbure, et que les colonies exposées ont connu une réduction supplémentaire de 16 % de leur population au cours de cette saison en raison de cette pollution (Penhale et al., 1997). Toutefois, peu d'oiseaux adultes morts ont été observés.
Les registres de délivrance des permis détenus par les Etats-Unis d'Amérique indiquent qu'au cours de la période 1978-1992 à peine 35 personnes ont visité l'île Litchfield et qu'environ 3 visites auraient été organisées par saison (Fraser et Patterson, 1997). Cela donne un total d'environ 40 visites sur 12 ans. Cependant, comme 24 atterrissages ont eu lieu au total sur l'île pendant les deux saisons 1991-1993 (Fraser et Patterson, 1997), il semble que ces données soient sous-évaluées. Toutefois, le nombre de visites de l'île Litchfield est resté faible au cours de cette période et cette tendance s'est poursuivie. Les visites ont avant tout visé à recenser les oiseaux et les phoques, et à étudier l'écologie terrestre.
Lors des études consacrées aux plantes sur l'île Litchfield en 1982 (Komárková, 1983), des baguettes de soudage ont été introduites dans le sol pour marquer les sites étudiés. A pointe Biscoe (ZSPA n° 139) située à proximité, de nombreuses baguettes utilisées dans le cadre d'études similaires ont été abandonnées in situ et ont éliminé la végétation environnante (Harris, 2001). Le nombre de baguettes qui a servi au bornage des sites sur l'île Litchfield est inconnu et aucune donnée ne permet de savoir si ce matériel a été subséquemment retiré du site. Néanmoins, une baguette a été retrouvée et retirée d'un site abritant de la végétation dans une petite vallée, à environ 100 m à l'ouest du sommet de l'île, et ce après de brèves recherches menées en février 2001 (Harris, 2001). Des recherches plus poussées seraient nécessaires afin de déterminer si d'autres baguettes de soudage sont toujours en place sur l'île. Aucun autre impact humain sur l'environnement terrestre n'a été observé le 28 février 2001 mais un des deux panneaux indiquant qu'il s'agit d'une zone protégée était en mauvais état et mal fixé.
L'impact des activités humaines sur les phoques, les oiseaux et l'écologie terrestre de l'île Litchfield, issu de visites directes sur le site, doit dès lors être considéré comme mineur (Bonner et Smith, 1985, Fraser et Patterson, 1997, Harris, 2001).
A l'exception d'un cairn au sommet de l'île, il n'existe aucune structure dans la zone. Une balise permanente, utilisée pour les recensements et constituée d'une tige filetée de 5/8 de pouce en acier inoxydable, a été installée sur l'île par l'USGS le 9 février 1999. Elle est située près du sommet de l'île (latitude sud 64° 46' 13,97'', longitude ouest 64° 05' 38,85'') à une altitude de 48 m et environ 8 m à l'ouest du cairn (cf. carte 2). La balise est fixée au sol et dotée d'un identificateur en plastique rouge. Une cachette de survie est située à proximité de la crête d'une petite colline surplombant la colonie de manchots Adélie, à 100 m au sud d'un petit site de débarquement par la mer.
Les zones protégées les plus proches de l'île Litchfield sont les suivantes : pointe Biscoe (ZSPA n° 139) située à 16 km à l'est de la zone près de l'île Anvers, la baie du Sud (ZSPA n° 146) située à environ 27 km au sud-est de l'île Doumer et la baie Eastern Dallmann (ZSPA n° 153) située à environ 90 km au nord-est, près de l'île Brabant (cf. carte 1).
L'accès à la zone est interdit sauf si un permis a été délivré par les autorités nationales compétentes. Les critères de délivrance d'un permis pour entrer dans la zone sont les suivants :
― un permis est délivré uniquement pour la conduite de recherches scientifiques indispensables qu'il est impossible d'entreprendre ailleurs, ou pour des raisons de gestion essentielles qui sont conformes aux objectifs du plan telles que des activités d'inspection, d'entretien ou de révision ;
― les actions autorisées ne viendront pas mettre en péril les valeurs écologiques de la zone ou la valeur de la zone en tant que site de référence terrestre ;
― toutes les activités de gestion visent la réalisation des buts du plan de gestion ;
― les actions autorisées sont conformes au plan de gestion ;
― la détention du permis ou d'une copie certifiée conforme est impérative dans la zone ;
― un rapport de visite devra être soumis à l'autorité nommée dans le permis ;
― tout permis sera délivré pour une durée donnée.
Altitudes minimales de survol
dans la zone selon le type d'aéronef
TYPE d'aéronef |
NOMBRE de moteurs |
ALTITUDE MINIMALE* |
|
Pieds |
Mètres |
||
Hélicoptère |
1 |
2 460 |
750 |
Hélicoptère |
2 |
3 300 |
1 000 |
Voilure fixe |
1 ou 2 |
1 500 |
450 |
Voilure fixe |
4 |
3 300 |
1 000 |
(*) Altitudes issues du document de travail WP026 (Royaume-Uni) de la XXVe RCTA (2002) ; si la RCTA adopte une série de directives pour les survols, le plan sera révisé pour tenir compte de l'accord en vigueur.
Etudes scientifiques qui ne peuvent être menées ailleurs et ne portent pas atteinte aux valeurs scientifiques et à l'écosystème de la région.
Activités de gestion essentielles, y compris la surveillance.
Les autorités compétentes doivent être informées de toute activité ou mesure qui ne seraient pas autorisées par le permis.
Aucune structure ne peut être installée dans la zone sauf autorisation stipulée dans le permis, à l'exception des balises de recensement et du cairn existant au sommet de l'île, et toute nouvelle structure ou installation permanente est interdite. Toutes les structures ainsi que tout le matériel scientifique et les balises installés dans la zone devront être autorisés par un permis pour une période spécifique et identifier clairement le pays, le nom de la personne ou de l'agence responsable de l'équipe de recherche et l'année de l'installation. Tout l'équipement doit être fabriqué avec des matériaux qui posent un risque minimum de perturbation de la faune et de pollution de la zone. Toute activité liée à l'installation (y compris le choix du site), à la modification, à l'entretien ou à l'enlèvement de structures sera menée à bien de manière à minimiser les perturbations de la faune et de la flore. L'enlèvement de structures, de matériels ou de balises pour lesquels le permis est arrivé à expiration sera une des conditions de la délivrance de ce permis.
L'introduction délibérée d'animaux, de végétaux ou de micro-organismes est interdite et les précautions visées au point 7 ix) seront prises en cas d'introductions accidentelles. La volaille préparée doit être libre de maladies ou d'infections avant d'être expédiée dans la zone et, si elle y est introduite à des fins alimentaires, toutes ses parties et tous ses déchets seront enlevés dans leur intégralité et incinérés ou bouillis suffisamment longtemps pour éliminer toutes les bactéries ou tous les virus potentiellement infectieux. Aucun herbicide ni pesticide ne doit être introduit dans la zone. Tout autre produit chimique, y compris les radionucléides ou isotopes stables, susceptibles d'être introduits à des fins scientifiques ou de gestion en vertu du permis, sera retiré de la zone au plus tard dès que prendront fin les activités prévues par le permis. Aucun combustible ne sera entreposé dans la zone sauf autorisation prévue par le permis pour les activités menées à des fins scientifiques ou de gestion. Tous les matériaux seront introduits dans la zone pour une période déterminée. Ils seront retirés de ladite zone au plus tard à la fin de cette période, puis ils seront manipulés et entreposés de manière à minimiser les risques pour l'environnement. En cas de déversement susceptible de porter préjudice aux valeurs de la zone, les matériaux seront retirés dans la mesure où ce retrait n'entraînera pas de conséquences plus graves que de les laisser in situ.
Toute capture ou perturbation nuisible à la faune et la flore est interdite sauf avec un permis délivré conformément à l'annexe II du Protocole du Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement. Dans le cas de prélèvements ou de perturbations nuisibles d'animaux, le SCAR Code of Conduct for Use of Animals for Scientific Purposes in Antarctica (Code de conduite du SCAR pour l'utilisation d'animaux à des fins scientifiques dans l'Antarctique) devra être utilisé comme norme minimale.
Le ramassage ou l'élimination de matériaux présents dans la zone peuvent être autorisés par le permis, mais doivent se limiter au minimum requis pour les activités menées à des fins scientifiques ou de gestion. Tout matériau d'origine humaine qui est susceptible d'avoir un impact sur les valeurs de la zone et n'a pas été introduit par le titulaire du permis ou toute autre personne autorisée doit être enlevé dans la mesure où cet enlèvement n'entraînera pas de conséquences plus graves que de le laisser in situ. Dans ce cas, les autorités compétentes devront en être informées.
Tous les déchets seront retirés de la zone. Les déchets humains seront évacués en mer.
1. Des permis peuvent être délivrés pour entrer dans la zone afin d'y réaliser des activités de suivi de l'évolution biologique et d'inspection du site pouvant impliquer le prélèvement de petits échantillons à des fins d'analyse, de révision ou de protection.
2. Tous les sites spécifiques dont le suivi sera de longue durée seront correctement balisés.
3. Les visiteurs devront prendre des précautions spéciales contre toute introduction afin de préserver les valeurs scientifiques et écologiques de l'île Litchfield qui jusqu'à présent est restée relativement à l'abri de l'intervention de l'homme. Il conviendra de ne pas introduire de plantes, de microbes, d'agents pathogènes et d'invertébrés issus d'autres sites antarctiques, y compris de stations, ou provenant d'autres régions hors de l'Antarctique. Les visiteurs devront veiller à ce que tout le matériel d'échantillonnage et de balisage introduit dans la zone soit propre. Les chaussures et autres équipements à utiliser dans la zone (sacs à dos, tentes, etc.) devront aussi, dans la mesure du possible, être soigneusement nettoyés avant de pénétrer dans la zone.
Les Parties doivent s'assurer que le principal détenteur de chaque permis délivré soumet aux autorités compétentes un rapport décrivant les activités menées dans la zone. Ces rapports doivent inclure, s'il y a lieu, les renseignements identifiés dans le formulaire du rapport de visite suggéré par le SCAR. Les Parties doivent conserver une archive de ces activités et, lors de l'échange annuel d'informations, fournir une description synoptique des activités menées par les personnes relevant de leur juridiction, avec suffisamment de détails pour permettre une évaluation de l'efficacité du plan de gestion. Les Parties doivent, dans la mesure du possible, déposer les originaux ou les copies de ces rapports dans une archive à laquelle le public pourra avoir accès, et ce afin de conserver une archive d'usage qui sera utilisée et dans l'examen du plan de gestion et dans l'organisation de l'utilisation scientifique de la zone.
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JO n° 282 du 04/12/2008 texte numéro 9
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JO n° 282 du 04/12/2008 texte numéro 9
PLAN DE GESTION
ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N° 122
HAUTEURS ARRIVAL, PÉNINSULE HUT POINT, ÎLE DE ROSS
1. Description des valeurs à protéger
Une zone des hauteurs Arrival avait été au départ désignée en tant que site présentant un intérêt scientifique particulier (SISP n° 2) en vertu de la recommandation VIII-4, et ce sur proposition des Etats-Unis d'Amérique en 1975. En effet, elle était considérée comme un site tranquille d'un point de vue naturel et électromagnétique, offrant les conditions idéales pour l'installation d'instruments sensibles conçus pour capter des signaux extrêmement faibles dans le cadre de programmes d'étude de la haute atmosphère. Bien qu'il soit établi que les conditions de tranquillité se sont dans une certaine mesure détériorées en raison des opérations des bases et des activités de radiocommunication sur la péninsule Hut Point, la nature, l'ampleur et l'étendue de ces transmissions sont telles que les valeurs de départ justifiant la désignation du site méritent toujours d'être protégées. En outre, les particularités géographiques initiales du site, telles que sa position élevée et, par conséquent, la vue dégagée de l'horizon, sa morphologie de cratères volcaniques et sa proximité de l'infrastructure logistique que représentent la station McMurdo (Etats-Unis d'Amérique) à 1,5 km au sud et la base Scott (Nouvelle-Zélande) à 3 km au sud-est font encore aujourd'hui de la zone un endroit privilégié pour les études de la haute atmosphère et de la couche limite.
Au cours des dernières années, l'augmentation des activités logistiques et scientifiques à proximité de la zone a entraîné un accroissement des bruits électromagnétiques au niveau local. Il est avéré que les valeurs de la zone en tant que site tranquille sont en danger du fait des interférences électromagnétiques large bande et bande étroite, provenant notamment des stations alentours, qui ont été établies par le Comité scientifique pour la recherche en Antarctique (SCAR) dans sa recommandation XXIII-6 (1994). Le déplacement proposé de la zone et de ses infrastructures connexes se heurte toutefois à des contraintes d'ordre scientifique, financier et pratique. Par conséquent, l'option privilégiée quant à la gestion de la zone consiste à réduire au maximum les sources internes et externes d'interférences électromagnétiques et à surveiller régulièrement les niveaux desdites interférences de sorte que toute menace réelle susceptible de peser sur les valeurs du site puisse être identifiée et écartée comme il se doit.
Depuis sa désignation initiale, le site a été utilisé pour mener plusieurs autres programmes scientifiques qui ont bénéficié des restrictions imposées en ce qui concerne l'accès à la zone. En particulier, la vue dégagée de l'horizon et l'isolement relatif (éloignement de véhicules en mouvement, de gaz d'échappement, etc.) se sont avérés utiles pour les recherches spectroscopiques, les analyses de particules atmosphériques ainsi que les études consacrées à la pollution, aux aurores et au géomagnétisme. Ces valeurs supplémentaires sont autant de raisons qui justifient aux hauteurs Arrival leur protection spéciale.
La zone présente toujours une grande valeur scientifique pour la collecte, à long terme, de données de grande précision sur l'atmosphère. Malgré les risques avérés d'interférences provenant de sources proches, les données à long terme, l'accessibilité du site pour des observations permanentes, les atouts géographiques du site et les coûts extrêmement élevés d'un déplacement de la zone justifient l'octroi à la zone d'une protection continue et renforcée. La vulnérabilité des recherches à la pollution par le bruit et les éléments chimiques, en particulier les interférences électromagnétiques, est telle que la zone mérite une protection spéciale continue.
Les buts du plan de gestion des hauteurs Arrival sont les suivants :
― éviter la dégradation des valeurs de la zone et les risques substantiels qu'elles pourraient courir en empêchant les perturbations humaines inutiles de la zone ;
― permettre la recherche scientifique dans la zone, notamment celle consacrée à l'atmosphère, tout en veillant à ne pas utiliser la zone à des fins incompatibles avec le présent plan de gestion et à ne pas installer de matériel non surveillé susceptible de porter préjudice aux recherches menées dans la zone ;
― réduire au maximum les interférences électromagnétiques excessives dans la zone en contrôlant les types, les quantités et les utilisations des équipements qui y sont installés ;
― encourager le respect des valeurs de la zone dans la gestion des activités et l'utilisation du terrain, notamment lors de la surveillance et des tentatives de réduction des sources de rayonnement électromagnétique susceptibles de porter préjudice aux valeurs de la zone ;
― permettre des visites à des fins de gestion conformément aux objectifs du plan de gestion ;
― permettre un accès à la zone pour l'entretien, la modernisation et la gestion du matériel de communications qui se trouve à l'intérieur de la zone ;
― permettre des visites à des fins de gestion conformément aux objectifs du plan de gestion ;
― permettre des visites à des fins pédagogiques et à des fins de sensibilisation du public liées aux études scientifiques menées dans la zone.
Les activités de gestion suivantes devront être entreprises pour protéger les valeurs de la zone :
― des panneaux indiquant l'emplacement et les limites de la zone (qui mentionnent clairement les restrictions d'accès) seront installés aux endroits appropriés dans les limites de la zone afin d'éviter toute entrée inopportune ;
― des panneaux indiquant l'emplacement de la zone (et qui mentionnent toute restriction particulière s'y appliquant) seront affichés à un endroit visible et une copie de ce plan de gestion sera disponible dans le local réservé aux recherches dans la zone ainsi qu'à la station McMurdo et à la base Scott ;
― les dispositifs de bornage, les panneaux et autres structures mis en place dans la zone à des fins scientifiques ou de gestion devront être solidement fixés, soigneusement entretenus et retirés lorsqu'ils ne seront plus nécessaires ;
― des visites seront organisées en fonction des besoins (de préférence une fois tous les 5 ans) afin de déterminer si la zone répond toujours aux objectifs pour lesquels elle a été désignée et de s'assurer que les mesures visant à la gestion et à l'entretien du site sont adéquates ;
― des relevés des niveaux de bruit électromagnétique seront effectués dans la zone deux fois par an afin de détecter toute défaillance éventuelle des systèmes de mesure et d'évaluer les degrés d'interférences susceptibles de porter un préjudice inacceptable aux valeurs de la zone et, par conséquent, d'identifier et d'éliminer les sources desdites interférences ;
― les programmes antarctiques nationaux présents dans la région travailleront en étroite collaboration afin de veiller à ce que ces activités de gestion soient effectivement menées à bien. Plus spécifiquement, chaque programme nommera un coordinateur d'activités qui sera chargé de la liaison entre les programmes nationaux pour ce qui est des opérations à mener dans la zone.
La zone est désignée pour une période indéterminée.
Carte A. ― Cette carte topographique régionale indique l'emplacement des hauteurs Arrival.
Spécifications :
Projection : conique conforme de Lambert.
Parallèles d'échelle conserve : 1er 76° 40' 00" S, 2e 79° 20' 00" S.
Méridien central : 166° 10' 00" E.
Latitude origine : 78° 01' 16,211" S.
Sphéroïde : WGS84.
Datum : McMurdo Sound Geodetic Control Network 1992
Encart : région de l'île de Ross indiquant l'emplacement de la station McMurdo (Etats-Unis d'Amérique) et de la base Scott (Nouvelle-Zélande) et l'emplacement des autres zones protégées sur l'île de Ross.
Carte B. ― Cette carte topographique indique l'emplacement du site des hauteurs Arrival.
Les spécifications de la carte sont les mêmes que celles de la carte A. Les courbes de niveau sont issues d'une modélisation numérique de l'altitude.
i) Coordonnées géographiques,
Les hauteurs Arrival sont constituées d'une petite chaîne de basses collines et sont situées à l'extrémité sud-est de la péninsule Hut Point, au sud-est de l'île de Ross, à 1,5 km au nord de la station McMurdo et à 3 km de la base Scott. La péninsule Hut Point est formée par une rangée de cratères qui s'étend vers le sud des flancs du mont Erebus. Les roches basaltiques sont particulièrement riches en inclusions ultramafiques, notamment en dunite, péroditite, pyroxénite, gabbro et grès. Le sol renferme principalement des scories volcaniques recouvrant les tufs volcaniques du mont Erebus et un magma volcanique rocheux et érodé. Les hauteurs Arrival sont souvent balayées par des vents violents et le climat y est en général plus froid et plus venteux, raison pour laquelle le manteau neigeux est réduit à sa plus simple expression.
Le point culminant de la zone, appelé Second Crater, se trouve à 255 m et est l'un des deux volcans inactifs situés en dehors des limites de la zone. La zone s'étend de Trig T510 en ligne droite vers le nord-ouest et traverse First Crater pour rejoindre la courbe de niveau des 150 m. La ligne suit ensuite cette courbe de niveau vers le nord jusqu'à un point situé immédiatement à l'ouest de Second Crater. De là, elle s'étend vers l'est en direction de Second Crater dont l'extrémité constitue le coin nord-est de la zone. La limite s'étend ensuite en ligne droite vers le sud pour rejoindre Trig T510.
L'installation réservée aux recherches est à environ 220 m au-dessus du niveau de la mer et la vue du détroit de Murdo, du mont Erebus et de la chaîne Royal Society est imprenable. La majeure partie de la station McMurdo n'est pas visible de l'installation, ce qui contribue au renforcement du caractère tranquille de la zone du point de vue des radiofréquences.
Les hauteurs Arrival sont situées à une latitude géomagnétique d'environ 80 degrés juste au-dessus de la limite entre la zone aurorale et la calotte polaire. Elles sont également assez près du pôle géographique, garantissant une obscurité totale à midi, heure locale, pendant une bonne partie de l'année. Les phénomènes auroraux de faible intensité peuvent dès lors être facilement observés. Le fait que les hauteurs Arrival soient situées à proximité du pôle géomagnétique signifie qu'elles se trouvent en permanence dans la calotte polaire.
La zone est un site tranquille d'un point de vue électromagnétique et offre à ce titre des conditions idéales pour installer des instruments sensibles conçus en vue de capter des signaux haute résolution (inférieurs à 1 minute) dans le cadre des programmes de recherche consacrés à la haute atmosphère. Les hauteurs Arrival sont également le site le plus proche du détroit de Murdo et de la base Scott, ce qui garantit une logistique et un accès aisés tout au long de l'année. Une étude des interférences électromagnétiques réalisée en 1993 sur la péninsule Hut Point et dans les régions environnantes a déterminé que les niveaux sonores des hauteurs Arrival n'avaient pas l'intensité des interférences relevées dans des zones plus bruyantes, éliminant les brusques écarts occasionnels des bruits de forte amplitude dans ces zones.
Les équipes de chercheurs de la station McMurdo et de la base Scott font un usage intensif de la zone. Les programmes scientifiques menés dans les laboratoires des hauteurs Arrival analysent les phénomènes naturels au niveau de l'atmosphère et de la magnétosphère terrestres. Ils ont pour objectif premier de mieux comprendre les mécanismes qui associent les processus solaires à ceux de l'environnement terrestre. Ils se penchent notamment sur l'étude des phénomènes liés aux effets environnementaux à court terme (aurores, induction de courants électriques et interférence de communication par radiofréquence) ainsi qu'à ceux à long terme (forçage solaire, modifications de la couche d'ozone, composition de l'atmosphère, vents stratosphériques et météorologie). Les instruments nécessaires à cette tâche incluent des dispositifs radio et optiques pour la détection à distance, ainsi que des capteurs qui évaluent en permanence les fluctuations des champs électriques et géomagnétiques.
Les instruments servant à mesurer les champs locaux, y compris les capteurs de champs géomagnétiques et les récepteurs très basse fréquence, sont sensibles aux perturbations émanant de régions lointaines. Hormis les sources naturelles, des interférences radioélectriques sont détectées dans la zone et proviennent aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur de la zone. Les interférences émanant de l'intérieur de la zone proviennent des lignes électriques, des dispositifs d'allumage des véhicules et des équipements de laboratoire. Parmi les interférences venant de l'extérieur de la zone, citons les communications (HF : 2-30 MHz, VHF : 30-300 MHz et UHF : 300-3 000 MHz), les systèmes d'alarme utilisés en cas d'incendie et de baisse de niveau des réservoirs, qui utilisent des radiotransmissions, les systèmes de radiodiffusion de variétés, les navires, les aéronefs, les radiotransmissions par satellite et les radars de surveillance de l'espace aérien. Pour ce qui est des interférences provenant à la fois de l'intérieur et de l'extérieur de la zone, il convient de mentionner les équipements nécessaires aux opérations ainsi que les électroménagers.
Les antennes VLF sont situées au fond d'un grand cône afin d'être protégées du bruit des stations et des radiotransmissions locales.
Aucune.
Les programmes nationaux de la Nouvelle-Zélande et des Etats-Unis d'Amérique disposent d'installations pour la recherche et le logement dans la zone. Le programme néo-zélandais a l'intention d'installer un nouveau laboratoire au cours de la saison 2003-2004. Une station terrienne de télécommunications par satellite est située à First Crater.
Les zones protégées les plus proches des hauteurs Arrival se trouvent sur l'île de Ross : le cap Evans (ZSPA n° 155) est la zone la plus proche à 22 km au nord, la baie Backdoor (ZSPA n° 157) est à 32 km au nord, le cap Royds (ZSPA n° 121) est à 35 km au nord/nord-ouest, la crête Tramway (ZSPA n° 130) près du sommet du mont Erebus est à 40 km au nord, la baie Lewis (ZSPA n° 156), là où le DC-10 s'est écrasé en 1979, est à 50 km au nord-est, la vallée New College (ZSPA n° 116) est à 65 km au nord du cap Bird et cap Crozier (ZSPA n° 124) est à 70 km au nord-est. Le nord-ouest de l'île Blanche (ZSPA n° 137) est à 35 km au sud de l'autre côté de Ice Shelf Ross.
L'accès à la zone est interdit sauf si un permis a été délivré par les autorités nationales compétentes. Les critères de délivrance d'un permis pour entrer dans la zone sont les suivants :
― un permis est délivré pour l'étude scientifique de l'atmosphère, en particulier les travaux consacrés au rayonnement électromagnétique, au gaz en trace, aux particules d'aurores et au géomagnétisme, ou pour d'autres raisons scientifiques conformes au plan de gestion ;
― un permis est délivré pour des raisons de santé et de sécurité, ou pour des motifs de gestion conformes aux objectifs du plan de gestion, tels qu'une inspection ou une vérification ;
― un permis est délivré pour la gestion et l'entretien d'installations de soutien à la science (y compris le matériel de communications) à condition que les déplacements à l'intérieur de la zone soient limités au strict minimum nécessaire pour y accéder ;
― un permis est délivré à des fins pédagogiques et à des fins de sensibilisation du public liées aux études scientifiques menées, à condition qu'elles soient accompagnées d'un personnel autorisé responsable des installations visitées ;
― un permis est délivré pour des raisons de santé et de sécurité, ou pour des motifs de gestion conformes aux objectifs du plan de gestion, tels qu'une inspection ou une vérification ;
― les actions autorisées ne viendront pas mettre en péril les valeurs scientifiques de la zone ;
― la détention du permis ou d'une copie certifiée conforme est impérative dans la zone ;
― un ou plusieurs rapports de visite devront être soumis à la ou les autorités nommées dans le permis ;
― tout permis sera délivré pour une durée donnée.
L'accès à la zone est uniquement autorisé en véhicule ou à pied. L'atterrissage et le survol d'aéronefs dans la zone sont interdits. Lorsque les impératifs de la gestion ou de la recherche scientifique l'exigent, l'atterrissage ou le survol seront autorisés à titre exceptionnel dans la zone à condition qu'ils soient mentionnés dans le permis. Une notification écrite préalable doit parvenir à la ou les autorités compétentes et faire état des activités de recherche de scientifiques dans la zone au moment où les mouvements d'un aéronef devront avoir lieu. La programmation des activités devra être dûment coordonnée afin de perturber au minimum les programmes scientifiques.
L'accès en véhicule à la zone est uniquement autorisé pour les personnes chargées de mener des activités scientifiques, de procéder à des travaux de réparation ou de maintenance d'équipement, et d'installer de nouvelles infrastructures conformément aux termes du permis, ainsi que pour les accompagnateurs dûment autorisés à participer à la visite. Tous les autres visiteurs doivent pénétrer dans la zone à pied et laisser leur véhicule à l'intersection Glacier Road. Les déplacements en véhicule et à pied doivent être réduits au minimum en fonction des objectifs de toute activité autorisée, et il convient à tout moment de veiller à minimiser tout effet nuisible. Par exemple, le personnel pénétrant dans la zone en véhicule doit planifier son déplacement afin que ledit véhicule soit utilisé le moins possible. Les véhicules doivent rester sur le tracé qui leur est réservé (cf. carte A), sauf autorisation contraire stipulée dans le permis. Les piétons doivent également respecter les pistes qui leur sont destinées.
Les activités qui peuvent être menées dans la zone sont les suivantes :
― études scientifiques qui ne portent pas atteinte aux valeurs scientifiques de la zone ;
― activités de gestion, y compris l'installation de nouvelles structures pour épauler les activités de surveillance menées dans le cadre de la recherche scientifique ;
― les visiteurs pénétrant dans la zone peuvent utiliser des radios portables ou intégrées à leur véhicule, mais ils doivent limiter cette utilisation aux communications devant répondre à des objectifs de sécurité, de gestion et de recherche scientifique.
Aucune structure ne doit être érigée dans la zone sauf si un permis le spécifie. Tous les matériels scientifiques installés dans la zone à l'extérieur du local réservé aux recherches doivent être autorisés par un permis et clairement identifiés par pays, nom du principal chercheur et année d'installation. Tous ces articles doivent être faits de matériaux qui posent un risque minimal de contamination environnementale de la zone, et la compatibilité électromagnétique des structures avec les activités à mener dans la zone doit être assurée. Le délai d'enlèvement du matériel sera spécifié dans le permis.
Aucun équipement de transmission par radiofréquence ne sera installé dans la zone, à l'exception des émetteurs-récepteurs de faible puissance utilisés pour les communications locales indispensables. Le rayonnement électromagnétique produit par le matériel introduit dans la zone ne devra avoir aucun effet nuisible sur les recherches en cours, sauf autorisation spécifique mentionnée dans le permis. Des précautions seront prises pour garantir que le matériel électrique utilisé dans la zone soit blindé pour réduire les interférences électromagnétiques sonores à un niveau minimum.
L'installation ou la modification de structures ou d'équipements présents dans la zone doit être précédée d'une évaluation des impacts possibles de telles opérations sur les valeurs de la zone, et ce conformément aux réglementations nationales. Tous les détails des propositions ainsi que les évaluations d'impact connexes devront, en sus de toute autre procédure éventuellement requise par les autorités compétentes, être remis par les chercheurs au coordinateur d'activités de leur programme national qui, à son tour, échangera ces documents avec ses homologues des autres programmes nationaux présents dans la zone. Les coordinateurs d'activités évalueront les propositions en collaboration avec les directeurs de programmes nationaux et les chercheurs pertinents afin de déterminer les impacts potentiels sur les valeurs environnementales naturelles ou scientifiques de la zone. Ils se consulteront et formuleront des recommandations (poursuivre comme prévu, poursuivre après révision, poursuivre l'évaluation ou ne pas poursuivre) à leur programme national dans un délai de 60 jours suivant la réception d'une proposition. Les programmes nationaux devront faire savoir aux chercheurs s'ils peuvent ou non aller de l'avant avec leurs propositions et dans quelles conditions.
Aucun campement n'est autorisé dans la zone. Les visites supérieures à un jour sont autorisées dans les bâtiments équipés à cette fin.
Il n'existe aucune restriction spécifique quant aux matériaux et aux organismes pouvant être introduits dans la zone.
Le prélèvement de végétaux et la capture d'animaux ou perturbations nuisibles à la faune et la flore sont interdits, sauf avec un permis distinct délivré conformément à l'annexe II du Protocole du Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement. Dans le cas du prélèvement ou de perturbations nuisibles d'animaux, le code de conduite du SCAR pour l'utilisation d'animaux à des fins scientifiques dans l'Antarctique (SCAR Code of Conduct for the Use of Animals for Scientific Purposes in Antarctica) doit être utilisé comme une norme minimale.
Des organismes peuvent être prélevés ou enlevés de la zone uniquement en conformité avec un permis, et ils doivent être limités au minimum nécessaire pour répondre à des besoins scientifiques ou des besoins de gestion. Les organismes d'origine humaine qui pourraient porter atteinte aux valeurs de la zone, organismes qui n'ont pas été apportés dans la zone par le détenteur du permis ou dont l'introduction n'a pas été autorisée, peuvent être enlevés à moins que l'impact de leur enlèvement ne soit plus grand que celui qu'aurait la décision de les laisser in situ. Si tel est le cas, l'autorité compétente doit en être notifiée.
Tous les déchets doivent être enlevés de la zone.
Des permis peuvent être délivrés pour pénétrer dans la zone afin de mener des activités de surveillance scientifique et d'inspection de site qui peuvent impliquer la collecte de données à des fins d'analyse et de vérification, ou afin de prendre des mesures de protection.
Tout site spécifique faisant l'objet d'une surveillance à long terme sera correctement balisé.
Les bandes spectrales d'entités scientifiques spécifiques qui requièrent une protection particulière doivent être répertoriées par les parties actives dans la zone et les interférences électromagnétiques sonores doivent être maintenues, dans la mesure du possible, en dehors de cette fourchette de fréquences.
Tout rayonnement électromagnétique intentionnel sortant des bandes spectrales et des plages de puissances convenues est interdit sauf autorisation expresse.
Les Parties doivent s'assurer que le principal détenteur de chaque permis délivré soumet aux autorités compétentes un rapport décrivant les activités menées dans cette zone. Ce rapport doit inclure, s'il y a lieu, les renseignements identifiés dans le formulaire du rapport de visite suggéré par le Comité scientifique pour la recherche en Antarctique. Les Parties doivent conserver une archive de ces activités et, lors de l'échange annuel d'informations, fournir une description synoptique des activités menées par les personnes relevant de leur juridiction, avec suffisamment de détails pour permettre une évaluation de l'efficacité du plan de gestion. Les Parties doivent, dans la mesure du possible, déposer les originaux ou les copies de ces rapports dans une archive à laquelle le public pourra avoir accès, afin de maintenir ainsi une archive d'usage qui sera utilisée et dans l'examen du plan de gestion et dans l'organisation de l'utilisation scientifique de la zone.
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JO n° 282 du 04/12/2008 texte numéro 9
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JO n° 282 du 04/12/2008 texte numéro 9
PLAN DE GESTION
ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N° 139
POINTE BISCOE, ILE ANVERS, ARCHIPEL PALMER
1. Description des valeurs à protéger
Pointe Biscoe (latitude sud 64°48'47'', longitude ouest 63°47'41'', 2,7 km²), île Anvers, archipel Palmer, péninsule antarctique, avait à l'origine été désignée en tant que site présentant un intérêt scientifique particulier (SISP n° 20, 1985) en vertu de la recommandation XIII-8, et ce sur proposition des Etats-Unis d'Amérique. Ce site avait bénéficié de sa désignation parce qu'il contient une concentration importante (environ 5 000 m²) mais discontinue de deux plantes vasculaires locales, à savoir la canche antarctique (Deschampsia antarctica) et, moins répandue, la sagine antarctique (Colobanthus quitensis). Un limon relativement bien développé se trouve sous un tapis végétal fermé et contient un riche biote, y compris le moucheron aptère Belgica antarctica. Les programmes de recherche à long terme pourraient être en danger en raison des interférences provenant de la station Palmer toute proche et des navires de tourisme .
Ce plan de gestion réaffirme les valeurs scientifiques et écologiques exceptionnelles liées à la faune d'invertébrés et à la flore très développée dans la zone. En outre, il est noté que la croissance de C. quitensis au sud du 60e parallèle sud a été observée pour la première fois à pointe Biscoe par Jean-Baptiste Charcot de l'Expédition antarctique française (1903-1905). L'île abritant pointe Biscoe renferme les plus grandes communautés de D. antarctica et C. quitensis dans le voisinage de l'île Anvers, et celles-ci sont inhabituellement abondantes à cette latitude. En réalité, les quantités sont nettement supérieures à celles qui avaient été décrites précédemment, puisque près de la moitié de l'île de pointe Biscoe et la majeure partie de la zone libre de glace de la péninsule vers le nord abritent des concentrations de végétations très importantes. Les communautés s'étendent sur une grande partie de la terre ferme libre de glace disponible, la concentration de D. antarctica et de C. quitensis se présentant de manière discontinue, et les bryophytes ainsi que les lichens qui varient en densité, couvrant une superficie d'environ 250 000 m². Une concentration de mousse dans la grande vallée du côté septentrional de l'île principale s'étend presque de manière continue sur 150 m dans le lit de la vallée, couvrant une superficie d'environ 6 500 m². Des concentrations individuelles quasi continues de D. antarctica et de C. quitensis englobent une superficie similaire, sur l'île principale et, dans une moindre mesure, sur le promontoire en direction du nord.
Plusieurs études des populations végétales étaient en cours lorsque la zone a obtenu sa désignation en 1985. Bien que ces études aient été interrompues peu après la désignation, les recherches dans le domaine de la botanique se sont poursuivies sur le site. Par exemple, des graines de D. antarctica et de C. quitensis ont été recueillies à pointe Biscoe pour l'étude de plantes, en l'occurrence l'examen de l'influence des changements climatiques et des rayonnements UV-B (Xiong et al., 2000). Pointe Biscoe présentait une valeur incontestable pour ces études en raison de la quantité et de la qualité des graines disponibles dans la zone. Par ailleurs, pointe Biscoe est l'un des rares sites de faible altitude où la végétation n'a pas encore été trop endommagée par les otaries à fourrure et, à ce titre, constitue un site de référence pour évaluer l'impact de ces otaries sur la végétation et les sols de la région.
Pointe Biscoe présente également un intérêt pour la recherche ornithologique. Des études à long terme sont actuellement en cours sur les colonies de manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) et papous (Pygoscelis papua) présentes dans la zone. L'existence de la colonie de manchots papous à pointe Biscoe a été établie aux alentours de 1992 et, compte tenu de la date récente de sa fondation, elle présente un intérêt particulier dans le domaine de l'évaluation des changements écologiques à long terme par rapport à la dynamique et à la structure des populations aviaires locales (Fraser, commentaire personnel, 1999). La colonie de manchots Adélie est, elle, intéressante à des fins de surveillance et de comparaison à d'autres colonies de port Arthur qui sont exposées à une influence humaine beaucoup plus importante. A cet égard, le fait que la zone ait été protégée de l'homme et que son utilisation ait été réglementée par un système de permis depuis si longtemps revêt une importance particulière. La colonie de manchots Adélie est une des plus anciennes de la région méridionale de l'île Anvers (plus de 700 ans) et, à ce titre, revêt un intérêt certain pour des études paléoécologiques. Le site est le seul de la région où les labbes bruns (Catharacta loennbergi), les labbes antarctiques (C. maccormicki) et des labbes hybrides sont observés chaque année.
Jusqu'à récemment, pointe Biscoe était sur une péninsule reliée à l'île Anvers par une rampe en glace s'étendant du glacier adjacent. Cette rampe a disparu lorsque le glacier s'est retiré, et un étroit canal sépare maintenant l'île Anvers de l'île sur laquelle se trouve pointe Biscoe. Le périmètre initial de la zone était une forme géométrique qui s'étendait pour inclure un promontoire libre de glace séparé de 300 m vers le nord de l'île et incluait un environnement marin intermédiaire. La zone telle qu'elle est actuellement définie inclut toute la terre ferme située au-dessus du niveau de la mer à marée basse, de l'île sur laquelle est située pointe Biscoe (0,53 km²), tous les îlots et rochers situés au large sur une distance de 100 m du littoral de l'île principale et la majeure partie du promontoire principalement libre de glace situé à 300 m vers le nord (0,1 km²). Le composant marin a maintenant été exclu de la zone en l'absence d'informations sur ses valeurs. La zone couvre une superficie totale approximative de 0,63 km².
En résumé, la zone de pointe Biscoe se distingue pour les raisons suivantes :
― exemples de communautés végétales, de sols et de l'écologie terrestre connexe ;
― intérêt ornithologique, avec plusieurs espèces aviaires résidant sur le site ; particularités paléoécologiques connexes aux propriétés inhabituelles qui font l'objet d'études à long terme ;
― site de référence pour la surveillance et les études comparatives.
Afin de protéger les valeurs de la zone, il est important que les visites restent très occasionnelles et soient gérées avec la plus grande attention.
La gestion de pointe Biscoe vise à :
― éviter toute détérioration ou tout risque de détérioration des valeurs de la zone en empêchant toute perturbation humaine et tout échantillonnage inutiles de ladite zone ;
― permettre des recherches scientifiques sur l'écosystème et l'environnement physique associés aux valeurs justifiant la désignation de la zone, tout en protégeant la zone d'échantillonnages excessifs ;
― permettre d'autres recherches scientifiques qui soient nécessaires, ne puissent être menées ailleurs et ne portent aucun préjudice aux valeurs justifiant la désignation de la zone ;
― minimiser les risques d'introduction de plantes, d'animaux ou de microbes exotiques dans la zone ;
― permettre des visites à des fins de gestion conformément aux objectifs du plan de gestion.
Les activités de gestion ci-après seront réalisées pour protéger les valeurs de la zone :
― des copies de ce plan de gestion, y compris des cartes de la zone, devront être mises à la disposition de la station Palmer (Etats-Unis d'Amérique) sur l'île Anvers et à la station Yelcho (Chili) sur l'île Doumer ;
― les dispositifs de bornages, les panneaux et autres structures mis en place dans la zone à des fins scientifiques ou de gestion devront être solidement fixés et soigneusement entretenus ;
― des visites seront organisées en fonction des besoins (au moins une fois tous les 5 ans) afin de déterminer si la zone répond toujours aux objectifs pour lesquels elle a été désignée et de s'assurer que les mesures de gestion et d'entretien sont adéquates.
La zone est désignée pour une période indéterminée.
Carte 1. ― Cette carte indique l'emplacement de pointe Biscoe (ZSPA n° 139) par rapport à la baie Biscoe et à l'île Anvers ; elle montre également l'emplacement des stations environnantes [Palmer (Etats-Unis d'Amérique), Yelcho (Chili) et le site et monument historique n° 61 Port Lockroy (Royaume-Uni)] ainsi que l'emplacement de zones protégées avoisinantes.
Spécifications :
Projection : UTM fuseau 20 S.
Sphéroïde : WGS84.
Source de données : SCAR Antarctic Digital Database version 4.0.
Encart : emplacement de l'île Anvers et de l'archipel Palmer par rapport à la péninsule antarctique.
Carte 2. ― Cette carte indique les particularités physiques et le mode d'accès à pointe Biscoe (ZSPA n° 139).
Spécifications :
Projection : UTM fuseau 20 S.
Sphéroïde : WGS84.
Datum : niveau moyen de la mer.
Equidistance des courbes de niveau verticales : 5 m
La carte de l'île où est située pointe Biscoe a été obtenue par orthophotographie numérique avec une précision horizontale et verticale de ±
2 m (Sanchez et Fraser, 2001). La péninsule au nord de pointe Biscoe, plusieurs îles du large et l'île Anvers se trouvent en dehors des limites de l'orthophotographie. Ces particularités ont été numérisées à partir d'une image aérienne rectifiée couvrant une zone plus large (réf. : TMA 3208 006V, 23/12/98) et leur précision est estimée à ±
20 m. Aucune donnée n'est disponible sur l'altitude de ces zones.
Carte 3. ― Cette carte pointe Biscoe (ZSPA n° 139) indique les colonies de manchots, l'étendue approximative de la végétation et les sites pollués connus. Les spécifications de la carte sont les mêmes que celles de la carte 2.
i) Coordonnées géographiques,
bornage et caractéristiques du milieu naturel
Description générale
Pointe Biscoe (latitude sud 64° 48' 47'', longitude ouest 63° 47' 41'') se trouve à l'extrémité ouest d'une petite île (0,53 km²) située à proximité de la côte méridionale de l'île Anvers (2 700 km²) à environ 6 km au sud du mont William (1 515 m), dans la région située à l'ouest de la péninsule antarctique connue sous le nom d'archipel Palmer (cf. carte 1). Jusqu'à il y a peu, cette île était reliée à l'île Anvers par une rampe de glace s'étendant d'un glacier adjacent coulant vers l'ouest, et de nombreuses cartes (désormais incorrectes) situent pointe Biscoe sur une péninsule. Un canal marin étroit et permanent d'environ 50 m de large sépare maintenant l'île sur laquelle repose pointe Biscoe de l'île Anvers. Une étendue de terre plus petite, principalement libre de glace, mesurant 300 m et orientée vers le nord, reste unie à l'île Anvers par une rampe de glace telle une péninsule.
L'île sur laquelle se trouve pointe Biscoe a une longueur approximative de 1,8 km dans sa direction est-ouest et jusqu'à 450 m de large (cf. carte 2). Sa topographie est composée d'une série de collines de faible altitude, la principale crête à orientation est-ouest s'élevant à une altitude maximum d'environ 24 m. Un résiduel de calotte polaire de petite taille (0,03 km²) s'élève à 12 m à l'extrémité orientale de l'île où il était auparavant relié à l'île Anvers par une rampe de glace. Le littoral est irrégulier et en général rocheux, clairsemé d'îlots et de rochers en mer, et découpé par de petites criques. Certaines des criques les plus protégées abritent des plages de galets à la fois accessibles et peu accidentées. Le promontoire anonyme situé au nord a une longueur approximative de 750 m (est-ouest) et une largeur de 150 m. Il possède les mêmes caractéristiques à l'exception de l'altitude qui est plus faible.
La station Palmer (Etats-Unis d'Amérique) est située à 13,8 km au nord-ouest de la zone à port Arthur, la station Yelcho (Chili) se trouve à environ 12 km au sud-est sur l'île Doumer, tandis que la base A (Royaume-Uni, site historique n° 61) est située au site et monument historique n° 61 de Port Lockroy, île Goudier (au large de l'île Wiencke) à environ 13 km à l'est (cf. carte 1).
Le périmètre initial de la zone était une forme géométrique qui incluait la terre associée à pointe Biscoe, le promontoire libre de glace séparé de 300 m vers le nord ainsi que les îles adjacentes et l'environnement marin. Une étude détaillée récente a fourni peu d'informations pour étayer la présence de valeurs spécifiques à l'environnement marin local. La zone marine ne fait pas actuellement l'objet d'études scientifiques et aucun projet n'existe à ce stade. En outre, elle ne subit aucune pression spécifique ni aucune menace exigeant des décisions particulières dans le domaine de la gestion. Pour ces raisons, les limites de la zone ont été revues afin d'exclure l'environnement marin. La zone telle qu'elle est actuellement définie inclut toute la terre ferme située au-dessus du niveau de la mer à marée basse, l'île sur laquelle est située pointe Biscoe (0,53 km²), tous les îlots et rochers situés au large sur une distance de 100 m du littoral de l'île principale et la majeure partie du promontoire principalement libre de glace situé à 300 m vers le nord (0,1 km²) (cf. carte 2). La limite côté terre (orientale) sur le promontoire septentrional recoupe la péninsule à l'endroit où elle émerge en saillie de l'île Anvers, caractérisée par une petite baie coupant le glacier au sud et une autre côte similaire, mais moins prononcée au nord. La totalité de la zone incluant l'île principale et le promontoire septentrional est de 0,63 km².
Aucune donnée météorologique n'est disponible pour pointe Biscoe, mais ces données existent pour la station Palmer (Etats-Unis d'Amérique) où les conditions sont censées être assez semblables. Les moyennes de températures mensuelles de l'air enregistrées à la station Palmer sur une période de 22 ans vont de ― 7,8 °C en août (le mois le plus froid) à 2,5 °C en janvier (le mois le plus chaud) (Baker, 1996). La température minimale enregistrée a été de ― 31 °C, la température maximale de 9 °C et la température moyenne annuelle de ― 2,3 °C. Les orages et les précipitations sont fréquents à la station Palmer et les vents, bien que persistants, sont en général faibles à modérés, de secteur nord-est. La couverture nuageuse est souvent dense, son plafond étant fréquemment inférieur à 300 m. Bien que ces tendances générales s'appliquent selon toute vraisemblance à pointe Biscoe, la zone est plus exposée aux éléments, particulièrement ceux provenant de l'ouest et du sud, ce qui peut entraîner certaines différences climatiques mineures.
Aucune description spécifique n'est disponible sur la géologie de l'île abritant pointe Biscoe, pas plus que de la péninsule au nord. Toutefois, la roche mère semble principalement composée de gabbros et d'adamellites du Crétacé supérieur/Tertiaire inférieur appartenant à l'Andean Intrusive Suite qui domine la composition de la partie sud-est de l'île Anvers (Hooper, 1958). Le gabbro est foncé, une roche plutonique à gros grain qui est, d'un point de vue minéralogique, semblable au basalte et est principalement composée de pyroxène et de feldspath plagioclasique riche en calcium. L'adamellite est une roche granitique composée de 10 à 50 % de quartz et contenant du feldspath plagioclasique. Un sol composé de fins minéraux caractérise les terrains peu accidentés, mais aucune analyse précise des sols n'a été réalisée à ce jour. Une terre glaiseuse relativement bien développée est associée au tapis végétal fermé de Deschampsia.
L'île sur laquelle est située pointe Biscoe abrite un certain nombre de petits cours d'eau et lagunes saisonniers qui n'ont pas encore fait l'objet d'une description scientifique. Une petite lagune (peut-être la plus grande, d'environ 30 m × 8 m) et un petit cours d'eau se trouvent dans une vallée sur le flanc méridional de la crête principale de l'île, à 50 m au nord-est d'un petit site de débarquement par mer (cf. carte 2). La présence d'un long tuyau en caoutchouc indique qu'à un moment donné des visiteurs ont prélevé de l'eau douce de ce site. Une autre lagune d'eau douce, de dimensions similaires (environ 25 m × 6 m), se trouve dans la vallée orientée est-ouest de la partie septentrionale de l'île. Un petit cours d'eau draine cette lagune vers l'ouest. L'environnement dulçaquicole a jusqu'à présent échappé à des perturbations majeures des phoques. Aucune information n'est disponible sur l'hydrologie du promontoire séparé situé au nord.
L'aspect le plus significatif de la végétation de pointe Biscoe est l'abondance et la reproduction de deux plantes locales : la canche antarctique (Deschampsia antarctica) et la sagine antarctique (Colobanthus quitensis). Les communautés de D. antarctica et C. quitensis de pointe Biscoe sont les plus importantes dans les environs immédiats de l'île Anvers et elles sont considérées comme particulièrement abondantes à une latitude aussi méridionale (Greene et Holtom, 1971 ; Komárková, 1983 ; Komárková, 1984 ; Poncet et Poncet, 1985). La croissance de C. quitensis au sud du 60e parallèle sud a été observée pour la première fois (comme C. crassifolius) à proximité de pointe Biscoe par le biologiste Turquet participant à l'Expédition antarctique française (1903-1905) de Jean-Baptiste Charcot. Plus récemment, des graines de ces plantes ont été prélevées dans la zone afin d'étudier, à la station Palmer, les effets des changements climatiques et de l'exposition aux rayonnements UV-B sur ces espèces (Xiong et al., 2000).
Des mousses prédominent dans le lit des vallées, à proximité des cours d'eau et des lagunes, et dans les dépressions humides. Sur les flancs des vallées, des communautés mixtes de mousses et de C. quitensis sont fréquentes sur les versants nord à faible altitude, la présence de D. antarctica étant plus notoire en altitude. Les communautés de D. antarctica et de C. quitensis sont particulièrement prolifiques sur les versants nord entre 10 et 20 m tandis que D. antarctica se rencontre plus fréquemment sur les sites exposés aux éléments à une altitude supérieure à 20 m. Les mousses et les lichens sont souvent des taxons co-dominants ou subordonnés. Dans certains habitats, C. quitensis est parfois observé en petites nappes éparses. Des nappes de plantes vasculaires mortes, mesurant jusqu'à 20 m², ont été observées dans la zone et sont sans doute le résultat d'une aridification, d'inondations et de gel pendant certains étés (Komárková, Poncet et Poncet, 1985).
Contrairement à d'autres sites côtiers de faible altitude dans la région, la végétation de pointe Biscoe ne semble pas avoir été affectée par l'augmentation importante, intervenue récemment, du nombre d'otaries à fourrure (Arctocephalus gazella). En tant que telle, la zone a été choisie comme site d'évaluation potentielle de l'impact des otaries à fourrure sur la végétation et le sol (Day, T., dans un courriel à C. Harris, 1999).
Le moucheron aptère Belgica antarctica a été observé en rapport avec la présence d'un limon et d'un tapis végétal fermé très développés. Aucune information supplémentaire n'est disponible sur les assemblages d'invertébrés dans la zone, mais compte tenu du degré de développement des communautés de plantes, il est probable qu'il existe une riche faune d'invertébrés. Aucune information n'est disponible non plus sur les communautés fongiques et bactériennes locales.
Au moins six espèces d'oiseaux se reproduisent sur l'île sur laquelle se trouve pointe Biscoe. La colonie la plus importante est celle des manchots Adélie (Pygoscelis adeliae), située sur la crête d'un promontoire sur le côté sud de l'île, au-dessus d'une étroite crique sur la côte méridionale (cf. carte 3). Une colonie de manchots papous (Pygoscelis papua) a été découverte en 1992-1993 sur les versants de la face septentrionale de cette crique, sur la face sud de la crête de l'île principale (Fraser, commentaire personnel, 1999) (cf. carte 3). Le tableau 1 ci-après contient des données sur le nombre de couples en phase de reproduction.
Tableau 1
Nombre de manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) et papous (Pygoscelis papua) sur l'île abritant pointe Biscoe (1971-2002)
|
PYGOSCELIS ADELIAE |
PYGOSCELIS PAPUA |
||||
---|---|---|---|---|---|---|
Année |
Couples en phase de reproduction |
Décompte ¹ |
Source |
Couples en phase de reproduction |
Décompte ¹ |
Source |
1971-72 |
3 020 |
N3 |
2 |
0 |
N3 |
2 |
1983-84 |
3 440 |
C3 |
3 |
0 |
C3 |
3 |
1984-85 |
2 754 |
N1 |
3 |
0 |
N1 |
3 |
1986-87 |
3 000 |
N4 |
4 |
|
|
|
....... |
|
|
|
|
|
|
1994-95 |
|
|
|
14 |
N1 |
5 |
1995-96 |
|
|
|
33 |
N1 |
5 |
1996-97 |
1 801 |
N1 |
5 |
45 |
N1 |
5 |
1997-98 |
|
|
|
56 |
N1 |
5 |
1998-99 |
|
|
|
26 |
N1 |
5 |
1999-00 |
1 665 |
N1 |
5 |
149 |
N1 |
5 |
2000-01 |
1 335 |
N1 |
5 |
296 |
N1 |
5 |
2001-02 |
692 |
NI |
5 |
288 |
N1 |
5 |
2002-03 |
1 025 |
N1 |
5 |
639 |
N1 |
5 |
Les colonies de manchots Adélie comptent parmi les plus anciennes de la région (plus de 700 ans) et ont fait l'objet d'études paléoécologiques tandis que la colonie de manchots papous est considérée comme particulièrement intéressante car elle est très récente (Fraser, commentaire personnel, 1999). Des études à long terme sont menées sur la structure et la dynamique des populations de colonies de manchots dans la zone. Des comparaisons utiles peuvent donc être établies avec d'autres colonies de port Arthur qui subissent des influences importantes de l'homme (Fraser, commentaire personnel, 1999).
Les labbes antarctiques (Catharacta maccormicki) et les labbes bruns (C. loennbergi) se reproduisent chaque année dans la zone et l'on retrouve également des labbes hybrides. Sur l'île abritant pointe Biscoe, 132 couples de labbes antarctiques et 1 couple de labbes bruns ont été dénombrés les 26 et 27 février 2001 (Harris, 2001). A la même époque, 15 couples de labbes antarctiques, en général avec un ou deux petits, ont été observés sur le promontoire 300 m au nord. Les goélands dominicains (Larus dominicanus) et les sternes antarctiques (Sterna vittata) se reproduisent dans la zone (Fraser, commentaire personnel, 2000), mais aucune donnée quant à leur nombre n'est disponible. Des informations sur les autres espèces aviaires se reproduisant dans la zone ou la visitant occasionnellement ne sont pas non plus disponibles.
Un petit nombre d'otaries à fourrure (Arctocephalus gazella) qui ne se reproduisent pas dans la zone ont été dénombrées sur l'île à la fin du mois de février 2001 (Harris, 2001) et des phoques de Weddell (Leptonychotes weddellii) ainsi que des éléphants de mer (Mirounga leonina) ont été observés sur les plages en été. Malgré la présence de plages et de terre pouvant servir de point de chute aux phoques, ces derniers ne sont généralement pas observés en grand nombre dans la zone. Ce phénomène est peut-être dû à la persistance fréquente de glaces denses et cassantes provenant du vêlage des glaciers de l'île Anvers toute proche (Fraser, commentaire personnel, 1999). Aucune information complémentaire n'est disponible sur le nombre et les phases de reproduction ainsi que sur les autres espèces de phoques, pas plus que sur l'environnement marin local.
L'activité humaine dans la zone semble avoir été peu importante, mais il existe peu d'informations à ce propos. La première activité de l'homme documentée dans la région de pointe Biscoe date d'il y a 150 ans lorsque John Biscoe, de la Royal Navy, est entré dans la baie qui porte aujourd'hui son nom, le 21 février 1832. Biscoe a consigné son débarquement sur l'île Anvers, probablement près de pointe Biscoe, pour prendre possession, au nom du Royaume-Uni, de ce qu'il croyait être une partie du continent antarctique (Hattersley-Smith, 1991). La visite suivante documentée de pointe Biscoe remonte à 1903-1905 lorsque Turquet a observé C. quitensis sur le site de la première expédition antarctique française dirigée par Charcot.
Plus récemment (1982), des parcelles ont été officiellement établies pour l'étude des plantes sur l'île située près de pointe Biscoe (Komárková, 1983), même si des recherches à long terme initialement prévues ont pris fin peu après. Komárková a utilisé des baguettes de soudage insérées dans le sol pour le bornage des sites réservés aux études. Un relevé partiel a permis de définir avec précision les positions (±
2 m) de 44 baguettes de soudage trouvées dans le sol et la végétation lors d'une recherche systématique effectuée sur le côté nord-est de l'île en février 2001 (cf. carte 3) (Harris, 2001). Les baguettes étaient situées à un endroit où la végétation de l'île est particulièrement abondante et réparties sur une surface d'au moins 8 000 m². En général, elles avaient été placées dans le sol ou la végétation, dans un sens bien défini, à savoir l'extrémité traitée chimiquement orientée vers le bas. Par conséquent, les agents polluants des baguettes semblaient avoir détruit toute la végétation dans un diamètre de 20 cm autour de la baguette. De nombreuses baguettes ― probablement des centaines ― avaient été découvertes lors de saisons précédentes (Fraser, Patterson, Day T. : commentaire personnel dans un courriel à C. Harris, 1999-2002). Toutes les baguettes découvertes ont été retirées de la zone qui n'est pas considérée comme un site de référence idéal pour mesurer la pollution chimique car l'incertitude règne toujours quant à la présence de certaines concentrations et de certains types de polluants, les sites affectés, et l'ampleur de la pénétration des polluants dans les sols, l'eau et les systèmes biologiques.
Fraser (commentaire personnel, 2001) a consigné la présence de bornes de plomb dans la colonie de manchots papous. En outre, des déchets provenant du milieu marin (principalement du bois) ont été découverts sur des plages tout comme un tuyau en caoutchouc (15 m de long et ±
15 cm de diamètre) dans une petite vallée à proximité d'un petit site de débarquement par mer situé au sud, tuyau qui aurait pu être utilisé à une époque pour l'alimentation en eau.
Des études scientifiques récentes dans la zone ont porté sur la surveillance des labbes et des manchots en phase de reproduction. Pointe Biscoe a également été utilisée pour le prélèvement de graines de Deschampsia et de Colobanthus qui font l'objet de recherches écologiques dans la région de la station Palmer. Des permis sont exigés pour visiter la zone depuis qu'elle est spécialement protégée, c'est-à-dire depuis 1985.
Aucune.
Les zones protégées les plus proches de pointe Biscoe sont les suivantes : l'île Litchfield (ZSPA n° 113) qui est située à 16 km à l'ouest de la zone à port Arthur, la baie du Sud (ZSPA n° 146), qui est à environ 12 km au sud-est sur l'île Doumer, et la baie Eastern Dallmann (ZSPA n° 153) qui est à environ 85 km au nord-est à côté de l'île Brabant (cf. carte 1).
L'accès à la zone est interdit sauf si un permis a été délivré par les autorités nationales compétentes. Les critères de délivrance d'un permis pour entrer dans la zone sont les suivants :
― un permis est délivré uniquement pour l'étude scientifique de l'écologie de la zone ou autre étude scientifique qui ne porte pas atteinte aux valeurs justifiant la désignation de la zone ;
― un permis est délivré pour des raisons de gestion essentielles qui sont conformes aux objectifs du plan telles que des activités d'inspection, d'entretien ou de révision ;
― les actions autorisées ne viendront pas mettre en péril les valeurs écologiques ou scientifiques de la zone ;
― toutes les activités de gestion visent la réalisation des buts du plan de gestion ;
― les actions autorisées sont conformes au plan de gestion ;
― la détention du permis ou d'une copie certifiée conforme est impérative dans la zone ;
― un rapport de visite devra être soumis à l'autorité nommée dans le permis ;
― tout permis sera délivré pour une durée donnée.
L'accès à la zone sera autorisé en petite embarcation, en aéronef ou, par la glace marine, en véhicule ou à pied.
Altitudes minimales de survol dans la zone
en fonction du type d'aéronef
TYPE D'AÉRONEF |
NOMBRE de moteurs |
ALTITUDE MINIMALE par rapport au sol |
|
Pieds |
Mètres |
||
Hélicoptère |
1 |
2 460 |
750 |
Hélicoptère |
2 |
3 300 |
1 000 |
Voilure fixe |
1 ou 2 |
1 500 |
450 |
Voilure fixe |
4 |
3 300 |
1 000 |
Lorsque l'accès est possible par la glace marine, aucune restriction n'est imposée quant à l'endroit par lequel il convient d'accéder au site. Toutefois, les véhicules ne doivent pas être introduits sur la terre ferme dans la zone.
Etudes scientifiques qui ne portent pas atteinte aux valeurs scientifiques et à l'écosystème de la région.
Activités de gestion essentielles, y compris la surveillance.
Les autorités compétentes doivent être informées de toute activité ou mesure qui ne serait pas autorisée par le permis.
Aucune structure ne peut être installée dans la zone sauf autorisation stipulée dans le permis, à l'exception des balises de recensement, et toute nouvelle structure ou installation permanente est interdite. Toutes les structures ainsi que tout le matériel scientifique et les balises installés dans la zone devront être autorisés par un permis pour une période spécifique et identifier clairement le pays, le nom de la personne ou de l'agence responsable de l'équipe de recherche et l'année de l'installation. Tout l'équipement doit être fabriqué avec des matériaux qui posent un risque minimum de perturbation de la faune et de pollution de la zone. Toute activité liée à l'installation (y compris le choix du site), à la modification, à l'entretien ou à l'enlèvement de structures sera menée à bien de manière à minimiser les perturbations de la faune et de la flore. L'enlèvement de structures, de matériels ou de balises pour lesquels le permis est arrivé à expiration sera une des conditions de la délivrance de ce permis.
Le campement temporaire est autorisé dans la zone à l'endroit désigné qui est situé à environ 50 m au nord-est du site d'atterrissage des hélicoptères (A) sur la côte septentrionale de l'île principale sur laquelle se trouve pointe Biscoe. Le site réservé à cet effet est situé sur un sol rocheux et des galets de plage, à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer, directement au nord d'un bassin de marée temporaire, et est séparé de la mer plus au nord par une crête rocheuse assez basse d'environ 8 m. Lorsque les objectifs spécifiés dans le permis l'exigent, un campement temporaire peut être établi sur la péninsule séparée à 300 m au nord, mais aucun site spécifique n'y a été défini. Tout campement ne peut être établi sur un couvert végétal particulièrement abondant.
L'introduction délibérée d'animaux, de végétaux ou de micro-organismes est interdite et les précautions visées au point 7 ix) seront prises en cas d'introductions accidentelles. La volaille préparée doit être libre de maladies ou d'infections avant d'être expédiée dans la zone et, si elle y est introduite à des fins alimentaires, toutes ses parties et tous ses déchets seront enlevés dans leur intégralité et incinérés ou bouillis suffisamment longtemps pour éliminer toutes les bactéries ou tous les virus potentiellement infectieux. Aucun herbicide ni pesticide ne doit être introduit dans la zone. Tout autre produit chimique, y compris les radionucléides ou isotopes stables, susceptibles d'être introduits à des fins scientifiques ou de gestion en vertu du permis, sera retiré de la zone au plus tard dès que prendront fin les activités prévues par le permis. Aucun combustible ne sera entreposé dans la zone sauf autorisation prévue par le permis pour les activités menées à des fins scientifiques ou de gestion. Tous les matériaux seront introduits dans la zone pour une période déterminée. Ils seront retirés de ladite zone au plus tard à la fin de cette période, puis ils seront manipulés et entreposés de manière à minimiser les risques pour l'environnement. En cas de déversement susceptible de porter préjudice aux valeurs de la zone, les matériaux seront retirés dans la mesure où ce retrait n'entraînera pas de conséquences plus graves que de les laisser in situ.
Toute capture ou perturbation nuisible à la faune et la flore est interdite sauf avec un permis délivré conformément à l'annexe II du Protocole du Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement. Dans le cas de prélèvements ou de perturbations nuisibles d'animaux, le SCAR Code of Conduct for Use of Animals for Scientific Purposes in Antarctica (Code de conduite du SCAR pour l'utilisation d'animaux à des fins scientifiques dans l'Antarctique) devra être utilisé comme norme minimale.
Le ramassage ou l'enlèvement de toute chose qui n'a pas été apportée dans la zone par le détenteur du permis ne peut se faire qu'en conformité avec le permis, mais doit se limiter au minimum requis pour les activités menées à des fins scientifiques ou de gestion. Tout matériau d'origine humaine qui est susceptible d'avoir un impact sur les valeurs de la zone et n'a pas été introduit par le titulaire du permis ou toute autre personne autorisée doit être enlevé dans la mesure où cet enlèvement n'entraînera pas de conséquences plus graves que de le laisser in situ. Dans ce cas, les autorités compétentes devront en être informées.
Tous les déchets seront retirés de la zone. Les déchets humains seront évacués en mer.
1. Des permis peuvent être délivrés pour entrer dans la zone afin d'y réaliser des activités de suivi de l'évolution biologique et d'inspection du site pouvant impliquer le prélèvement de petits échantillons à des fins d'analyse, de révision ou de protection.
2. Tous les sites spécifiques dont le suivi sera de longue durée seront correctement balisés.
3. Les visiteurs devront prendre des précautions spéciales contre toute introduction afin de préserver les valeurs scientifiques et écologiques de l'île Litchfield qui jusqu'à présent est restée relativement à l'abri de l'intervention de l'homme. Il conviendra de ne pas introduire de plantes, de microbes, d'agents pathogènes et d'invertébrés issus d'autres sites antarctiques, y compris de stations, ou provenant d'autres régions hors de l'Antarctique. Les visiteurs devront veiller à ce que tout le matériel d'échantillonnage et de balisage introduit dans la zone soit propre. Les chaussures et autres équipements à utiliser dans la zone (sacs à dos, tentes, etc.) devront aussi, dans la mesure du possible, être soigneusement nettoyés avant de pénétrer dans la zone.
Les Parties doivent s'assurer que le principal détenteur de chaque permis délivré soumet aux autorités compétentes un rapport décrivant les activités menées dans la zone. Ces rapports doivent inclure, s'il y a lieu, les renseignements identifiés dans le formulaire du rapport de visite suggéré par le SCAR. Les Parties doivent conserver une archive de ces activités et, lors de l'échange annuel d'informations, fournir une description synoptique des activités menées par les personnes relevant de leur juridiction, avec suffisamment de détails pour permettre une évaluation de l'efficacité du plan de gestion. Les Parties doivent, dans la mesure du possible, déposer les originaux ou les copies de ces rapports dans une archive à laquelle le public pourra avoir accès, et ce afin de conserver une archive d'usage qui sera utilisée et dans l'examen du plan de gestion et dans l'organisation de l'utilisation scientifique de la zone.
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JO n° 282 du 04/12/2008 texte numéro 9
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PLAN DE GESTION
ZONE SPÉCIALEMENT PROTÉGÉE DE L'ANTARCTIQUE N° 142
SVARTHAMAREN
1. Description des valeurs à protéger
A l'origine, ce site avait été désigné dans la recommandation XIV-5 (1987, Site présentant un intérêt scientifique particulier n° 23) sur proposition de la Norvège. Cette proposition reposait sur les facteurs ci-après, lesquels donnent encore des motifs pour justifier sa désignation :
― le fait que la colonie de pétrels de l'Antarctique (Thalassoica antarctica) est la colonie connue d'oiseaux de mer la plus grande que l'on trouve à l'intérieur des terres du continent antarctique ;
― le fait que cette colonie représente une grande partie de la population mondiale connue des pétrels de l'Antarctique ;
― le fait que cette colonie est un laboratoire de recherche naturel exceptionnel qui permet de faire des recherches sur le pétrel de l'Antarctique, sur le pétrel des neiges (Pagodroma nivea) et sur le labbe antarctique (Catharacta maccormicki) ainsi que sur leur adaptation à la reproduction dans l'intérieur des terres de l'Antarctique.
Les buts du plan de gestion de Svarthamaren sont les suivants :
― éviter les changements causés par l'homme à la structure, la composition et la taille de la population des colonies d'oiseaux de mer présentes sur le site ;
― empêcher que les colonies d'oiseaux de mer et l'environnement avoisinant ne fassent l'objet de perturbations inutiles ;
― permettre la réalisation de travaux de recherche tranquilles sur les adaptations du pétrel de l'Antarctique, du pétrel des neiges et du labbe antarctique aux conditions qui règnent dans l'intérieur des terres de l'Antarctique (recherche primaire) ;
― permettre, pour d'autres raisons scientifiques, l'accès au site lorsque les recherches ne nuisent pas aux objectifs de la recherche sur les oiseaux.
Les objectifs des principales recherches dans la ZSPA de Svarthamaren sont les suivants :
― arriver à mieux comprendre comment les changements naturels et anthropiques de l'environnement influent sur la distribution dans le temps et dans l'espace des populations animales et, de surcroît, comment ces changements influent sur l'interaction entre les espèces clés dans l'écosystème antarctique.
Les activités de gestion à Svarthamaren :
― garantiront que les colonies d'oiseaux de mer sont l'objet d'une surveillance adéquate, dans toute la mesure du possible avec des méthodes non invasives ;
― permettront de procéder à l'érection de signes/panneaux et de bornes notamment concernant le site et de veiller à ce qu'ils soient soigneusement entretenus et maintenus en bon état ; et
― comprendront les visites nécessaires pour établir si la zone continue de répondre aux buts pour lesquels elle a été désignée et pour faire en sorte que les mesures de gestion et d'entretien soient adéquates.
Toute activité de gestion qui représente une intervention directe dans la zone doit être soumise à une évaluation d'impact sur l'environnement avant qu'il soit décidé ou non de la réaliser.
La zone est désignée pour une durée indéterminée.
Carte A. ― Terre Dronning Maud (indique l'emplacement de la carte B).
Spécifications de la carte :
Projection : conique conforme de Lambert.
Parallèles types : SP1 70° S, SP2 73° S.
Méridien central : 5° E.
Latitude d'origine : 71° 30' S.
Sphéroïde : WGS84.
Carte B. ― Svarthamaren et ses environs (indique l'emplacement de la ZSPA de Svarthamaren). Les spécifications sont les mêmes que pour la carte A.
Carte C. ― Zone spécialement protégée de l'Antarctique n° 142, carte topographique de la zone protégée. Les spécifications sont les mêmes que pour la carte A.
La ZSPA de Svarthamaren est située à Mühlig-Hoffmannfjella, terre de Dronning Maud. Elle s'étend de nord-ouest (71° 33' 17'' de latitude sud ; 5° 09' 12'' de longitude est) en sud-est (71° 55' 58'' de latitude sud ; 5° 15' 12'' de longitude est). La distance à partir du front de glace est d'environ 200 km. La zone a une superficie de quelque 6,4 km² et se compose de zones libres de glace du nunatak de Svarthamaren, y compris les zones se trouvant à proximité immédiate des zones libres de glace qui appartiennent bien entendu au nunatak (c'est-à-dire des roches). La zone apparaît sur les cartes B et C.
La station norvégienne Tor est située sur le nunatak de Svarthamaren (71° 53' de latitude sud ; 5° 10' de longitude est). La station, y compris une zone tampon de 10 mètres autour des bâtiments, est exclue de la zone spécialement protégée de l'Antarctique de Svarthamaren. Pour y accéder, on emprunte la route la plus courte à partir de la glace.
Les principaux types de roche rencontrés dans la zone sont des charnockites de grain gros à moyen qui contiennent de faibles quantités de xénolites. Les charnockites présentent des inclusions de gneiss rubané, des amphibolites et des granites de faciès amphibolitique. Les pentes sont couvertes de sable feldspathique décomposé. Le côté nord-est du nunatak de Svarthamaren est dominé par des pentes d'éboulis (pente de 31° à 34° ), qui s'étendent sur 240 m vers le haut à partir du pied de la montagne à environ 1 600 m au-dessus du niveau de la mer. Les principales caractéristiques de cette zone sont deux amphithéâtres rocheux qu'habitent des pétrels de l'Antarctique en phase de reproduction. C'est cette zone qui constitue le noyau du site protégé.
Aucune observation météorologique en continu n'a été effectuée dans la zone mais on a constaté que la température de l'air varie normalement entre ― 5 et ― 15 °C en janvier, les températures minimales étant un peu plus basses en février.
La flore et la végétation à Svarthamaren sont clairsemées si on les compare à celles d'autres zones à Mühlig-Hoffmannfjella et Gjelsvikfjella, qui elles sont situées à l'ouest du site. La seule espèce végétale que l'on y trouve en abondance mais à la périphérie des zones les plus fertilisées est l'algue verte géante, Prasiola crispa. Il y a quelques espèces de lichen sur un bloc erratique transporté par un glacier à 1 ou 2 km des colonies d'oiseaux. Ce sont : Candelariella hallettensis (= C. antarctica), Rhizoplaca (= Lecanora) melanophthalma, Umbilicaria spp. et Xanthoria spp. Les aires couvertes de Prasiola sont habitées par des collemboles (Cryptopygus sverdrupi) ainsi que par une riche faune d'acariens (Eupodes anghardi, Tydeus erebus), de protozoaires, de nématodes et de rotifères. Un étang peu profond d'environ 20 m × 30 m situé en dessous de la sous-colonie centrale et la plus grande d'oiseaux à Svarthamaren est fortement pollué par des carcasses de pétrels et alimente en abondance une algue unicellulaire de couleur jaune verdâtre, Chlamydomonas spp. On n'y a pas encore trouvé d'invertébrés aquatiques.
Les colonies d'oiseaux de mer en cours de reproduction sont l'élément biologique le plus visible dans la zone. Les pentes nord-ouest de Svarthamaren sont occupées par une colonie très peuplée de pétrels de l'Antarctique (Thalassoica antarctica) qui se divisent en trois sous-colonies distinctes. On estime à 250 000 environ le nombre total des couples de reproduction. En outre, de 500 à 1 000 couples de pétrel des neiges (Pagodroma nivea) et 80 couples environ de labbe antarctique (Catharacta maccormicki) se reproduisent dans la zone. Les deux principales colonies de pétrels de l'Antarctique se trouvent dans les deux amphithéâtres rocheux. Les principales colonies de pétrels des neiges sont situées dans des parties distinctes de la pente d'éboulis qui se caractérisent par des roches plus grandes. Les labbes antarctiques font leur nid sur la bande étroite de sol plat libre de neige qui se trouve en dessous des pentes d'éboulis.
Les principales concentrations d'oiseaux de mer sont indiquées sur la carte C. Les lecteurs doivent cependant savoir que l'on trouve également des oiseaux dans d'autres zones que ces zones très peuplées.
Aucune.
Il n'y a aucune structure à l'intérieur de la zone.
La station norvégienne Tor est située sur le nunatak de Svarthamaren (71° 53' 4'' de latitude sud ; 5° 09' 6'' de longitude est). La station, y compris une zone tampon de 10 mètres autour des bâtiments, est exclue de la zone.
Il n'y a pas d'autres zones protégées dans les environs.
Les permis ne peuvent être délivrés que par des autorités nationales compétentes telles qu'elles sont désignées en vertu de l'article 7 de l'annexe V du Protocole du Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement. Les conditions générales qui régissent la délivrance d'un permis pour entrer dans la zone sont les suivantes :
― les actions autorisées le sont conformément au présent plan de gestion ;
― le permis ou une copie sera emporté à l'intérieur de la zone ;
― le permis sera valable pour une durée donnée ;
― un rapport de visite est remis à l'autorité désignée dans le permis.
L'accès à la zone est limité par les conditions suivantes :
― aucune route piétonne n'est désignée mais les personnes qui se déplacent à pied doivent en tout temps éviter de perturber les oiseaux et, dans toute la mesure du possible également, la maigre couverture végétale se trouvant dans la zone ;
― les véhicules ne doivent pas entrer dans le site ;
― le survol des hélicoptères ou d'autres aéronefs au-dessus de la zone est interdit ;
― les atterrissages d'hélicoptères à l'intérieur de la ZSPA sont interdits. Les atterrissages associés à des activités conduites à la station Tor devraient de préférence avoir lieu à l'extrémité nord-est du nunatak de Svarthamaren (carte C).
Les activités suivantes peuvent être menées à l'intérieur de la zone conformément au permis délivré :
― programmes primaires de recherche biologique pour lesquels la zone a été désignée ;
― autres programmes de recherche d'une nature scientifique indispensable qui ne nuisent pas aux recherches sur les oiseaux dans la zone.
Aucune structure ne doit être érigée dans la zone et aucun matériel scientifique ne doit y être installé, sauf lorsqu'il s'agit de matériel essentiel pour des activités scientifiques ou des activités de gestion prévues dans un permis.
Il est interdit d'installer des camps dans la zone. La station Tor doit être uniquement utilisée avec la permission de l'Institut polaire norvégien.
Aucun animal vivant et aucune forme de végétation ne seront introduits délibérément dans la zone.
Aucun produit de la volaille, y compris des produits alimentaires contenant des œufs en poudre non cuits, ne sera introduit dans la zone.
Aucun herbicide ou pesticide ne sera introduit dans la zone.
Tous les produits chimiques (y compris les combustibles) qui peuvent être introduits pour des raisons scientifiques essentielles visées dans le permis seront enlevés de la zone à ou avant la fin de l'activité pour laquelle le permis a été délivré. Un stockage limité de combustible à la station Tor est acceptable car la station et ses environs immédiats ne font pas partie de la zone.
Tous les matériaux introduits dans la zone le seront pour une période donnée, ils seront enlevés à ou avant la fin de la période donnée et ils seront stockés et gérés de telle sorte que le risque de les introduire dans l'environnement sera réduit au maximum.
Le prélèvement de végétaux et la capture d'animaux ou perturbations nuisibles à la faune et la flore sont interdits, sauf avec un permis délivré conformément à l'annexe II du Protocole du Traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement. Dans le cas du prélèvement ou de perturbations nuisibles d'animaux, le SCAR Code of Conduct for Use of Animals for Scientific Purposes in Antarctica (Code de conduite du SCAR pour l'utilisation d'animaux à des fins scientifiques dans l'Antarctique) devra être utilisé comme une norme minimale.
Il est recommandé que les personnes chargées des principaux travaux de recherche dans la zone soient consultées avant qu'un permis soit accordé pour capturer des oiseaux à des fins qui ne sont pas associées à ce type de recherche. Les études pour lesquelles la capture d'oiseaux à d'autres fins est nécessaire doivent être planifiées et exécutées d'une manière telle que cette opération n'entravera pas la réalisation des objectifs de la recherche sur les oiseaux dans la zone.
Des matériaux peuvent être ramassés ou enlevés de la zone uniquement en application d'un permis, si ce n'est que les débris d'origine humaine doivent être enlevés et que les spécimens morts de faune peuvent être enlevés pour leur examen en laboratoire.
Tous les déchets devront être enlevés de la zone.
Des permis peuvent être délivrés pour entrer dans la zone et s'y livrer à des activités de surveillance biologique et des inspections de site qui peuvent faire intervenir la collecte de petites quantités de matière végétale ou de petits nombres d'animaux à des fins d'analyse ou d'audit, pour ériger ou tenir à jour des panneaux d'avis, pour entretenir la station ou pour prendre des mesures de protection.
Les Parties doivent s'assurer que le principal détenteur de chaque permis délivré soumet aux autorités compétentes un rapport décrivant les activités menées dans la zone. Ce rapport doit inclure, s'il y a lieu, les renseignements identifiés dans le formulaire du rapport de visite suggéré par le Comité scientifique pour la recherche en Antarctique. Les Parties doivent conserver une archive de ces activités et, lors de l'échange annuel d'informations, fournir une description synoptique des activités menées par les personnes relevant de leur juridiction, avec suffisamment de détails pour permettre une évaluation de l'efficacité du plan de gestion. Les Parties doivent, dans la mesure du possible, déposer les originaux ou les copies de ces rapports dans une archive à laquelle le public pourra avoir accès, et ce afin de conserver une archive d'usage qui sera utilisée et dans l'examen du plan de gestion et dans l'organisation de l'utilisation scientifique de la zone.
Vous pouvez consulter le tableau dans le
JO n° 282 du 04/12/2008 texte numéro 9